Récits d'IRONMAN

Bonne humeur de rigueur, pour les sujets ne concernant pas le monde sportif merci de poster dans "...et plus si affinité".
cantaloo
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Recit Embrunman 2006

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Mardi 15 août 2006 : EMBRUNMAN 2006

Le réveil sonne à 03h30 et annonce le début d'une longue, d'une très longue journée. Les 10 personnes (amis et famille) logeant dans l'appart sont quasiment tous debout et vont vivre ce 15 août sous le soleil, le vent et enfin la pluie. Ce qui est dingue, c'est que je me rappelle de détails, qui pour beaucoup n'ont aucune importance, mais ont rythmé cette journée inoubliable. 03h37, je m'enfile un plat d'escalope – pâtes en espérant que cela me tienne au ventre un bon moment. L'appétit est présent et je peux lire dans les yeux de tous mes proches que la pression est là, est bien là.............. Je ne joue pourtant pas une place de vainqueur loin de là mais la boule au ventre me titille et me rappelle que cela fait 7 mois que j'attends ce jour. Après avoir vérifié une énième fois mes sacs, nous décollons à 04h35 (Maude, Micka, Michel, Bernadette, mon père, Gérald, Karine et moi-même) pour Embrun. Dans la voiture, il n'y a pas un mot, le silence en dit long..........

Nous arrivons au parc à vélo à 5h00, ce qui me laisse du temps pour me préparer. Je fixe mes pâtes de fruits sur le cadre du vélo, gonfle les pneus et installe mes affaires pour les 2 transitions. Je m'aperçois qu'il y a énormément de monde dans et en dehors du parc à vélo. Les spectateurs sont déjà nombreux au bord du lac de serre-ponçon. Après avoir vécu Nice l'an passé, je gère bien plus facilement cette dernière heure avant la course. Je prends mon temps pour ne rien oublier pendant les 14h, 15h, 16h voir plus d'efforts de course.

Il fait froid sur Embrun à cette heure : 6°C. Je n'imagine même pas au sommet de l'Izoard...................A 05h50, tout est prêt, j'enfile la combinaison et les 902 triathlètes présents se dirigent sur la plage dans un silence pesant. Je décide de me mettre sur un côté puisque je ne suis pas un bon nageur afin d'éviter de prendre des coups. Mieux vaut faire 50m en plus et faire une natation tranquille plutôt que de tenter le diable au milieu de tous ces fous furieux ! Il fait nuit mais on commence à distinguer le relief des montagnes avoisinantes quand le départ est donné à 06h00.

LA NATATION

Le début de course se passe relativement bien même si je trouve l'eau fraîche. Je me place vite sur un côté pour pouvoir nager souple sans me fatiguer. La 1ère bouée n'est pas visible étant donné l'obscurité mais j'avance en direction d'un énorme halogène basé à côté de la 1ère bouée à 500m. je suis surpris, je nage sans problème et je boucle le 1er tour en 36'. Pendant le 2ème tour, le jour s'est levé et je distingue les bouées de très loin. J'ai de bonnes sensations mais j'essaie de nager à l'économie pour sortir frais. Je commence à avoir froid dans les 500 derniers mètres. Il était temps que je sorte de l'eau. Le chrono indique 1h13' pour faire ces 3800m (cela fait 5 min de moins qu'à Nice l'an passé). Je suis satisfait mais reste prudent car la course commence véritablement maintenant. Je réalise une transition plus que pourrie puisque je mets 9 min dans le parc avant de partir. Je n'arrive pas à mettre mes chaussures de vélo, je suis congelé et chope 2 crampes aux quadriceps. La fraîcheur de l'eau fait ces premiers effets. Je me dis que tout rentrera dans l'ordre dès les premiers kilomètres de vélo. Je pars avec les manchettes et une veste coupe vent puisqu'il fait terriblement froid. Vivement que le soleil pointe le bout de son nez au plus vite...........

LE VELO

Et c'est parti pour 188 km de vélo et 5000m de dénivellé. Je pars prudemment mais après seulement 500m, la route s'élève à 8% et ce pendant 8 km. Je me réchauffe vite, les sensations sont bonnes. En haut de la première ascension, nous entamons la descente sur Savines le lac avec une vue exceptionnelle sur le lac de serre ponçon. Le revêtement de la route laisse à désirer. Je suis très vigilant. La chute ou la crevaison seraient mon pire cauchemar !!!!!!!!!!! Arrivée à Savines après 40 km et une moyenne de 25 km / h sans forcer, je me dis que je suis dans le bon tempo. Je double et me fait doubler. Je ne me souci pas du tout des autres, je roule à mon rythme en attendant avec impatience le pied de l'Izoard. Contrairement à beaucoup de monde, les ascensions sont les parties que j'affectionne au contraire des descentes et des longues lignes droites.

Le passage au rond point des Orres à Embrun après 48 km est un bon moment. La foule est présente des 2 côtés de la route : MAGIQUE ! Je continue en moulinant au maximum. Je sais qu'au km 54, je passe devant l'appart où seront placés tous les amis et la famille. Le moral est bon, les sensations toujours bonnes. Un petit coucou à tout le monde au fameux km 54 et je continue ma route au milieu de nombreux triathlètes. Je sens que je ne suis pas trop largué. J'ai l'impression d'être dans la grosse partie du peloton. La suite du vélo jusqu'au pied de l'Izoard (km 84) se fait sans problème et je m'aperçois que je rattrappe des concurrents dès que la route s'élève.

La route bifurque soudainement à gauche, ça y est , je suis au pied de l'Izoard. J'attaque le col doucement mais sûrement. Maude, Micka, les amis et la famille me suivent quelques instants . le compteur indique 12, voir 13 km/h. Ils me suivront quasiment jusqu'au bout.......... Je sais pendant tout la montée qu'ils seront là, sur le côté ou un lacet plus haut mais ils ne me lâcheront jamais : quel bonheur ! Après Brunissard, la route s'élève à 11% pendant quelques instants. Les jambes tournent bien, même très bien. A 2 km de casse déserte, les guiboles durcissent alors que je me sens bien. Tout d'un coup, une crampe à l'adducteur stoppe mon incroyable remontée et je suis obligé de m'arrêter quelques secondes. Pourvu qu'elle passe cette satanée de crampe.............. Je remonte sur le vélo . La crampe a disparu mais je sens l'intérieur de ma cuisse bien dure ! Je finis en moulinant et arrive à l'Izoard à 12h10. Le délai d'élimination est à 13h10. j'ai une heure d'avance. Parfait. Là haut, il fait froid, très froid, j'enfile les gants pour gérer au mieux la descente. Je prends mon ravito perso en ingurgite noix de cajou, sandwichs au jambon, et compotes : Quel bonheur !

Tout le monde est présent. Maude place le reste de mon ravitos dans mes poches et c'est parti pour la descente sur Briançon. Le compteur s'affole. Je prends tout les virages sans prendre le moindre risque mais dans les portions en ligne droite, j'essaie de faire monter la vitesse au maximum d'autant que le revêtement de la route est parfait. Le compteur indiquera au mieux 88 km/h. J'ai froid même avec une veste et des gants mais bon, je me dis qu'à briançon, il fera plus chaud. Pendant la descente, je ressens des crampes aux adducteurs. Je ne comprends pas sachant que je n'ai pas forcer dans la montée. Je mets cela sur le compte du froid. Je me masse les cuisses sachant qu'il reste encore près de 70 km après briançon. Autre mauvaise nouvelle, le vent plutôt fort nous ralentira sur les 70 km du retour ! Il faudra gérer ce paramètre qui va encore un peu plus corser le parcours : comme si ce n'était pas assez dur comme ça !

Au km 145, se dresse la fameuse côte de Pallon : une bosse courte de 1,5 km mais avec une pente moyenne avoisinant les 10 – 12 % . Je me dis qu'elle va m'achever, que je vais avoir de nouveaux des crampes, que je n'aurai pas le temps de déchausser avant de tomber. Je traverse un mauvais moment où toutes les pensées sont plutôt négatives. Allez seb, reprends toi ! je pense à Maude et Théo pour me redonner du courage et j'attaque cette bosse en mettant tout à gauche. Je double des concurrents alors que mon compteur indique 10 km/h. Certains sont à la dérive, d'autres....................poussent le vélo. A 200m du sommet, un triathlète au bord de l'agonie ne voit pas qu'une voiture est arrêtée au milieu de la route : c'est la chute . Je lui demande si tout va bien, il me fait signe que oui ! je continue ma route (toujours en croisant mes amis et ma famille : c'est bien plus remontant qu'une pâte de fruits ou une compote............).

La suite sera une alternance de montée et de descente avant d'attaquer la côte de Chalvet (4 km à 7%). Un spectateur annonce : 583 ème : Je pensais être plus loin mais je sens que j'ai fais un bon vélo et vu que la course à pied reste mon point fort, je suis extrêmement confiant. La dernière difficulté est un calvaire. Je n'en vois pas le bout ! une personne le long de la route m'annonce « encore 500m ». Quelques mètres plus loin, une autre me dit « allez, plus qu'1 km ». terrible désillusion. La pente est raide, la route est truffée de trous : la galère quoi ! Enfin, j'arrive en haut, plus que la descente et j'en aurai terminé avec le vélo. Ne restera plus que...................42 km à courir !

LA COURSE A PIED

Je pose le vélo après 8h36 d'effort et près de 190 km au compteur soit 23 km/h de moyenne environ. J'arrive à 16h00 quand le premier en termine. Il m'a mis un marathon dans la vue ! Allez, je rentre au parc pour faire encore une transition.....................................pourrie soit 11 min pour m'asseoir, reprendre mes esprits, me ravitailler, me changer, enfiler les baskets et éviter de penser que je pars pour 42 bornes. J'oublie même d'enlever mon cuissard de vélo et de remettre mon dossard ; je retourne vite vers ma chaise et je remets tout cela d'aplomb avant le marathon. Le public est nombreux et encourage tout le monde : que c'est beau le sport ! Je pars sous le soleil (pour le moment). Je cours à 11 km/h : les sensations sont bonnes mêmes si les cuisses commencent à être lourdes, très lourdes !!!!!!!!!

