Mon Hawaii 2019
Publié : 21 oct. 2019, 06:14
Après un premier Ironman à Copenhague cet été (9h50) avec une qualification complètement inattendue pour ce championnat du monde à Hawaii, me voilà ici à Kona, la Mecque du triathlon, là où tout a commencé, celui dont on rêve de faire au moins une fois dans sa vie. La course rêvée sur une île de rêve.
Arrivée 6 jours avant la course, déballage du vélo et soulagement: tout est nickel.
Les premiers jours seront consacrés à l’acclimatation de la chaleur et de l’humidité (30/32* et 75/80%).
Je me demande comment faire pour courir un marathon entre 14 et 17h en plein soleil et dans un champs de lave. Réponse : Ca ne va pas être simple, mais on verra et puis c’est pour tout le monde pareil.
Les 12h de décalage seront plus compliqués à gérer.
Réveil le matin vers 4:00, mais au moins c’est pratique pour aller au Pier dès le levé du soleil.....
La semaine d’avant course, ce qui m’a surpris c’est que dès 6:00 et jusqu’à la nuit tombée, partout des gars courent, nagent ou pédalent. Tout le temps, des types secs de chez secs, hommes ou femmes, de vraies bêtes de concours. Je me trouverais presque gras ici....
Je n’ai pas assez d’expérience pour les nommer, mais je reconnais plusieurs pro qui se mêlent à la masse.
Les séances de natation au Pier ressemblent à la piscine de #esnanterretriathlon: du monde partout dès 6:00.
Les séances de CAP et de vélo sont top. Sur les parcours pas besoin de prendre son ravito perso, il suffit de s’arrêter sur les stands Gu, Vega et autres installés dans les rues : Sympa pour savoir ce qu’il ne faudra pas prendre pendant la course.....
J’essaye d’estimer mes futurs chronos en fonction de la houle et du courant en nat, des pulses à pieds, du gros dénivelé et le vent à vélo qui auront une incidence énorme sur le temps final.
Une séance vélo consacrée à un À/R sur la montée d’Hawi me fera comprendre que le D+ ne sera pas le seul problème, mais que le très fort vent (souvent latéral) pourrait compliquer fortement la descente.
Pas une journée je ne me coucherais en me répétant ‘’ Tu as de la chance d’être ici, apprécie chaque minute »
Mauvais nageur, je pensais à 1:25, 5:35/5:40 à vélo et 3:35/3:40 à pieds avec au mieux un chrono de 10:45.
Mais ici le chrono final n’est que secondaire, mais un 50% en AG et 50% scratch me ravirait.
En AG c’est loin d’être gagné car en étant 15eme à Copenhague, je dois avoir la place la plus éloignée des qualifiés. Mais bon, j’aime bien avoir des objectifs, sinon je m’endors....
J-1 : Pose du vélo et casque, la pression monte d’un cran, ça rigole beaucoup moins, mais je me répète encore: ‘’Profites à fond, beaucoup aimeraient être ici’’
Les volontaires sont partout (4800 au total et il y a 2 ans d’attente pour en faire partie), hyper prévenants ils t’accompagnent jusqu’à ta place, font le chemin de la sortie de l’eau jusqu’à ton sac, ils sont présents partout.
A 20:00, il tombe des cordes pendant 2h. Dans le Pav, certains ont laissé leurs chaussures, mais d’autres auront plus de désagréments avec des Di2 ou Etrap qui leurs joueront des tours dès le début de la course.
Bizarrement je passe une très bonne nuit, et même si je sais déjà que ce ne sera pas la même ballade qu’à Copenhague, après 2 mois d’attente, j’ai hâte d’y aller.
Jour J: Pour limiter le Drafting à vélo, 11 vagues sont prévues avec les pros d’abord, puis toutes les 5’ les AG hommes et ensuite AG femmes. Cela s’avérera très efficace d’après les commentaires d’après course.
Il est 07:10 et nous sommes 440 dans cette dernière vague homme (+50), je reste derrière, les 1er 500m se passent bien, je trouve des pieds, j’avance pas trop mal.
Ça se gâte rapidement quand le 1er AG femme parti 5’ après nous me rejoint.
Impossible de garder la corde, je me fais littéralement grimper dessus. J’ai bien distribué 2 ou 3 beignes, en vain. Obligé de m’écarter vers l’extérieur, hors des pieds, hors des bouées, hors de tout. La houle m’empêche de bien m’orienter et j’ai du mal à voir le BodyGlove.
