Salut tout le monde,
Comme je vous l'ai dit hier, la qualif' n'est pas dans la poche mais j'ai quand même vécu une belle journée de sport que je vais essayer de vous raconter le mieux possible.
Apres une nuit chaude et courte, le réveil me tire du lit à 4h45, j'ai du dormir 2h je pense...
Ce n'est pas grave, c'est la nuit du jour d'avant qui compte

Apres avoir mis ma muscleskin, je commence à manger mes gâteaux sport tout en pensant déjà à ce qui m'attend dans 2h45.
C'est bon, les gâteaux sport sont engloutis même si je n'avais vraiment pas faim... C'est souvent comme ça le jour d'une course mais le petit dej est super important, surtout quand un effort aussi long que ça vous attend !!!
Je mets mon sac "sportwear" sur le dos qui contient tout ce dont j'ai besoin pour la natation et le nécessaire pour finir de préparer le bike au parc vélo. J'embrasse fort ma chérie qui, je le sais, va passer également une longue journée !!! Je descend les 5 étages à pied, marche 500m pour aller à la navette qui amène les triathletes à T1, je croise des jeunes qui sortent de boîte, c'est assez marrant en fait car ils te regardent avec des yeux bizarres
Je monte dans la navette et c'est parti pour 15' de route. Je peux sentir la tension qui règne dans cette navette, tout le monde est déjà dans sa course, chacun regardant ses pied, tout le monde doit se poser des questions existentielles sur le pourquoi du comment il est là en ce moment...
Très peu de bruit, très peu de rire, juste le bruit des pneus sur la route, voilà ce que l'on entend pendant 15'...
Nous voilà bientôt arrivés mais il y a des bouchons, je regarde l'heure sur ma Garmin: 5h40
Le parc vélo ferme à 6h15, autant dire qu'il va vite falloir que les bouchons se décantent car sinon il va me rester 5' pour fixer mes gels et mes shoes sur le bike
5h45, toujours aucun mouvement, je vois avancer des voitures par la fenêtre mais rien ne bouge sur notre file... Les navettes étaient prioritaires il me semble
5h50, le bus redémarre seulement mais s'arrête de nouveau 30m plus loin. L'ambiance change dans la navette, les triathletes regardent leurs montres et, tout comme moi, commencent à faire un calcul de temps très simple dans leur tête, il va nous rester 15' dans le meilleur des cas pour tout bien mettre sur le bike. C'est le stress qui vient de s'installer dans notre navette
5h55, le bus bouge pour de bon et nous voilà arrivés à destination 5' plus tard, il est donc 6h
C'est parti, je descend du bus rapidos, je speed pour arriver à mon bike. Heureusement qu'ils nous donnaient la veille une protection en plastique pour le vélo, sinon il aurait été tout trempé !!!
Je sors les gels, les ciseaux, les shoes, je mets du talc dans les shoes, je fixe les shoes sur le bike, je scotche les gels sur le bike et j'enfile le bas de ma combi. Je range tout ce qu'il y a à ranger dans le sac et c'est parti pour l'attente de la première épreuve...
Je croise un pote (Thomas) de Mont saint aignan qui cherche aussi sa qualif´ pour Hawai et sa copine Anaïs qui fait son 1er Ironman. Nous discutons donc tout en marchant et nous décidons de nous échauffer, il est 6h30.
C'est vraiment galère de s'échauffer avec tous les triathletes autour de toi, les gens sont stupides, ils voient que tu tournes tes bras mais ne se poussent pas donc forcément, parfois ça cogne !!!
C'est pas grave, ils n'ont qu'à regarder autour d'eux! Je continu l'échauffement qui est essentiel pour effectuer un bon départ natation et ne pas avoir les grosses épaules au bout de 100m.
Tom, Anaïs et moi nous rendons sur la ligne de départ, nous entendons un coup de canon, ce sont les pros et certains Groupe d'âges (GA) qui partent, ils nous reste donc 15' avant notre départ.
