Aider le "Mickael Vandetta" du triathlon ......
Publié : 26 mars 2010, 00:00
Un récit, une histoire intéressante telle une molécule dans l'immensité de l'espace ... mais non, revenons sur terre et sur la planète triathlon ... Un récit inoubliable, incontournable, un frisson dans le dos avec une émotion palpable ... j'ai lu ce récit sans respirer une fois et l'émotion m'a prise, la magie a opéré ... je vous en livre quelques lignes ... ça me motive pour faire ma grosse sortie de vélo demain ...
Par humilité et comme la personne qui la écrit sur X-triathlon est anonyme (quelle bravoure) nous n'aurons jamais le nom de l'auteur qui a depuis peut-être arrêter le triathlon ...
"Voilà il est minuit en ce dimanche 22 octobre 2006, lendemain du très réputé Ironman d'Hawaii.
Je suis tranquille pour vous écrire à la villa, tout le monde est parti au "lulu's bar" se saouler… ou faire semblant de le faire, à priori il parait que c'est la fête, hum je l'ai déjà vécue deux fois cette "fête" et n'ayant pas un attrait particulier pour l'alcool et ses méfaits je suis bien,au calme, de plus je vais dormir un peu, avant de me taper trois tournées de camion pour aller chercher les valises/vélos et ramener ça à l'aéroport avec Daniel qui est sous directeur (de Hannes NDLR)en fait ,un ancien triathlète de haut niveau (plusieurs top 40 ici ).
Cette après-midi Hannes avait donc convié tout le groupe, allemands et français confondus sur un bateau le "Captain Bean" pour une mini croisière avec buffet, repas et spectacle local, chants, danse etc. Même si c'est à peu près le même chaque année, j'ai pu remarquer une certaine évolution quant à l'ambiance, en effet le directeur de Hannes France est Gaël Mainard, triathlète pro qui a pris sa "retraite" sportive a seulement 30 ans, même s'il continue toujours à faire pas mal de sport. Mais vu les sacrifices qu'il faut faire pour un seul coureur, c'est une nouvelle passion qui l'anime, cette organisation des voyages sportifs, et comme cela demande d'avoir les reins solides il est chapeauté par Hannes, voyagiste allemand qui a, français confondus, fait venir 700 personnes ce qui n'est pas rien et nécessite d'avoir une belle petite équipe. J'étais là pour filer un coup de main, soigner les petits bobos, accueillir les français, et puis pas mal de manutention pour les valises et les vélos. Il ne faudrait pas que les champions se fassent un tour
de rein… Amusant on m'a fait remarqué que j'étais costaud et que si je faisais du sport… (ah les allemands).
Hum, je m'égare en vous racontant ma vie, pour revenir à cette croisière j'ai senti une très bonne ambiance dans le clan français. Pour ma part je me réjouis de performances exceptionnelles de nos français en amateurs (résultats en fin de page), en pro Vernay 10 superbe, Chabaud coince à pied mais, avec fierté il fini tout de même 35, mention particulière à de jeunes françaises qui donnent un coup de sang neuf, Linda, Christelle, Nadège, Alex, Emmanuelle (une dame du tri, madame Cocusse). Personne n'avait l'air de se prendre la tète, mais concentré toutefois par l'enjeu et les sacrifices consentis pour être là !
Revenons donc à ma course. Me voici au départ natation, je me place correctement, en fait nous ne sommes pas plus de 150 donc vu la place qu'il y a je suis bien, derrière Spencer Smith, à ma gauche Al Sultan, enfin je me laisse pas impressionner là il y a que les tops champions.
PAN voilà c'est parti je nage propre, je pense à Johanna, notre championne de France longue distance qui est si fluide dans l'eau, pour m'obliger à allonger… Par moment il faut remettre quand même des jambes car derrière… Au demi tour, je sais que je suis dans un paquet que je ne dois pas lâcher, mais je suis dernier de ce groupe ! Bon je sors (à priori) 80 de l'eau avec Romuald Lepers qui nage un poil plus vite que moi d'habitude.
