Si on dissèque les motivations profonds des fanatique du "tous dopés", on trouve grosso modo 3 populations:
1) les non sportifs avérés, les beaufs, qui constituent l'immense majorité de la population même s'ils ne fréquentent guère ce forum, qui ne font pas trop la différence entre monter l'Alpe en 36 minutes ou faire un tour de 90 km le dimanche matin dans le froid en Chevreuse. Pour eux, tout ça relève du domaine du sur-humain, tellement éloigné de leur univers mental et physique que cela relève forcément de manipulations médicales peu avouables.
D'un autre côté, ils culpabilisent un peu, car les médias n'arrêtent pas de leur répéter qu'il faut bouger et faire du sport, et ils voient les bourrelets qui commencent à arriver, l'hypertension et le diabète qui menacent... donc ils prennent un malin plaisir, une jouissance dans la transgression du politiquement correct, une Schdenfreude évidente à te crier "dopé" quand tu en chies dans la montée des 17 Tournants, pressés qu'ils sont d'aller prendre l'apéro chez belle-mère... un moyen d'évacuer une culpabilité latente plus ou moins consciente, de compenser une infériorité physique manifeste par un sentiment de supériorité intellectuelle ("je vais en bagnole acheter ma baguette mais je suis propre, moi"), et de refouler dans les franges de l'interdit une pratique qui leur demeure totalement étrangère et inaccessible.
2) une deuxième population, bien présente ici, les vrais sportifs à NDM (genre Ironturtle...).
Ceux-là ont une pratique régulière et assidue, et eux voient parfaitement l'écart entre leur sortie dominicale en vélo et la performance que constitue ne sertait-ce que finir un Tour de France.
Eux se rendent compte ce que signifie que de rouler à 43 km/h de moyenne, ce que veut dire monter l'Alpe en 39 minutes.
Mais ils n'en sont que plus désespérés lorsqu'ils comparent ces exploits à leur propre NDM.
Ils ont vu le cyclisme évoluer pendant des décennies sour l'ombre du dopage, et donc le réflexe naturel est de dire "tous dopés", sans prendre en compte les développements récents.
Ce qui leur permet de mieux accepter leur niveau, en se réfugiant dans une philosophie sportive conforme à leur modestes moyens ("je pratique pour moi-même et pour ma santé, mais moi aussi je pourrais faire le Tour (ou Hawaï) si je me chargeais")
3) enfin, la 3ème catégorie, la plus rare mais la plus perverse, les dopés amateurs
(...)
Le problème est que si les contrôles deviennent efficaces et sérieux pour les pros, on n'a encore rien de semblable pour les amateurs.
Et donc tu as des individus qui pour avoir l'honneur de monter sur le podium du classement vétéran du duathlon découverte de Tancrest sur Bachou sont prêts à basculer du côté obscur.
Pour ces gens-là, le seul frein est le frein moral: ils ne seront de toute façon pas contrôlés, le dopage marche, est accessible pour qui se donne la peine de chercher, et n'est pas si franchement nocif pour la santé que ce qu'on veut nous faire croire (c'était d'ailleurs le message répété du Kouk).
Pour surmonter cet obstacle moral, ces gens-là s'inventent la théorie du "tous dopés". En gros, il s'agit de se dire: "puisque tout le monde le fait, et qu'il n'y a pas moyen de réussir sans le faire, pourquoi pas moi?"
Une fois admis que tous sont dopés, il est beaucoup plus facile de franchir le pas qui fait basculer du côté obscur.
C'est en cela que je trouve que ces remarques incessantes sur le "tous dopés" sont pernicieuses et dangereuses: elles donnent l'excuse morale ultime et nécesssaire au sportif amateur pour lever ses derniers scrupules et basculer dans un comportement répréhensible.
tu flirtes avec la psychanalyse là ? Docteur Silver 01 ?
moi , à vélo , les beaufs de droite en BMW et ceux de gauche en Renault essaient bien de m'écraser parfois mais JAMAIS JAMAIS ne me traitent de dopé : l'assassin potentiel à 4 roues respecte l'effort sportif
on doit se croiser dans la vallée de Chevreuse : RDV aux 17 tournants