Deux fois je me retrouve complètement excentré . Et à chaque nouveau AG qui double, ce sera pareil. Pas simple cette histoire. Sur le retour le courant me déporte encore, je sens que je me désarticule à chaque vague. Je repense à tout ce que je sais faire, mais je sens que le chrono ne sera pas bon.
1:27’30. Au dessus de mon estimation. Je suis à ce moment 1993eme/2370 et 213/238 en AG. Vraiment pas bon, mais c’est le jeu.
Autant avec combi je me débrouille un peu mieux, mais on reconnaît les vrais nageurs quand c’est sans combi
T1: Sans soucis.
Le vélo et ses 1750m de D+ n’est pas facile, mais la Queen K est belle et le bitume propre et lisse.
Le cardio ayant été placé dans le mauvais sac la veille (pas très grave, mais bon...), je ne gèrerais qu’à la puissance.
L’aller jusqu’à Hawi à presque 34km/h, léger vent dans le dos me fait du bien. Je ne fais que doubler (mais vu comment je suis sorti de l’eau, ce n’est pas difficile) j’arrive en haut en bon état.
Le retour fut bien plus compliqué. Déjà sur la descente d’Hawi (27km) que je ne pourrais pas prendre à bloc. Le petit vent de dos de l’aller commence à forcir et devient violent pas moment. Mes 61kg ne font pas le poids et je suis souvent obligé de me relever de la position aéro. J’ai vu une japonaise de 45/50kg qui a faillit s’envoler (je n’exagère pas). Ce sera la seule partie où je vais perdre quelques places. Le vent n’était qu’à 40km/h, ce qui est visiblement la moyenne ici. Sur d’autres éditions il était bien plus fort, ou inexistant comme en 2018.
Ce qui m’a surpris, c’est que sur une même droite de plusieurs Km, le vent pouvait tourner ou bien comme cette année, les Pros n’en n’ont quasiment pas eu car il ne s’est levé en fin de matinée.
De retour sur la Queen K il reste encore 50 km, 2 très belles bosses de 2 ou 3 km, mais un vent de face qui fait chuter la moyenne. Les Watt c’est les Watt et je m’y tiens.
Je termine en 5:34 (32,3km/h), mieux que mon estimation.
Je suis à ce moment 143ème en AG et je remonte 1379eme au scratch
T2: Un bénévole qui te prends ton vélo avec soin, changement rapide de trifonction et Nok sur les pieds, ce qui me sera fort utile car les pieds seront trempés dès les 1ers ravitos.
J’avais toujours en mémoire les sensations de Copenhague. Et bien ce ne sera pas même chose. Il va me falloir forcer dès le début du marathon car les jambes ne seront pas légères, jamais.
Sur Alii Drive, la foule est hyper présente et ça te Boost. Ca aide, mais il ne faut pas s’enflammer car, même si je gère la Cap au cardio, ces 14km sont presque les seuls sans bosses.
Pour rejoindre la QueenK, il y a ‘’The Hill’’: Palani Road.
Belle cote avec un monde de dingue, pas très longue (600/700m) mais sacrément raide. Beaucoup marchent. Je coure, mais pas bien plus vite que ceux qui marchent !
La course commencera vraiment sur la QueenK, avec une longue descente, sans ombre, avec un sol qui garde et renvoi la chaleur, j’aurais bien aimé connaître la température ressentie, car il fait vraiment très très chaud. Je remonte déjà beaucoup de monde et pour le moment l’objectif sera d’avoir un œil sur le cardio pour qu’il ne dépasse pas les 80% et systématiquement mettre de la glace dans ma casquette (glace qui aura fondue au ravito suivant), éponges dans la trifonction et surtout boire. Boire pour ne pas bouillir, boire pour ne pas sauter comme un PopCorn.
Il y des ravitaillements chaque 2 Miles (en gros 15’ pour moi). De tout: coca, gels, barres, des Gu Roctane (ma récompense toutes les 45’!!), fruits et même du RedBull que certains engloutissent en grosses quantités (toujours surpris).
Les bénévoles sont au top.
A chaque descente, je me vois déjà sur le retour en me disant qu’il me faut garder du jus pour les remonter.