Rinçage, enfilage du Camelbak, des vêtements et zou, j'embraye sur le spad, aéro jusqu'au casque que m'a prêté Wolfi, le mécano d'Hannes qui, lui aussi, participe à la course en G.A. Le rythme est bon, je ne m'enflamme pas et… c'est parti sur la route vers Hawii, je roule fort et je ne reprends… que des filles, enfin ce sont des pros et je les double pas vite, je fait aussi attention à ne pas être trop près des gars devant de risque d'un carton mais du coup, après le Km30 je me retrouve tout seul avec toutefois Romuald qui doit être le petit point que je devine (je ne m'étais pas trompé d'ailleurs). Maintenant concentration, hydratation, pourtant il ne fait pas super chaud, on a même droit à de petites averses, ma foi bienvenues, la route sera longue ! Juste avant Hawii je me fais reprendre par Karin Thurig mais elle ne me dépose pas, je suis bien mais je dois vraiment me faire mal, je suis confiant avec tout le travail que j'ai fait jusque là, cette année j'ai du matos, je sers les dents ! km120 je me fais reprendre par une fusée, puis deux… à ce moment je suis pointé 57 (spectateur), alors ne lâche rien, comme m'a dit mon pote Ludo : "Pour te reprendre va falloir rouler !" Ouis mais 10 km après je me prends un coup de bambou, aie aie, bon je m'affole pas, je connais ça, on mange un peu, on tourne les jambes mais le problème c'est qu'ici il n'y a jamais de moment de récupération ! Le parcours est une succession de longues montées et descentes en lignes droites interminables et c'est l'adjectif qui convient quand on se traîne !
"Reste lucide, ne te laisse pas aller à la facilité de prendre la roue des mecs qui te doublent". Pour mon premier Hawaii en pro, je ne veux pas que ma place soit usurpée, je ferai le temps que je vaux ! La suite va être gratinée. Je pose le vélo en 5h07. Environ 17 minutes de trop, mais bon je sais que je vais pas faire une perf' de dingue mais je cours bien alors ! Ben rien du tout, quand je descends du vélo j'ai l'impression d'avoir passé 12 rings sous les poings de Rocky balboa qui en plus m'aurait donné des coups de pieds ! Je m'assieds sur le banc dans la tente de changement et je commence à avoir des sanglots, je sais que c'est fini, je ferai rien, rien, rien. Mais je suis pas une mauviette merde; si je peux pas courir je peux finir, avec ce que je suis entraîné c'est pas 42 km de marche qui vont me faire peur, et puis ma soeur de kouk Anais serait là elle m'insulterait. J'imagine cela alors je me lève et je marche, comme un pingouin ! Punaise c'est terrible même
marcher c'est horrible, mais bon je suis pas obligé, venir là, faire du triathlon c'est mon choix, en fait avec le recul je n'ai pas de mérite d'avoir fini car je n'ai JAMAIS eu l'idée d'un abandon à l'esprit.
La marche va quand même durer 2H30, j'encourage ceux que je reconnais, et puis je sens à nouveau mon corps plein de vigueur. Comme je m'alimentais correctement pendant ma marche, j'ai repris des accus, allez hop on part à bloc, plus vite sera fini ce cauchemar mieux ce sera, je cours comme un idiot, à bloc, pour voir combien de temps je peux tenir, ça pourra me servir d'expérience pour mon prochain. Je cours jusqu'à exploser, tant qu'à faire puisque je sais que je pourrais toujours marcher. Essayons ! Je vais donc tenir 17 km environ et je coince au moment ou je rattrape mon pote Christophe, alias "Fironman". Il en bave, je fais le singe pour le remotiver mais il a pas besoin de ça, il est dans sa course, c'est bien, je suis fier de lui (mais pas de sa tenue de zèbre ahahaha).
Bon c'est reparti pour la marche, il y en a pas mal qui marchent mais quand tu les motive ils repartent c'est marrant, moi par contre à part courir les jambes tendues je verrais pas comment faire !
Et voilà l'arrivée, tous ceux qui marchaient se remettent à courir, moi pas. Attends je veux pas qu'on croit que j'ai tout le temps couru pour faire ce temps pourri, et puis une bonne humiliation ça fait pas de mal mais… c'est pas ce qui se passe, en fait en marchant entre la haie de spectateurs je savoure cet instant et baisse la tète devant cette épreuve, cette île, qui m'ont fait plier.
Toutefois, j'y suis arrivé, n'est ce pas le but final ? J'ai essayé, j'ai perdu, mais au moins j'aurai essayé. Je ne suis pas déçu, je dirai même bien au contraire, je pensais beaucoup à tous ceux qui me soutiennent, un abandon de mauviette ils n'auraient pas compris, c'était bien moi le 21 et j'assume, j'assume le fait que même en se préparant comme un pro, avec du super matos, du repos etc. ben ça fait pas tout, le sport a une grande part d'incertitude et c'est ça qui en fait sa beauté.
