Pourquoi ne pas légaliser le dopage?
Tout le monde pense que les meilleurs sont chargés, mais est-ce si grave? Toujours autant de fans se pressent le long des routes et les audiences télés se maintiennent. Du coup, si ça ne dérange dans le fond personne, pourquoi ne pas assumer enfin? Pourquoi ne pas légaliser le dopage?
Certes, cela pose des problèmes éthiques. Prendre certains produits tue, et la société estime en général qu’elle doit protéger les gens d’eux-mêmes s’ils mettent leur vie en danger. Le légaliser serait agir à la Ponce Pilate et considérer que les sportifs ont le droit à disposer de leurs corps comme ils le veulent. Si on accepte cette idée, alors il n’y aurait pas vraiment raison de s’opposer à ces pratiques aujourd’hui illicites.
Mais s’il y avait légalisation, le vélo deviendrait enfin officiellement ce qu’il est déjà: un sport mécanique comme les autres. Avec, chaque année, la carrosserie — le vélo — qui s’améliore au gré des avancées technologiques, mais aussi le moteur — le corps du cycliste — grâce aux nouvelles «huiles».
Comme en Formule 1, pourraient être alors affichés sur le maillot les «partenaires» du cycliste. D’un côté on a les pneus Brigestone et les huiles Shell, de l’autre on aurait le «clenbuterol» ou le «Docteur Puerto». Pour les spectateurs, et les parieurs, cela permettrait de mieux prendre en compte les forces en présence. Dans le sport automobile, on sait que les qualités intrinsèques du pilote ne font pas tout. Les améliorations et les innovations apportées sur une voiture sont également déterminantes. Mark Webber, le premier actuel du classement de la Formule 1, ne serait pas leader s’il conduisait une HRT-Cosworth. A l’inverse, la lanterne rouge Christian Klien (ils sont une flopée avec zéro point) gagnerait davantage s’il était au volant d’une Red Bull-Renault.
Pour les cyclistes, c’est un peu la même chose. Les seules informations dont nous disposons, c’est qu’ils se sont entraînés à tel ou tel endroit, qu’il a fait froid, qu’ils ont maigri ou grossi, etc... C’est comme si en Formule 1 on nous disait qu’un pilote a fait des essais libres sans savoir sur quelle voiture et qu'il a pris un bon petit-déjeuner. Non, ce qui serait vraiment intéressant, c’est de connaître les produits dopants qu’utilise le coureur, les médecins qu’il consulte... Cela permettrait d’aborder les courses sous un nouvel angle, tout aussi intéressant, bien que moins «romantique» et plus «technique» et l’on pourrait s’amuser à proposer des classements alternatifs. Regarder, par exemple, si les cyclistes suivis par un médecin en particulier ou sponsorisés par un laboratoire pharmaceutique trustent les premières places. J’aimerais savoir combien de sportifs le Docteur Puerto a casé dans le top 10 à une époque. S’il était aussi fort que les pneus Michelin qui battaient systématiquement Bridgestone.
Tous les coureurs ne seraient pas non plus obligés de se doper. Comme en moto, il pourrait y avoir plusieurs catégories (125m3, 250cm3, 500cm3), ou comme à la voile, on pourrait envisager de créer plusieurs classements. Un pour les dopés –les Espagnols et les Italiens si on était mauvaise langue–, l’autre pour les non-dopés –les Français si on était trop indulgent avec eux. Et il y a fort à parier que les spectateurs s’intéresseraient plus au classement des dopés –des plus forts–, comme en moto on suit davantage les 500cm3 que les 125cm3. Ou que les non dopés en aient assez de jouer dans la catégorie inférieure...
