Quelques lignes et quelques photos pour faire partager ma sympathique expérience de la Saintélyon 2006...
Quand j'étais petit, enfin plus jeune, et que j'ai commencé la course à pied (en août 1997... 9 ans déjà), j'habitais à Lyon. Très vite, j'ai entendu parler de la Saintélyon,course reliant Saint-Etienne à Lyon et partant à minuit le premier week-end de décembre. Moi qui, à mes tout débuts, avais dit à mon frère qui me proposait de faire les 20 bornes de Paris : "Waaaaoooh

, mais t'es malade, 20 bornes c'est un truc de fou, je pourrai jamais faire ça...", j'ai tout de suite été intrigué par cette épreuve, attiré par elle, mais aussi et surtout effrayé

... je me disais qu'il fallait être sacrément balèze pour se lancer là-dedans et qu'il faudrait que je patiente un peu...
En 2004, après une première expérience réussie sur Ironman qui m'avait mis en confiance, je m'étais inscrit pour la Saintélyon. Manque de chance, une douleur à un genou apparue début novembre m'obligea à renoncer à prendre le départ.
En 2006, n'ayant pu participer à l'UTMB pour une excellente raison

, mais ayant réussi à reprendre rapidement une activité sportive après ma paternité

, et séduit par mes petites expériences de trail et par les récits de deux partenaires de club, MarcO et Arnaud, de l'UTMB et des 100 bornes de Millau, l'envie me chatouilla de nouveau d'aller tenter à mon tour une grande aventure nocturne.
Pour préparer cette Saintélyon, j'avoue ne pas m'être trop inquiété : bien que je n'aie jamais couru 68 km, j'ai été, tout au long de ma préparation, assez confiant, me disant que j'allais aborder cette course comme une rando, et vu que j'avais déjà dépassé les 12 heures de course en triathlon, 8 heures de rando, c'était quand même plus facile, donc ça devait passer. Par ailleurs, en passant chez mon kiosquier fin octobre ou début novembre, je feuillette une revue de trail, qui donne un plan d'entrainement pour la Saintélyon, en 3 ou 5 séances par semaine, avec des bosses et un peu de fartlek, et des sorties longues ne dépassant pas les 2h30. Je repose le magazine (ben ouais, eh, j'allais pas l'acheter non plus, si c'est pour lire des trucs que je sais déjà...), mais cette lecture me conforte dans mon idée qu'il n'y a pas besoin d'un entrainement de taré avec 100 bornes par semaine pour faire cette course. Mais je fais tout de même la préparation la plus sérieuse possible, pour ne pas risquer l'excès de confiance, en faisant 2 à 3 séances de course à pied par semaine, et en continuant la natation et un peu de vélo ; je fais 1 séance de 2 heures bosselée et de nuit et 1 de 2h30 plate... et voilà déjà la phase de préparation terminée, il ne reste plus qu'à se reposer avant la course

.
Malheureusement, la phase de repos n'est pas aussi bonne qu'espérée : le lundi 20 novembre, j'attrape un bon rhume, qui se mue en extinction de voix du jeudi au samedi, et continue de me fatiguer jusqu'au jeudi suivant... Mais bon, ce n'est pas un misérable rhume qui va m'empêcher de participer à cette folle nuit de fête
Arrive le samedi, voyage en TGV, après-midi sympathique en famille, brève sieste, bain donné à mon petit garçon, Hugues (moment de détente pour lui et moi), bon diner (poulet rôti-pâtes-yaourt-banane, pour ceux que ça intéresse...), puis vient l'heure du départ pour Saint-Etienne (pourquoi tu me regardes comme si j'allais mourir

?), de la pluie sur la route, pas très encourageant tout ça, le retrait du dossard, beaucoup de monde dans le hall des expos. Je retrouve Souvanxay, un collègue de travail, nous échangeons nos impressions et passons un moment sympathique à discuter, ce qui permet d'évacuer le petit stress qui commence à monter doucement.
23h40, nous sortons pour aller regarder les relais qui partent comme des balles. Puis je perds Souvanxay, avant de le retouver sur la ligne avant le départ.
00h00, nous y sommes, il n'y a plus qu'à courir (couvrir) ces 68 km, un encouragement à Souvanxay et je pars... en contrôlant vraiment mon rythme.
Le passage dans les rues de Saint-Etienne me paraît un brin surréaliste : déjà de jour un peloton de 3000 personnes vu de l'extérieur peut sembler bizarre, alors à minuit...

Je cours tout doucement, discute avec un type qui a déjà joué 3 fois et couru en 7h58, je me dis que je suis donc dans le bon rythme pour mon objectif de 7h30 à 8h.
7 km tranquilles, puis arrive la première montée. Je marche un peu je crois quand ça se raidit, pour rester raisonnable... En regardant derrière, la vue du petit serpentin lumineux est très jolie...
Les kilomètres s'enchainent bien, j'arrive à Saint-Christo en Jarrez (km 16) à 1h45 ; c'est un peu la cohue dans le stade, je prends juste un carré de chocolat (2, en fait

) et je poursuis ; j'ai mes propres réserves de nourriture (dans mon sac et sur moi