Je passe au 10ème km en 58 min. Je cours dans toutes les montées même dans la principale difficulté de 1,5 km à 5%. Je ne saute aucun ravito. Je tourne au coca et à l'eau. Je continue de doubler du monde. Certains concurrents marchent, sont assis par terre ou me doublent à vive allure. Je m'apercevrai un peu plus tard que ces derniers sont dans leur 2ème tour.................... Je passe au semi en 2h07, plutôt satisfait. A ce rythme, je bouclerai l'épreuve en 14h30 alors que j'avais prévu entre 15h et 16h. Et à partir de maintenant ou plutôt à partir du 24ème, j'ai l'impression que les km sont de plus en plus long.

Les jambes viennent de dire STOP ! je commence à alterner marche et footing à ....................8 km/h ! La route est longue. Je commence à me faire doubler. Les ravitaillements me dégoûtent. Je traverse un très, très, très mauvais passage et pour couronner le tout : il pleut non plus quelques gouttes mais des cordes ! Au 29ème km, Micka commence à m'accompagner et trottine ou marche à côté de moi. J'ai froid : la pluie et la fraîcheur du soir me font trembler.........je sens mes dents qui claquent ! Cette galère durera jusqu'au 36ème km où une bénévole me donne un sac poubelle pour me protéger de la pluie. Pourvu que cette dame aille au paradis : quel bonheur. Je commence à me réchauffer. De plus, les derniers ravitos sont composées de tomates et de thé....................CHAUD : ces petits rien (sac poubelle + thé chaud) me regonflent le moral. Il continue de pleuvoir à seau ! j'ai les pieds qui baignent dans l'eau mais je sens que la fin est proche !


Micka est complétement trempé mais ne le fait pas savoir : il m'encourage et me dit de penser à cette ligne d'arrivée, à Théo et Maude qui m'attendent sous la pluie. Je ne les remercierai jamais assez ! maude m'a toujours soutenu et je pense que son soutien est une des clés de la réussite de cet Embrunman et de toute ma pratique sportive en générale ! Quand je vous dis que j'ai une femme exceptionnelle.............. Les derniers km sont en descente. Je vois les lumières d'Embrun dans le bas. Je cours à vive allure ou plutôt j'ai l'impression de courir vite car je dois galoper à ................11, voir 12 km/h seulement ...............en descente. Plus je m'approche de la ligne d'arrivée et plus je repense à tous ces entraînements depuis janvier ! Je sens que c'est gagné même si ce 2ème semi à été long, trop long mais je n'ai pas flanché moralement. La pluie n'est plus la seule à humidifier mon visage : l'émotion commence à monter. Voilà pourquoi je m'entraîne des mois pour avoir ces émotions là : c'est beau ! Entre triathlètes, nous nous encourageons ! le dernier tour de lac avec Micka et Gérald se fait toujours sous une pluie battant et dans la boue mais quel bonheur !

L'ARRIVEE

Je vais boucler le triathlon d'Embrun après seulement 2 ans de triathlon derrière moi ! Je ne passerai pas sous les 15h mais peu importe ; Je vois Maude, Théo et tous les autres dans la dernière ligne droite et malgré la pluie, il reste des spectateurs : chapeau car ils sont là depuis ce matin ! Je passe la ligne d'arrivée avec Théo dans les bras après 15h00'45'' en 558ème position sur 902 au départ. Quelle journée ! Aussitôt passé la ligne, je ressens le besoin de m'allonger. Je vais faire bosser les pompiers qui me place sous une couverture et me place sous perfusion pendant 20 min. Maude, à mes côtés, à l'air fier de moi. Elle me dorlote comme si elle s'occupait de Théo. Je suis cuit mais heureux ! je suis content comme un gosse avec mon T-shirt de finisher mais bien au-delà de ce fameux maillot, je sens que j'ai rempli mon contrat dans la douleur certes mais bon, je m'y attendais un peu. Maintenant place à la récup...........A quand le prochain !!!!!!!!!!


Bilan :

Natation : 1h13'26'' soit 567 ème
Transition 1 : 9'27
Vélo : 8h36'59'' soit 571 ème temps
Transition 2 : 11'05''
Course à pied : 4h49'52'' soit 547 ème temps

Total = 15h00'45''
558ème sur 902 au départ avec 778 arrivants et 124 abandons

Analyse :

- une natation et un vélo satisfaisant
- des transitions pourries
- la course à pied où je pensais être le mieux s'est transformé en calvaire sur les 20 derniers km
- Que de sentiments traversés pendant cette journée : joie, bonheur, souffrance, doute, ......................
- A refaire et se rapprocher des 14h pour rentrer dans les 350 premiers (c'est possible)...................... et prendre autant de plaisir (ça, c'est sûr)
- A tous les amateurs : ça reste une journée inoubliable !!!!!!!
Les seules limites qui existent sont celles que l'on se fixe
Akunamatata
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Message non lu par Akunamatata »

joli recit !
bel exploit apres seulement 2 ans de triathlon.
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Oliv'
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Message non lu par Oliv' »

Super ton récit, on vit la course avec toi. Et bravo pour la perf de finisher, c'est le pied, non ? :wink:

A+
"Force et honneur, Maximus !"

www.energy-trip.com, votre Agence de Voyages en ligne...

Allez faire un tour sur: http://www.blogg.org/blog-29724.html
cantaloo
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mon recit

Message non lu par cantaloo »

Ce truc là : il faut le vivre au moins une fois dans sa vie!!!!!!!!!!

j'en frissonne encore

Objectif 2007 : Embrunman (s'il existe encore ou Ultra trail north face du mont blanc
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Akunamatata
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Re: mon recit

Message non lu par Akunamatata »

cantaloo a écrit :Ce truc là : il faut le vivre au moins une fois dans sa vie!!!!!!!!!!

j'en frissonne encore

Objectif 2007 : Embrunman (s'il existe encore ou Ultra trail north face du mont blanc
si tu veux faire l'UTMB l'an prochain
Un peu de pub pour le site kikourou pour les recits UTMB
http://www.kikourou.net/calendrier/cour ... -2006.html
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xironteam
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Message non lu par xironteam »

Petit résumé de Almère (Ironman très populaire en Hollande depuis 1981)

.encore très fatigué de Franckfurt le 22 juillet... j'ai quand même mis l'ambiance ....!!

Des le depart je repère Longrée et Rob Barel alors je me met avec eux ...
Coup de départ je pars très vite pour eviter les coup jusqu'a la premiere boué, je passe 1ier en dos et je me rends compte que j'ai fait un trou ... seuls Barel et un autre sont dans mes pieds ....
Camera du zodiac sur moi je me sens fort et nage en tête toute la nat pour sortir 1ier en 52' (3km900 annoncés )

Mauvaise transition je merde avec la combi (premiere fois que je l'utilisais .. ZOOT ) je sors du parc 2 et pendant que je met mes chaussures le 3ieme passe et rejoint barel ... je roule seul jusqu'au KM 12 et je decide de faire l'effort pour revenir car personne derrière ....
Je les reprends au KM 18 et de suite je me met en tête et donne le tempo
KM 30, 3 mecs reviennent (dont Max Longree 8ime a l'Ironman UK 2005 et 6 ieme a Zurich 2004 avec crevaison) mais ils restent derrière et tout le monde est a 10 mètres
Je reste toujours en tête en mettant le tempo et empèchant le retour d un groupe de 12 mecs avec notament mon pote Wim De Donker (souvent entre 5 et 8ième sur tous les Ironman qualificatifs ou il participe )
KM 120 tjrs en tete je me trompe de parcourt et pers 40" sur le groupe que je menais ... je me retourne la gueule et revient a 189 puls /min !!!!!!!! et je reprends la tête jusqu'au KM 155

KM 155 Longree et son pote hollandais du_ même club je pense attaquent violament et je ne peux pa suivre .... je ne pe que les regarder partir à 4 avec mes 2 potes du debut (Barel et celui qui finira 2ième dela course qui fait partie de l'équipe des Pays bas longue distance)

Je fini Niké le velo je passe de 40 a 25 et le 5ième fini par me doubler aussi mais il est flingué aussi .... je ne l'accroche même pas pu envis ... je préfère manger et boire tout ce que j'ai et j'essais de me pisser dessus ... pa moyen

KM 182 arrivée au parc toujours 6ième avec une bonne avance sur le pack de derrière, je prends mon temps a la transit pipi caca ;;;;; temps du vélo malgrès 25 KM de galère 4h47 !!!!!! c'a sac !!!!!


c'est partie pour 3 x 14,2 Km .... je cours sur des oeufs ... sans lever mes jambes .. la flotte est degeu (c'est pour ça que j'ai chié ) je prends un peu de Extran mais c'est trop fort alors je melange chaque fois avec de l'eau je cours en 3h26 et je pers 3 places ....

fini 9ième en 9h11 Barel 7 ième en 8h57 est la pour m'applaudir et me félicite devant tous au micro en disant que sans moi les premiers auraient roulés bien moins vite .... lol il en faut pa plus pour que je sois content .... j'arrive donc a 17h20 et a 18h20 je suis dans ma caisse pour le retour ...
Les moins de 9h ce sera pour 2007 , j'avais très peur à l'idée d'enchainer 2 iron en 1 mois mais la prestation de Romu Lepers à Embrun après Klagenfurt m'a donné envie de me battre .... (merci romu !)