Je suis encore sur 4’50/5’ au km, mais je regarde surtout le cardio, mes sensations ne sont pas pires, mais pas meilleures qu’au départ et je reste motivé en gagnant des places à chaque minutes qui passent.
Vers le 25eme, le voilà, le fameux EnergyLab: Une simple zone, moche, un enfer qui sert de laboratoire scientifique avec des panneaux solaires. Le gars qui a tracé ce parcours n’a jamais dû courir de sa vie, ou alors en pleine nuit avec 15*
Cette petite boucle doit faire 7/8km. Il y fait bien plus chaud qu’ailleurs, mais surtout, quand tu en sors tu as une petite montée d’1Km qui va te finir si tu n’es déjà pas bien.
Et c’est bien ce qui a faillit m’arriver. Sur l’un des ravitaillements, il n’y avait plus de glace. En 10’ j’ai senti mon crâne en surchauffe, comme s’il allait sortir.
J’ai dû la grimper à 6’/km, mais autour de moi ça saute de partout.
Retour sur la QueenK pour le retour. Il doit rester 15/16km. Je me fais doubler coup sur coup par un japonais et une crevette espagnole.
J’accroche le Japonais mais je commence à ne plus être lucide. Je regarde le cardio, et j’oublie le chrono.
J’attends les ravitos car c’est toujours un prétexte pour ralentir 10’’. Je me bats pour ne pas ralentir plus, hein ce serait si simple: T’arrêter un peu plus, ce n’est pas grave, et puis encore un peu plus et puis marcher, hein tant qu’on y est.....
L’allure a bien ralentie et je dois être sur du 5’10/5’15 Même pas mon allure de footing. Mais le fait de doubler et encore doubler me rassure. Certes j’ai ralenti, j’ai mal partout, j’ai 2 parpaings à la place des jambes, mais je n’explose pas. Moi je coure.
Aucun trouble digestif, mais vers le 32/33, je commence à boire du coca. Moi qui n’en bois que sur des Half ou IM, j’en ai envie, je sais que ça passe bien et mentalement ça change un peu.
Mon esprit commence à penser à autre chose, je pense déjà à l’arrivée, je n’ai jamais douté, mais là je sais que ce soir je serais fier de moi. Fier d’être ici, content de retrouver ma supportrice number one à l’arrivée, content d’avoir changé de sport il y a 2 ans pour vivre ça, content de ce deuxième IM, simplement content d’être ici.
Maintenant il ne reste qu’une sale bosse, celle que j’ai repéré à l’aller. Située au 38eme, elle est sévère sur environ 1Km. Une sono de dingue est présente, tu oublies tout, du monde, des mains tendues, tu sens la fin. Tu sens la fin de course, tu forces, tu donnes ce qu’il te reste (c’est à dire plus grand chose), car tu sais qu’après il ne reste que 3km en
faux plat descendant.
De retour sur Alii Drive, c’est de la folie. Tu ne te sens plus courir, plus aucune douleur, tu vois la ligne, les mains tendues et enfin tu regardes le chrono final que tu n’avais plus estimé depuis fort longtemps: 10:44 avec un marathon en 3:33 sur lequel j’ai repris 371 places.
73/238 en AG et 1009/2370 au scratch. Même pas en rêve.....
Après Copenhague, mon 1er sentiment avait été de n’avoir pas trouvé ça si dur. C’était presque trop simple, j’étais presque déçu de n’avoir pas assez souffert.
Là je suis fier de moi. Car même si la natation est ‘’perfectible...’’ j’ai tout donné, j’ai souffert comme je l’imaginais devoir le faire sur un IM. Souffert mentalement aussi, car il est facile de lâcher l’affaire sur ce marathon.
Quand je me compare avec les autres qualifiés de Copenhague, mes 55´de plus ne sont vraiment pas beaucoup.
Je débute dans ce sport, mais j’adore.
J’adore m’entraîner, j’adore attendre les séances du coach #canibalhymn j’adore apprendre, j’adore le matériel, j’adore chercher, j’adore tout en fait.
À Kona tout est fort, le soleil, le vent, le niveau, tu te sens sur autre planète. Tu te sens tout petit en fait.
La ville, si calme d’ordinaire, vit pendant 10 jours au rythme de la course. Tout est dédié au World Championship Ironman.
Tu peux tout trouver, tout acheter, tout réparer, toutes les marques sont présentes. La ville est un village expo. Un truc de dingue.