Et voilà, je suis dans l'eau, nous nous serons la main avec Tom et nous souhaitons bonne chance pour la course, je ne le reverrai que dans 7h...
L'eau est super bonne, et même si elle était froide, avec le stress, l'eau d'un triathlon est toujours bonne je trouve
Je nage pendant 5' pour faire tourner les bras et faire rentrer l'eau dans la combi. Les bras sont là, maintenant il faut se placer sur la ligne de départ qui fait 100m de long avec 2500 glandus aglutinés dessus
Je me place plutôt bien car je peux toucher la ligne, il nous reste 5' avant le départ, je relance le signal GPS de la Garmin qui a la fâcheuse tendance à le perdre quand elle est immergée dans l'eau trop longtemps !!! Des kayakistes font des aller-retour le long de la ligne d'eau pour nous maintenir derrière.
D'un seul coup les kayakistes ne sont plus là, il n'y a plus un bruit, nous sommes à 5" du départ...et c'est parti pour au moins 9h15 d'effort si tout va bien...
Je suis tout de suite tranquille, je suis seul devant, personne à ma droite, personne devant, je pars fort pour être tranquille et bien poser ma nage, je glisse bien, je respire bien, les épaules ne me font pas mal du tout.
Apres 200m je me dis que je me suis même un peu trop seul alors je respire un coup à gauche et là...ils sont à 20m de moi sur ma gauche, merde je ne suis pas sur le chemin le plus court. Je décide de me rabattre tout doucement à gauche pour me mettre dans les bons pieds et ainsi aller tout aussi vite en produisant moins d'effort !!
C'est bon, je suis avec eux mais en regardant devant moi apres 500m, je me rend compte que j'ai loupé le bon paquet et que les gars avec qui je suis sont plus lents que moi donc je vais me retrouver seul dans peu de temps
C'est fait, me voilà seul à trainer 500 glands !!! Je déroule, je pose ma nage, j'ai soif donc je bois un peu d'eau, je respire bien tous les 2 temps, j'expire bien, je pense au placement de mes doigts, je pense aux conseils de Clement, je pense à vous, je pense à ma chérie, je regarde l'hélicoptère qui nous filme et j'me demande si j'arriverai à me voir au milieu de tous les nageurs...
Je me reconcentre, je mouline trop donc je m'applique à me servir des avantages de la néoprène, c'est à dire glisser !!!
C'est tout de suite mieux, les bras loin devant, loin derrière, je reviens sur des gars et d'autres me doublent.
Nous arrivons à la sortie à l'australienne donc déjà 2300m d'effectué, je regarde ma Garmin: 30'
Putain, je crois que je ne suis pas dans un grand jour de natation !!!
Je visais sub55' en natation mais c'est pas grave, je me reconcentre, il reste 1500m et environ 9h d'effort !!!
Je me remets à l'eau, j'enquille un peu plus et voilà, c'est fini pour la natation: 57'
Je suis un peu déçu car je sais que je peux nager plus vite si je n'avais pas zigzagué mais ce n'est pas grave, la journée est encore longue et j'ai fait le plus simple
Je cours, je récupère mon sac bleu, puis je cours de nouveau en direction de la tente pour me changer. Je m'essuie le visage, je mets mon dossard et je cours encore pour repérer mon bike. C'est bon, il est là. J'enfile mon casque Rudy Project Wing57 que j'avais mis sur le vélo, merde il y a de la buée, c'est pas grave j'y vois quand même quelque chose
Je sors de l'aire de transition en speed et je saute sur le bike pour 180km. J'enfile les chaussures rapidement et je me mets en position aéro. Je suis bien posé, la route est bonne donc j'en profite pour manger la moitié de ma barre Overstims chocolat-menthe toujours aussi bonne.
La buée du casque part rapidement aussi car il est bien aéré donc c'est parfait. Je me fais doubler mais je double aussi, je n'oublie pas les consignes du coach qui m'a dit de partir tranquille et de laisser partir les rouleurs fous. Les 15 premiers kilomètres se font sur une autoroute donc le goudron rend super bien, il n'y a pas un trou, pas une bosse, les jambes sont fraîches donc forcément tout va bien !!!