Bilan: organisation nickel ! à faire absolument ds sa carrière ironman !!
NickTheQuick
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Message non lu par NickTheQuick »

xironteam a écrit : (dont Max Longree 8ime a l'Ironman UK 2005 et 6 ieme a Zurich 2004 avec crevaison)
... également 7à Lanzarote 2006, 10è à Zurich 2006 et toujours en GA :x :twisted: avec beau sponsor L Carni Pure :roll:

Nick
Augustin
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Récits d'IM

Message non lu par Augustin »

Je complète ce recueil avec mon récit de l'IM Hongrie 2006, il ya 2 semaines. Bonne lecture, c'est long!
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Ironman Hungary – samedi 26 août 2006 (Nagyatad)

Préambule
Jamais ne m’étais imaginé pouvoir prendre part à nouveau à cette course, mais vu que j’ai eu l’occasion de prolonger mon expérience professionnelle Hongroise d’une année supplémentaire, j’en profite !
Comme l’an passé, je pars du principe que cela me permet « d’amortir » mes 8 mois d’entraînements plus ou moins acharnés sur 2 épreuves et non sur une seule (car j’ai fait Roth 8 semaines avant) : la ruse de sioux ! ? On verra bien !

Cette année, pour la 16ème édition de l’IM Hongrie baptisée « Extrême Man », le record de participation est battu avec 251 individuels et 30 équipes de relais attendus. Cela fait sourire quand on compare aux 2000 inscrits des IM labellisés, mais ici les organisateurs sont aux anges et ils ne l’ont pas volé: la course a tellement bonne presse qu’elle accueille même une flopée de 10 fois et plus « Finishers ».

Comme l’an passé, je m’inscris un mois avant (la date limite d’inscription est en effet fin juillet) et pour la modique somme de 100 euros. A ce moment là il n’y a que 187 individuels inscrits…Parmi lesquels mes compères quadras de l’an passé: Miklos et Kornel, qui en sont à leur 8ème édition chacun. Rendez vous est pris pour s’organiser un week-end en tir groupé en réservant l’hôtel / pension de l’an passé sauf que là nous serons une dizaine de compétiteurs, répartis en individuels et relais, et avec accompagnateurs.
Comme l’an passé mon gentil employeur me sponsorise entièrement J en échange de quoi j’arbore fièrement sur mes tenues son logo et son nom (je lui dois bien ça !).

La course a lieu à l’extrême sud du pays, à la frontière entre la Hongrie et la Croatie (3 h de route depuis Budapest). Les prévisions météo ont l’air bonnes, en tout cas pas de canicule de prévue mais à l’inverse plutôt un temps frais, très nuageux voire même pluvieux.

Je me pointe là bas avec une prépa sur 8 mois qui totalise 281h (contre 230h en 2005) réparties de la façon suivante:
Natation : 170 km (120km en 2005) avec de bonnes sensations
Vélo : 1950 km (1650 km en 2005) c’est toujours peu pour aborder ce genre d’épreuves mais je ne peux guère faire plus, il faudra que ça suffise !
Home-trainer: 103h (65h en 2005) bon là je suis un adepte mais il y a plus de volume que de qualité !
Enfin en course à pied je totalise 700 km (contre 1000 km en 2005) c’est là que le bât blesse, j’en suis biens conscient…

Mes objectifs pour cette nouvelle édition sont simples, primo c’est d’être à nouveau Finisher, secundo si possible améliorer mon temps de l’an passé (10h20) et tertio : casser la barre des 10h pour ce qui devrait être mon dernier Ironman.
Pour atteindre ce graal, je prévois de nager en 58-59 minutes, rouler en 5h30 et courir en moins de 3h30. Pas évident, mais comme on dit « à l’impossible nul n’est tenu » !

Sur ma feuille d’inscription j’ai noté 9h50 comme temps d’engagement, ce qui me permet de bénéficier d’un bonnet rouge pour la natation, réservé aux 20 « top athlètes »…j’ai la pression désormais !

Arrivée sur place le vendredi midi, je file à l’hôtel déposer et préparer armes et bagages
Puis file en direction du triathlon expo pour aller y retirer mes dossards, sacs de transition et puce de chrono. Comme l’an passé je retrouve une jeune bénévole qui parle français et me prend en charge. Il y a quelques stands d’exposants mais cela reste assez microscopique et j’en ai vite fait le tour.
En fin d’après-midi a lieu le briefing en anglais avec mon pote Zoli, ancien champion local (9h02 sur la distance) et authentique passionné. Cette année je constate que le nombre d’étrangers a radicalement augmenté, je suis entouré de Polonais, de Tchèques, de Croates, et d’Espagnols. Et ils n’ont pas l’air de venir pour faire du tourisme !!!
Dans la foulée je dépose mon sac de transition vélo-cap au parc et tâche de me remémorer la configuration des lieux pour le lendemain.
L’heure du traditionnel plat de pâtes a sonné puis nous essayons d’aller chercher le marchand de sable car dans quelques heures nous avons une rude journée prévue !

Le samedi matin, lever aux aurores (un peu avant 4h) afin d’attaquer ce que je peux du gatosport fait maison et déjà penser à s’hydrater. On décolle peu après 5h pour rejoindre le départ (à 40km du cœur de la course) et c’est toujours avec la nuit que nous arrivons pour installer nos vélos dans le parc avant de nous préparer pour la partie natation.
Je vérifie que mon vélo est fin prêt pour la bataille, les boissons sont en place, les barres et gels sont à portée de main, le bidon de réparation contient bien le boyau de rechange, la clé multi outils et une mini pompe, bref tout à l’air paré.
J’engloutis une Power Bar 30 min avant le départ natation et en attendant pendant que le jour se lève, la sono hurle ses décibels et tout le monde discute, zieute les vélos des uns et des autres bref tue le temps avant d’aller se placer au bord du lac.

La course :
Comme l’an passé, le départ à lieu dans le lac d’une ville voisine, en une seule vague, et à 6h50.
Nous ne sommes pas très nombreux (250 individuels, les concurrents du relais ayant un départ décalé) et le départ n’en sera que facilité.
C’est parfait, pas de surprise l’eau est à 22,1° donc les combis sont autorisées. A cette heure ci le lac est sous une épaisse couche de brouillard, on distingue à peine la première bouée. Ca ne va pas être triste !
Un rapide échauffement plus tard, nous sommes agglutinés sous le portique de départ mais avant de partir un prêtre en soutane vient dans l’eau en face de nous pour bénir la course. Sympa !
Mes 19 autres collègues aux bonnets rouges et moi nous avons la chance de nous élancer en première ligne et peu avant 7h du matin nous nous apprêtons à partir comme des fanfarons pour la première boucle.

Enfin le coup de canon est donné, nous nous précipitons et dès le départ ça bastonne pas mal. Cela part vite mais le groupe est dense et les coups sont légion. Après 300m cela va mieux, je peux enfin me consacrer à ma glisse, technique de nage et respirations en 2 ou 3 temps pour vérifier mon orientation. A la deuxième bouée je suis à près de 100m du groupe de tête et constate que cette année le niveau est beaucoup remonté car il y a quand même encore du monde autour de moi (l’an dernier seules 10 personnes ont nagé en moins d’une heure, et en 2006 ce sera 27). D’ailleurs à cette même bouée je me rends compte que je fais la locomotive de mon groupe car j’ai 5 nageurs à ma suite et qui d’ailleurs finiront par m’énerver vu qu’ils ne prendront aucun relais et surtout collent tellement que leurs mains tapent sur mes pieds durant un bon bout de temps.
A la mi-parcours, c’est une sortie à l’australienne, coup d’œil vite fait au chrono qui m’indique 28’16 et je replonge pour la deuxième boucle. Ouf j’ai réussi à me débarrasser de mes poursuivants et j’essaie de fournir mon effort pour aller chercher le deuxième groupe (la tête de course doit être loin de toutes façons !) mais finis par renoncer pour garder du jus pour la suite des évènements. Impeccable, désormais le brouillard s’est complètement levé donc pas de soucis d’orientation. Je tâche de rester concentré, m’économise du mieux que je peux et tente d’optimiser mes trajectoires. Enfin la ligne d’arrivée se rapproche, je relâche les bras mais remet en route les jambes et me remémore la transition à venir. Bon cela passe vite, on dira ce que l’on voudra je trouve que 3800m c’est trop peu par rapport à ce qui nous attend après.
Fin de la natation en 58’50 (21ème temps natation), c’est exactement mon temps de Roth et ça me rassure car ce sera ma (seule ?) satisfaction : une natation en moins d’une heure c’est possible même avec moins de deux entraînements hebdomadaires!
J’attrape mon sac de transition en vitesse situé entre la sortie de l’eau et la tente de changement et file sous ladite tente me changer pour adopter une tenue complète de cycliste avec les manchettes et file rejoindre mon fidèle Orca.