C'est ma vision de tout ceci. Rassurez-vous je suis loin de déprimer, j'ai des envies de nouveaux défis, ça va SAIGNER !
telle une molécule, je repars à mes occupations ...
Par humilité et comme la personne qui la écrit sur X-triathlon est anonyme (quelle bravoure) nous n'aurons jamais le nom de l'auteur qui a depuis peut-être arrêter le triathlon ...
"Voilà il est minuit en ce dimanche 22 octobre 2006, lendemain du très réputé Ironman d'Hawaii.
Je suis tranquille pour vous écrire à la villa, tout le monde est parti au "lulu's bar" se saouler… ou faire semblant de le faire, à priori il parait que c'est la fête, hum je l'ai déjà vécue deux fois cette "fête" et n'ayant pas un attrait particulier pour l'alcool et ses méfaits je suis bien,au calme, de plus je vais dormir un peu, avant de me taper trois tournées de camion pour aller chercher les valises/vélos et ramener ça à l'aéroport avec Daniel qui est sous directeur (de Hannes NDLR)en fait ,un ancien triathlète de haut niveau (plusieurs top 40 ici ).
Cette après-midi Hannes avait donc convié tout le groupe, allemands et français confondus sur un bateau le "Captain Bean" pour une mini croisière avec buffet, repas et spectacle local, chants, danse etc. Même si c'est à peu près le même chaque année, j'ai pu remarquer une certaine évolution quant à l'ambiance, en effet le directeur de Hannes France est Gaël Mainard, triathlète pro qui a pris sa "retraite" sportive a seulement 30 ans, même s'il continue toujours à faire pas mal de sport. Mais vu les sacrifices qu'il faut faire pour un seul coureur, c'est une nouvelle passion qui l'anime, cette organisation des voyages sportifs, et comme cela demande d'avoir les reins solides il est chapeauté par Hannes, voyagiste allemand qui a, français confondus, fait venir 700 personnes ce qui n'est pas rien et nécessite d'avoir une belle petite équipe. J'étais là pour filer un coup de main, soigner les petits bobos, accueillir les français, et puis pas mal de manutention pour les valises et les vélos. Il ne faudrait pas que les champions se fassent un tour
de rein… Amusant on m'a fait remarqué que j'étais costaud et que si je faisais du sport… (ah les allemands).
Hum, je m'égare en vous racontant ma vie, pour revenir à cette croisière j'ai senti une très bonne ambiance dans le clan français. Pour ma part je me réjouis de performances exceptionnelles de nos français en amateurs (résultats en fin de page), en pro Vernay 10 superbe, Chabaud coince à pied mais, avec fierté il fini tout de même 35, mention particulière à de jeunes françaises qui donnent un coup de sang neuf, Linda, Christelle, Nadège, Alex, Emmanuelle (une dame du tri, madame Cocusse). Personne n'avait l'air de se prendre la tète, mais concentré toutefois par l'enjeu et les sacrifices consentis pour être là !
Revenons donc à ma course. Me voici au départ natation, je me place correctement, en fait nous ne sommes pas plus de 150 donc vu la place qu'il y a je suis bien, derrière Spencer Smith, à ma gauche Al Sultan, enfin je me laisse pas impressionner là il y a que les tops champions.
PAN voilà c'est parti je nage propre, je pense à Johanna, notre championne de France longue distance qui est si fluide dans l'eau, pour m'obliger à allonger… Par moment il faut remettre quand même des jambes car derrière… Au demi tour, je sais que je suis dans un paquet que je ne dois pas lâcher, mais je suis dernier de ce groupe ! Bon je sors (à priori) 80 de l'eau avec Romuald Lepers qui nage un poil plus vite que moi d'habitude.
