J'ai encore fait un rêve ...
Il y a quelques temps , en parcourant les Echos ( j'avoue , je sais que c'est pas bien mais ça m'arrive de lire -distraitement rassurez-vous - ce genre de torcheballe ) , j'ai appris ceci : réunis en congrès à Londres en février dernier , un groupe de réflexion réunissant les dirigeants des plus grandes entreprises européennes a admis son inquiétude quant à l'évolution du marché de l'emploi dans les prochaines années : un vieillissement accentué de la population , une immigration plus restrictive , une orientation de plus en plus prononcée des jeunes vers les filières d'apprentissage , et c'est tout l'écosystème du monde de l'emploi dans nos sociétés qui s'en trouve menacé . Comment ? Avec la réduction même partielle mais significative du gros volant actuel des inactifs , la pression sur les salaires sera beaucoup plus difficile à exercer , car le chantage usé à la délocalisation , même s'il restera audible et parfois légitime , aura moins de poids dans des économies de plus en plus tertiarisées , de plus en plus marquées par des activités de création , de tourisme ou encore l'émergence de services à la personne qui , comme chacun le sait , ne sont pas des activités aisément délocalisables ...
Tout en me frottant les mains , en homme de progrès , je me suis endormi ... et là , dans mon sommeil , des voix chagrines m'ont dit "Les Echos ? , qu'est-ce qu'ils nous chantent là ???? ..." (même dans mon sommeil , j'aime bien faire les questions-réponses comme qui vous savez ) ... " ces mecs ne seraient pas assez cons pour se répandre publiquement sur ce genre d'atermoiements . Laissse tomber , encore une fausse-brève-vraie-rumeur répandue par un stagiaire aigri des Echos encarté à la LCR " . Assez cons , certainement pas , ne rêvons pas : cette inquiétude prospective n'est pas celle de nostalgiques d'octobre rouge , sartriens de la première heure , mais celle de "décideurs" , des mecs qui ont "les pieds sur terre" et qui reconnaissent simplement à demi-mots qu'un niveau de chômage élevé depuis des années dans les pays industriels n'a pas été pour eux , en terme de coûts salariaux , une catastrophe , et encore moins une mauvaise affaire ...
5h00 du mat' . J'ai des frissons , je me réveille en sursaut, bouscule ma femme qui ne se rendort pas , et lui crie , dans une haleine que mon angoisse a rendue sèche et presque fétide :
"mais alors , s'ils sont pas si cons , pourquoi s'en émouvoir publiquement ???????".
Ma femme me regarde , affligée

, en tournant son index au-dessus de sa tête avec l'air de me dire " comment ai-je pu épouser un type pareil ....". Heureusement insensible à cette réaction de femme mariée menacée par l'embourgeoisement , et surtout comme elle reste muette , je me réponds à moi-même ( toujours comme sarko ) : mon sentiment ? Mon sentiment est que si ses dirigeants en parlent publiquement c'est qu'ils sont déjà conscients qu'il devient urgent de commencer une pédagogie adressée aux gérants des grands fonds d'investissements en leur expliquant patiemment que les rendements à deux chiffres sont révolus , que l'évolution du marché de l'emploi obligera les entreprises a arbitrer différemment la répartition des résultats nets . Finie l'époque bénie des rendements à deux chiffres alimentés par des vagues spectaculaires de "dégraissage" ...
"Mouais .... mouais .... " , me répond-t-elle , reprenant égoïstement toute la couette pour elle , et sur un ton neutre et dépassionné qui me ferait presque la suspecter d'avoir voté Bayrou dimanche dernier ... ( comme moi , en fait

).
Bref ....
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p.s. ce qui est intéressant avec ces perspectives , c'est qu'on pourra à nouveau , un peu comme dans les Trente glorieuses , mieux cerner dans la société qui cherche vraiment un job . J'ai même l'impression que ça commence déjà ...
Mais je rêve encore

?