Les locaux sont supers accueillants, respectueux, tu te sens en sécurité, tu t’y sens bien très rapidement.
15 jours c’est court, alors j’adorerai tellement continuer de progresser pour y revenir encore, encore une fois.
Arrivée 6 jours avant la course, déballage du vélo et soulagement: tout est nickel.
Les premiers jours seront consacrés à l’acclimatation de la chaleur et de l’humidité (30/32* et 75/80%).
Je me demande comment faire pour courir un marathon entre 14 et 17h en plein soleil et dans un champs de lave. Réponse : Ca ne va pas être simple, mais on verra et puis c’est pour tout le monde pareil.
Les 12h de décalage seront plus compliqués à gérer.
Réveil le matin vers 4:00, mais au moins c’est pratique pour aller au Pier dès le levé du soleil.....
La semaine d’avant course, ce qui m’a surpris c’est que dès 6:00 et jusqu’à la nuit tombée, partout des gars courent, nagent ou pédalent. Tout le temps, des types secs de chez secs, hommes ou femmes, de vraies bêtes de concours. Je me trouverais presque gras ici....
Je n’ai pas assez d’expérience pour les nommer, mais je reconnais plusieurs pro qui se mêlent à la masse.
Les séances de natation au Pier ressemblent à la piscine de #esnanterretriathlon: du monde partout dès 6:00.
Les séances de CAP et de vélo sont top. Sur les parcours pas besoin de prendre son ravito perso, il suffit de s’arrêter sur les stands Gu, Vega et autres installés dans les rues : Sympa pour savoir ce qu’il ne faudra pas prendre pendant la course.....
J’essaye d’estimer mes futurs chronos en fonction de la houle et du courant en nat, des pulses à pieds, du gros dénivelé et le vent à vélo qui auront une incidence énorme sur le temps final.
Une séance vélo consacrée à un À/R sur la montée d’Hawi me fera comprendre que le D+ ne sera pas le seul problème, mais que le très fort vent (souvent latéral) pourrait compliquer fortement la descente.
Pas une journée je ne me coucherais en me répétant ‘’ Tu as de la chance d’être ici, apprécie chaque minute »
Mauvais nageur, je pensais à 1:25, 5:35/5:40 à vélo et 3:35/3:40 à pieds avec au mieux un chrono de 10:45.
Mais ici le chrono final n’est que secondaire, mais un 50% en AG et 50% scratch me ravirait.
En AG c’est loin d’être gagné car en étant 15eme à Copenhague, je dois avoir la place la plus éloignée des qualifiés. Mais bon, j’aime bien avoir des objectifs, sinon je m’endors....
J-1 : Pose du vélo et casque, la pression monte d’un cran, ça rigole beaucoup moins, mais je me répète encore: ‘’Profites à fond, beaucoup aimeraient être ici’’
Les volontaires sont partout (4800 au total et il y a 2 ans d’attente pour en faire partie), hyper prévenants ils t’accompagnent jusqu’à ta place, font le chemin de la sortie de l’eau jusqu’à ton sac, ils sont présents partout.
A 20:00, il tombe des cordes pendant 2h. Dans le Pav, certains ont laissé leurs chaussures, mais d’autres auront plus de désagréments avec des Di2 ou Etrap qui leurs joueront des tours dès le début de la course.
Bizarrement je passe une très bonne nuit, et même si je sais déjà que ce ne sera pas la même ballade qu’à Copenhague, après 2 mois d’attente, j’ai hâte d’y aller.
Jour J: Pour limiter le Drafting à vélo, 11 vagues sont prévues avec les pros d’abord, puis toutes les 5’ les AG hommes et ensuite AG femmes. Cela s’avérera très efficace d’après les commentaires d’après course.
Il est 07:10 et nous sommes 440 dans cette dernière vague homme (+50), je reste derrière, les 1er 500m se passent bien, je trouve des pieds, j’avance pas trop mal.
Ça se gâte rapidement quand le 1er AG femme parti 5’ après nous me rejoint.
Impossible de garder la corde, je me fais littéralement grimper dessus. J’ai bien distribué 2 ou 3 beignes, en vain. Obligé de m’écarter vers l’extérieur, hors des pieds, hors des bouées, hors de tout. La houle m’empêche de bien m’orienter et j’ai du mal à voir le BodyGlove.