Rinçage, enfilage du Camelbak, des vêtements et zou, j'embraye sur le spad, aéro jusqu'au casque que m'a prêté Wolfi, le mécano d'Hannes qui, lui aussi, participe à la course en G.A. Le rythme est bon, je ne m'enflamme pas et… c'est parti sur la route vers Hawii, je roule fort et je ne reprends… que des filles, enfin ce sont des pros et je les double pas vite, je fait aussi attention à ne pas être trop près des gars devant de risque d'un carton mais du coup, après le Km30 je me retrouve tout seul avec toutefois Romuald qui doit être le petit point que je devine (je ne m'étais pas trompé d'ailleurs). Maintenant concentration, hydratation, pourtant il ne fait pas super chaud, on a même droit à de petites averses, ma foi bienvenues, la route sera longue ! Juste avant Hawii je me fais reprendre par Karin Thurig mais elle ne me dépose pas, je suis bien mais je dois vraiment me faire mal, je suis confiant avec tout le travail que j'ai fait jusque là, cette année j'ai du matos, je sers les dents ! km120 je me fais reprendre par une fusée, puis deux… à ce moment je suis pointé 57 (spectateur), alors ne lâche rien, comme m'a dit mon pote Ludo : "Pour te reprendre va falloir rouler !" Ouis mais 10 km après je me prends un coup de bambou, aie aie, bon je m'affole pas, je connais ça, on mange un peu, on tourne les jambes mais le problème c'est qu'ici il n'y a jamais de moment de récupération ! Le parcours est une succession de longues montées et descentes en lignes droites interminables et c'est l'adjectif qui convient quand on se traîne !
"Reste lucide, ne te laisse pas aller à la facilité de prendre la roue des mecs qui te doublent". Pour mon premier Hawaii en pro, je ne veux pas que ma place soit usurpée, je ferai le temps que je vaux ! La suite va être gratinée. Je pose le vélo en 5h07. Environ 17 minutes de trop, mais bon je sais que je vais pas faire une perf' de dingue mais je cours bien alors ! Ben rien du tout, quand je descends du vélo j'ai l'impression d'avoir passé 12 rings sous les poings de Rocky balboa qui en plus m'aurait donné des coups de pieds ! Je m'assieds sur le banc dans la tente de changement et je commence à avoir des sanglots, je sais que c'est fini, je ferai rien, rien, rien. Mais je suis pas une mauviette merde; si je peux pas courir je peux finir, avec ce que je suis entraîné c'est pas 42 km de marche qui vont me faire peur, et puis ma soeur de kouk Anais serait là elle m'insulterait. J'imagine cela alors je me lève et je marche, comme un pingouin ! Punaise c'est terrible même
marcher c'est horrible, mais bon je suis pas obligé, venir là, faire du triathlon c'est mon choix, en fait avec le recul je n'ai pas de mérite d'avoir fini car je n'ai JAMAIS eu l'idée d'un abandon à l'esprit.
La marche va quand même durer 2H30, j'encourage ceux que je reconnais, et puis je sens à nouveau mon corps plein de vigueur. Comme je m'alimentais correctement pendant ma marche, j'ai repris des accus, allez hop on part à bloc, plus vite sera fini ce cauchemar mieux ce sera, je cours comme un idiot, à bloc, pour voir combien de temps je peux tenir, ça pourra me servir d'expérience pour mon prochain. Je cours jusqu'à exploser, tant qu'à faire puisque je sais que je pourrais toujours marcher. Essayons ! Je vais donc tenir 17 km environ et je coince au moment ou je rattrape mon pote Christophe, alias "Fironman". Il en bave, je fais le singe pour le remotiver mais il a pas besoin de ça, il est dans sa course, c'est bien, je suis fier de lui (mais pas de sa tenue de zèbre ahahaha).
Bon c'est reparti pour la marche, il y en a pas mal qui marchent mais quand tu les motive ils repartent c'est marrant, moi par contre à part courir les jambes tendues je verrais pas comment faire !
Et voilà l'arrivée, tous ceux qui marchaient se remettent à courir, moi pas. Attends je veux pas qu'on croit que j'ai tout le temps couru pour faire ce temps pourri, et puis une bonne humiliation ça fait pas de mal mais… c'est pas ce qui se passe, en fait en marchant entre la haie de spectateurs je savoure cet instant et baisse la tète devant cette épreuve, cette île, qui m'ont fait plier.
Toutefois, j'y suis arrivé, n'est ce pas le but final ? J'ai essayé, j'ai perdu, mais au moins j'aurai essayé. Je ne suis pas déçu, je dirai même bien au contraire, je pensais beaucoup à tous ceux qui me soutiennent, un abandon de mauviette ils n'auraient pas compris, c'était bien moi le 21 et j'assume, j'assume le fait que même en se préparant comme un pro, avec du super matos, du repos etc. ben ça fait pas tout, le sport a une grande part d'incertitude et c'est ça qui en fait sa beauté.
C'est ma vision de tout ceci. Rassurez-vous je suis loin de déprimer, j'ai des envies de nouveaux défis, ça va SAIGNER !
telle une molécule, je repars à mes occupations ...