matafan a écrit : 21 févr. 2020, 11:35
Comparer des chaussures à un VAE c'est ridicule. Dans un VAE tu stockes de l'énergie sous forme chimique. De l'énergie qui est produite par EDF et pas par tes muscles. Dans le cas d'une chaussure, quelle que soit la chaussure, l'énergie est produite exclusivement par le coureur. Cette énergie n'est pas "quasi gratuite" ni "exogène".
Dans l'efficacité d'une chaussure je vois principalement 4 facteurs :
1) Le poids
2) La capacité à restituer l'énergie dépensée dans la compression de la semelle, plutôt qu'à la dissiper sous forme de chaleur
3) La capacité à restituer l'énergie dépensée dans la flexion de la semelle, plutôt qu'à la dissiper sous forme de chaleur
4) La capacité à restituer cette énergie de manière utile, c'est à dire au bon moment. Si la semelle rebondi après que le pied ait quitté le sol, ou avant l'impulsion, c'est de l'énergie restituée, mais perdue à toutes fins utiles pour le coureur.
C'est la même chose pour toutes les chaussures, et les fabricants on toujours cherché à améliorer ces qualités. C'est pour ça que depuis une centaine d'années on utilise pour les semelles divers matériaux plus ou moins élastiques (caoutchouc, puis divers polymères type EVA ou TPU) plutôt que du bois ou du cuir.
L'adjonction d'une plaque en carbone ou tout autre matériau aux propriétés similaires n'est pas fondamentalement différent. Elle permet simplement d'améliorer et d'ajuster les propriétés mécaniques de la chaussure (principalement #3 et #4).
Selon moi l'enjeu de la réglementation sur ce sujet n'est pas d'interdire une tricherie manifeste, mais d'établir des limites (forcément arbitraires) qui permettrons d'une part de garantir un certain degré d'équité (en ce sens l'aspect le plus intéressant de la réglementation est à mon avis l'obligation que la chaussure soit disponible à l'achat depuis X mois avant la compétition), et d'autre part de ne pas dénaturer le sport (le geste doit rester sensiblement le même, et ne pas devenir par exemple une course sur trampoline).
Plusieurs remarques:
J'ignore si tu as été formateur dans quelque domaine que ce soit dans ta vie mais il y a un principe pédagogique assez répandu qui consiste à exagérer pour mieux montrer, quelque chose de l'ordre de l'hyperbole. Il n'y a aucune tentative de justification scientifique dans la comparaison vélo vs VAE. Si tu la trouves capillotractée mea culpa mais elle n'a pour but que de mettre en relief que la
restitution de l'énergie par la chaussure est bien exogène puisque dûe aux seules caractéristiques mécaniques de ladite chaussure. Peut-être préféreras-tu l'image du sauteur à la perche qui saute plus haut que le sauteur en hauteur....
Ensuite je te trouve un peu de mauvaise foi quand tu me prêtes des propos que je n'ai pas tenus. Primo je parle d'énergie
quasi gratuite absorbée à l'impact car elle provient essentiellement de l'application du poids de corps (qu'il a bien évidemment fallu soulever) et de l'inertie du coureur en mouvement. La "mise en tension" de la chaussure n'induit pas de dépense énergétique
supplémentaire de la part du coureur au moment de l'impact. C'est quasiment cadeau. Secundo, relis ce que j'ai écrit, l'énergie que je qualifie d'exogène n'est pas celle produite par le coureur mais celle restituée par la chaussure.
Enfin, et quoiqu'on en pense, il faudrait être aveugle ou de mauvaise foi pour nier l'avantage inhérent à ces chaussures. La multiplication des PB des coursiers équipés avec atteste de la relation de cause à effet. So what? me diras-tu.
Et bien le problème est maintenant de savoir comment on va définir les limites de la technologie embarquée dans les chaussures avant que la CàP ne devienne un sport mécanique (exagérer pour mieux montrer....). Car une semelle qui se déforme et renvoie de l'énergie c'est de la mécanique.
Pour me livrer au même exercice que toi sur la définition de l'efficacité d'une chaussure dans le respect de ce que devrait rester la course à pied en compétition ou en loisir à savoir quelque chose de naturel.
1- protéger la plante des pieds;
2- assurer (ne pas contrarier) la stabilité des appuis;
3- éventuellement pour le coureur récréatif lui proposer un amorti protecteur (éventuellement car ce point est sujet à débats passionnés depuis quelques années).
Je pense qu'il faut à minima en passer, pour la course à pied en compétition, par lister les matières autorisées ou pas dans la confection des pompes.
Encore une fois ce n'est que mon avis dans un débat intéressant. Tu peux continuer à le considérer ridicule voire rétrograde mais si des garde-fous ne sont pas posés rapidement ça va partir dans tous les sens au grand plaisir des marchands de pompes et dans la dénaturation de ce si beau sport.
Pain is inevitable, suffering is optional.