A la sortie du parc un coup d’œil rapide à ma montre m’indique une première transition en 3 min 25, mouais pas transcendant, c’est une minute moins bien que l’an dernier, et c’est parti pour les 180 km à travers la pampa hongroise.
Le parcours est composé d’une première partie de 75km puis de 3 boucles de 35km chacune.
Le dénivelé positif de « seulement » 490m laissant entrevoir un temps vélo rapide…sauf que l’état de la route n’est vraiment pas terrible ! Au début et on passe même dans une réserve naturelle (interdite aux voitures) dont la route peu large est parsemée de gravillons et de trous…mais les paysages sont grandioses (lacs immaculés encore sous la brume, sous-bois endormis) mouais on n’est pas là pour faire du tourisme alors pas trop le temps de flâner !
Dès le départ j’ingurgite un gel et essaie de boire régulièrement car j’ai la fâcheuse tendance sur mes courses à ne jamais manger ni boire suffisamment. J’utilise mon compteur comme montre pour me forcer à ravitailler régulièrement et essaie de rester concentré.
Bon je me rends compte que je suis parti un peu vite et me retrouve avec des bons bourrins de la route aux mollets gros comme mes cuisses et qui, comme moi, se retrouvent bloqués à un passage à niveau ( !) à cause d’un train relou (mais un arbitre nous chronomètre pour nous re-créditer du temps perdu à l’arrivée)
Je laisse le premier ravito du 28ème km, je suis pleinement équipé et je me concentre sur ce qu’il me reste à faire : tourner les jambes encore et encore !
Je suis à près de 35 km/h de moyenne, comme prévu je m’enflamme mais je suis grisé par la vitesse et ne me lasse pas de mon Orca monté avec les Xentis : que du bonheur cette association !
Déjà le ravito du 53ème km, je renouvelle mon bidon d‘eau à la volée et m’empiffre de quelques morceaux de banane.
Je continue mon bonhomme de chemin et passe le 60ème en 1h45 puis le 70ème juste après 2h de selle…Hum m’est avis que le coup de bambou va être rude pour le fanfaron que je suis!
Mais impossible de résister à la tentation, qui sait si jamais j’étais dans un grand jour capable de sortir un chrono vélo canon ?
Au 75ème je passe (en 2h10) devant le parc à vélo de la deuxième transition, il reste donc la boucle de 35 km à parcourir trois fois. Les supporters sont là, cela fait du bien et le speaker (toujours mon pote Zoli) a toujours un mot sympa pour le français de la course J
Bon là ce qui est moins cool c’est que je commence déjà à en avoir marre, le problème étant que cette boucle à parcourir trois fois, je la connais et elle n’est pas super folklo !
Les ravitos se succèdent puis je passe au 100ème en 2h55 (2h50 l’an dernier) mais la lassitude s’installe…pas cool d’autant plus qu’il me reste bien 2h30 de selle environ ! Il y a un peu de vent mais ce n’est pas trop gênant, et question météo finalement nous avons de la chance : pas de pluie, ensoleillé et nuageux, bref c’est idéal.
Au 110km je passe en un peu moins de 3h20 et finis ainsi la première boucle, au passage je jette mes manchettes à mes supporters et récupère mon ravito perso à la volée, miam miam deux sandwiches salés qui vont faire du bien !
Ma baisse de rythme se confirme et je passe au 120ème en 3h33’33 puis au km 145, même topo sauf que c’est maintenant la fin de la deuxième boucle (en 4h30).
Alors c’est parti pour la troisième et dernière boucle, je m’accroche comme je peux. La météo est toujours bonne et il fait même chaud (30° !) alors que la veille on avait un temps pourri ne laissant rien présager de bon pour le jour de la course.
Depuis quelques temps j’ai vraiment mal à un doigt de pied et me dis tant pis je verrais ça à la transition dans 20 km. Mais la douleur est trop forte et peu après le 160ème je dois m’arrêter sur le bas côté pour regarder ce qu’il en est. Je sais déjà d’où ça vient, m’étant infecté ce doigt de pied en coupant -mal, évidemment- ce fichu ongle de pied. Je frotte, je souffle, j’arrose avec mon bidon d’eau en espérant que ça passe car je me vois mal enchaîner un marathon dans ces conditions. Et j’enrage à l’idée de devoir abandonner sur ce genre de motif !!!
Je repars et ça à l’air de passer, et je me concentre sur ces derniers kilomètres restant à parcourir, car pour moi qui ne suis pas cycliste eh bien 180 km qu’est ce que c’est long !

Je fais un rapide bilan énergétique de ce que j’ai ingurgité : 1 bidon de boisson énergétique, 3 bidons d’eau, 1 Gel (perdu le deuxième en route), 2 Power Bars, 2 sandwiches salés et 5 morceaux de banane. Eh bien avec le recul ce sera un peu juste, encore une fois !
Argh, vais-je un jour arriver à trouver le bon compromis ?
L’arrivée est proche, je dégage mes mitaines, pose mes pieds sur mes chaussures (comme les pros !) puis saute du vélo en marche au moment de la ligne d’entrée dans le parc, confie mon spad à un bénévole et me précipite dans l’aire de transition.
Un rapide coup d’œil au chrono m’indique une fin du vélo en 5h43 – moyenne à 32 km/h et 62ème temps vélo, ouille !- ben pas de quoi pavoiser !
A cette deuxième transition je change toutes mes fringues pour adopter un shorty, un débardeur, une casquette, une nouvelle paire de chaussettes et mes fidèles New Balance.

Moins de deux minutes plus tard je m’élance pour la première des 6 boucles de 7km, assez barbantes pour les coureurs mais beaucoup moins pour les spectateurs (boucles en forme de 8 et en centre ville). J’appréhende beaucoup ce doigt de pied récalcitrant mais cela à l’air d’aller alors j’essaie de ne pas y penser!
Je n’arrive pas à courir proprement, j’ai une pointe de côté qui ne passe pas, signe de mon hydratation insuffisante à vélo…je m’efforce de ne rater aucun ravito et petit à petit cela finira par passer. Les ravitos sont d’ailleurs dépourvus de nourriture « solide », pourtant ce n’est pas faute d’avoir réclamé des bananes dans les suggestions suite à l’édition de l’an passé !
Il y a des pastèques et quelques bouts de biscuits microscopiques mais rien de plus consistant, dommage ! En ce qui me concerne cela veut encore dire que je ne me suis pas alimenté assez à vélo…Je me rassure en me disant qu’il n’y a pas tant de monde que ça devant moi, et puis ces derniers sont surtout cyclistes donc pas forcément parés pour le marathon, j’ai donc une carte à jouer !
Fin du 1er tour et passage du 7ème km en un peu moins de 36’, arrêt pipi inclus. C’est pas terrible mais cette fichue pointe de côté m’a obligé à marcher pour tenter de la faire partir. Les sensations ne sont pas terribles et autant l’an dernier je me disais que je prenais plus de plaisir à courir un marathon dans le cadre d’un Ironman que pendant un marathon « sec », autant cette année j’ai changé d’avis !
C’est marrant parmi les compétiteurs je reconnais plusieurs têtes connues, croisées lors des différentes courses à droite et à gauche, et nous nous encourageons mutuellement à chaque passage. J’ai beau ne pas être Hongrois, je finis par connaître pas mal de locaux et faire mon trou alors que je ne comprends toujours pas bien leur langue !
Au 2ème tour rebelote je passe en 1h16 (pour faire 14 km !) et là patatras, on se prend un méga orage qui va durer jusqu’au 35ème kilo…la température chute brutalement de 30° à 18°, et le vent qui s’est levé à vite fait de calmer nos ardeurs ! Je me motive en me disant « déjà 1/3 de fait, et à la prochaine boucle ce sera la moitié ». Surtout ne pas penser aux 28 km restant à parcourir, mais saucissonner la course en étapes comme conseillé par Firo. Et ça marche !
Je continue mon chemin (de croix ?) et passe le semi en 1h56 : c’est vraiment pas terrible !!! Dès lors je sais que mon rêve de faire moins de 10h est irréalisable, et pire je me rends compte que je ne pourrais pas améliorer mes 10h20 de l’an passé.
Badaboum mon moral en prend un coup et je deviens paresseux (je discute avec un espagnol complètement taré, qui en est à son 5ème IM de l’année…dont celui d’Embrun terminé 15 jours avant !) et je marche pendant les ravitos et même parfois entre.
A la fin de la 4ème boucle (et donc des 2/3 du parcours), je calcule que si je continue ainsi je vais faire non seulement 4h ou plus sur le marathon (alors que c’est sensé être ma spécialité…) mais surtout 11h au final !
Pas question d’en arriver là, je sors le grand jeu et décide de faire le fanfaron jusqu’au bout : j’accélère brusquement et ne marche plus aux ravitos tout en me concentrant sur le chrono. Et ça fonctionne ! La 5ème boucle est effectuée en 37’ contre un rythme de 40-45 précédemment.
Je reprends du monde et savoure même la dernière ligne droite avec le portique d’arrivée en ligne de mire. J’accélère et boucle ce dernier tour en 38’ pour franchir la banderole d’arrivée après 10h46’30 d’effort et 3h58 minutes au marathon (50ème temps cap).

Je ne profite pas tellement de mon arrivée, déçu que je suis par ma prestation du jour, tant pis pour moi ! Je récupère mon Polo « Finisher » et retrouve mes accompagnateurs qui ont mes affaires de change. Pas de ravito à l’arrivée, vraiment dommage, mais du Red Bull (sponsor oblige) histoire de se requinquer !
Il pleut toujours mais plus que par intermittence, ce qui explique le peu de spectateurs étant restés autour de l’aire d’arrivée. Une bonne douche salvatrice plus tard je vais encourager mes autres compères qui finiront ensemble en un peu moins de 12h30, dédiant leur course à un ami parti trop tôt.
Le vainqueur est le même que l’an dernier, il s’appelle Joszef Major, est jeune (27 ans), et va faire parler de lui (il a notamment fini 4ème à Nice en juin dernier…) en plus il pulvérise le record de l’épreuve de près de 20 minutes avec un chrono de 8h22 (avec un marathon en 2h47 !) alors que le dernier compétiteur mettra… près de 15h pour rallier la ligne d’arrivée.

Dans l’aire d’arrivée je discute avec un nageur hongrois que je retrouve à toutes les traversées de lacs en Hongrie, lui est venu faire la compétition de 10 km de natation… en piscine ! (soit la bagatelle de 200 longueurs dans un bassin de 50m) mais est déçu de sa 3ème place (2h15 de course tout de même, les connaisseurs apprécieront).

Au programme le soir il y a la retransmission de la vidéo de la course puis peu avant 23h c’est l’extinction des feux et l’arrivée des derniers concurrents (avant le couperet des 16h de course).

