


Tour de France : ce qu'il faut savoir pour ne pas être largué cet été
Avec un départ en Vendée qui s'annonce exceptionnel, tant l'engouement populaire et l'amour de la petite reine sont forts dans cette région, la Grande Boucle reviendra, une fois n'est pas coutume, à un homme fort. Contador, Schleck ou autre, le débat est lancé…
Triple vainqueur de la Grande Boucle (2007, 2009, 2010), double vainqueur du Tour d'Italie (2008, 2011) et d'un Tour d'Espagne (2008) notamment, Alberto Contador arrive au Passage du Gois en grandissime favori de cette 98ème édition.
Touché mais pas coulé. Voilà la phrase qui résumerait parfaitement l'état d'esprit du vainqueur sortant. Au cœur d'un combat judiciaire pour prouver son innocence suite à un contrôle anormal au clenbuterol sur le dernier Tour de France, le coureur de la Saxo Bank n'a guère été perturbé par les maints reports de son jugement par le Tribunal Arbitral du Sport (T.A.S) et s'est imposé de la tête et des épaules sur le dernier Giro.
En rose dès la septième étape, une belle démonstration sur les pentes de l'Etna, et le coureur natif de Pinto a fini en beauté en multipliant les attaques et les coups de force.
Mais voilà, doubler Giro et Tour de France n'est pas une mince affaire. Depuis Marco Pantani en 1998, personne n'a réussi à rééditer cet exploit. L'interrogation suivante, par conséquent, se pose : Aura-t-il retrouvé tous ses moyens d'ici le 3 juillet prochain ? L’intéressé s'est exprimé récemment et a expliqué que les séquelles des efforts fournis sur les routes italiennes n'avaient pas encore totalement disparus...
Cependant, je pense que Contador ne courra pas pour la seconde place et se jettera à 300% dans la bataille qui l'opposera à tous ses rivaux.
Ses adversaires, parlons-en. Il y a bien sûr, les frères Schleck, Andy en tête. L'union fera-t-elle la force dans le clan des coureurs du Team Léopard? Vu les dernières courses de préparation comme le Critérium du Dauphiné ou le Tour de Suisse, les Luxembourgeois semblent quelque peu marquer le pas.
En effet, Andy, second l'an dernier tout comme en 2009 sur les routes hexagonales, a soufflé le chaud et le froid ces dernières semaines. Un jour à l'arrière, l'autre à l'avant sur le Tour de Suisse, on ne sait que penser de l'état de forme du cadet de la fratrie. Pour sa part, Frank, cinquième en 2008 et 2009, contraint à l'abandon l'an dernier sur chute, est apparu un peu plus en jambes en décrochant une septième place au général de ce Tour helvétique.
Mais le Tour de France 2011 ne se résumera pas à un duel entre l'Espagnol et les deux Luxembourgeois.
En effet, une pléthore de prétendants au maillot jaune existe. Qui parmi les Wiggins (récent lauréat du Critérium du Dauphiné), Evans, Van den Brœck, Leipheimer (vainqueur du Tour de Suisse) ou autre Kloden aura les capacités pour contrarier les plans des deux grands favoris ?
Attention également aux petits Français qui récoltent les bouquets de vainqueur depuis le début de saison. En tête de liste, le savoyard, Jérôme Coppel dont le Tour de France est l'objectif de sa saison. Ses points faibles les plus importants seront, à mon sens : son absence de repères sur trois semaines de course - où le moindre jour vide peut conduire à la fin d'une rêve - et son équipe Saur, qui apparaît un poil en dessous des autres écuries.
Une chose est sûre : vivement samedi prochain pour pouvoir spéculer sur le futur vainqueur de la plus belle course au monde !
Où en sont-ils ?

Alberto Contador :
Le vélo remisé pendant quelques jours après sa victoire dans le Tour d'Italie, Alberto Contador était en stage dans les Alpes la semaine dernière. Au programme : reconnaissance des deux principales étapes alpestres et du contre-la-montre de Grenoble. L'Espagnol a eu la surprise d'être arrêté par la gendarmerie dans la descente du Galibier pour phares non allumés ! S'il a clos le suspense concernant sa participation à la Grande Boucle, le vainqueur du Giro continue de la jouer modeste. «Je suis très fatigué. Mes muscles se ressentent toujours du Giro. C'est de toute façon difficile de gagner le Tour. Cela requiert une préparation spécifique. Le Giro n'était pas la préparation idéale parce qu'il était extrêmement difficile», a-t-il confié à Sporza. Le championnat d'Espagne (contre-la-montre et en ligne) sera sa seule course officielle avant le Tour.
