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Interview de Jerôme Chiotti

Publié : 08 sept. 2009, 22:23
par Kenzo
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Vélo 101: Jérôme, depuis ta retraite sportive à l'issue de la saison 2003, comment s'est passée ta reconversion professionnelle ?"Plutôt pas mal, mais je tiens vraiment à le dire, ce n'est ni grâce à l'Etat, ni grâce à la FFC, qui se gargarisent souvent en laissant croire qu'ils aident les athlètes de haut niveau à se reconvertir. Ma reconversion, je l'ai construite avec l'aide d'une seule personne qui m'a tendu la main au bon moment. Jean-Pierre Gruppi a créé une société qui aide justement les sportifs à se reconvertir. Je remercie aussi mon sponsor Lapierre qui a bien voulu que j'effectue, alors que j'étais toujours salarié chez eux, une formation avec le Fongecif. Bref, voilà, aujourd'hui, je suis gérant d'une structure composée de gîtes, chambres d'hôtes et d'un restaurant qui tourne pas trop mal ! Depuis cinq ans déjà,
je suis installé à Bragassargues, dans les Cévennes gardoises, vers Sommières."

As-tu gardé des contacts avec le monde du cyclisme et pratiques-tu encore le VTT ?"Des contacts ? Disons que le vide s'était opéré en 2000 après mes révélations et que les choses ne sont pas allées en s'améliorant ! Mais il y avait déjà bien longtemps que j'avais compris que le monde du cyclisme est éphémère. La solidarité n'existe pas dans ce milieu, c'est triste ! L'exemple Dupouey en est la plus désolante démonstration. J'ai gardé comme connaissances proches ceux qui étaient là le jour où on l'a enterré : Sophie Eglin, Laurence Leboucher, Ludovic Dubau... Côté route, c'est encore plus expéditif. Seul Christophe Laurent reste encore aujourd'hui un bon pote. Côté sport, je ne pratique quasiment plus depuis mon arrêt en 2003."

Il y a treize ans, le Championnat du Monde VTT avait lieu en Australie, à Cairns, et tu le remportais. As-tu suivi le Mondial organisé à Canberra ces derniers jours ?"J'ai regardé les résultats sur le Net mais rien de plus."

Quel souvenir gardes-tu de ce voyage de l'extrême en Australie en 1996 ?
"Pour le voyage, un très bon souvenir, et je retournerai dès que je pourrai en Australie pour parcourir ce beau continent. Côté sportif, je retiens peu de choses. Les gens sont toujours assez impressionnés de voir comme j'ai pu tourner cette page de ma vie."

Clin d'œil de l'Histoire, c'est le protégé de Thomas Frischnekt, le jeune suisse Nino Schurter, qui gagne devant Absalon. Portes-tu un regard toujours aussi dur et intransigeant sur le VTT de haut niveau ?"Je ne vais surprendre personne : toujours ! Mais ce qui change tout aujourd'hui et qui me fait penser que le cyclisme est sur la bonne voie, c'est l'efficacité de cette fameuse liste noire UCI qui débouche à chaque fois sur des contrôles positifs des coureurs visés. Seul hic, je trouve qu'il y a trop peu de noms sur cette liste !"

Cet hiver, le VTT français a perdu un de ses grands champions avec Christophe Dupouey, et toi un ami et ancien coéquipier. Est-il si difficile de passer de la gloire des podiums à une vie plus classique ?"Ca dépend de l'entourage familial, des amis, du travail de reconversion... Et puis, il y a les athlètes qui sont prêts et pour qui tourner la page n'est pas un souci et il y a les autres, ceux que l'on pousse vers la sortie, ceux qui n'ont jamais envie d'arrêter, ceux qui n'ont pas d'autres alternatives tout simplement. Christophe avait pourtant trouvé une reconversion sympa. Hélas, la vie est parfois trop compliquée et il suffit d'être fragile et seul à un instant de sa vie pour que tout bascule dans le noir ! Je demande seulement où étaient la Fédération, messieurs Cluzaud et Pitallier le jour de son enterrement ? Christophe a beaucoup apporté au VTT français, ça me dégoute une attitude pareille !"

As-tu déjà envisagé de passer tes diplômes d'entraîneur pour encadrer des jeunes et leur faire découvrir ton sport sainement ?
"Au risque de faire grincer des dents, on m'a donné les BE 1er et 2ème degré, comme beaucoup d'athlètes de haut niveau aujourd'hui derrière le volant de voitures d'équipes pros. Ceci dit, la situation globale du sport de haut niveau vis-à-vis du dopage n'était pas saine à mon goût pour me donner l'envie d'encadrer des jeunes. J'aurais eu le sentiment de les envoyer dans la gueule du loup. Mais une fois encore, les choses évoluent assurément de façon favorable, alors qui sait ? Je participe régulièrement à des colloques auprès des jeunes où on aborde le sport sous différents angles. J'y fais de la prévention bénévolement et j'apprécie cette implication."