Silver0l a écrit :
Il faut voir aussi que le sujet est loin de faire l'unanimité scientifique: une des études les plus récente (décembre 2012) montre que le bénéfice de l'EPO pourrait être beaucoup plus limité que ce que l'on croit habituellement sur les athlètes d'élite. Selon cette étude, autant le dopage peut avoir un effet important sur des athlètes moyen, autant sur des athlètes d'élite disposant déjà d'une VO2max très élevé, l'EPO aura un effet minime! Meilleur est l'athlète, le plus minime est l'effet du dopage. Voir les détails sur:
http://www.medscape.com/viewarticle/775767
Leur conclusion: "Athletes and their medical staff may believe EPO enhances performance, but there is no evidence that anyone performed good experiments to check if EPO would actually improve performance in elite cyclists," lead author A.F. Cohen, MD, PhD, FFPM, FBPharmSoc, professor of clinical pharmacology, Leiden University Medical Centre, said in a press release.
Je ne partage pas forcément tout ce que dit cette étude, mais ce qu'elle montre c'est que ce sujet est loin de faire l'unanimité scientifique.
Avant de savoir si tu partages ou non ce que dit cette étude, tu devrais la lire et surtout la comprendre.
L'article ne dit pas que l'EPO aura un effet minime sur des cyclistes élites. Il dit simplement que (i) la VO2Max n'est pas le seul élément déterminant la performance au niveau élite, ni peut-être le plus important (ii) que du coup, on ne peut pas être certain qu'une augmentation de la VO2Max chez des cyclistes élites se traduise par une augmentation proportionnelle des performances. Dire qu'on ne peut être certain que P est vraie car il n'y a pas de données scientifiques prouvant P, cela ne revient pas à dire que P est fausse.
L'article reconnaît que l'EPO permet d'augmenter la VO2Max dans des proportions très importantes : entre 7% et 9,7% , indépendamment du niveau d'entraînement (p. 17). Cette augmentation de VO2Max produit par ailleurs
une augmentation de performance (mesurée par un test d'effort) variant entre 22% et 54% pour les sujets non entrainés, et entre 9,4 et 16,6% pour les sujets entraînés.
Pourquoi les auteurs ne considèrent-ils pas une aussi spectaculaire augmentation des perfs sur les tests d'effort (comme par hasard, exactement compatible avec les témoignages que l'on connaît par ailleurs : entre 10 et 16% pour des sportifs entraînés) comme une preuve de l'efficacité de l'EPO pour les cyclistes élites ?
J'ai peut-être mal lu, mais je n'ai trouvé que deux arguments :
(i) en premier lieu, l'absence d'étude portant sur des cyclistes non pas simplement entraînés, mais d'élite (p. 18)
(ii) l'incertitude sur la réelle importance d'une augmentation des capacités lors de tests d'intensité maximale pour les courses cyclistes : "étonnamment peu de choses sont connues, si l'on se fonde sur ces études, à propos des effets aux intensités sub-maximales".
Je trouve personnellement l'argument (ii) peu convaincant. C'est une chose de dire que la VO2Max (ou disons la PMA) n'est pas le seul déterminant de la performance ; c'en est une autre de soutenir qu'une augmentation de 10 à 16% de la perf lors de tests d'effort ne se traduira pas par une augmentation de la perf dans une course cycliste ! Si vraiment ces auteurs ont raison de penser qu'une augmentation de la PMA de 16% ne se traduira pas nécessairement par une augmentation très importante de la puissance au seuil, ma foi c'est vraiment révolutionnaire et on entendra parler de cet article dans le futur. Mais j'en doute.
Quoiqu'il en soit, l'argument (i) demeure, qui incite à une conclusion prudente : certes, nous n'avons pas de preuve scientifique que l'EPO agit de façon efficace sur la perf des cyclistes pro, car il n'y a tout simplement pas d'études disponibles. Néanmoins, nous savons, et c'est rappelé dans l'article, que la prise d'EPO
conduit à une augmentation des perfs lors de tests d'effort comprise entre 10 et 16% pour des sportifs entraînés.
Si tu trouves une seule phrase dans l'article soutenant que "l'EPO aura un effet très minime" ou que "meilleur est l'athlète, le plus minime est l'effet du dopage", pourrais tu stp la citer ?
Sauf erreur de lecture de ma part, il n'y a strictement rien dans cette revue de la littérature qui permette de penser cela. Au total, il n'y a rien dans cet article qui contredise ce que j'ai écrit par ailleurs ; au contraire, l'hypothèse d'une augmentation des perfs de 10 à 16% est bien confirmée, au moins pour les cyclistes entraînés, et lors de tests d'effort. Tout au plus doit on préciser que l'effet de l'EPO au plus haut niveau reste sous-étudié, ce qui, du point de vue du simple bon sens, n'est pas très très étonnant.
Merci tout de même pour l'article qui est intéressant, même si certains raisonnements des auteurs me semblent peu convaincants.