
C’est le grand rendez-vous que Richard Virenque affectionne particulièrement. Le Tour de France, c’est pour lui que de souvenirs qu’ils soient bons ou moins bons. Une Grande-Boucle où il y a construit toute sa notoriété et carrière, lui, le septuple vainqueur du maillot à pois de meilleur grimpeur du Tour. Mais avant cela, il y a la course en ligne des Championnats de France, dimanche. Un rendez-vous tout aussi important pour tous les coureurs français. Là, où Richard n’a jamais vraiment brillé. Pour Cyclism’Actu, Richard Virenque, décrypte l’actualité vélo avec sa gouaille légendaire. Il ne manque que le son.
Le Tour de France approche, mais avant il y a la course en ligne des Championnats de France, dimanche, à Boulogne-sur-Mer, c’est important pour tout coureur français ?
Oui c’est un grand rendez-vous pour tout tricolore. Cela sera sûrement des beaux championnats même si les grosses formations, comme Europcar et La Française des Jeux, risquent de bloquer la course. Cela va se jouer avec les coureurs de ces deux formations. Même si un coureur peut jouer son atout et créer la surprise. Donc, des individualités comme Thomas Voeckler ou encore Christophe Kern, même s’ils sont très en forme et favoris, pourraient ne pas arriver à tirer leur épingle du jeu. Cela va être une course tactique où le plus malin et le plus en jambes aura le droit, au final, de porter le maillot Bleu-Blanc-Rouge. Car, il ne faut pas l’oublier, celui qui aura le maillot va le porter de suite sur le Tour de France. J’aurais aimé faire le Tour en Bleu-Blanc-Rouge. Je n’ai pas eu cette chance. Finalement, c’est le maillot à pois qui m’a collé à la peau. C’est comme ça !
Votre pronostic pour le titre de Champion de France, dimanche ?
S’il a bien récupéré de son chrono, jeudi, où il a remporté le titre de champion de France du contre-la-montre individuel, je vois bien Christophe Kern s’imposer. Il est très en forme en ce moment. Il m’impressionne et il le mériterait au vu de ses prestations actuelles. On verra ! Mais, une chose est sûre, ça va batailler ferme.
« La pression monte ! »
Revenons au Tour de France, c’est toujours un grand rendez-vous pour vous, même retraité du vélo, de la compétition et du haut niveau ?
Oui la pression monte ! J’ai de plus en plus de sollicitations en ce moment. On a à peine terminé le Dauphiné avec Eurosport que l’on doit déjà préparer le Tour de France. De plus, cette année, j’ai encore un peu plus chargé mon programme car j’ai accepté de faire de la radio tous les soirs sur Europe 1. Cela va être du sport mais j’aime lorsque cela bouge de la sorte, c’est excitant.
Comment on gère tout cela, c’est une grosse charge de travail ?
Il faut gérer toutes les « affaires courantes » c’est-à-dire la télé avec Eurosport, la radio avec Europe 1, et mon rôle d’ambassadeur avec Carrefour, partenaire du maillot à pois du meilleur grimpeur du Tour de France. Après il faut se montrer disponible au quotidien pour les interviews, entre autre. C’est un exercice !
Pouvez-vous nous décrire la journée type « Richard Virenque » sur le Tour ?
Une journée type au Tour, c’est levé vers 7h30. Un petit déjeuner rapide et je file au village départ. J’essaye d’y être 3 heures avant les coureurs. Là, je commence à faire des signatures, des dédicaces pour mon partenaire Carrefour et cela dure plus au moins 50 minutes. Ensuite, je reste disponible pour la presse et pour des interviews. Après je prends la route à toute vitesse pour rallier la ligne d’arrivée afin de commenter le direct avec mes collègues d’Eurosport. Après chaque étape, se déroulera aussi l’enregistrement de la nouvelle émission sur Eurosport « L’étape Virenque » qui durera une vingtaine de minute. Ensuite, je file avec Europe 1 où j’interviendrai dans l’émission de radio diffusée sur l’antenne vers 19h30 - 20h. Une fois tout ceci fait, la journée est quasi finie. Il ne restera plus qu’à regagner l’hôtel, situé au départ de l’étape du lendemain. Et si tout se passe bien, vers 21h au plus tôt, je serai à mon hôtel pour me reposer. Enfin, c’est assez rare, en général que j’y sois pour 21 heures. Mais bon, c’est le Tour !
« Je pense que personne ne peut battre Contador »
Que pensez-vous de Contador présent, finalement, sur la Grande-Boucle ?
Je crois que, depuis sa prestation sur le Tour l’an dernier, il est revenu et a montré toutes ses qualités. Contador est souvent à l’attaque. Il prouve qu’il est présent. Alberto est allé au Tour d’Italie pour se mettre quelque chose sous la dent car il n’avait pas de garantie de pouvoir faire le Tour de France. Il a remporté, finalement, haut la main ce Giro très sélectif. Personnellement je pense qu’il va arriver sur ce Tour remonté comme une pendule, contre l’adversité et comme jamais par rapport à ce qu’il s’est passé l’an dernier.
