Seb Borderas qui était encore à St' Gen' l'an dernier, 1'50"55 au 200NL ce matin en série, ça vous impressionne pas ???



Moi je trouve que ça envoie du steack qd même, il a bien fait d'arrêter le tri !!!
Communiqué de presse dimanche 26 avril
Denis Auguin, entraîneur du CN Antibes
Entraîneur d’Alain Bernard
"Des Championnats de France tronqués"
Un mois avant les France Denis Auguin, entraîneur du CN Antibes et d’Alain Bernard, a lancé un appel aux autres entraîneurs pour proposer une réglementation sur le port des combinaisons pendant les France. Il n’a pas été entendu. Dimanche, dernier jour des France à Montpellier, il tire un bilan amer des France.
« J’ai été suivi par quelques entraîneurs bien sûr pour proposer une réglementation du port des combinaisons nouvelle génération pendant les France, explique Denis Auguin. Mais on s’est retrouvé minoritaire. Devant le manque de réalisme ou d’intérêt pour que cela soit réglementé, chaque entraîneur a fait comme il a pu, comme il a décidé. C’est dommage, on aurait donné un signal fort. A Montpellier nous venons de vivre des championnats tronqués. Ce type de matériel est extrêmement favorable aux nageurs qui sont un ton en dessous. L’an dernier l’apparition des nouvelles combinaisons a accéléré les choses. En revanche il n’y avait pas de nivellement de niveau, les places étaient les mêmes, la hiérarchie était respectée. Celui qui était 18ème ou 40ème ne se retrouvait pas 2ème ou 3ème. Et là, on voit des écarts extraordinaires. Cela ne veut pas dire que ces nageurs n’ont pas travaillé, qu’ils ne sont pas fautifs. Ils se sont sans doute entraînés très dur. C’est l’environnement de la natation qui n’a pas su prendre les bonnes décisions.
J’avais imaginé cette crise car j’ai vu les résultats des championnats en Espagne. D’ailleurs le dossiste Wildeboer qui le record d’Europe du 100 dos a clairement dit : je n’étais pas au niveau pour nager à cette allure-là. Cela n’enlève rien à sa performance. D’autres portaient le même matériel. Mais il a eu l’honnêteté de le dire.
Ces combinaisons nivellent par le bas
Ces combinaisons gomment de façon incroyable les défauts des nageurs aux capacités moindres. Au niveau technique, elles favorisent des équilibres auxquels des nageurs en dessous n’ont pas accès car ils n’ont pas l’expertise. 10 ans de travail de gainage gommé par une combinaison qu’on met en 10 minutes. Une résistance physiologique moindre est gommée par une flottabilité améliorée. Les plus lésés, ce sont les deux ou trois meilleurs nageurs au monde. La hiérarchie est bouleversée et cela nivelle par le bas. Quand Coralie Balmy nage un 200 m avec cette combinaison, elle confie que cela ne lui apporte pas grand chose. Forcément elle a déjà le niveau d’expertise des deux/trois meilleures au monde. Elle n’en tire que peu d’avantage.
Les écarts de progression constatés de certains nageurs, 3 4 5 secondes, sont tout simplement inimaginables. Cela fait va faire des ravages à partir du 1er janvier 2010 date à laquelle cet équipement sera interdit. Ce sera dramatique pour certains nageurs et certains entraîneurs. Il y a ceux qui, comme moi, se posent des questions sur leur sport et qui se disent : à quoi ça sert ? Un athlète travaille dix ans pour se qualifier aux championnats du monde et quand il arrive on change la règle du jeu ? Et ces entraîneurs comment vont-il justifier que leurs nageurs nagent 4 secondes moins vite alors qu’ils ont affirmé que la combi n’aide pas beaucoup ?
Je me pose la question de notre participation aux championnats en petit bassin. En petit bassin l’effet de ces combinaison est démultiplié par les phases sous marines qui sont plus nombreuses. L’entraîneur américain de Fred Bousquet a fait des tests. Sur les quinze premiers mètres, on observe 25 centièmes d’écart, c’est colossal. Cela veut dire que vous mettez 25 centièmes sur vos adversaires d’entrée. A cette vitesse-là cela veut dire soixante centimètres. Vous imaginez l’impact psychologique d’un nageurs qui a 60 cm sur un 50 dès le départ. En plus vous sortez avec plus de vitesse donc c’est plus facile derrière. Cela a été mesuré avec des radars, c’est très sérieux.
Les 29 records de France, deux records d’Europe, deux records du Monde comptabilisés pendant les France n’ont de valeur que le chrono qui s’affiche. Beaucoup de nageurs ont opté pour des solutions radicales, c’est-à-dire qu’ils ont nagé toutes leurs courses avec ce type de matériel. Ils n’ont donc aucun repère par rapport à ce qu’ils faisaient avant. Je crois qu’il aurait été intéressant qu’au moins tous les nageurs fassent des courses avec du matériel classique pour s’étalonner.
