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"La consommation frénétique de jeunes femmes est une constante" dans le monde du football
LEMONDE.FR | 20.04.10 | 18h01 • Mis à jour le 20.04.10 | 18h05
Jérôme Jessel, grand reporter à VSD, est l'auteur d'ouvrages sur les dessous du foot tels que Sexus footballisticus (éditions Danger public) ou La Face cachée du foot business (Flammarion) coécrit avec Patrick Mendelewitsch.
Avez-vous été étonné des révélations faites dans le cadre de l'affaire Ribéry ?
Non, ce sont des choses qui ont cours dans le monde du football. Cette consommation frénétique de jeunes femmes, prostituées ou non, est une constante. Ce sont des jeunes gens qui ont entre 20 et 30 ans, des sportifs de haut niveau en pleine possession de leur force physique, qui ont une libido plus développée que la moyenne.
S'y ajoute – mais je ne dis pas que c'est le cas ici, ou que c'est toujours le cas – le rôle que peut jouer le dopage. Dans mon livre Sexus footballisticus, je révèle le cas
d'un sportif de haut niveau qui avait besoin d'honorer sa femme neuf fois par jour : il avait développé une hypersexualité parce qu'il était dopé...
Est-ce que cette affaire ne montre pas aussi le rôle joué par l'entourage des joueurs ? L'enquête menée par la brigade de répression du proxénétisme met en lumière le rôle d'un intermédiaire entre les clients et les prostituées...
Bien sûr : les footballeurs sont des gens qui ont beaucoup d'argent et qui sont des consommateurs effrénées avec de nombreux besoins : ils veulent la montre, la voiture, l'appartement et, de la même manière, les filles... Comme ils ont ces besoins, on leur propose ces services : la demande crée l'offre.
On a l'impression d'un système préétabli...
C'est institutionnalisé. On sait que les footballeurs aiment bien aller voir les filles, donc on leur permet de le faire. Pour eux, ces amours tarifées permettent une plus grande confidentialité : pas d'enfants dans le dos, pas de chantage. Et puis, pour certains dirigeants, le fait d'avoir affaire à des réseaux bien déterminés, ça permet de contrôler, de savoir où ils sont, d'év
iter qu'ils partent la fleur au fusil...
Là, l'affaire éclate au grand jour parce que c'est une mineure et il y a une judiciarisation. Si ç'avait été une prostituée majeure, il n'y aurait pas eu d'affaire.
Les clubs ne portent-ils pas une part des responsabilité dans cette dérive ?
Bien sûr, les dirigeants sont au courant. Les journalistes observateurs sont au courant. Alors comment les dirigeants ne seraient-ils pas au courant ?
Pensez-vous que le grand public ait été étonné par ces révélations ?
Oui, ça peut constituer une surprise. Contrairement à une rock star, ils ne doivent pas consommer de drogue et sont tenus d'avoir une vie saine et d'être exemplaire. En tout cas, ce sont les valeurs que veut véhiculer le sport. Mais il ne faut pas leur donner un rôle plus important que celui qu'ils peuvent assumer.
Surtout que nous, médias, et je m'englobe dedans, nous avons une responsabilité collective car nous avons élevé ces footballeurs au rang de demi-dieux, alors que ce ne sont que des hommes avec leur grandeur et leurs travers. Résultat, ils se sentent comme des demi-dieux. Chaque matin, on leur dit qu'ils sont les meilleurs, les plus beaux. Ils ont beaucoup d'argent, peu d'éducation, se sentent tout-puissants... C'est un cocktail explosif.
Quelle suite aura, selon vous, cette affaire ?
Dans ce type d'affaire, la grille intéressante c'est l'impact sur la performance sportive. Regardez Thierry Henry : en plein divorce, il voit ses performances sportives décliner. Il le reconnaît lui-même. Pour Ribéry, on peut imaginer que ça va lui être difficile de faire le vide et de retrouver le niveau qui est le sien. Il est quand même la cible d'une enquête et est soumis à une immense pression médiatique. C'est quand même la star des Bleus.