Le lendemain, en milieu de matinée la tradition veut que nous soyons tous invités au palais des sports où nous prenons connaissance des classements.
J’apprends ainsi que je ne figure pas dans le classement national longue distance, pour la simple et bonne raison que je ne suis pas licencié !
Mieux que l’année dernière, le DVD de la course est déjà dispo, il a été monté pendant la nuit, dupliqué en quantité et proposé pour la modique somme de 3,5 euros…quand je vous disais que c’était familial !
La remise des récompenses s’ensuit, ambiance vraiment sympa ou chacun est invité à arborer son polo de Finisher et est appelé par ordre décroissant d’arrivée sur l’estrade pour recevoir son diplôme (diplôme en couleur avec la photo de notre arrivée et nos temps intermédiaires). Terminant 39ème de l’épreuve (contre 23ème l’an passé) sur 217 classés (34 abandons), j’aurais donc la chance d’être appelé sur scène assez tard.
Je retrouve mon pote mécano vélo et outsider de la course, il a malheureusement dû abandonner lors du marathon après avoir été n°2 à quelques secondes du leader pendant les parties natation et vélo (vélo en 4h40 mine de rien qui a laissé des traces…)
Enfin et pour clôturer cette compétition nous nous retrouvons tous ensemble autour d’un déjeuner sur place histoire de reprendre des forces et relater nos expériences de courses diverses et variées avant de nous séparer et rentrer à Budapest.


Conclusion : c’était mon quatrième et –normalement- dernier Ironman et tous ont été courus entre 10h20 et 11h00 et sur deux années « seulement ».
Avec le recul, ma préparation a été plus sérieuse que l’an dernier et mon esprit de revanche est demeuré intact depuis ma contre-performance de Roth, malheureusement je constate que mes capacités ne me permettent pas de faire mieux.
Difficile aussi d’évaluer l’état de fatigue lié à l’enchaînement de deux Ironman en deux mois et l’influence sur la performance.
Dommage, mais ce n’est pas le plus important car j’ai toujours eu la chance de finir mes courses, qui plus est dans un état plus que correct, et dans une fourchette de temps « satisfaisante » parait-il.
Je suis quand même heureux de pouvoir nager sous les 1h (n’étant pas du tout nageur) mais par contre terriblement déçu de mes temps sur marathon alors que c’est censé être ma spécialité. Pour le vélo pas de surprises, je ne suis pas cycliste et m’entraîne peu, donc pas de miracles je n’ai que ce que je mérite !
Enfin en ce qui me concerne je pense qu’il est préférable de ne pas faire deux fois la même épreuve car le fait de connaître les parcours est à mon sens un inconvénient, surtout quand on est planté !

Je retire de ces quatre expériences beaucoup de plaisir et un sentiment d’avoir fait quelque chose de « grand » mais maintenant place à autre chose, j’ai d’autres projets !
Je dis ce que je pense et je fais ce que je dis: L'IM une fois que l'on y a goûté...
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ironturtle
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Ironman Autriche 2006 – Récit sous forme de lettre ouverte à ceux qui ne peuvent pas s’entraîner beaucoup et renoncent en conséquence à se lancer sur distance Ironman… (version longue du récit publié dans Trimag N° 14, pages 96 et 97)

“You can get it if you really want ! But you must try, try and try…”*

“You are an Ironman” : cette phrase évoque Hawaii, Mark Allen, Peter Reid… mais pas vous ! Vous aimeriez l’entendre, mais « je nage trop mal », « je n’ai pas le temps de m’entraîner », « je ne pourrai pas courir un marathon »… Et pourtant ! En tout triathlète sommeille un Ironman, j’en suis certain. Laissez moi vous raconter Klagenfurt et réveiller en vous le Finisher…

Après une première expérience à Nice en juin 2005 (course bouclée en15h18, avec au compteur depuis le 1er septembre 2004 : 34 km de natation, 1.820 km de vélo et 580 km à pied) et Hawaii en 14h23 quatre mois plus tard, je décide de combiner vacances en famille et Ironman et programme Klagenfurt en me fixant un objectif de 13h30. Pour cela, je prends de bonnes résolutions et me promet d’accentuer mes entraînements vélo et natation tout en poursuivant une préparation mentale quasi journalière. Souvenez-vous : « you must try, try and try… » et seul un fort mental vous permettra de venir à bout de votre course.

Je m’astreins donc à une à deux séances de natation par semaine pour un total de 66,7 km du 01.09.05 au 01.07.06. Risible, me direz-vous ! Mais c’est le double de l’année précédente, et cela suffit à me donner confiance. Le vélo se limitera finalement à 1.598 km avec seulement 2 sorties « longues » (façon de parler : 78 km le 04.06 et 90 km le 10.06). En course à pied, 612 km sans aucune sortie excédant 1h, car de vieilles périostites persistantes m’interdisent tout excès. Ajoutez-y un D.O. en 2h35 le 14.05 et un Découverte le 25.06, et me voilà fin prêt !

Entraînement hebdomadaire : 3 à 6 heures par semaine. Aucun entraînement n’a été effectué depuis le 2 juillet à cause d’un genou droit douloureux. Tout à fait entre nous : n’en faites vous pas autant, voire bien plus ? Le problème c’est que nous lisons dans les ouvrages spécialisés que rien n’est envisageable sans un minimum de 20h/semaine : nous le croyons, et du coup limitons nos ambitions à des D.O. Rêvons plus grand, et une fois par an vivons nos rêves !

Le rêve commence précisément par 3 jours de camping-car pour rejoindre Klagenfurt. La Carinthie n’a qu’un défaut : c’est loin de la Normandie ! Mais une fois sur place vous trouverez un magnifique lac bleu turquoise, avec plage payante mais gratuite pour les triathlètes, et une population qui adore la France et ses représentants. Le Wörthersee vit au rythme de l’Ironman Village, et comme nous avons pu nous « poser » sur un des parkings de la ville, nous n’en perdons pas une miette…

Arrive enfin le samedi, avec deux temps forts :
- d’abord je dépose mon vélo et mes sacs de transition dans le parc. Pour éviter tout stress, les organisateurs ont prévu des créneaux horaires en fonction des numéros de dossard. Pas de cohue, des bénévoles souriants sous un soleil généreux (plus de 30°) : on sent que tout est bien rôdé. Un dernier regard à mon vélo, puis…
- puis cap sur la plage pour assister à une des courses de l’Ironkid. Fidèle aux préceptes de son père, une de mes filles a décidé de participer sans entraînement sérieux au préalable. Là encore tout est remarquable : chaque enfant est appelé par son nom, départ natation commenté, arrivée triomphale sous un portique Ironkid encadré de pom-pom girls, accueil personnalisé par un speaker enthousiaste, photo et magnifique médaille, … Flore est ravie, et cela promet une organisation sans faille pour le lendemain. De plus, nous avons réussi à nous garer sur le parking jouxtant le parc à vélos : la journée du lendemain s’annonce sous les meilleurs auspices !

Jour J.
J’avais programmé la montre à 5h00, mais n’ai rien entendu ! Les nuits sur un parking en ville sont bruyantes, et j’ai pris l’habitude de dormir avec des boules Quies… De plus j’ai du sommeil en retard, aussi ai-je fait le loir au petit matin, et c’est ma femme qui me réveille à 5h37 !!! Le jour se lève déjà, et le parking fourmille de triathlètes affairés. Petit moment de panique… J’engloutis pain, miel et Powerbar, puis fonce retrouver mon Cannondale. Mon cœur se calme avec la routine des préparatifs, et je plains 2 concurrents trop stressés ou mal réveillés qui explosent leur chambre à air. Il est temps de rejoindre le « Strandbad » et se plonger dans une eau limpide à 22°, pour une natation parfaite pour un néophyte…

7h00. Départ dans l’eau avec une très large ligne qui permet de bien s’espacer, et une longue ligne droite initiale de 1.500m, idéale pour trouver son rythme sans prendre de coups… Surtout ne cherchez pas la bagarre pour votre premier Ironman : la journée promet d’être longue, il serait regrettable de la gâcher au bout d’une vingtaine de minutes !

J’atteins tranquillement le point de demi-tour, et vire vers le canal que j’attends avec impatience. Le soleil rasant nous aveugle, je me cale près d’un canoë pour ne pas trop zigzaguer. L’entrée du canal s’annonce enfin : je ne la vois pas mais l’entend ! Des centaines de spectateurs nous y accueillent dans un concert de sifflets, trompettes, cris… 5m de largeur, de la vase à souhait, une foule bruyante, des nageurs partout autour de moi : les sensations sont violentes et contrastées !

Au calme du lac vont succéder 800m de tumulte et d’odeur de vase. Seule pensée occupant mon esprit : surtout ne pas boire ! 8h24, je sors de l’eau ravi d’avoir 6 minutes d’avance sur mon tableau de marche. 10’03 de transition, et je quitte le parc sous un soleil annonciateur d’une chaude journée…

Si, comme moi, vous êtes un triathlète du style « tortue », il est essentiel dans votre préparation de vous entraîner à positiver sur tout ce qui vous arrive : ayez la « Badmann attitude » ! Vous m’imitez et sortez de l’eau dans les derniers ? Réjouissez-vous au lieu de vous lamenter : vous évitez la cohue de T1, et n’avez aucun mal à trouver votre vélo, qui vous attend patiemment. Le soleil tape déjà ? Au moins les routes seront sèches et vous risquerez moins la chute. Cette gymnastique mentale doit devenir une seconde nature afin de ne pas se laisser envahir par des pensées négatives le jour de la course.

Le parcours vélo est un plaisir pour les yeux : on longe le Wörthersee sur une route d’excellente qualité, avant de visiter l’arrière-pays qui est une vraie carte postale de moyenne montagne, puis de revenir sur Klagenfurt. Une boucle de 90km à effectuer 2 fois. Les ravitaillements sont nombreux (bananes, barres, eau, boisson isotonique, …), et les bénévoles chaleureux.

