Nature vs. Culture, le dilemme du triathlète
Publié : 25 sept. 2006, 21:01
Nature vs. Culture, le dilemme du triathlète / chronique d’une schizophrénie nécessaire
A toute époque, et depuis des temps immémoriaux, l’Humanité a été le champ de l'affrontement titanesque entre deux forces antagonistes majeures: Nature et Culture.
D'un côté, ceux qui voient en l'état de nature l'idéal d’une Humanité accomplie. Nostalgie d'un paradis perdu, espoir fou d’un retournement civilisationnel inouï, qui verrait l’Homme vivre en parfaite harmonie avec son environnement, élément indissociable et symbiotique de son écosystème végétal, animal et minéral.
De l'autre les tenants de la Culture. Pour eux, la Culture, transmission et constant enrichissement du Savoir au-delà des frontières générationnelles, est le signe-même de l’Humanité. Ils voient donc dans la science et ses progrès, dans l’avènement des révolutions agricole, industrielle, et maintenant informationnelle, et dans leur permanente confrontation avec les forces hostiles de la Nature, le propre même de la civilisation humaine, qui, malgré sa relative jeunesse à l’échelle de notre univers, arrivera par son génie à s’affranchir des lois de l’extinction naturelle et programmée des espèces.
Par bien des aspects, le triathlète est proche de la Nature. Son goût de l'effort, sa foi dans la force du pur esprit et de la pure énergie humaine pour surmonter l’obstacle, son mépris pour les travers de nos civilisations industrielles (alcool, tabac, voiture, télévision...), son rejet des apports de la science pharmaceutique (no doping), ses rapports tendus avec les tenants de la civilisation tout automobile, et surtout sa pratique, qui le rapproche de longues heures durant de l’environnement naturel, loin des affres et des tentations de la civilisation mécaniste, font de lui le tenant idéal des amis de la Nature.
Mais d'un autre côté, le triathlète n'est pas du genre à mouiller un T-shirt en lin et à courir en tong. Son obsession de la performance ne le rend que trop faible pour résister aux tentations les plus extrêmes de la technologie. Il n’a pas le bagage psychologique nécessaire pour résister au dernier cadre en carbone, à la dernière veste en goretex, au dernier cardio-fréquencemètre à GPS, à la dernière poudre iso-tonique, à la fréquentation de communautés triathlétiques virtuelles malsaines... Tout ceci tendrait donc à le ranger plutôt du côté des forces obscures des Sciences et des Technologies.
Ainsi donc, ballotté entre Nature et Culture, le triathlète est condamné à vivre une errance idéologique sans fin.
Méprisé des technophiles, rejeté des écologistes, il en est réduit à vivre loin de l’affection et de la considération de ses proches et de ses frères humains, entretenant par substitution de faibles liens virtuels avec ses compagnons de souffrance.
Tel est le triste destin schizophrénique du triathlète.
Remercions néanmoins, compagnons d’infortune, Dame Nature, qui, dans sa grande prévoyance et pour notre plus grand bonheur, nous a doté uniquement des 3 neurones nécessaires pour nager, courir et pédaler. Ainsi, elle nous ouvre le Royaume des Cieux, réservé aux simples d’esprits, et nous évite de prendre conscience du triste spectacle qu’offre notre consternante condition idéologique !
-- Olivier (qui doit bien s’occuper depuis qu’il a du arrêter la CAP)
A toute époque, et depuis des temps immémoriaux, l’Humanité a été le champ de l'affrontement titanesque entre deux forces antagonistes majeures: Nature et Culture.
D'un côté, ceux qui voient en l'état de nature l'idéal d’une Humanité accomplie. Nostalgie d'un paradis perdu, espoir fou d’un retournement civilisationnel inouï, qui verrait l’Homme vivre en parfaite harmonie avec son environnement, élément indissociable et symbiotique de son écosystème végétal, animal et minéral.
De l'autre les tenants de la Culture. Pour eux, la Culture, transmission et constant enrichissement du Savoir au-delà des frontières générationnelles, est le signe-même de l’Humanité. Ils voient donc dans la science et ses progrès, dans l’avènement des révolutions agricole, industrielle, et maintenant informationnelle, et dans leur permanente confrontation avec les forces hostiles de la Nature, le propre même de la civilisation humaine, qui, malgré sa relative jeunesse à l’échelle de notre univers, arrivera par son génie à s’affranchir des lois de l’extinction naturelle et programmée des espèces.
Par bien des aspects, le triathlète est proche de la Nature. Son goût de l'effort, sa foi dans la force du pur esprit et de la pure énergie humaine pour surmonter l’obstacle, son mépris pour les travers de nos civilisations industrielles (alcool, tabac, voiture, télévision...), son rejet des apports de la science pharmaceutique (no doping), ses rapports tendus avec les tenants de la civilisation tout automobile, et surtout sa pratique, qui le rapproche de longues heures durant de l’environnement naturel, loin des affres et des tentations de la civilisation mécaniste, font de lui le tenant idéal des amis de la Nature.
Mais d'un autre côté, le triathlète n'est pas du genre à mouiller un T-shirt en lin et à courir en tong. Son obsession de la performance ne le rend que trop faible pour résister aux tentations les plus extrêmes de la technologie. Il n’a pas le bagage psychologique nécessaire pour résister au dernier cadre en carbone, à la dernière veste en goretex, au dernier cardio-fréquencemètre à GPS, à la dernière poudre iso-tonique, à la fréquentation de communautés triathlétiques virtuelles malsaines... Tout ceci tendrait donc à le ranger plutôt du côté des forces obscures des Sciences et des Technologies.
Ainsi donc, ballotté entre Nature et Culture, le triathlète est condamné à vivre une errance idéologique sans fin.
Méprisé des technophiles, rejeté des écologistes, il en est réduit à vivre loin de l’affection et de la considération de ses proches et de ses frères humains, entretenant par substitution de faibles liens virtuels avec ses compagnons de souffrance.
Tel est le triste destin schizophrénique du triathlète.
Remercions néanmoins, compagnons d’infortune, Dame Nature, qui, dans sa grande prévoyance et pour notre plus grand bonheur, nous a doté uniquement des 3 neurones nécessaires pour nager, courir et pédaler. Ainsi, elle nous ouvre le Royaume des Cieux, réservé aux simples d’esprits, et nous évite de prendre conscience du triste spectacle qu’offre notre consternante condition idéologique !
-- Olivier (qui doit bien s’occuper depuis qu’il a du arrêter la CAP)