"Le Tour n'a plus de crédibilité sportive"
LE MONDE | 27.06.06 | 15h00 • Mis à jour le 27.06.06 | 15h19
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Le cyclisme est plus que jamais touché par les affaires de dopage. Disputer le Tour de France dans ce contexte a-t-il encore un sens ?
Ma réponse est très claire. En termes de résultats sportifs, non. Le Tour restera une belle fête populaire, une formidable opération de communication pour les villes et les sponsors. Il restera également une redoutable épreuve pour beaucoup de coureurs qui vont continuer à se battre, mais le Tour n'a plus de crédibilité sportive.
Faire partir le Tour en sachant qu'il n'a plus de crédibilité sportive, c'est la responsabilité que prennent les organisateurs (Daniel Baal est également ancien directeur adjoint du Tour). Le public sera heureux, alors même qu'un certain nombre de coureurs vont faire que le résultat sera une supercherie. Faut-il dire que vox populi, vox dei ?
On est obligé de constater que, toutes ces dernières années, ceux qui croyaient encore au cyclisme ont été trahis. On peut avoir une lecture très optimiste des événements en disant, comme certains, que Lance Armstrong a utilisé de l'EPO (érythropoïétine) en 1999 (Le Monde du 24 août 2005) et qu'il a arrêté après. Une lecture un peu plus réaliste permet de croire que rien n'a changé. Le résultat des derniers Tours a été une supercherie. Le résultat de la Vuelta 2005 est également une supercherie, et avérée (l'Espagnol Roberto Heras a perdu son titre après un contrôle positif à l'EPO). L'équipe du coureur déclassé (Liberty Seguros), qui appartient à l'UCI Pro Tour, n'a même pas été inquiétée. C'est gravissime. Ce coureur a gagné le Tour d'Espagne trois fois. Personne n'aurait l'idée de croire qu'il n'a triché qu'une fois. Et sur le Giro, j'ai encore vu cette année un certain nombre de choses qui m'ont fait bondir.
En Espagne, les coureurs ont refusé, dimanche 25 juin, de disputer leur championnat...
Leur réaction me rappelle le comportement des coureurs français il y a dix ans, quand, avec Jean-Marie Leblanc (directeur du Tour) et Roger Legeay (directeur sportif de l'équipe Gan), nous avions adressé une lettre ouverte au ministère des sports et à l'Union cycliste internationale (UCI) pour réclamer des contrôles antidopage plus sérieux. Leur réaction avait été très virulente : ils n'admettaient pas qu'on puisse dire qu'il y avait du dopage dans le cyclisme.
Le soi-disant "tournant" de 1998, auquel certains coureurs se réfèrent pour assurer que les moeurs du peloton ont changé, n'a donc jamais été négocié ?
J'étais de ceux qui, en 1999, parlaient du Tour du renouveau. On a été trompés, architrompés. Ce qui est désolant, c'est que certains refusent toujours de voir la réalité en face : des organisateurs, des dirigeants, des responsables et des coureurs qui acceptent d'être des faire-valoir pour ceux qui trichent. Ce qui me choque également, c'est la manière dont certains journalistes continuent à encenser certains sportifs : ils ont quand même trouvé le moyen de porter Armstrong à la 2e place du classement du championnat de l'année 2005 !
Huit ans après l'affaire Festina et malgré le travail effectué, le cyclisme est dans une situation encore plus catastrophique. Je reste convaincu aujourd'hui qu'il y a eu malgré tout un assainissement, mais que celui-ci a paradoxalement conduit à accroître le fossé entre ceux qui sont très scientifiquement préparés et les autres. L'écart est encore plus important qu'il y a quelques années.
On objecte souvent que le dopage a toujours existé. C'est probable. Mais à une certaine époque, lorsque les coureurs utilisaient uniquement des corticoïdes et des amphétamines, cela ne changeait pas profondément la nature de la compétition. Aujourd'hui, si.
Même s'il n'y a que 5 % des coureurs qui utilisent des "techniques de pointe", la compétition est complètement dénaturée.
Propos recueillis par Stéphane Mandard
Article paru dans l'édition du 28.06.06
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Tout est dit !
! qu'est ce que je lis , il y a du dopage dans le cyclisme !