Je laisse tourner le 50 dents avec enthousiasme. Eh oui : pas d’erreur, 50 dents ! Une autre clé de votre succès est de bien vous connaître et adapter votre matériel à vos capacités physiques du moment. Je laisse le 53 ou le 54 dents à Faris Al Sultan, et mes cuisses me remercient de ne pas avoir pêché par orgueil… Enfin, quoique… Au km 70, après avoir franchi les principales difficultés du premier tour, une crampe me titille le quadriceps droit. Impossible de me mettre en danseuse, et je dois pédaler « sur des œufs » en n’utilisant que le 39 dents. La course aux 13h30 n’est déjà plus qu’un souvenir, se pose désormais le problème de terminer…

Je maudis les organisateurs, qui ont durci le parcours vélo cette année en doublant presque le dénivelé, et me force à ne pas angoisser. Il faut avancer en essayant de perdre le moins de temps possible, et advienne que pourra ! Ma cuisse tient jusqu’au retour de la première grande côte, aux alentours du km 120, et là, patatras, je me retrouve sur la route, le quadriceps transformé en boule douloureuse. Impossible de bouger la jambe droite !

Une fois la douleur estompée, je m’étire, puis réussis enfin à me relever et pousser mon vélo dans la côte en marchant en crabe. Je préfère ne pas penser qu’il reste 60km suivis d’un marathon… C’est maintenant une progression km par km, profitant des descentes pour m’étirer et poussant péniblement le vélo dans les montées. La dernière côte, longue d’1km, me semble interminable, mais je rallie enfin le parc après 6h58 de selle et de marche alternées.

C’est un beau gâchis, mais je me console en me disant que la même mésaventure à Nice m’aurait certainement contraint à l’abandon ou à me retrouver hors délais. De plus, les 13h30 restent accessibles pour autant que ma jambe veuille bien me laisser tranquille…

Après 8’36 en T2, j’attaque doucement le marathon sous un soleil de plomb. J’adopte une foulée plus que rasante pour économiser mes muscles, et avance vers l’arrivée à 9km/h. Heureusement le public très nombreux nous soutient bruyamment. Et comme nos prénoms sont inscrits sur les dossards, les « Vive la France », « Bravo » et autres encouragements en français fusent de toutes parts.

Le passage dans les rues piétonnes du centre historique de Klagenfurt est un autre moment fort, quand nous nous frayons un chemin au milieu des spectateurs qui se délectent d’un capuccino ou d’une bière fraîche… J’en bave d’envie, avant d’admirer la statue du dragon, symbole de la ville.

Retour vers les bords du lac. Et, au km 19, tout s’arrête : la crampe est de retour, accompagnée de violents haut-le-cœur. Dur de rester positif ! L’envie d’abandonner est d’autant plus forte que notre camping-car n’est qu’à 2km de là… Je repense alors aux témoignages de ceux qui n’ont pas franchi la ligne, à leur tristesse, leurs regrets. Puisez de la force dans la lecture de « Becoming an Ironman » de Kara Douglass Thom : c’était mon livre de chevet quand je préparais Nice. Je m’inspire aussi du courage de Marc Herremans ou de Sarah Reinertsen, et décide qu’il faut repartir.

Pendant 4km, j’alterne marche et trot, puis le corps refuse d’écouter la tête. La moindre tentative de course se solde par des crampes et des vomissements. Mon marathon se terminera en marchent ! Un rapide calcul me rassure : je devrais tout de même rentrer en moins de 15h, j’espère juste que les muscles accepteront de marcher encore 19 km… C’est la première fois que je marche sur un Ironman, et je me sens d’abord un peu gêné face aux applaudissements. Mais finalement cela me laissera de bons souvenirs : bribes de discussions avec d’autres concurrents marchant eux aussi, ravitos éclairés aux chandelles, la Corona offerte par un spectateur lors de mon second passage dans le vieux centre (et que j’accepte avec gourmandise !), … Bref, des expériences inédites qui donneront un cachet particulier à cette course.

Le dernier km arrive enfin, et je boucle le marathon en 6h04, en trottinant lors des 300 derniers mètres, sous les acclamations du public et un accueil en français. 14h47 : j’ai enfin le T-shirt de Finisher, place maintenant aux vacances en famille avec des pensées déjà tournées vers Lanzarote…

Si à votre tour vous voulez vivre de telles sensations et chanter avec Black Sabbath « I am (an) Ironman », alors lancez-vous, et inscrivez-vous l’an prochain : le plus dur sera fait !
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levraiBH
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par levraiBH »

Klagenfurt 2008


Dimanche 13 juillet, 3H00 du matin. Le réveil de mon téléphone portable n’a pas encore sonné. Mais je suis déjà réveillé, avec trente minutes d’avance. J’ai du dormir un peu plus de cinq heures. Je m’étais pourtant installé confortablement dès 19 h la veille, dans le sac de couchage que je partage avec ma compagne sous notre tente, montée à quelques centaines de mètres du Wöerther see, le lac de Klagenfurt en Autriche. Mais comme à chaque fois, la veille d’une épreuve importante, je dors peu. Pas vraiment stressé, ni inquiet ce coup-ci (je vais pourtant prendre le départ de mon premier IRONMAN), j’ai profité de ces derniers instants de détente pour me remémorer les deux années qui viennent de s’écouler. Ma découverte du sport (je n’avais quasiment rien fait avant l’âge de 33 ans), poussé par l’envie de perdre du poids (je pesais 94 kg pour 1,85 m, j’ai cramé une bonne vingtaine de kilos depuis). Mes premières sorties VTT avec Véro ma collègue de boulot qui, à force de me raconter ses sorties vélo d’enfer, m’a donné envie d’acheter mon premier VTT (à 89 euros !) pour l’accompagner. Mais le vrai changement a eu lieu lorsque je suis tombé par hasard sur le numéro de juin 2006 de Triathlète magazine. Les photos des athlètes, les comptes rendus des épreuves, la découverte de l’IRONMAN, je me suis dit que je voulais ressembler à ces types, être capable comme eux de finir un triathlon, un IRONMAN. Ça me paraissait complètement démentiel. Et pas gagné pour un gars qui, au bout de vingt minutes de course à pied en foret, stoppait tout, la tronche rouge, à l’agonie, le ventre tenaillé par un point de coté (saleté de cigarette, bien fait d’arrêter moi). Mais je me suis accroché. Je me suis mis à la nage aussi. Premier essais, dans un lac près de chez moi. En vingt minutes, j’ai du faire une centaine de mètres. Péniblement ; je ne savais pas nager le crawl en mettant la tête sous l’eau sans risquer la noyade…

Les sites des passionnés sur le net (http://tripleeffort.free.fr), les forums (onlinetri) et les gars de mon club Vittel Triathlon m’ont beaucoup aidé et appris. Grâce à cela, j’ai pu m’équiper convenablement dès le début de mon aventure et choisir des plans d’entraînement qui me correspondaient le mieux. J’ai évité pas mal de conneries, j’en ai fait d’autres. Puis il y a eu les premières sorties sur vélo de route, le premier kilomètre accompli dans l’eau, les premiers enchaînements. Au début, j’étais modeste, je voulais seulement tenter de finir un triathlon vert, distance sprint (750/20/5). J’ai d’abord fait mon premier 10 kil, sur route. (en 55’, bof pas terrible). Mon premier semi marathon au printemps 2007. (1h54, re-bof). Puis le premier Sprint, le premier CD et le premier Long. Et pour finir 2007, le XL de Gérardmer. En moins un peu moins de 9h30. Génial cette course, à tout point de vue. Et puis, une séparation (de la mère de mes deux fils) et deux déménagements plus tard, me voilà au pied du mur. L’IM de Klagenfurt. Je l’ai choisi un an plus tôt parce que la natation est superbe, avec 800 mètres de final dans un canal d’une eau limpide qui conduit direct au parc à Vélo. Je l’ai choisi aussi parce que selon ce que j’avais pu lire ici où là, le parcours vélo de Klag, c’est plat. Ouais bah c’est plat, mais seulement entre les bosses.

Je me lève avec difficulté dans la tente mal éclairée par la loupiotte décathlon (enfin géotruc… là). J’ai encore un peu mal au dos, pas à cause du camping ; les suites du déménagement de la semaine précédente. Je craints une rechute de ma hernie discale sur le marathon (opérée à 18 ans). J’enfile la tri-fonction du club, un jean, un t-shirt et je mets le mp3 sur les oreilles pour aller me laver. Sur le chemin des sanitaires, je passe devant les tentes d’autres concurrents, des Belges encore endormis. Puis je reviens à la tente. J’avale mon gâteau sport cuit quatre jours plus tôt en France, et bois du café soluble pour faire passer. Je suis serein. Le vélo est au parc depuis la veille, avec les sacs de transition BIKE et RUN. Ne me reste qu’à prendre mon sac AFTER RACE qui contient ma combi, mon bonnet et mes lunettes et la vaseline (pour éviter les irritations dans le cou), la bouffe énergétique, les bidons et la pompe à vélo. On peut y aller. Notre camping est à 20 bornes de Klagenfurt. Sur la route, le long du lac, on s’insère dans une file de voiture qui ne cesse de s’allonger à l’approche du site IRONMAN. On trouve une place facilement, sur le parking de l’université à 5 mn de l’aire de départ. Le jour commence à se lever, je prends mon sac. Je laisse les clefs de la voiture à ma chérie. Elle est tendue. Elle a peur pour moi et elle espère me voir plusieurs fois sur le parcours, faire de jolies photos de moi. Pas facile avec ce bras dans le plâtre (une chute de vélo juste devant la maison deux jours avant le départ pour Klag !). Pour elle aussi la journée va être longue. Fan de triathlète, c’est un boulot de dingue.