Mais qui peut battre Alberto Contador sur ce Tour de France ?
Je pense que personne ne peut le battre. Son seul ennemi, c’est lui-même. Il faut qu’il gère sa condition sur les 3 semaines et s’il y arrive, il remportera la course tranquillement.
Pour vous, Andy et Franck Schleck, ne peuvent pas l’inquiéter pour la victoire finale ?
Je pense qu’ils commencent déjà à sérieusement douter un peu. Et il y a de quoi être inquiet du côté des frères Schleck. L’année passée, à la même époque, ils avaient donné plus de garantie, surtout Andy Schleck. Il lui faudra donc un état de fraîcheur sur ce Tour de France. Les Schleck l’auront sûrement mais peut-être qu’ils seront, encore une fois, un peu trop tendre, c’est-à-dire que, par exemple, Andy arrivera trop tard en condition. Toute la finesse d’une préparation et d’un objectif, c’est d’arrivé pile à la bonne heure. Pour moi, les Schleck ont raté le coche. Ils sont un petit peu à la bourre dans leur préparation. Mais ils vont peut-être rectifier le tir et cela se passera bien finalement sur le tour ! Mais, moi à leur place, je serais quelque peu inquiet. Cela va être dur pour eux de battre Contador.
Cela pourrait alors peut-être profiter à Evans, Van den Broeck, Wiggins, Gesink ou Basso ?
C’est possible. Mais je ne crois pas que ce sera l’heure des Van den Broeck, Wiggins, cette année. Je les vois dans les 5 au général à Paris. Pas mieux. C’est peut-être un peu trop tôt pour eux cette saison. L’année prochaine, ils seront prêts pour la gagne ? Quant à Cadel Evans, il a bien calculé sa saison et c’est une valeur sûre. Pour lui, je n’ai aucune inquiétude, si ce n’est que le Tour est très montagneux. Cadel est toujours un peu limité en montagne donc la victoire sera compliquée pour lui. Une place dans les 5 premiers sera plus jouable pour Evans. Par contre, pour Gesink et Basso, ce sera très difficile pour eux dans les 5 premiers du général.
« Les Tricolores ont le vent en poupe »
Et les Français, il vaut mieux, pour eux, jouer le classement général final ou les victoires d’étapes sur ce Tour de France ?
Les deux s’ils le peuvent. On espère qu’après John Gadret, 4ème sur le Giro, on puisse avoir un Français dans le Top 10 sur ce Tour de France. On aura peut-être une bonne surprise. L’année passée, on a eu 6 victoires d’étapes. Ce sera difficile de faire aussi bien voir mieux. Depuis le début de saison, les Tricolores ont le vent en poupe, donc on ne sait jamais. Quant au coureur qui pourrait atteindre le Top 10, c’est difficile à dire. Je vois bien John Gadret, vu que le Tour est tracé comme il aime, c'est-à-dire montagneux. En plus, il y va sans pression, Gadret, après son Giro réussi. Donc, il pourrait surprendre, tout comme David Moncoutié.

Au petit jeu des pronostics, qui sera en jaune à Paris, qui enlèvera le maillot vert et qui sera le meilleur grimpeur du Tour, vous, qui l’avait été à 7 reprises ?
Pour le maillot jaune sur les Champs-Elysées, ce sera Contador, sans hésitation. Pour le maillot vert de meilleur sprinteur, je vois bien, une fois de plus, Thor Hushovd. Philippe Gilbert pourrait aussi se mêler à la lutte. Il sera super bien la première semaine, comme il l’a montré depuis le début de saison mais je ne suis pas sûr qu’il puisse tenir les 3 semaines de course. Gilbert risque, sans doute, de privilégier et de se concentrer sur la fin de saison plutôt que de vouloir tout donner pour le maillot vert et d’hypothéquer ainsi ses chances de victoires en fin de saison. Quant au maillot à pois de meilleur grimpeur, je pense à nos deux français, John Gadret et David Moncoutié. Mais il y aura aussi Alberto Contador. Le Tour est très difficile et il pourrait bien faire le doublé, avec le maillot jaune, sans même le vouloir.
Un dernier mot. Comment vont vos affaires V7, votre gamme de produits énergétiques multisports ?
Pour le moment, nous commençons à être bien commercialisé dans les enseignes comme Auchan et Carrefour. Mon équipe et mon acolyte bossent beaucoup. Donc espérons que tout le travail entrepris porte rapidement ses fruits. En tout cas, je les remercie pour leur patience et leur dévouement. Bref, j’espère que tout cela va bien se passer et que nous allons pouvoir attaquer encore davantage la grande distribution et autres, après tous ces premiers essais.