Par rapport aux pratiques opérées par les Spin Doctor et évoquée dans le fil ci-dessous,
viewtopic.php?f=12&t=36367
(du "front" du dopage au "front" du moteur électrique...)
un "parallèle" qui m’a tout de suite sauté aux yeux par rapport à l’allusion au « TRAITRE ».
Soyons fou :
1 : Domenech pousse à bout Anelka pour qu'il dégoupille et ainsi montrer

par l'absurde

qu'il ne peut rien à faire face à l'attitude de certains joueurs...
2 : ...en réaction...les "conseillers" de certains joueurs par téléphone disent : il faut dévier l'attention sur vos divisions internes...: vous allez évoquer un "traître", celui a qui fait fuiter l'info, c'est lui le vrai problème...pas d'éventuelles divisions ou dissensions...
Ci-dessous, un vieil article que je ne parviens pas à retrouver sur le net, mais que j’ai retrouvé dans mes archives avec la logique suivante :
face à une "révélation", faire oublier la révélation en se concentrant sur
"qui l'a faite" (la "taupe")

:
Par Daniel Schneidermann
Mort d'un leurre
LE MONDE TELEVISION |
25.07.03 | 14h23 • MIS A JOUR LE 25.07.03 | 19h39
Par Daniel Schneidermann
Quelle affaire, ce suicide du docteur Kelly ! Cette guerre de communication entre le gouvernement britannique et la puissante radio-télévision publique, cette guerre sans merci de l'investigation et du mensonge, aura donc fait un vrai mort, ce malheureux spécialiste du désarmement pris sous les feux croisés. Et l'enquête indépendante fournira certainement la matière d'un vrai feuilleton de l'été, avec son intrigue
(qui a livré au public le nom du docteur Kelly ?) et sa galerie de personnages.
Le journaliste de la BBC Andrew Gilligan, celui qui a accusé Blair d'avoir voulu rendre plus "sexy" les rapports sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein ; le premier ministre Blair en voyage en Asie, pilotant sa réplique d'escale en escale ; et surtout, dans le premier rôle, le mythique conseiller en communication de Blair, Alastair Campbell,
spécialiste mondial des armes de diversion massive,
accusé d'avoir fait fuiter le nom de Kelly pour offrir à la presse une belle affaire qui l'éloigne de la question principale : Blair a-t-il menti pour justifier la guerre contre l'Irak ?
Le plus fascinant, dans cette affaire, est l'horizon qu'elle découvre sur une pratique cynique de la diversion médiatique.
Lorsqu'un pouvoir est aux abois, comment desserrer l'étreinte de la presse ?
En lui ouvrant précipitamment un autre front.
En lui offrant une affaire dans l'affaire, un feuilleton dans le feuilleton.
Elle s'y précipitera à tout coup.
Comment éviter que la presse ne martèle la question :
"Blair a-t-il menti ?" En lui offrant une question-leurre :
"Qui est la taupe ?"
Et voilà comment Campbell se retrouva (peut-être) pris à ses propres manœuvres, devenant lui-même la cible d'une "affaire dans l'affaire dans l'affaire" :
"Qui a livré le nom de Kelly ?" Ainsi va la société du spectacle, produisant par réflexe des diversions en cascade, si réussies qu'on ne sait plus si on est dans la diversion ou dans le sujet principal, puisqu'il apparaît désormais qu'elles peuvent être aussi meurtrières.
Pour tout dire, on aurait bien aimé, dans cette dernière chronique d'avant-vacances, plonger dans cette diversion, et traiter de l'affaire du docteur Kelly. Et plus précisément, de la manière dont elle est traitée par la BBC, puisque la BBC en est la protagoniste. La BBC va-t-elle mettre en cause la responsabilité de la BBC ? La BBC va-t-elle inviter sur ses plateaux son reporter, ses patrons, les politiciens qui, inévitablement, vont critiquer la BBC ?
Seulement voilà. Un minuscule détail nous avait échappé : c'est l'été. Et si le chroniqueur n'est pas (encore) en vacances, la grande majorité de ses contemporains se considèrent, eux, affranchis des obligations ordinaires. Par exemple, les amis chez qui on s'est offert, le temps d'un week-end prolongé, un avant-goût de grandes vacances. Charmants, ces amis. Pleins de bonne volonté. Evidemment concernés par la méditation sur la société du spectacle qu'ouvre, en effet, la mort du docteur Kelly. D'ailleurs, leur adorable maison du Sud est même dotée de deux antennes satellite grâce auxquelles, bien entendu, on peut capter toutes les chaînes étrangères, y compris BBC World, le service mondial de la BBC. Un défaut toutefois : ils ne s'intéressent pour leur part qu'à un feuilleton de l'été, et un seul,
le Tour de France.
L'histoire de l'expert Kelly ? Oui, bien entendu. Très intéressant. Est-ce que la BBC parle de la BBC ? Question fascinante, reconnaissent-ils. Mais attends, ils sont à 8 kilomètres de l'arrivée, à ton avis, est-ce qu'Ullrich va encore reprendre des secondes à
Armstrong 
? Parce que, vous comprenez, si c'est bien Campbell qui a fait fuiter le nom de Kelly... Bien sûr, bien sûr. Mais si Armstrong ne prend pas assez d'avantage dans la montagne, il va être sacrément menacé dans le contre-la-montre. Alors, c'est vrai que le ministère de la défense a reconnu que...
Ecoute, tu nous fatigues, assieds-toi et regarde l'arrivée de l'étape. Pour une fois qu'il se passe quelque chose dans le Tour, on ne va tout de même pas rater ça ! Ton Campbell sera encore là à la rentrée. Pour cette dernière livraison d'avant-vacances, le chroniqueur s'avouera donc vaincu. Tant il est vrai que les diversions centenaires sont encore les plus efficaces.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.07.03