Silver0l a écrit : 25 juil. 2021, 10:48
La situation n'est pas si simple.
L'endettement de la France ne date pas de la pandémie.
La dette publique s'élève à environ 2700 millliards d'euros. Elle a bondi de 66% du PIB en 2008, à 95% avant la pandémie, et à près de 120% aujourd'hui.
Comparer la dette au PIB n'a pas grand sens, il vaut mieux la comparer aux recettes fiscales, soit 270 milliards. Ce qui veut dire que même si toutes les recettes fiscales étaient consacrées à rembourser la dette (on ne paierait plus les fonctionnaires, on stoppait tout), il y en aurait pour 10 ans...
Comme la France (au contraire des pays qui ont su se réformer) est incapable de rembourser sa dette, on ne paye en vérité que les intérêts, la charge de la dette, soit une à peine une 30aine de milliards (soit quand même 3x le budget de la justice, 1.5x le budget de la sécurité etc).
Mais, point très important, comme on ne peut jamais rembourser le capital, on ré-emprunte chaque année pour payer le capital des emprunts arrivés à maturité (le service de la dette). En terme courant, on appelle aussi ça de la cavalerie. Et là, on ne parle pas d'une 30aine de milliards, mais de 290 milliards, qui doivent être empruntés chaque année.
Et évidemment, cet emprunt se fait aux conditions du moment, qui sont certes très favorables en ce moment, mais dont personne ne sait ce qu'elles vont devenir dans les 10 ans.
Quand tu dois emprunter chaque année près de 300 milliards (3x les recettes de l'IR), essentiellement pour rembourser tes vieilles dettes, tu es évidemment très vulnérable à la moindre hausse des taux. On est mort si les taux remontent à leur niveau historique.
Quant à décider de ne pas rembourser, bien sûr c'est une option, mais mettre un État en banqueroute n'a jamais été une opération indolore pour personne, demande aux Grecs... notamment lorsque l'on est un pays comme la France qui dépend autant de sa capacité à emprunter chaque année auprès des marchés financiers pour financer des dépenses extrêmement généreuses...
Enfin, d'autres pays sont certes dans cette situation, mais en Europe, la France fait partie des pays les plus endettés, et qui se sont le plus endettés pour affronter la crise. Il n'est pas sûr que nos amis allemands et d'Europe de l'Est et du Nord voudront longtemps partager le fardeau et les risques d'une dette qui risque de devenir de plus en plus ingérable.