D'ailleurs, à ceux qui voient dans cette affaire
un complot contre l'équipe de France, 
je dis non : l'avenir de l'équipe de France était déjà mal engagé. Au contraire, cette affaire pourrait ressouder l'équipe, ça va faire dégonfler les chevilles de certains ; ceux qui pensaient pouvoir marcher sur l'eau et dicter tous leurs désirs... Ça va peut-être redonner un peu de corps à cette équipe de France.
Maintenant, à la justice de faire son travail :
les footballeurs ne sont pas au-dessus des lois.
Propos recueillis par Vincent Fagot
http://www.lepetitjournal.com/johannesb ... lites.html
ACTUALITES -
La légalisation de la prostitution pour la Coupe du monde fait débat
Écrit par Asmaa Botmi
2010 devait être leur année à elles aussi, les prostituées sud africaines pensaient enfin pouvoir acquérir un statut dans la société mais il n’en sera rien. La prostitution demeure une activité illégale en Afrique du Sud et le restera … a priori
(les prostituées, que ce soit dans la rue ou dans les maisons closes, n'ont qu'à bien se tenir ... crédit photo : reportage Asmaa Botmi)
Le salaire de la peur
Le débat qui s’était installé il y a plus de deux ans sur l’éventuelle légalisation de la prostitution pendant la Coupe du monde a suscité beaucoup d’espoir chez ces jeunes femmes abusées de tous.
Angela, 24 ans, est une prostituée de Durban. Elle a commencé cette activité à l’âge de 19 ans, parce qu’elle n’avait pas le choix. Avec une mère décédée du sida et un père alcoolique, Angela a dû s’occuper de ses deux sœurs et de son fils. La prostitution lui a été montrée par une amie de la famille, elle aussi morte du Sida. Pour Angela, la légalisation de la prostitution aurait été une aubaine, elle aurait au moins mis fin à son éternelle peur de la police. « La police ne fait rien pour nous, au contraire, ils nous chassent, ils nous battent, ils prennent notre argent et nous abusent. J’ai peur, moi, je prends des risques tous les soirs, je monte dans des voitures avec des gens que je ne connais pas, je ne sais pas où ils vont m’emmener ni ce qu’ils vont me faire. », dit Angela en sanglotant.
Des risques, elle en prend Angela, lorsqu’elle accepte de ne pas utiliser de préservatifs quand un client lui propose de la payer 300 rands. Son dernier test VIH remonte à cinq ans lorsqu’elle avait commencé à se prostituer, depuis elle n’en a pas refait. « J’ai trop peur des résultats. », dit-elle.
Un problème de société qui fait débat
Avec plus de 5 millions de personnes infectées par le virus du sida, l’Afrique du Sud est le pays le plus touché par la maladie. Des statistiques qui servent d’arguments aux opposants à la légalisation de la prostitution comme Tex Collins, le porte-parole du parti l’Alliance démocrate à Durban. Pour lui, légaliser la prostitution serait comme encourager la propagation du virus du Sida.
Une vision que les ONG ne partagent pas, pour elles, la légalisation de la prostitution permettrait un meilleur contrôle de cette activité et par la même occasion de la propagation des maladies sexuellement transmissibles. « Le problème à l’heure actuelle est que les prostituées n’osent pas aller dans les centres médicaux pour se faire dépister ou pour demander des préservatifs, explique Dinesh Singh de l’ONG Open Door. En tant que prostituées et comme c’est une activité illégale, elles ne sont pas traitées avec la dignité et le respect qui leur ai dû. ».
Bien qu’elle soit illégale la prostitution et les dérives qui l’entourent : trafic d’être humains et abus en tous genres, sont bel et bien des réalités, mais sur lesquelles le gouvernement sud africain préfère fermer les yeux.
Visionnez également le reportage vidéo d'Asmaa Botmi sur TV5 Monde :
http://www.tv5.org/TV5Site/webtv/video- ... _debat.htm
Asmaa Botmi – lepetitjournal.com/Johannesbourg.html – jeudi 18 mars 2010