Dans le parc à vélo, l’ambiance est électrique. On gonfle les pneus, pas trop sinon ça va péter au soleil, on s’agite avec les sacs de transitions, on plaisante pour évacuer la tension, les caméras filment les leaders, la sono crache déjà du gros son, les campeurs à côté doivent apprécier… Les doudous de mes deux fils, restés avec leur mère en France, sont bien solidement scotchés sur la tige de selle. Je scotche cinq gels de 90g sur mon cadre, range cinq barres énergétiques dans ma petite sacoche de cadre. Mon voisin me regarde faire un peu intrigué, il me dit en anglais en désignant mes gels : « il y en aura assez ! » Je lui réponds qu’il n’y a qu’un seul ravito sur lequel on peut trouver des gels en vélo et que je préfère avoir mon propre manger, testé durant des mois à l’entraînement. Pour la boisson, j’ai décidé de laisser un porte bidon vide. Le premier ravito est à vingt kilomètres du départ, un bidon d’isotonique et de l’eau dans mon bidon aéro devraient êtres suffisants. Je vérifie mon matériel de réparation, dont deux chambres à air scotchées (oui, encore) sous la selle. Je vérifie aussi le contenu de mes sacs de transition, tout est OK. Il est temps de rejoindre ma compagne, qui poirote à l’extérieur du parc, interdit au public et bien surveillé par une armée d’arbitres et de vigils accompagnés de chien. On se dirige vers le dôme, une grande tente blanche où s’est tenue la pasta partie le vendredi soir (sans moi, les queues de plus d’une heure pour mal manger, j’avais déjà donné à Niederbronn).

A ce moment, je ne sais pas pourquoi, je suis pris d’une bouffée de stress. Mon cardio m’indique 107 puls minute alors que je ne fais rien… ça sent la pétoche. Il n’y a pourtant pas de raison, l’entraînement des dix derniers mois a été correct, je sais que je peux atteindre mon objectif : simplement finir. Après les encouragements d’un triathlète plus expérimenté qui a sans doute remarqué ma face tendue, le stress disparaît comme il est venu, une fois la combinaison enfilée. C’est bizarre mais alors que je pénètre dans l’enceinte des bains publics, où se trouve l’aire de départ, je suis un peu déçu. Certes il y a du monde, beaucoup de monde. Trois hélicoptères tournent à basse altitude au dessus de nous, les banderoles IRONMAN sont partout, le speaker autrichien, la techno tout y est. Mais je ne suis pas impressionné. Juste concentré. Je brasse un peu dans la zone d’échauffement, crache dans mes lunettes à verres correcteurs pour éviter la buée et je rejoints la plage. Il est 6h45. Je me place au cinquième ou sixième rang. Je me retourne de temps en temps pour faire des coucous et envoyer des bisous à ma compagne qui tente de se faufiler dans le public, cantonné derrières des barrières, pour me shooter. Le temps et plutôt maussade, orageux même. Tant mieux, je n’aime pas la canicule. Après une dizaine de minutes d’attente, les gars devant moi avancent dans l’eau. Je suis le mouvement sans savoir si le départ a déjà été donné.

Puis j’entends une détonation. Cette fois ça y est, c’est parti pour 3,8 bornes. La partie la plus facile pour moi, la discipline ou je suis le plus à l’aise. Ça bastonne un peu. Je suis étonné, moi qui croyais que sur IM, les mecs étaient plus cool. Fait dire qu’avec 2700 inscrits, 2400 partants, y a du peuple dans la flotte et peu de place ! Je passe la première bouée, à 1500 m, avec plus de cinq minutes d’avance sur mes prévisions. Gaffe mon pote, t’es un peu vite là, faut ralentir pour tenir la journée. Un coup d’œil au cardio me rassure, je suis à 140 pulls environ. Impec, je garde le rythme. La deuxième bouée arrive vite. Je la passe comme la première, au large pour tenter d’éviter la bousculade. Raté je prends quelques coups. M’en fou, j’ai encore pris de l’avance sur mes prévisions. Putain, je vais sortir en moins d’une heure dix ! (A Gérardmer en 2007, j’avais fait les 4 bornes en plus d’1h23). L’eau est transparente, on voit à plus de quatre mètres. Je continue à nager à mon rythme, une respi tout les quatre temps. Je m’applique bien sur mes mouvements. Je sens que je file et ça m’éclate bien. L’entrée du Lendkanal ! Vache, y a du monde sur les berges ! Je nage bien au milieu, il y a des algues, le fond n’est pas très loin mais je ne touche à aucun moment. Sous le pont de bois qui enjambe le Lendkanal, je me mets sur le dos pour faire l’andouille et regarder le public massé là. La sortie approche. Encore quelques moulinets, je me mets debout. Un peu tôt, je suis contraint de marcher deux ou trois mètres jusqu’au plan incliné. J’attrape la pogne d’un bénévole qui me tracte hors de l’eau. Un coup de cardio sur la ceinture pour enregistrer le chrono : 1h05 ! (temps officiel 1h06) Bien gamin ! Vite, j’enlève le haut de ma combi pour que ma chérie me reconnaisse. Elle est là, à la sortie de l’eau comme prévu. Elle crie, je m’arrête, je l’embrasse, et je repars. La transition se déroule sans problème. Je prends le temps de m’essuyer les pieds avant d’enfiler mes socquettes blanches puis mes Shimano. Je retrouve mon bike que j’enfourche sans précipitation, à la sortie du parc. Inutile de risquer un stupide gadin. Et puis devant tout ce public, j’aurais l’air malin tient.

Les premiers hectomètres se font tranquilles. Très vite, je me retrouve dans un groupe d‘une trentaine de concurrents. Ça drafte peu. La plupart joue le jeu et respecte les règles. De toute façon, y’a des marshals en moto (les arbitres) partout. De tout le parcours vélo, je ne serais jamais plus de dix minutes sans en voir un. Un gars qui drafte, mais alors à fond, se fait pincer le long du lac. On n’a pas fait dix bornes, il prend un carton noir. Pour lui, ce sera 4’ de prison (penalty box) à la fin du vélo. Un type qui me dépasse regarde avec insistance l’arrière de mon bike. Je matte à mon tour et… Horreur !!! Mes deux chambres à airs de secours viennent de se détacher ! Le scotche a lâché ! Plus de 150 kilomètres à faire et il ne me reste qu’une chambre réparée et un kit rustine et colle. Mais quel con ! J’aurais dû les fixer avec des élastiques ou des sangles. J’espère que mes Continental ne me lâcheront pas. La route à beau être très belle, lisse, j’aperçois quand même des mecs victimes de crevaison. Aie, aie, aie… Une heure de route. J’avale comme prévu mon gel. Un toutes les heures. Je bois bien, mouline beaucoup. Il pleut un peu. Première difficulté : la cote de Rosegg. J’y vais cool. Je sais grâce à mes repérages que mon 39x27 est juste suffisant pour passer les bosses du parcours. Là encore, beaucoup de monde. Plein d’inscriptions à la peinture sur la chaussée, des Hop, Hop, Hop et des Zzzupeerrr à n’en plus finir. Réjouissante vision en haut de la bosse, juste avant le ravito, ma compagne est là, je lui envoie mille bisous. Du coup, la descente se fait sourire aux lèvres. Deuxième bosse du parcours, le Rupertiberg. Une côte en trois coups de cul, le dernier à plus de dix pourcent. Les encouragements déchaînés du public et une sono énorme m’aident à passer sans soucis. Je boucle finalement mon premier tour en 2h45 sans avoir tapé dedans. Je suis super content. Le second tour sera moins glorieux. La pluie revient. On ne distingue plus les hautes montagnes qui bordent le parcours. J’ai un peu froid. Surtout dans les portions en légère descente ou sur le plat. Second passage dans Rosegg. Ma chérie est encore là grâce aux navettes mises en place par l’organisation. Je ne m’arrête pas mais pose un bisou sur ma main puis caresse la sienne.

Suis un passage à vide jusqu’au Rupertiberg. Je roule quasiment seul sur les cinquante derniers kils. J’ai un peu mal aux guibolles, je suis un peu naze, j’ai hâte d’en finir. La pluie devient plus forte. Je m’arrête quelques minutes juste avant le Rupertiberg pour un pipi et surtout pour détacher les doudous de mes fils et les coller dans ma tri-fonction. Je veux les avoir avec moi sur le marathon. La météo empire encore sur la fin : un gros orage éclate. A l’entrée de Klagenfurt, la pluie coule à grosses gouttes dans mes yeux. Ça me brûle. Je suis obligé de rouler avec un œil fermé. Ce qui n’atténue pas la douleur. L’autre œil tente d’y voir quelques choses au travers de mes lunettes de vue teintées recouvertes de gouttes de pluie. Je m’arrête et tente de m’essuyer un peu avec mes doigts, mouillés. Mes yeux piquent à mort. Je suis gelé et complètement trempé. Je repars. Et m’arrête à nouveau un kilomètre plus loin. La pluie me brûle maintenant les deux yeux. Je les essuies à nouveau. Je fini le vélo en clignant des deux yeux alternativement. En fait, je devine la route jusqu’au parc à vélo. Enfin je pose le bike. 5h58. Moi qui n’avait jamais dépassé les 120 bornes, je suis très content ! Même si je sais que j’aurais pu faire un poil mieux sans le déluge. Je cours jusqu’à la tente pour me changer. Sur le chemin, ma compagne postée derrière les barrières m’encourage. Elle aussi prend une bonne douche. L’appareil photo n’y résistera pas. Avant de disparaître sous la tente, je lui lance : « C’est l’enfer ». J’enlève mes socquettes, trempées. J’en mets des neuves ; ah, quel bonheur, quel réconfort d’avoir les pieds au sec. Je sors de la tente en trottinant, ravi de ce nouvel état. Je passe devant les toilettes installées dans l’aire de transition pour les athlètes. Je finis par en trouver un de libre. Quand je ressors il pleut toujours mais un peu moins fort.

