Z_orglub a écrit : 14 avr. 2020, 16:06
Je pense que tous auraient fait plus ou moins la même chose sur les grandes lignes
1. confinement pour éteindre le feu
2. déconfinement quand ça commence à être la cata niveau économique
Il n'y a rien de glorieux. Ce sont juste les décisions qui s'imposaient dans l'urgence. Il n'y a pas eu d'anticipation, ni de communication sur la ligne directrice suivie, à part noyer le poisson.
Là où ça aurait pu être différent c'est
1. les quelques années avant la crise, différentes politiques budgétaires auraient pu nous permettre d'être mieux préparés. Pourquoi les allemands ont moins de malades que nous ? est-ce juste le fait du hasard ?
Il faudra chercher les raisons de la différence de mortalité entre la France et l'Allemagne si elles perdurent, mais rien n'indique que les Allemands aient été spécialement mieux préparés que les Français.
Comme on l'a souvent fait remarquer ici, nos urgences ne sont pas complètement débordées comme elles l'ont été en Italie, et ne laissent pas les gens mourir dans la rue ou chez eux quand ils sont dans un état critique. Le problème n'est pas le manque de lit ou de respirateurs chez nous ou leur abondance chez les Allemands.
Quelques pistes d'explications:
- en Allemagne, la maladie a été essentiellement attrapée par des jeunes qui étaient allé faire du ski en Autriche ou en Italie. L'âge moyen des personnes infectées est beaucoup plus bas qu'en France, d'où une mortalité plus faible, puisqu'on sait que le virus est beaucoup plus létal chez les personnes âgées
- la fameuse discipline germanique, maintes fois mentionnée ici, qui fait que les gens respectent beaucoup plus recommandations des autorités (gestes barrières, déplacements...)
- une culture qui est beaucoup moins tactile que la nôtre: les Allemands ne passent pas leur temps à se toucher et se bisouter comme les Français ou les latins, j'ai l'impression qu'ils parlent aussi moins fort (moins de postillons)...
- les tests, pratiqués à beaucoup plus large échelle en Allemagne, probablement grâce à une forte tradition industrielle, chimique et pharmaceutique
Les facteurs sociaux et culturels jouent certainement plus que le nombre de lits ou de respirateurs. Ce ne sont pas ceux qui ont dépensé le plus qui s'en tirent le mieux. De façon générale, les pays nordiques s'en tirent mieux, quelles que soient les politiques de santé publique suivies. Les Danois ont par exemple drastiquement réduit le nombre d’hôpitaux, le nombre de chambre et leurs dépenses de santé au cours des 10 dernières années, et ils s'en tirent très bien. Les Coréens dépensent deux fois moins pour leur santé que les Français, et ils s'en tirent aussi très bien.
Z_orglub a écrit : 14 avr. 2020, 16:06
2. en janvier-février, on aurait pu mieux anticiper, plutôt que d'organiser des élections par exemple
Non. Le report des élections exige un minimum de consensus politique. Or l'opposition, qui voyait arriver la déroute de LREM était vent debout contre un report. Si on avait reporté, tout le monde aurait crié au déni démocratique, au coup d'état, à la manipulation électorale, au scandale politique... Macron voulait repousser, mais c'était politiquement impossible vu le positionnement de l'opposition qui voulait absolument engranger son bénéfice électoral.
Z_orglub a écrit : 14 avr. 2020, 16:06
3. la communication : Macron a choisi de se mettre en avant, de jouer sur l'émotion plutôt que de faire intervenir d'autres acteurs qui pourraient dire quelques chose d'intelligent (notamment des scientifique - Même Trump qui n'aime pas les scientifiques a mis un médecin en première ligne)
On sait qu'en période critique, les hommes débranchent le cerveau, et réagissent avec leurs émotions. Il faut s'appuyer sur la science, mais communiquer avec les émotions. Une communication rationnelle et scientifique passe pour bureaucratique, désincarnée, non empathique... et est immédiatement rejetée. La seule façon de communiquer de façon efficace est de recourir aux émotions.
Voir par exemple
http://www.slate.fr/story/189447/corona ... officielle déjà donné ici.
Le thème "nous sommes en guerre" était admirablement bien vu, car tout le monde comprend que quand on est en guerre, il faut sortir complètement de ses habitudes, accepter des sacrifices, se mobiliser... que les règles d'avant ne s'appliquent plus.
Z_orglub a écrit : 14 avr. 2020, 16:06
4. les dérives sécuritaires (j'espère qu'on reviendra dessus avec le recul)
Lesquelles? A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Evidemment que tout doit rentrer dans l'ordre après la crise, mais parmi nos politiciens, Macron est certainement un des plus respectueux des libertés publiques et des valeurs fondamentales de notre république. Regardez un peu qui il y a en face... Je tremble à l'idée de ce qu'une MLP ferait de nos libertés publiques dans une situation similaire.
Z_orglub a écrit : 14 avr. 2020, 16:06
On pourrait retourner la question. Est-ce qu'il aurait été possible de faire pire ? en tous cas, ce n'est que le tout début des problèmes et des décisions importantes.
Bien sûr qu'il aurait été possible de faire pire, et même bien pire.
Un Méluche ou une Marine auraient gouverné exactement comme l'un des nombreux gouvernements populistes que l'on voit agir en ce moment (cf. Trump, Bolsonaro, Erdogan, Johnson...) et le résultat aurait été 100 fois pire...