Le compteur est à 45km/h sans forcer, c'est trop bien...mais je sais que cette sensation ne va pas durer !!!
Une fois entré en ville, nous avons traversé le Main pour passer de l'autre coté de Francfort et là j'ai vu ma Chérie, j'ai voulu lui dire un mot mais impossible de parler, j'avais la gorge nouée et l'envie de pleurer !! Je ne sais pas pourquoi mais c'est comme ça !!!
Le parcours vélo était vraiment beau et varié, on passait dans des villages où la populasse avait sorti les tables, les chaises, les bières et les barbecues pour nous encourager.
Chacun avait les sifflets et autres objets pour faire du bruit, il y même des gens qui avaient des mégaphones

Nous sommes passés par une route pavée sur 500m qui secouait vraiment bien !!
Sur les comptes rendu que j'avais lu, ils disaient que le bout de route pavée était court mais croyez moi, avez un vélo de chrono, 500m de pavé c'est déjà très long !!!
Il y avait un coup de cul du nom "Heartbreak Hill" où la foule était tellement nombreuse que ça faisait comme les étapes du Tour de France où les gars ne peuvent passer qu'à un seul vélo !!!
Ça procure une drôle de sensation, une grosse montée d'adrénaline je dirais
Pour synthétiser, pendant le 1er tour, donc 120km, j'étais bien, je ne me mettais pas à la planche, je me faisais beaucoup doubler mais je doublais aussi. Je tournais avec un Américain du nom de Ryan, nous faisions des relais type IM c'est à dire en gardant les distances réglementaires. Nous roulions bien mais nous nous sommes fait déposer par plusieurs groupes de dizaine de triathlètes qui draftaient à mort et eux ne respectaient pas les distances !!!
Je les laissais faire et ne voulaispas prendre leurs roues pour ne pas me mettre dans le rouge et le regretter sur le marathon...
À partir du 130ème kilomètre j'ai senti que mon ventre gargouillait, je sentais que l'envie d'aller aux toilettes n'était pas loin mais comme il y a peu de secousses sur le vélo, on va dire que ça passait.
J'ai toujours mangé mes gels toutes les 45´ comme prévu mais au 140eme kilomètre, j'en ai eu marre de les manger et sur les ravitos il n'y avait bien évidement que des produits Powerbar et donc les produits que j'ai déjà mangé toute la journée !!!
Donc je n'ai plus mangé mais j'ai bu la boisson Powerbar qu'ils donnaient en pensant que ça pouvait le faire mais...non
C'est aussi à partir du 140ème km que j'ai ressenti une douleur dans le bas du dos...
Je pose le vélo en 5h17, c'est à partir de ce moment là que j'ai pris conscience que mon slot était de l'histoire ancienne !!!
Ce n'est pas grave, je me dis que je vais me faire plaisir sur le marathon mais avant je passe par la case ravito car je crève la dalle, ce qui n'est déjà pas bon signe
Après avoir bu du coca, de la Red bull et mangé de la banane, je décide de repartir à bon train pour voir ce que les jambes donnaient.
Les sensations ne sont pas mauvaises, j'ai 10km au compteur à ce moment là. Je décide de lever le pied pour enquiller sur le 2ème semi, enfin,c'est ce qui était prévu car très vite l'envie que j'ai eu sur le vélo refait son apparition et je dois vite trouver des toilettes sous peine de faire dans la trifonction ce qui pourrait faire mauvais genre
Après un arrêt de 15' aux toilettes, je me dis que ça va aller mieux mais après seulement une trentaine de foulées, je sens que je vais devoir y retourner et que le problème n'allait pas passer aussi vite que ça !!!
L'orgueil prend le dessus et je continu à courir pendant 26km au total mais je ne peux plus courir, je sais que je vais finir car Emi est avec moi, l'inscription coûte un bras, sans compter le voyage et le logement donc je finirais même si je dois ramper.