Andy Schleck :
Principal rival de Contador, Andy Schleck a soufflé le chaud et le froid sur le Tour de Suisse. Largué un jour (14 minutes dans la vue lors de l'étape 6), à l'avant le lendemain (2e de l'étape 7), le Luxembourgeois a terminé l'épreuve à une anonyme 19e place (à 18''48 de Leipheimer), après avoir perdu plus de 2'30'' dans le chrono final. Coup de bluff volontaire ou vrai motif d'inquiétude ? «Nous sommes encore loin du Tour. Mais je suis heureux de là où je me trouve à ce moment de la saison. Je serai là pour le Tour», assure-t-il dans Le Quotidien. Meilleur grimpeur malgré tout du Tour de Suisse, Schleck était dès lundi sur les pentes de Luz-Ardiden en pleine reconnaissance pyrénéenne.
Frank Schleck :
Il a fait un peu mieux que son frère en se classant à la 7e place finale du Tour de Suisse. Mais, alors qu'il défendait sa place sur le podium, il a rétrogradé de quatre rangs le dernier jour en perdant plus de 3 minutes dans le contre-la-montre individuel de 32 kilomètres. Plutôt à l'aise en montagne (il avait aussi gagné le Critérium International plus tôt dans la saison), il a pu observer le coup de force de son équipe lors de la 8e étape pour le replacer à la 3e place. Sa performance chronométrique, lui qui était le tenant du titre en Suisse, n'est guère rassurante dans la perspective du contre-la-montre de Grenoble.
Jurgen Van den Broeck :
«Il respire la confiance et semble très motivé. S'il élève encore un peu son niveau, il peut lutter pour la victoire finale». Les propos sont signés Alberto Contador lui-même. 4e du Dauphiné, Jurgen Van den Broeck y a signé sa première victoire professionnelle en s'adjugeant la 1ère étape. Au point d'en faire un des favoris du prochain Tour ? Le Belge, 5e en 2010, a ressenti les bénéfices de cinq semaines en altitude. Son chrono moyen à Grenoble (18e) le limite.
Cadel Evans :
Ses pépins physiques du mois d'avril (genou) sont oubliés. L'Australien réalise une saison consistante (vainqueur de Tirreno-Adriatico et du Tour de Romandie) que sa 2e place sur le Dauphiné (pour la 4e fois !) a confirmée. Il a aussi pu être rassuré par le comportement de son équipe BMC qui lui sera entièrement dédiée. A 34 ans, l'Australien n'a peut-être jamais été en aussi bonne condition (physique et mentale) à l'abord de ce Tour. «Nous n'avons plus qu'à le conduire sur la ligne de départ», s'enthousiasme son patron Jim Ochowicz auprès de Cyclingweekly.
Levi Leipheimer
Vainqueur du Tour de Suisse, l'Américain a couru à la… Leipheimer. Jamais gagnant, toujours placé, il a finalement coiffé Damiano Cunego de 4 secondes à l'issue du dernier contre-la-montre. Une performance qui vient confirmer sa 2e place au Tour de Californie. A 37 ans, l'ancien lieutenant de Lance Armstrong fera partie des hommes à surveiller en juillet, au même titre que son coéquipier Andreas Klöden (2e du contre-la-montre du Tour de Suisse).
Robert Gesink
Excellent en début de saison (Tour d'Oman, 2e de Tirreno-Adriatico), le Néerlandais s'est fait plus discret par la suite, à l'image d'un Dauphiné moyen (20e). En petite forme au début de l'épreuve, Robert Gesink (6e du Tour 2010) est monté progressivement en puissance pour finalement se classer 2e de l'étape-reine au Collet d'Allevard derrière Joaquin Rodriguez. Rabobank lui témoigne d'ailleurs toute sa confiance en en faisant un leader unique très bien soutenu sur le Tour (Mollema, Ten Dam, Sanchez, Garate, Barredo…).
Bradley Wiggins :
Revigoré par sa victoire dans le Dauphiné, le Britannique est resté dans les parages. En stage à Sestrières avec le Team Sky, celui qui avait surpris son monde en terminant 4e du Tour de France 2009 en a profité pour reconnaître les principales étapes alpestres armé d'une confiance redoublée.