La tentation est donc grande d'avoir la même genre d'outil pour la course à pied et c'est dans cette quête que Stryd, Digitsole, Garmin et d'autres ce sont lancés.
Le premier constat que c'est entre le sol et le coureur que toutes les forces passent mais bizarrement mis à part Digitsole, les capteurs se trouvent sur le dessus du pied ou au niveau de la ceinture cardiaque (et peut-être même du poignet...). Les mesures sont donc au mieux (très) indirectes et les capteurs de force ne sont que des accéléromètres.
A partir des accéléromètres, l'appareil va estimer la vitesse du coureur, la fréquence des pas, l'oscillation verticale et le temps de contact au sol du coureur. Puis en complétant cela avec des infos imprécisément connues comme le poids exact du coureur et de ses équipements ou le vent (pour stryd) il va extrapoler les données pour en ressortir une puissance.
Après tout des applis sur smartphone très simples comme myJump coutant qq € peuvent à partir d'une video au ralenti permettre de déterminer avec une excellente précision la durée de "vol" sur un saut sec et à partir de calculer votre détente et puissance aussi bien qu'un plateau de force coûtant des centaines de fois plus cher et bien plus compliqué à mettre en œuvre. Un tel hack est-il transposable à la course à pied?
Si j'ai 2 balles de poids identiques et je vais dépenser la même énergie pour chacune si je dois les envoyer à 30cm de hauteur. Cependant si la boule rouge est un petit sac de sable, et que la boule verte est une balle rebondissante l'énergie que je vais devoir redonner à la balle pour qu'elle rebondisse à nouveau à 30 cm sera radicalement différente.
C'est la où les choses deviennent bien plus complexe en cap car d'un coureur à l'autre (voir d'une chaussure à l'autre) le "rebond" n'est pas du tout le même. Certains volent, d'autres -comme moi- labourent...
Donc même si l'on pouvait connaitre avec précision toutes les forces qui agissent au niveau du ce n'est pas pour autant que la détermination de la puissance qui correspond à l'effort du coureur serait facile à connaitre (d'où la difficulté d'ailleurs à déterminer le gain procuré par les chaussures...)
Les données de puissance en course à pied sont donc à prendre avec un gros grain de sel, sont-elles inutiles pour autant? Un article que je lisais avait une belle citation de George Box "tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles".
La puissance en cap est très liée à la vitesse et les données de foulées permettent surement d'en déterminer les variations et de repérer le D+/D- avec plus d'immédiateté que les données GPS donc si la donnée de puissance est une sorte de vitesse ajustée à la pente survitaminée ça peut être tout à fait intéressant.
Si vous utilisez la puissance en cap ou avez de la lecture à ce sujet, n'hésitez pas à la partager ici

De la lecture :
An assessment of running power as a training metric for Elite and recreational runners
https://fellrnr.com/wiki/Running_Power_Meters (en anglais)