Ayant déjà fait 2 Ironman l'année dernière, je sais que physiquement je suis capable de finir un IM surtout qu'Embrun et l'Altriman sont bien plus difficiles de par le dénivelé donc je me suis dit que j'allais marcher et ça allait le faire. Emi à marché un peu avec moi pour discuter et passer le temps car 16km en marchant c'est très long et très pénible !!!
Les arbitres ont intercepté Emilie car elle n'avait pas le droit de me suivre, on ne sait jamais si elle vient à me redonner tellement d'énergie que je vienne à claquer un marathon en 2h !!!
De toute façon, je fus rejoint par mon pote Thomas qui était dans le même galère que moi sauf que lui a vomi 2l et a dormi 5' dans la tente médicale !!!
Grace à ma muscleskin, j'ai eu beaucoup d'encouragements de la part des Allemands et Espagnols mais comme je ne comprend ni l'un ni l'autre c'est moins fun
Nous avons donc marché 5km puis trottiné entre chaque ravito en discutant, en parlant triathlon et problème gastrique car lui est un abonné à ce problème. Il n'a jamais fini un Ironman sans souci gastrique, c'est vraiment con car le garçon a la caisse et un sacré niveau, il vaut largement sub9 sur IM mais il n'arrive pas à résoudre son problème
Il m'a donc accompagné jusqu'à l'embranchement que j'ai du prendre pour franchir la ligne d'arrivée.
Encore une fois, j'ai franchi la ligne d'arrivée sans aucune émotion malgré l'ambiance de ouf qu'il y avait.
Pour la plupart des spectateurs, franchir la ligne d'un IM est déjà énorme mais quand tu prends le départ pour faire une perf de 9h15 et que tu fais 12h et bah l'émotion n'est pas la même au bout du compte...
Pour conclure et après avoir eu 16 longs kilomètres pour réfléchir au problème qu'il m'est arrivé j'en tire ces conclusions:
- Il va falloir que je divertisse beaucoup plus le goût et la texture de mes gels, que j'en prenne de pleins de marques différentes pour ne pas tomber dans la lassitude et le dégoût.
- Que je n'utilise que mon produit énergétique en bike pour apprécier et ne pas être dégouté du goût de leur produit sur le marathon.
- Que je suis loin d'avoir une qualif' en 9h et que faire 9h15 sera déjà beau !!!
Je savais que 9h15 serait mon max de chez max cette année avant de prendre le départ de l'IM mais je pense qu'hier je n'aurais pas pu faire mieux que 9h30 si je n'avais pas eu de problème gastrique.
Je ne suis pas assez fort physiquement pour faire 9h15, je manque de puissance sur le bike mais je pense que je suis capable de faire 3h15 sur le marathon d'un IM si je pose le vélo frais.
- Mon coach Anael m'a fait progresser en bike et en CAP cette année, même si je n'ai pas les jambes pour le slot Kona, je sens que j'ai bien progressé en à peine 1 an de collaboration avec lui en m'entraînant beaucoup moins que l'année dernière !!!
Hier, sur le début du marathon quand j'étais encore capable de courir, j'ai fait quelques kilomètres en 4'20/km sans être au taquet avec le cardio assez bas ce qui était bon signe pour me faire plaisir à pied

- Il faut que je remonte un peu la hauteur de selle pour complètement éradiquer cette douleur dans le bas du dos mais de gros progrès on été fait sur la position de mon bike.
- Le vélo était parfait, rien n'a bougé malgré les pavés, ce qui est vraiment vraiment cool !!!
Merci à Adrien et Quentin pour les conseils, le partage de leur expérience et le prêt de matos

Merci à mes sponsors pour leur soutien financier et matériel: Rudy Project, Les Pralins, EDF, ENDEL, Dash cycle, Muscleskinsuite.
Un grand merci également à mes amis pour leurs messages, encouragements et leur compréhension.
Merci à ma Chérie de toujours me suivre dans mes aventures qui lui font faire beaucoup de route !!