Domenech bien primé
Un peu plus de deux semaines après la révélation par France Football de la prime de qualification pour la Coupe du monde 2010 de 862.000 euros reçue par Raymond Domenech, la Fédération française de football a communiqué en interne les chiffres exacts des primes versées aux joueurs et au sélectionneur. Un document dont les grandes lignes sont dévoilées par Le Monde et qui confirment à peu de chose près les chiffres annoncés...
Opération transparence à la FFF ! Moins de trois semaines après la qualification de l'équipe de France pour la Coupe du monde 2010, l'instance dirigeante du football tricolore a décidé de dévoiler dans un document adressé aux représentants du football amateur les chiffres exacts des primes perçues lors de cette campagne par les joueurs et le staff, Raymond Domenech compris. Une démarche sans doute en réaction à la révélation par France Football du 20 novembre dernier, du montant de la prime perçue par ce dernier (862 000 euros), deux jours après une qualification acquise sur fond de violente polémique, suite à la main de Thierry Henry. Ce chiffre avait en effet suscité un certain émoi en France, l'intéressé commentant de son côté dans une interview accordée à L'Express: "En sortant du terrain, nous n'avions pas la moindre idée du montant de la prime, qui nous était promise. Je ne le connais toujours pas, d'ailleurs. Ma seule certitude, c'est qu'il est inférieur au chiffre annoncé dans la presse", avait-il déclaré.
Résultat des courses ? Pris au pied de la lettre, Raymond Domenech n'a pas tort, puisque le montant de la prime perçue est en effet inférieur au chiffre annoncé, reste que proportionnellement à son montant, la différence est infime (4,2% du chiffre global), puisque la somme exacte, dévoilée par Le Monde, est de 826 222 euros. Le Club France, instance relancée après le fiasco de l'Euro 2008, qui s'est chargé de ce travail de transparence, détaille ensuite les mécanismes permettant d'arriver à ce total. Ainsi, apprend-on que chaque joueur touche 10 000 euros lorsqu'il est convoqué pour un match de qualification, qu'il joue ou non. Il perçoit ensuite un montant global de prime de qualification, variant de 100 000 à 240 000 euros en fonction du nombre de sélections, tandis que le sélectionneur, selon un usage en vigueur depuis 1998 mais dont on comprend difficilement la justification, touche quant à lui une double prime.
Des chiffres, qui n'ont pas augmenté au cours de cette campagne, les Bleus, après un Euro 2008 raté, ne s'étant alors pas retrouvés en position de force pour les renégocier à la hausse, ce que confirme au Monde Jacques Valentin, directeur délégué auprès des Bleus: "Il n'y a pas eu d'augmentation des primes, ni pour les joueurs ni pour le sélectionneur, par rapport à la précédente campagne qualificative. Cela résulte d'une volonté partagée de ne pas entrer dans une logique de surenchère."
7 000 euros pour Barthez, 116 000 pour trouver le camp de base
Ajoutez à cela les primes liées aux droits marketing des Bleus et voilà comment un joueur, qui aurait participé à toute la campagne éliminatoire pour la Coupe du monde 2010, s'en sort avec une prime de 563 111 euros, un chiffre assez largement au-dessus de celui publié le 20 novembre par France Football (430 000 euros). Au passage, la FFF ajoute quelques précisions, notamment sur les barèmes, qui s'appliquent aux matches amicaux (18 000 euros en cas de victoire contre une équipe, qui figure dans le Top 10 au classement Fifa, 9 000 euros pour un match nul), et sur certains frais liés à d'autres dépenses. Le Monde nous apprend ainsi que les voyages préparatoires à l'organisation du futur déplacement en Afrique du Sud ont coûté 116 000 euros et que Fabien Barthez a touché 7 000 euros pour ses missions auprès des gardiens de l'équipe de France. Le gardien champion du monde s'est en revanche vu refuser le règlement d'une note de frais de taxi de 1 000 euros, preuve pour la FFF qu'elle sait aussi rester vigilante sur ses dépenses.
Cette opération-transparence de la FFF permettra-t-elle d'apaiser les tensions autour de l'équipe de France ou aura-t-elle au contraire un effet boomerang ? Pour Jacques Valentin, toujours cité par le quotidien du soir, "ces rémunérations sont à l'évidence importantes aux yeux du grand public, mais elles doivent être appréciées au regard des recettes générées par les Bleus. La participation à une phase finale a par exemple rapporté 5 millions d'euros pour le Mondial 2006 et 8 millions pour l'Euro 2008. Ces recettes sont redistribuées en grande partie vers le football amateur. Elles servent à financer des outils comme les pôles espoirs, les programmes de formation, etc. Certains journaux laissent croire que l'équipe de France a un droit de tirage automatique sur les dépenses de la fédération. Ce n'est absolument pas le cas." Dont acte.