Z__orglub a écrit : 14 oct. 2021, 17:22
Silver0l a écrit : 14 oct. 2021, 16:48
Oui on a déjà eu cette discussion, et c'est pas parce que tu t'es mis dans la tête et que tu répètes qu'on a juste déplacé nos émissions que c'est vrai. En fait c'est juste une fake news de plus de ta part, une conviction qu'à force de lire en boucle dans certains médias tu as cru.
C'est écrit noir sur blanc sur les sites officiels
https://ree.developpement-durable.gouv. ... -la-france
L’empreinte carbone de la France en 2019 est supérieure de 7 % à son niveau de 1995. Les émissions intérieures ont sensiblement diminué entre 1995 et 2019 (-25 %) tandis les émissions associées aux importations se sont nettement accrues (+72 %).
Les chiffres français que tu cites sont (un peu) différents des chiffres que j'ai cité, qui sont basés sur des comparaisons internationales.
Le pb est le suivant.
On a une définition parfaitement claire et et relativement facilement mesurable des émissions de GES: ce sont les émissions de GES sur un territoire donné. Ce sont ces émissions qui sont comptabilisées dans le cadre des Accords de Paris, et l'idée est que si chaque pays réduit ses émissions, les émissions totales de la planète seront réduites. Dans ce cadre, les émissions de la France et de l'Europe ont été considérablement réduites au cours des 30 dernières années, compte tenu des immenses efforts faits pour décarboner notre économie (normes environnementales de plus en plus sévères, réglementation thermique des bâtiments de plus en plus exigeante, efficience énergétique toujours plus poussée dans nos industries...). Malheureusement, en même temps, les émissions de la Chine et de l'Inde ont fortement augmenté, essentiellement à cause de la création à marche forcée de nombreuses centrales électriques à charbon, ce qui fait qu'au total, pour la Terre, les émissions ont augmenté.
Après, on a la notion "d'empreinte carbone", inventée pour culpabiliser les méchants occidentaux sur des émissions qu'ils ne maîtrisent pas. Par exemple, supposons qu'une entreprise française achète un service informatique en Inde. Supposons que tout à coup, on construise une centrale à charbon en Inde. Alors, l'empreinte carbone de la France va automatiquement augmenter, parce que les Facteurs d'Emission (kgCO2e/kWh) indiens vont augmenter avec le changement de mix énergétique. L'empreinte carbone de la France pâtit de la politique énergétique désastreuse du gouvernement indien.
Mais surtout, la notion d'empreinte carbone est extrêmement vaporeuse. D'ailleurs le site que tu cites le dit parfaitement: "Les modalités de calculs de l’empreinte carbone ne sont ni normées ni standardisées". Je suis personnellement impliqué dans ce genre de calcul, et c'est extrêmement flou et imprécis, ce qui explique la différence entre les différentes estimations qui sont faites.
Supposons par exemple que j'achète un ordinateur ou un smartphone. Quel est l'impact de cet achat sur "l'empreinte carbone" de la France.
Un ordinateur moyen, est constitué de pièces provenant de dizaines de pays, et chacune de ces pièces provient elle-même de ressources fournies par des dizaines d'autres pays (métaux, silicium, terres rares,plastiques...). Par ailleurs, les ressources intellectuelles ayant permis de concevoir, distribuer, suppporter cet ordinateur peuvent également être réparties dans des dizaines de pays, souvent différents des premiers cités. A la fin, on s'aperçoit que les 3/4 des pays du globe sont impliqués à un niveau ou à un autre dans l'ordinateur sur mon bureau.
En principe, l'empreinte carbone de cet ordi est la somme de toutes les empreintes carbone dans tous les pays de tout ce qui a contribué à la conception, la fabrication, l'utilisation, la maintenance et le recyclage de cet ordi.
Mais mon ordi dispose de milliers de pièces et de fonctionnalités.
Pour prendre un exemple simple parmi des milliers d'autres, un ingénieur hongrois a conçu l'algorithme de l'économiseur d'écran. Quel est l'impact de ce travail sur l'empreinte carbone de mon ordi?
Pour le faire sérieusement, il faudrait que je compte le temps passé par l'ingénieur hongrois sur l'économiseur, et que je calcule l'empreinte carbone au prorata de ce temps, et pour ça il faut que je sache quelle est l'intensité carbone de l'énergie en Hongrie, comment sont chauffés les bureaux où il travaille, s'il va au boulot en bagnole ou en train, s'il est végétarien ou omnivore, et s'il va en vacances aux Maldives est-ce que ça compte dans l'empreinte... etc etc
Et ensuite recommencer tout ça pour les milliers de composants matériels ou logiciels de l'ordi. Avec des questions du genre: quel est le carbone émis pour extraire le nickel qui a servi à construire le circuit qui a permis de fabriquer le processeur qui a permis de calculer quand mon écran doit s'éteindre?
Et ensuite,à l'échelle d'un pays, recommencer tout ça pour les millions d'article importés.
Inutile de dire qu'un tel calcul, s'il est théoriquement souhaitable, est en pratique complètement impossible. On se rabat donc sur des métriques grossières, du type: quand j'achète un bien en Hongrie, il contient en moyenne 3g de CO2 par euro (les émissions de la Hongrie divisées par son PNB), on aggrège tout et voilà.
Autant dire que quand on gratte un peu, les chiffres d'empreinte carbone n'ont aucune signification physique sérieuse, et varient énormément d'une estimation à l'autre, sans que personne ne puisse dire qui a raison.
Ce qui compte, ce sont les émissions physiques de GES et basta. Que chacun réduise ses émissions comme il s'y est engagé avec les Accords de Paris, et on y arrivera peut-être.