chrisBTRI a écrit :se serait possible de scanner la une? Et merci pour le scan d'hier!
Et voilà Msieur,
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et en cadeau bonus (comme sur les dvd), le papier paru ce matin sur Embrun de mon collègue Ollivier, présent sur place et qui s'est bien gelé les c... sur la moto ce matin. Il découvre l'épreuve et est absolument émerveillé.
TRIATHLON
EMBRUN MAN
Les jambes et la tête
Épreuve incomparablement difficile d’un point de vue physique, l’Embrun Man se gagne ou se perd aussi dans la gestion du stress et de la souffrance.
PRÈS DE QUATRE kilomètres de natation pour débuter au petit matin, alors que le soleil paresse encore, quelque six heures de vélo avec, au menu, près de 5 000 m de dénivelé positif dont l’ascension du col de l’Izoard, et un marathon pour conclure, sous le traditionnel cagnard, le triathlon réputé comme étant le plus dur au monde. En dix heures, pour les meilleurs, en dix-huit pour les plus attardés. « Embrun, résume Gilles Reboul (2e de l’épreuve en 2002 comme en 2005, 3e en 2000, 5e en 2003), c’est de la souffrance, c’est du traumatisme, c’est gérer le mal, la douleur. C’est aussi la peur. Celle, d’abord, de prendre un mauvais coup dans l’eau, la nuit. Une trouille qui disparaît dès le départ donné. C’est ensuite le premier moment de grosse lassitude, quelques kilomètres avant l’Izoard, puis des pentes sur lesquelles on ne sait pas trop quel braquet employer. L’important, une fois ce col passé, c’est de continuer à se concentrer sur ses sensations. Et puis, il ne faut surtout pas céder à l’euphorie que peut vous procurer le fait de rejoindre ou de prendre du temps sur les adversaires. En général, on explose un peu plus tard. Psychologiquement, il faut constamment être sur ses gardes, à l’écoute d’un soi-même contre lequel, en quelque sorte, tu cours. On traverse des périodes de doute, on connaît des envies d’abandon fréquentes. L’an dernier, mon fils, Artur (4 ans), était sur le bord du parcours et j’avoue qu’il m’a été d’un soutien énorme. L’amorce de la course à pied, c’est enfin l’assurance d’aller au bout. C’est la libération. Quand bien même musculairement, tu en baves énormément sur la fin… »
« Le cerveau se déconnecte »
Vainqueur en 2004, Estelle Patou balaie rapidement, quant à elle, les angoisses de l’entame mais, tout en affichant une sérénité rare, se pose de légitimes questions quant à savoir ce qui pousse les doux dingues du triple effort à s’aligner puis à s’estampiller « finisher ». « Certes, j’ai pleinement conscience que je vais connaître des passages très difficiles, mais je m’élance systématiquement en pleine confiance. L’un des dangers, lorsque l’on n’obéit pas à son propre rythme, c’est de prendre un gros coup au moral quand quelqu’un vous double. Un quelqu’un qui aura présumé de ses forces et que vous reprendrez une petite heure plus tard. Cela dit, Embrun peut être un calvaire. Je me souviens, par exemple, de 2001. Dix jours plus tôt, j’avais abandonné lors des Mondiaux en raison d’une hypothermie. Je fais une bonne “nat” et un début de vélo, où je m’enflamme, tellement tout va bien. Et puis, au 170e kilomètre, dans la côte de Chalvet (surnommée la “Bête”), plus rien. Le néant. Je pense que, si des gens ne m’avaient pas poussée à ce moment-là, je serais tombée. Pour le reste, quant à savoir pourquoi je suis allée au terme, ensuite, des 42,195 kilomètres… Je ne sais pas. Peut-être parce que mon frère était là. Peut-être parce que l’on aime aller au bout du bout de nous-mêmes. Peut-être parce qu’on prend un certain plaisir à souffrir. Peut-être parce que, parfois, on ne raisonne plus, que le cerveau se déconnecte… »
Quoi qu’il en soit, certainement pas (ou si peu) pour la dotation, qui prévoit notamment 15 000 euros pour le garçon couronné (près de la moitié pour les femmes !). Certes un coquet pactole pour le premier arrivant, mais un bien modeste salaire de la peur et de la sueur lorsqu’on envisage de près le magnifique mais indigeste menu proposé chaque saison depuis 1984. Un menu que se partagera, cette année, le plus impressionnant plateau de l’histoire de ce mythique chemin de croix alpestre dont le dernier vainqueur tricolore masculin reste Cyrille Neveu, en 2003. Un succès pris en tenailles entre ceux de l’implacable Espagnol Felix Martinez Rubio, monté sur la première marche du podium en 2001, 2002, 2004 et 2005.
OLLIVIER BIENFAIT
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