Deux fois je me retrouve complètement excentré . Et à chaque nouveau AG qui double, ce sera pareil. Pas simple cette histoire. Sur le retour le courant me déporte encore, je sens que je me désarticule à chaque vague. Je repense à tout ce que je sais faire, mais je sens que le chrono ne sera pas bon.
1:27’30. Au dessus de mon estimation. Je suis à ce moment 1993eme/2370 et 213/238 en AG. Vraiment pas bon, mais c’est le jeu.
Autant avec combi je me débrouille un peu mieux, mais on reconnaît les vrais nageurs quand c’est sans combi
T1: Sans soucis.
Le vélo et ses 1750m de D+ n’est pas facile, mais la Queen K est belle et le bitume propre et lisse.
Le cardio ayant été placé dans le mauvais sac la veille (pas très grave, mais bon...), je ne gèrerais qu’à la puissance.
L’aller jusqu’à Hawi à presque 34km/h, léger vent dans le dos me fait du bien. Je ne fais que doubler (mais vu comment je suis sorti de l’eau, ce n’est pas difficile) j’arrive en haut en bon état.
Le retour fut bien plus compliqué. Déjà sur la descente d’Hawi (27km) que je ne pourrais pas prendre à bloc. Le petit vent de dos de l’aller commence à forcir et devient violent pas moment. Mes 61kg ne font pas le poids et je suis souvent obligé de me relever de la position aéro. J’ai vu une japonaise de 45/50kg qui a faillit s’envoler (je n’exagère pas). Ce sera la seule partie où je vais perdre quelques places. Le vent n’était qu’à 40km/h, ce qui est visiblement la moyenne ici. Sur d’autres éditions il était bien plus fort, ou inexistant comme en 2018.
Ce qui m’a surpris, c’est que sur une même droite de plusieurs Km, le vent pouvait tourner ou bien comme cette année, les Pros n’en n’ont quasiment pas eu car il ne s’est levé en fin de matinée.
De retour sur la Queen K il reste encore 50 km, 2 très belles bosses de 2 ou 3 km, mais un vent de face qui fait chuter la moyenne. Les Watt c’est les Watt et je m’y tiens.
Je termine en 5:34 (32,3km/h), mieux que mon estimation.
Je suis à ce moment 143ème en AG et je remonte 1379eme au scratch
T2: Un bénévole qui te prends ton vélo avec soin, changement rapide de trifonction et Nok sur les pieds, ce qui me sera fort utile car les pieds seront trempés dès les 1ers ravitos.
J’avais toujours en mémoire les sensations de Copenhague. Et bien ce ne sera pas même chose. Il va me falloir forcer dès le début du marathon car les jambes ne seront pas légères, jamais.
Sur Alii Drive, la foule est hyper présente et ça te Boost. Ca aide, mais il ne faut pas s’enflammer car, même si je gère la Cap au cardio, ces 14km sont presque les seuls sans bosses.
Pour rejoindre la QueenK, il y a ‘’The Hill’’: Palani Road.
Belle cote avec un monde de dingue, pas très longue (600/700m) mais sacrément raide. Beaucoup marchent. Je coure, mais pas bien plus vite que ceux qui marchent !
La course commencera vraiment sur la QueenK, avec une longue descente, sans ombre, avec un sol qui garde et renvoi la chaleur, j’aurais bien aimé connaître la température ressentie, car il fait vraiment très très chaud. Je remonte déjà beaucoup de monde et pour le moment l’objectif sera d’avoir un œil sur le cardio pour qu’il ne dépasse pas les 80% et systématiquement mettre de la glace dans ma casquette (glace qui aura fondue au ravito suivant), éponges dans la trifonction et surtout boire. Boire pour ne pas bouillir, boire pour ne pas sauter comme un PopCorn.
Il y des ravitaillements chaque 2 Miles (en gros 15’ pour moi). De tout: coca, gels, barres, des Gu Roctane (ma récompense toutes les 45’!!), fruits et même du RedBull que certains engloutissent en grosses quantités (toujours surpris).
Les bénévoles sont au top.
A chaque descente, je me vois déjà sur le retour en me disant qu’il me faut garder du jus pour les remonter.
Je suis encore sur 4’50/5’ au km, mais je regarde surtout le cardio, mes sensations ne sont pas pires, mais pas meilleures qu’au départ et je reste motivé en gagnant des places à chaque minutes qui passent.
