
Pas de chamboulement cet hiver malgré l’arrivée remarquée de Bryan Coquard : l’équipe vendéenne continue de faire confiance à ses deux grands leaders, Thomas Voeckler et Pierre Rolland.
Le changement, c’est pas maintenant ?
On dit souvent qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Cet hiver, Jean-René Bernaudeau a appliqué la consigné à la lettre ou presque. Le manager d’Europcar n’a procédé qu’à de légers ajustements au sein de son effectif. Au rayon départ, deux recrues de l’an dernier qui n’ont pas donné entière satisfaction – Rafaâ Chtioui et Matteo Pelucchi – et deux Français en fin de contrat – Saïd Haddou et Mathieu Claude. Dans l’autre sens, trois coureurs ont signé : les néo-pros Bryan Coquard, Morgan Lamoisson et Natnael Berhane. Pour le reste, statu quo : le duo de choc Pierre Rolland – Thomas Voeckler continuera donc de faire la loi au sein de la maison vendéenne, notamment en juillet ; Sébastien Turgot sera à nouveau l’un des hommes à suivre au sein d’un groupe homogène pour les classiques, avec aussi Damien Gaudin, Jérôme Cousin, David Veilleux ou Alexandre Pichot ; quant à Cyril Gautier, Angelo Tulik ou Tony Hurel, ils chercheront à franchir un cap pour offrir davantage de solutions à l’équipe.
Voeckler peut-il gagner une grande classique ?
Véritable symbole de cette équipe, Thomas Voeckler fera à nouveau office de mentor, leader et capitaine de route pour ses coéquipiers en 2013. Après avoir ramené le maillot à pois sur les Champs-Élysées l’an passé, il voudra à nouveau marquer de son empreinte le Tour, sans plan préétabli. Mais là où l’on surveillera sa saison de très près, c’est sur les classiques. Car l’an dernier, Voeckler a prouvé sa régularité au plus haut niveau sur ces courses, s’offrant une quatrième place à Liège, une cinquième sur l’Amstel Gold Race, et encore des top 10 sur le Tour des Flandres et les Mondiaux. Fidèle à sa philosophie de course, il donnera à nouveau corps et âme sur ces mêmes courses pour tenter d’en remporter au moins une. À 33 ans, il ne lui reste finalement plus beaucoup de temps pour y parvenir, et c’est peut-être l’année ou jamais.
Est-ce le Tour parfait pour Rolland ?
Si depuis deux ans, Europcar affole les routes de juillet, c’est bien sûr grâce à Voeckler, mais aussi à Pierre Rolland. L’éclosion du grimpeur d’Orléans coïncide avec le début de la folie verte, et c’est tout sauf un hasard. Maillot blanc et vainqueur à L’Alpe d’Huez en 2011, il a réussi à confirmer en 2012 en terminant huitième du général et en s’imposant à La Toussuire. Ce résultat, sur un parcours peu à son goût, incite à l’optimisme pour la suite. Car Rolland n’a que 26 ans, et le Tour 2013, s’il n’a pas non plus des allures de Giro, est l’un des plus montagneux depuis longtemps, et, peut-être, avant longtemps. Si un jour, il doit lutter pour la gagne sur la grande boucle, ou au moins pour le podium, c’est donc probablement pour l’été prochain. Son handicap : en dehors de Voeckler, ou de Kern et Charteau s’ils sont en forme, il n’a pas beaucoup d’appui au sein de son équipe. Mais il le sait, et il a su très bien faire avec ces deux dernières années. Bien sûr, on aimerait bien le voir marcher sur les classiques, Paris-Nice ou un autre grand tour, aussi ; mais s’il est une saison où il doit penser à juillet et à rien d’autre, c’est probablement celle-là.
Qu’attendre de Bryan Coquard ?
Si Jean-René Bernaudeau n’a pas beaucoup apporté de changements à son équipe, il a réussi l’un des coups de l’hiver en faisant passé professionnel Bryan Coquard. Ce n’était pas très dur, puisqu’il faisait partie de la réserve d’Europcar, le Vendée U. Mais ce sera l’une des attractions de la saison car Coquard, vice-champion olympique de l’omnium et vice-champion du monde espoirs sur route, à Valkenburg, semble capable de très bien faire dès ses débuts. D’autant qu’il n’y a pas beaucoup de sprinteurs dans cette équipe… On surveillera de près également les débuts pros de l’Érythréen Natnael Berhane, 22 ans seulement. Connaîtra-t-il une première année dans l’Élite aussi discrète que celle de son compatriote Daniel Teklehaimanot, peu en vue chez Orica-GreenEDGE en 2012 ? En tout cas, il grimpe bien et il va vite au sprint, ce qui est bien pratique de nos jours en cyclisme.