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Vettel menacé de perdre son titre sur le tapis vert
Le Point.fr - Publié le 29/11/2012 à 14:33 - Modifié le 29/11/2012 à 18:36
Après avoir doublé sous le régime des drapeaux jaunes, ce qui est formellement interdit, Sebastian Vettel, sacré champion du monde dimanche, pourrait être rétrogradé.
Le mano a mano de Ferrari et Red Bull, d'Alonso et Vettel n'est pas fini. Enjeu : la couronne de champion du monde de F1 2012 qui, après enquête, pourrait revenir côté italien. © Ferrari
Ce sont nos confrères anglais de la BBC qui ont révélé l'affaire. Sous la plume d'Andrew Benson, on y apprend que Sebastian Vettel, titré de haute lutte et de justesse dimanche au GP d'Interlagos, n'a pas encore tout à fait assuré sa couronne. L'écurie Ferrari, avec son pilote espagnol Fernando Alonso, premier perdant car deuxième du championnat du monde de Formule 1 à seulement trois points de Vettel, a demandé par lettre une clarification à la FIA sur un fait de course. Information confirmée par le site média de Ferrari qui confirme de façon lapidaire :
"Ferrari a demandé, par l'intermédiaire d'une lettre, une clarification auprès de la FIA (Fédération internationale de l'automobile) concernant la manoeuvre de dépassement de Sebastian Vettel sur Jean-Éric Vergne, pendant le 4e tour du Grand Prix du Brésil."
Voilà qui est aussi direct que succinct. Nous avons cherché à avoir des précisions, mais Ferrari considère que la situation est clairement exposée et ne souhaite pas apporter de commentaires supplémentaires. Il attend manifestement une enquête de la part de la FIA qui est l'instance dirigeante de la F1. Elle doit, dans un premier temps, dire si elle donne suite à cette "demande de précisions". C'est une litote bien évidemment, car, s'il y a une suite, ce sera au travers de l'ouverture d'une enquête qui pourrait conduire ni plus ni moins à la destitution de Sebastian Vettel au profit de... Fernando Alonso.
Un titre en jeu
Selon la BBC, celui-ci aurait poussé Ferrari à rédiger cette lettre, ce qui est assez confortable pour la marque au cheval cabré, car elle appelle une réponse. Et on ne voit pas très bien pourquoi elle serait négative, car le visionnage des images vidéo de la course, depuis l'extérieur et depuis le cockpit, atteste qu'en effet une manoeuvre de dépassement
a été effectuée sur le pilote français Jean-Éric Vergne au volant de sa Toro Rosso... soit l'équipe B de Red Bull qui fait courir Vettel. Reste à prouver qu'à ce moment-là, il y avait bien un régime de drapeaux jaunes. Celui-ci interdit toute manoeuvre de dépassement dans la zone ainsi signalée et impose aux pilotes de conserver les positions acquises
La Scuderia s'interroge, et elle n'est plus la seule, sur les conditions de ce dépassement. Depuis, les vidéos illustrant ce fait de course commencent à tourner sur Internet et si les faits semblent démontrer que Vettel anticipe en effet la sortie de zone sous drapeaux jaunes (et feux clignotants), il effectue réellement le dépassement incriminé avant le feu vert et non après comme il aurait dû. Ce point de règlement est évidemment essentiel, car il touche à la sécurité d'un sport à haut risque, mais Vettel pourrait aussi avoir été trompé par un drapeau vert agité par un commissaire à la sortie des stands. Cependant, les vidéos qui le prouveraient (voir la vidéo ci-dessous) semblent plutôt démontrer que ce fait particulier se serait déroulé un tour plus tôt, sur le dépassement cette fois autorisé du Français Charles Pic (Marussia). Dans tous les cas de figure, chaque pilote reçoit au tableau de bord un rappel de la couleur des drapeaux et il a l'information en phonie depuis son stand.
Le problème pour Vettel est qu'une telle faute, si elle devait être confirmée, est sanctionnée de deux façons. Soit la course a toujours lieu et on lui intime l'ordre de passer au ralenti par les stands, soit la course est proche de la fin ou terminée et on ajoutera alors 20 secondes au temps de course du pilote fautif.
Dans le cas de Vettel, ces 20 secondes changent tout, car elles le feraient rétrograder de la sixième à la huitième place, faisant perdre le bénéfice de quatre points au pilote Red Bull. Comme celui-ci a conclu le championnat avec trois points d'avance, il en résulterait que Fernando Alonso déposséderait Sebastian Vettel pour un seul point.
Bataille à la Copé-Fillon
Cela promet déjà une belle bataille d'avocats entre les différentes parties, car Red Bull ne s'avouera pas vaincu aussi facilement. Là où l'affaire se corse encore un peu plus, c'est que selon le règlement de la FIA, un tel fait de course doit automatiquement déclencher une enquête, sans même qu'un recours soit introduit. D'où la formulation très prudente de Ferrari qui se contente, dans sa lettre, de demander des explications. Et en effet, il y a matière à ergoter. Selon un autre point de vue exprimé par le site espagnol Autosport qui évoque ce drapeau vert agité par le commissaire, on retient là le fait qu'il était placé à un poste intermédiaire, dans la zone où Vettel a doublé. Il l'a fait certes après un panneau jaune, actionné par électronique, mais avant le panneau vert situé au poste suivant. C'est ce qui a incité les commissaires postés à cet endroit-là à ne pas transmettre à la direction de course de relevé d'infraction de Vettel. Mais ce n'est qu'un point de vue qui pourra être contesté par la partie adverse voire réexaminé par la FIA elle même.
L'article 179b bis du Code sportif internationalsipule en effet que si un élément de course propre à en modifier le résultat était découvert, une enquête doit être ouverte auprès des intéressés. Et ajoute : "La période pendant laquelle un recours en révision peut être introduit expire le 30 Novembre de l'année au cours ... si cette décision est susceptible d'avoir un effet sur le résultat d'un championnat. " Donc, Ferrari devait réagir sans tarder, car cela ne donne à la FIA que jusqu'à vendredi pour trouver une issue à cet imbroglio à la Copé-Fillon.
Par JACQUES CHEVALIER