Moi c'tait y'a 2 ou 3 ans. Je monte en VTT au pic néoulous (dans les PO). Habitué de ce parcours en forêt, on y croise souvent des vaches broutantes. T'sais, c'est genre t'en as quelques-unes tranquilles sur le bord du chemin, tu passes à côté d'elles, elles en ont tellement rien à carrer de toi que même pas t'en as une qui bronche. Ou des fois tu t'en chopes une en plein milieu de la piste, mais bon y'a toujours la place de l'esquiver tu passes et elle te dit rien. Bref, même pas de quoi se prendre pour un cow-boy.
Sauf qu'une fois, en montant, plein chemin j'vois un troupeau à 50m devant moi. Sans pouvoir déterminer si c'était un court troupeau (quelques mètres) ou un long troupeau (plusieurs dizaines de mètres) et pas de place pour passer. Genre croiser quelques vaches, d'habitude je gère, mais là me taper cash la traversée en solitaire d'un troupeau en mode compact limite y'en a t'aurais dit qu'elles tentaient une fusion comme dans DBZ, j'ai eu une appréhension. J'me suis dit de façon assez judicieuse et fier de moi : " c'est le moment de faire une pause histoire d'attendre que tout ça se disperse, ou quand l'utile rencontre l'agréable". Tu parles... J'attends quelques minutes. Il se passe rien. Et puis c'est là.
Y'a un veau qui est sorti du troupeau de quelques mètres dans ma direction. Mais attends, pas le veau tout sage et tout fragile qui vient de naître que tu le vois direct tu craques et tu vas lui faire un câlin et des bisous et tu veux le même chez toi sinon tu fais un caprice. Non, là c'était déjà un veau ado, dans les 250 ou 300 kilos. Le genre de veau qui doit bien faire iéch ses parents en écoutant du rap à fond le soir à la maison et qui va au collège avec une casquette. A l'envers. Et vas-y qu'il commence à me mater sévère dans les yeux façon "ok j'suis qu'un veau et j'ai pas encore les cornes, mais mon pauvre dis-toi je fais 4 fois ton poids alors si tu veux me prendre en face to face, no soucy je suis ton homme. Enfin, ton veau". Le tout en raclant le sol avec une patte de devant

(et c'était pas pour faire un éducatif càp), bref le truc qu'a pas eu tendance à me rassurer.
Là je me suis dit que c'était pas la peine de provoquer, que j'avais déjà fait une bonne sortie, et que c'était le moment de rentrer à la maison. Donc je fais demi-tour. Je fais 200m en descente en espérant que l'autre il m'avais pas suivi, et bim, je retombe sur un autre troupeau de vaches bien dense et compact. Troupeau qui était pas là - ou en tout cas pas sur le chemin - quand je suis passé à l'aller, mais qui avait profité de ma pause pour se rassembler là. Bon, c'était pas l'encierro de Pampelune, mais quand même, toujours cette appréhension. Donc je m'arrête en mode : "de nouveau ! pfouuuu... je commence à être gavé". Coincé entre deux troupeaux, et si jamais ils avaient l'idée de converger...
Et là y'a mon p'tit diable qui se pointe et qui me fait : "mais allez c'est bon, vas-y c'est que des vaches. Ca se traverse comme du slime. Et puis tu crois quoi ? Tu crois tu vas passer et y'a en une qui va te mettre par surprise une double nelson pour que les autres puissent t'allumer ? non mais sans déconner, regardez-moi ça mais quelle tap..." Et bien sûr y'a mon p'tit ange qui voit ça et qui peut pas laisser dire : "ne l'écoute pas... tu sais, si les vaches ont des cornes, c'est que ça doit bien leur servir à quelque chose, et je te parle pas que de self défense. Et leurs sabots ! T'as vu la taille de leurs sabots ! Comme ça doit allumer si tu t'en manges un dans la tronche ! Je serais toi... enfin, fais gaffe".
J'ai pris mon vélo sur l'épaule, j'ai grimpé perpendiculaire au chemin, j'ai marché quelques minutes en forêt, et j'ai rechopé le chemin plus bas. Mission accomplie, la preuve aujourd'hui je suis encore là pour pouvoir en parler.