Peur de nager en eau vive

Que faire pour aller plus vite, plus loin, plus longtemps? Ici on débat de tout ce qui touche de près ou de loin à la préparation physique et mentale (y compris les clubs).
Silver0l
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Re: Peur de nager en eau vive

Message non lu par Silver0l »

@le husky

Sur l'aide extérieure, relis bien ce que j'ai écrit. Je n'ai jamais prétendu que l'aide extérieure était inutile: on a plein de cas de gens qui ont été sauvés grâce à une aide extérieure. Ce que je dis, c'est que le conseil qu'on voit partout de nager au moins à 2 est moisi: l'aide d'un 2ème nageur n'est d'aucune utilité dans la quasi-totalité des incidents qui peuvent se produire en eau libre, et dans les situations réelles, quand les choses vont mal, la présence d'un 2ème nageur ne peut que compliquer les choses pour les secours ou pour le nageur en difficulté. L'idée que tout le monde a c'est que quelqu'un fait un malaise et l'autre le ramène sur la berge, mais ça c'est le truc qui ne se produit jamais. Ce qui se passe, c'est des gens emportés par des courants, infectés par des parasites, coupés par des récif, ou qui meurent de crise cardiaque (cf. tri de Paris 2012), et là l'aide d'un autre nageur ne sert à rien... Et ton cas ne contredis en rien ceci.

Sur le ton méprisant: non, il est pédagogique. Le cas qu'on nous présente est un cas tout ce qu'il y a de plus classique de phobie irrationnelle. En vérité, dans son néocortex, le nageur sait bien qu'il n'y a pas d'anaconda tapi au fond de l'eau, qu'il n'y a pas de bêtes dangereuses, qu'il ne va pas "tomber dans le vide", que même si c'est noir dessous et qu'il n'y a a pas de carreau et de ligne, il ne peut rien lui arriver de grave... mais rien à faire, le vieux cerveau reptilien reprend le dessus et il éprouve une peur panique.

Mon conseil est aussi simple qu'efficace: rationaliser la situation, c'est à dire faire en sorte que le neocortex prenne le dessus, permette d'appréhender la situation de façon sereine et rationnelle, pour refouler les sentiments de panique instinctive. Sauf cas de phobie pathologique, à peu près tout le monde peut faire ça, il suffit de bien travailler sur la conscientisation de la situation réelle et des dangers objectifs, avant, pendant, après la nage.

Par ailleurs, il est important de savoir jouer avec les ressources de son cerveau primitif: si les choses vont mal, dans les situations de danger ou de détresse absolue, ou si l'on veut atteindre le maximum de sa performance "en déposant le cerveau", c'est parfois lui qui pourra nous sauver ou nous tirer d'affaire (voir à ce sujet http://silberblog.graphz.fr/la-77/ ). Mais dans d'autres situations, si on laisse ce cerveau reptilien nous dominer, c'est au contraire lui qui peut nous perdre, lorsque la réponse instinctive n'est pas la plus appropriée à la situation, déclenchant une panique auto-réalisatrice. Une peur panique de l'eau libre peut effectivement vraiment nous mettre en danger en eau libre (malaise etc). Un autre exemple est le requin, auquel j'ai souvent été confronté. Des face à face que j'ai eu, j'ai acquis la conviction qu'il pouvait percevoir notre état émotionnel. D'ailleurs, lorsque je me suis penché sur le sujet, j'ai appris qu'ils avaient effectivement un 6ème sens électro-sensible leur permettant de détecter l'activité électrique de leurs proie (un peu comme un cardiofréquencemètre). Autrement dit, ils sont capables de voir si leur proie potentielle est sereine ou en mode panique, et donc de déclencher une attaque ou pas - d'où encore l'importance dans ce genre de situation de pouvoir switcher en mode neocortex dominant, et de rester calme! Mais pour ça, il faut avoir au préalable bien travaillé sur la rationalisation de la situation, bien connaître les différentes espèces de requins, les (rares) situations, les endroits et les heures dans lesquels ils attaquent etc.
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