)et je mange toutes les 30 minutes et bois souvent. Il y a un bouchon énorme à la sortie du village : ça ressemble au périph un vendredi soir...
A partir de là, les montées et descentes s'enchainent, tout se passe bien. Je me fais faire une petite photo par un camarade, où je tire la langue pour montrer que je suis cool (promis, j'arrête demain).
A 2h15 il commence à pleuvoir légèrement, je fais 2 voeux : 1. Que ça ne dure pas (trop) ; 2. Que ça ne s'intensifie pas (trop). Mes 2 voeux sont exaucés : à 3h15 la pluie s'arrête, et c'était de la pluie de pacotille, qui ne m'a pas du tout mouillé.
Suivant l'un des bons conseils de tonton MarcO, je fais un petit check-up de santé régulièrement : de temps en temps un petit gratouillis par ci, un chatouillis par là, mais rien de plus, mais en tout cas, c'est un bon conseil, ça permet de ne pas s'affoler.
Vers 4 heures j'atteins la mi-course, Saint-Genoux (les miens vont bien, merci

). Je mange bien : depuis le ravito précédent en fait j'ai commencé les TUC et le saucissons, la lassitude du sucré est arrivée assez tôt ; me sachant invulnérable (enfin, pas trop fragile) sur le plan digestif (à Roth je m'étais goinfré de pastèque tout le long du marathon, ce qui doit laisser pantois quelqu'un comme MarcO

) j'en profite bien. Puis opération tartinage de crème anti-frottements et changement de chaussettes, pour ne pas risquer de soucis, car je suis plus sensible des pieds que du ventre. Puis petite photo

, et c'est reparti pour les 34 derniers km, une formalité.
Un peu avant Soucieu en Jarrest (km 46), la course est à flanc de côteau et on commence à apercevoir Lyon et la tour de la Part-Dieu : signe que l'arrivée approche à grands pas. Malgré tout, les miens, de pas, se font un peu plus petits. Les descentes commencent à devenir un peu douloureuses au niveau des tendons. J'attends impatiemment d'arriver à Sainte Foy, pour arriver en terra cognita et avec un petit espoir secret d'avoir une visite de mon beau-frère Gérard. La descente vers Sainte Foy me fait assez mal mais je cours toujours en serrant un peu les dents. Au ravito je poursuis mon régime saucisson, en agrémentant de quelques quartiers de clémentines.
Et c'est reparti, direction le mur de Beaunant : un machin de 1 km à 20 %. Quand je commençais le vélo je l'avais pris avec le 42 du vélo de mon beau-frère Gérard (le même que celui qui en fait n'est pas venu

, mais bon il avait pas promis, et il me dira après qu'il a pensé à moi

), et ben j'en avais bavé. Et bien là, à pied après 58 km, je n'en bave pas trop, je marche d'un bon pas et ça passe assez vite. Marcher ça va encore bien. En revanche, en revenant sur du faux plat puis sur du plat, courir devient vraiment difficile. Et que dire quand arrive la descente : cette descente que j'ai prise si souvent à-pied-à-vélo-en-voiture-en-bus devient un vrai calvaire. Heureusement qu'il y a la vue sur Lyon avec le jour qui se lève et le fait de savoir que je suis presque au bout qui m'aident à courir au début. Mais passés les escaliers

, mes tendons ne veulent plus que je coure, donc je marche ; c'est un peu dommage, mais c'est comme ça. Perrache est en vue, il ne reste plus que du plat...
On m'avait annoncé que les derniers kilomètres le long de la Saône paraissaient très longs : je confirme. Ayant vécu 7 ans à Lyon, je n'avais jamais vu le confluent. Grâce aux organisateurs de la Saintélyon, c'est désormais chose faite, mais sur le moment je ne les remercie pas vraiment

. A partir de là j'invective tous les gens que je double pour qu'ils finissent en courant et pour qu'ils prennent ma foulée. Ca marche avec quelques-uns. En fait ces encouragements s'adressent aussi à moi et me permettent d'avoir des compagnons de route pour quelques centaines de mètres.
Remontée le long du Rhône puis traversée, parc de Gerland, ça sent bon l'écurie. Le soleil est là pour mon arrivée, et je suis heureux d'arriver au bout de cette folle nuit. Arrivée (en 8h30, un peu plus long que prévu, mais conforme à mon niveau et sans craquer complètement) en remerciant les personnes présentes le long des barrières et en serrant le poing, encore des beaux souvenirs emmagasinés dans ma tête. A ce moment (je suis assez émotif, et les lignes d'arrivée d'épreuves qui me tiennent à coeur me suscitent toujours beaucoup d'émotion, et me font faire des flash-backs sur ma vie... un peu comme si j'allais mourir

), je pense à la chance que j'ai : une compagne et un fiston que j'aime et qui me soutiennent

, et la chance de profiter des joies du sport. Vrai moment de bonheur.
Juste deux petits regrets :
- le premier pour les trop nombreux tubes de gel ou emballages de barres abandonnés dans la nature : ça me surprend toujours que des gars qui vont faire des courses nature fassent ça

. Dommage dommage
- le deuxième pour les arrivées un peu tronquées des coureurs les moins rapides : Souvanxay passant la ligne sous une banderole en cours de démontage

. Malheureusement ce type de mésaventure semble arriver trop souvent sur certaines courses où on attend à peine les derniers : certes une organisation demande énormément de travail et ranger un site d'arrivée prend du temps, mais il serait peut-être possible de ranger d'autres choses que la ligne d'arrivée elle-même, surtout tant que les délais ne sont pas clos, pour que les moins rapides, qui ont fait la même course que les autres avec autant voire plus de courage bénéficient d'une belle arrivée à la hauteur des souvenirs que le reste de la course leur laissera. Voici le récit de Souvanxay, à qui je dis bravo

:
http://www.zeblog.com/admin-ssirunners-115089
La Saintélyon, j'ai donc dans l'ensemble beaucoup aimé, alors pourquoi pas à nouveau en 2007... ou plus tard, il ya bien le temps !