C’est aussi dommageable pour les jeunes qui ont nagé avec ce type de matériel et qui vont se retrouver en difficulté pendant des mois et voire des années derrière quand ce type de matériel sera interdit, en principe à partir du 1er janvier 2010. Un vrai problème de fond est posé. La fédé envisage l’interdiction du port pour les jeunes. Soit elle admet qu’il existe un problème de combinaison et à ce moment-là il concerne tout le monde, jeunes comme seniors. Soit il n’y en a pas et alors il n’y a pas de raison de les interdire chez les jeunes. Après le fait d’interdire le port pour les jeunes jusqu’à un certain âge, cela me semble cohérent pour qu’ils acquièrent des repères. Ils font cela peut-être pour calmer les choses, mais le mal est fait.
Le retour dans nos clubs ne va pas être facile. Prenons l’exemple de Christophe Lebon 3ème aux championnats d’Europe, un des cinq meilleur nageurs de 100 papillon au niveau européen. Il n’est pas qualifié aux Monde. C’est un garçon qui a été extrêmement déstabilisé par les combinaisons. Quand vous voyez un adversaire qui nage 2.1 habituellement et passe à 1.57 en trois semaines, je comprends que cela soit déstabilisant. C’est comme si vous alliez à la guerre avec un pistolet en plastique. Cela donne envie de se cacher plutôt que d’aller au front.
Certains athlètes n’ont pas été sélectionnés pour des raisons indépendantes de leur travail, simplement parce qu’ils n’ont pas porté le bon matériel. Un le fait de ne pas disposer du même matériel que les autres conduit à un désavantage chronométrique. Deux il y a un impact psychologique. C’est vraiment difficile pour un athlète de partir en étant serein. Quand on sait l’importance que peut avoir la confiance dans la quête de performance. On a souvent des nageurs très en forme qui, par manque de confiance et de sérénité, ne réalisent pas leur meilleure performance. Et ici pendant les France, on les a mis vraiment en difficulté. Notre rôle en tant qu’entraîneur va être de discuter avec eux, de les aider à se projeter sur l’avenir en leur expliquant qu’on remettra tout ça à zéro à partir du 1er janvier 2010.
Personnellement j’opterai pour qu’on arrête à la technologie de combinaison à plaques voire même aux combinaisons en tissu. Et puis STOP. Avec des combinaisons en tissu, on aurait très vite été capable de battre des records du monde. Là maintenant, cela va être très compliqué. Et on a pas vu Rome. Ni les trials américains. Cela me paraît extrêmement compliqué désormais. On comptabilise 29 records de France à Montpellier, deux records d’Europe, un record du monde pendant ces France. On peut se retrouver sans record de France l’an prochain. Il aurait mieux valu en avoir 10/12 cette année et autant l’année prochaine… Cela aurait été plus normal.
Cela fait deux ans qu’on est parasité par ce problème de combinaison. Il faut que cela s’arrête car on a deux générations de nageurs qui ne vont vivre que ça. Ils espèrent accéder au haut niveau. Ils n’auront comme souvenir que les combinaisons. Ce n’est pas du sport. Ce ne sont pas les souvenirs qu’ils doivent avoir de leur pratique sportive. C’est très dommageable. Beaucoup de mal est déjà fait. On peut revenir en arrière s’il y a des volontés fortes. Mais le mal est fait… J’espère qu’il y aura un sursaut du côté des entraîneurs. En même temps nous n’avons aucun pouvoir de légiférer. Cela dit, à Rieka, pendant les championnats d’Europe en petit bain le phénomène était lancé et rien a bougé. La volonté existe-t-elle ? Je ne sais pas.
Et cette course à l’armement technologique peut aussi pas aussi influer sur les subventions, le sponsoring aux clubs, aux nageurs. Chaque entraîneur est soumis à des obligations et ses résultats observés. Pendant ces France, on a vu combien il est extrêmement difficile pour un nageur de réaliser une bonne performance s’il n’a pas ce type de matériel. Et le risque est grand de comparer et de juger les performances des athlètes sans tenir compte du matériel utilisé. C’est presque une double peine avec des dégâts psychologiques mais aussi économiques catastrophiques. Cela peut mettre des nageurs en difficulté sur tous les plans : sportif, matériel, psychologique, reconversion… Les nageurs risquent de perdre de l’argent, ils n’en gagnent déjà pas beaucoup, les clubs, leurs sponsors. C’est toute une économie qui est fragilisée, déséquilibrée. Combien de temps un sponsor va-t-il aider un nageur qui change de combinaison en tous les deux jours ?
Encore une fois les nageurs ne sont pas à blâmer. Ils ne sont pas responsables de la situation. Les responsabilités sont ailleurs : auprès des instances internationales et en dessous des instances nationales. Des pays ont pris des décisions fortes l’an dernier. Le Canada a par exemple a interdit la LZR sur les trials. Ils se sont ensuite adaptés pour les jeux. Comme quand c’est possible. Mais pas en France.
Aujourd’hui je suis fatigué, déçu pour mes nageurs. On ne reconnaît pas certains nageurs. On est un peu désabusé. A quoi ça sert ? Un nageur que vous entraînez dix ans. Qui se lève tous les jours à six heures du matin pour nager, qui fait 10 000 km par an, 5 heures de musculation par semaine. Tout ça réduit à néant pour une combi ? Ils sont admirables… ».