Vers le 25eme, le voilà, le fameux EnergyLab: Une simple zone, moche, un enfer qui sert de laboratoire scientifique avec des panneaux solaires. Le gars qui a tracé ce parcours n’a jamais dû courir de sa vie, ou alors en pleine nuit avec 15*
Cette petite boucle doit faire 7/8km. Il y fait bien plus chaud qu’ailleurs, mais surtout, quand tu en sors tu as une petite montée d’1Km qui va te finir si tu n’es déjà pas bien.
Et c’est bien ce qui a faillit m’arriver. Sur l’un des ravitaillements, il n’y avait plus de glace. En 10’ j’ai senti mon crâne en surchauffe, comme s’il allait sortir.
J’ai dû la grimper à 6’/km, mais autour de moi ça saute de partout.
Retour sur la QueenK pour le retour. Il doit rester 15/16km. Je me fais doubler coup sur coup par un japonais et une crevette espagnole.
J’accroche le Japonais mais je commence à ne plus être lucide. Je regarde le cardio, et j’oublie le chrono.
J’attends les ravitos car c’est toujours un prétexte pour ralentir 10’’. Je me bats pour ne pas ralentir plus, hein ce serait si simple: T’arrêter un peu plus, ce n’est pas grave, et puis encore un peu plus et puis marcher, hein tant qu’on y est.....
L’allure a bien ralentie et je dois être sur du 5’10/5’15 Même pas mon allure de footing. Mais le fait de doubler et encore doubler me rassure. Certes j’ai ralenti, j’ai mal partout, j’ai 2 parpaings à la place des jambes, mais je n’explose pas. Moi je coure.
Aucun trouble digestif, mais vers le 32/33, je commence à boire du coca. Moi qui n’en bois que sur des Half ou IM, j’en ai envie, je sais que ça passe bien et mentalement ça change un peu.
Mon esprit commence à penser à autre chose, je pense déjà à l’arrivée, je n’ai jamais douté, mais là je sais que ce soir je serais fier de moi. Fier d’être ici, content de retrouver ma supportrice number one à l’arrivée, content d’avoir changé de sport il y a 2 ans pour vivre ça, content de ce deuxième IM, simplement content d’être ici.
Maintenant il ne reste qu’une sale bosse, celle que j’ai repéré à l’aller. Située au 38eme, elle est sévère sur environ 1Km. Une sono de dingue est présente, tu oublies tout, du monde, des mains tendues, tu sens la fin. Tu sens la fin de course, tu forces, tu donnes ce qu’il te reste (c’est à dire plus grand chose), car tu sais qu’après il ne reste que 3km en
faux plat descendant.
De retour sur Alii Drive, c’est de la folie. Tu ne te sens plus courir, plus aucune douleur, tu vois la ligne, les mains tendues et enfin tu regardes le chrono final que tu n’avais plus estimé depuis fort longtemps: 10:44 avec un marathon en 3:33 sur lequel j’ai repris 371 places.
73/238 en AG et 1009/2370 au scratch. Même pas en rêve.....
Après Copenhague, mon 1er sentiment avait été de n’avoir pas trouvé ça si dur. C’était presque trop simple, j’étais presque déçu de n’avoir pas assez souffert.
Là je suis fier de moi. Car même si la natation est ‘’perfectible...’’ j’ai tout donné, j’ai souffert comme je l’imaginais devoir le faire sur un IM. Souffert mentalement aussi, car il est facile de lâcher l’affaire sur ce marathon.
Quand je me compare avec les autres qualifiés de Copenhague, mes 55´de plus ne sont vraiment pas beaucoup.
Je débute dans ce sport, mais j’adore.
J’adore m’entraîner, j’adore attendre les séances du coach #canibalhymn j’adore apprendre, j’adore le matériel, j’adore chercher, j’adore tout en fait.
À Kona tout est fort, le soleil, le vent, le niveau, tu te sens sur autre planète. Tu te sens tout petit en fait.
La ville, si calme d’ordinaire, vit pendant 10 jours au rythme de la course. Tout est dédié au World Championship Ironman.
Tu peux tout trouver, tout acheter, tout réparer, toutes les marques sont présentes. La ville est un village expo. Un truc de dingue.
Les locaux sont supers accueillants, respectueux, tu te sens en sécurité, tu t’y sens bien très rapidement.
15 jours c’est court, alors j’adorerai tellement continuer de progresser pour y revenir encore, encore une fois.