En tant que triathlète, supportrice fervente, et étant celle qui partage ta vie, tes entrainements, tes doutes et tes joies dans les courses, je suis très émue de te lire.
Pour avoir vécu des courses difficiles, à mon niveau, et pour avoir réussi à les terminer malgré la frustration et la fatigue, je sais aussi ce que peut représenter un abandon.
Pour avoir également vécu 3 IM avec toi comme supportrice, je sais aussi la joie que vous, les ironmen, vous apportez à vos proches. C'est une émotion très vive, où se mèlent, au fur et à mesure de la course, l'angoisse le matin à 5h30 devant le parc à vélo, en essayant de capter le regard de celui qui est déjà parti, l'angoisse de le voir partir dans l'eau froide et la nuit. Puis le soulagement de le voir sortir de l'eau, certes tout violet et les mains flétries, mais debout et en forme.
Puis c'est la course vers la sortie du parc à vélo pour voir sortir son chéri

Puis l'imagination prend le pas. Comment se sent-il dans l'Izoard ? J'espère qu'il n'a pas trop de vent, qu'il n'a pas trop chaud ou trop froid dans la descente.
Et puis c'est la montée à Chalvet, pour les encourager une dernière fois en vélo. Là encore la tête de course passe, impressionnante. On se dit que nos petis gars à nous sont encore loin et il y a du monde à encourager. Tous, vous avez eu droit à des applaudissements et des encouragements, les copains commes les anonymes (et même les sans dossards qui se sont quand même fait l'Izoard et vont se taper Chalvet, les pauvres, ils ne savent pas ce qu'ils font). Et voilà les premiers copains qui passent. On se rassurent, ils ont l'air en forme, lucides, ils nous reconnaissent. Et puis l'attente se prolonge, une petite inquiètude vous serre le coeur, je me demande ce qu'il a vécu, là-haut, seul sur son vélo. Et puis je te vois enfin passer, mon Ironman ! Tu me dis que c'est dur et que tu ne repartiras pas en course à pied. Je t'encourage mais je sais que tu dis vrai (il fait toujours ce qu'il dit mon Irontryph) et je sais qu'à présent, il va me falloir te soutenir. Ce n'est pas si facile d'abandonner. C'est une course que l'on fait pour soi, mais on sait aussi qu'on le fait pour les autres, les proches, les amis, les spectateurs. Tous sont là pour soi et on ne va pas finir.
Moi, je suis contente d'avoir récupérer mon homme, finisher ou pas. Ce n'est pas sur Embrun 2005 que je l'attendrai, le cœur serré par l'émotion, les larmes aux yeux et une folle envie de lui crier tout mon amour. Ce cadeau, tu me l'as fait à Zurich et à Roth, et je sais que tu recommenceras. En attendant, je profite de la fin de l'été avec mon Ironman en forme, marchant sur ses deux jambes, avec la souplesse du félin et toujours cette lueur dans les yeux quand on reparle d'Embrun 2006 ou 2007 ...
Bravo à toi mon Ironman et bravo à tous ceux qui connaissent des moments de joie et parfois de tristesse sur leurs courses.
Sapinette