Je passe sous le porche 42 Kms RUN. Je pars pour le premier marathon de ma vie. Moi qui deux ans plus tôt rechignait à marcher dix mètres. Tout de suite, j’ai les jambes. Incroyable. Alors que sur le vélo, j’avais mal dans tous les muscles, là, je ne ressens aucune douleur. Ma casquette protège mes yeux de la pluie, j’ai les pieds bien au sec. Il pleut toujours mais je n’ai plus froid. J’ai le sourire. Je prends immédiatement ma vitesse de gros diesel, 6’ au kil, 10 km/h. La cap, c’est là où je suis le plus nul. Je me fais toujours beaucoup dépasser quand je cours sur un triathlon. Mais je sais que je peux tenir cette allure, très, très longtemps. Même si je n’ai jamais couru plus de trente kilomètres d’affilé. Le premier semi-marathon se déroule sans problème. Le soleil a maintenant chassé la pluie. Ma chérie m’encourage à mort et me gonfle à bloc. Je ne loupe aucun ravitaillement, me concentre sur mes gestes, évite les mouvements parasites des bras. Y’a toujours beaucoup de spectateurs, tous des dingues ces autrichiens, à crier pendant des heures. Le parcours est plat, longe un peu le lac, sillonne la ville de Krumpendorf, traverse le village IRONMAN et l’aire de transition avant de plonger au cœur de Klagenfurt pour faire le tour de la Neuer Platz et de la statue du dragon, emblème de la ville. Ça cavale vite. Je croise et me fait doubler par des concurrents qui en terminent avec leur IRONMAN, avec un semi d’avance sur moi. Les kilomètres suivants sont plus durs ; j’ai bien mal aux articulations, aux genoux surtout. Tous les muscles des jambes souffrent. J’ai en plus l’impression qu’on me tape sans arrêt sur la plante des pieds avec une large spatule en bois. Mais je continue à courir, un peu moins vite, ou encore plus lentement. Je ne prends plus que des gobelets de boisson isotonique aux ravitos, et des gels. Je guette les kilomètres. De toute façon, j’en suis sûr, ce soir je serai un IRONMAN. Quitte à finir à plat ventre.

Je traverse les 22e, 23e, 24e, 25e, 26e, 27e et 28e kilomètres dans la douleur. Je ne suis pas le seul ; au fil des minutes, le nombre de mecs qui marchent augmente rapidement. Un coup d’œil au chrono et un peu de calcul mental (pas facile quand on n’est plus trop lucide) et je comprends que je peux finir mon premier IM en moins de douze heures. Inespéré. Au 30e kil, je décide de forcer l’allure. Je croise mon copain de club, il a l’air bien. Sa sciatique ne l’a pas arrêté, une fois de plus. Au demi-tour à Klagenfurt, les douleurs semblent avoir disparu. De la magie ! Je cours de plus en plus vite, j’ai encore des réserves. Je fais les deux derniers kilomètres à fond (pour moi c’est 12 ou 13 km/h). Dans le parc, je dépasse un dernier concurrent avant de tourner à gauche pour emprunter le quai au bord du lac. J’accélère encore ; je veux être sûr de passer seul sous le proche d’arrivé. Un marshal « garde » le passage, un bénévole me félicité d’un sourire. Je longe le lac, puis tourne à gauche. Je passe à travers l’étroite porte située sous le proche qui commande la zone d’arrivée et ces 100 derniers mètres. Du monde partout dans les gradins, les pom-pom-girls, ma chérie au premier rang qui m’appelle. Mince je l’ai dépassé. En arrière toute. Je l’embrasse, elle est en larmes. Je sors les deux doudous de mes fils de ma tri-fonction, un dans chaque main, et lève les bras. Une bénévole passe une médaille autour du cou. Voilà, c’est fait. Je rejoins ma chérie derrière la zone d’arrivée. Puis je la laisse pour entrer sous le dôme, lieu totalement réservé aux finishers, hélas.

Sous cette grande tente, je peine à trouver une boisson ou de quoi manger. Je décide de me mettre dans la file d’attente pour que l’on me délivre mon t-shirt finisher et mon certificat. Mais je suis obligé de quitter la queue au bout de dix minutes ; je me sens trop faible. Pas question d’endurer une heure d’attente dans ces conditions. Je me remets à la recherche de nourriture ou de boisson. Au bar, on ne sert au compte goûte qu’une sorte de jus de fruit dégueu ou de la bière. Pas question d’avaler ça. Question solide, c’est tout aussi désert. Je récupère un vague morceau de pain recouvert de lardons au gruyère. Pas top le ravito des finishers. Je commence à trouver un peu chère l’inscription (près de 400 euros) en comparant à ce qui peut être proposé aux triathlètes après l’effort sur certaines courses beaucoup plus modestes (CD Vitry-le-François par exemple). Moi qui rêvais de me bourrer de nourriture, de nouilles et de boisson de récupération, je suis terriblement déçu. Je décide de quitter ce dôme où la chaleur et le manque de boisson vont finir par me faire tomber dans les pommes. Objectif : tenter de retrouver ma compagne. En vain, on s’est cherché sans se trouver pendant plus d’une heure. Je reprends la queue pour avoir mon foutu t-shirt. Tout le monde a l’air épuisé. L’attente est interminable. On passe un par un, on essaye sa taille de t-shirt, puis on prend son certif’. Plus de deux milles à faire la queue toute la soirée comme çà, et seulement une file et cinq bénévoles. Très, très léger sur ce coup l’organisation. Je finis par retrouver ma chérie. Plus de deux heures après avoir franchi la ligne. On récupère le matos au parc à vélo et on file vers la voiture… impossible à démarrer. L’abruti que je suis a oublié de débrancher la glacière dans le coffre. Résultat : la batterie est vide ! Ma fiancée se démène sur ce parking très peu fréquenté avec un anglais approximatif pour tenter de trouver un automobiliste équipé de câble. Deux heures de galère et de rencontres improbables. Finalement, un allemand nous dépanne. On remballe le matos sous la flotte et on regagne notre camping. On est tués, mais alors, bien tués. J’avale quelques tonnes de pattes à la sauce tomate, la médaille IM autour du cou. Il est déjà J+1.

Au final, je n’ai pas été emballé par l’organisation labellisée IRONMAN. En tout cas, pas autant que je l’avais imaginé. Pour le public en revanche, le spectacle est vraiment génial, très impressionnant, selon ma compagne. Et puis la mise en place de navettes de bus gratuite pour voir passer les athlètes dans Rosegg, ça c’est cool. Klag, ce sont de superbes parcours natation et vélo (fermé à la circulation d’ailleurs), un public qui met de l’ambiance, un décor vraiment joli. Je préfère me dire que c’est pour tout cela que j’ai payé une si chère inscription. Et non pas pour les minables kdo offert aux retraits des dossards (un étrange débardeur vélo et un bidon noir) ou pour les mauvais traitements infligés aux finishers. Faut croire que ce dernier point compte peu, le record d’inscription (2700 en moins de 19h en 2007) a été battu. Klag 2009 a été Sold out en 92 minutes. Preuve du succès de l’épreuve. Pour ma part je n’y retournerais pas. Le circuit labellisé IRONMAN compte 22 dates chaque année dans le monde ; y’a le choix. Sans compter les autres longs, distance IM.




Depuis le 1er octobre 2007 j’ai fait


372,22 heures d'entraînement, en moyenne 9h04 par semaine,
avec un maximum à 13h42 sur une semaine.

1h53 par séance, avec un max à 5h29 (Half IM).

280 séances, en moyenne 7 par semaine.

4707 km parcourus toutes disciplines confondues

251 211 kcal brûlées.

2 416 317 battements du coeur


En vélo, 3354,8 km, 53,3 en moyenne 124h47 sur le bike (1h58 en moyenne)
En Cap, 923,9 km, 9,6 km en moyenne 104h40 à pieds (1h05 en moyenne)
En Nat, 209,2 km, 2,5 en moyenne 85h56 dans l'eau (1h01 en moyenne)
Plus le HT, 41h35, 1h23 en moyenne par séance

6 compétitions, un 10 km, un semi, un sprint, un half IM, deux CD.

Chrono IM Austria : 11h47
XL 2010, énorme !
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Lanza 2008

IM Lanzarote : de 7 à 77.

Palmiers, soleil, mer bleue. Ces mots évoquent irrémédiablement les 3S : Sea Sex and Sun. Mais pour une poignée de personnes aux jambes rasées et aux mollets affûtés qui descendent de l’avion à Arrecife, la Vérité se situe un peu plus loin dans l’alphabet. A la lettre V. Bienvenue au royaume des 3V : Vues, Volcans et Vent. L’Ironman de Lanzarote est une « invitation au voyage ». En une journée vos yeux se gaveront de Vues sublimes, vous traverserez le Parc des Volcans de Timanfaya et le Vent vous fera parcourir un véritable voyage intérieur à la recherche de votre 2nd, 3ème, 4ème… souffle.

Tout commence à 7 heures du matin sur la plage de Puerto del Carmen. Les palmiers bruissent déjà d’excitation, annonciateurs d’un impitoyable alizé. Près de 1300 triathlètes applaudissent, impatients de plonger dans une eau claire et rafraîchissante (20° environ). Le parcours natation est un régal pour les athlètes et les spectateurs. 2 boucles avec sortie à l’Australienne sur le sable doux, un long rectangle qui longe la plage, pas de courant, peu de clapot, des bancs de poissons sur un fond bleu Matisse. Que demander de mieux au petit matin ?
Mais c’est déjà T1 et sous la tente le rêve se prolonge. Un essaim de bénévoles Danoises échappées du Club La Santa (vous savez, là où vous avez apprécié la pasta party au bord de la piscine) vous dorlote afin que vous puissiez affronter le plat de résistance.
Et quel plat ! Riche, varié, mais gare à l’indigestion ! Car le parcours vélo enchante les yeux mais torture les jambes. Le grand huit dessiné par l’artiste Kenneth Gasque fait découvrir toutes les beautés de l’île : villages typiques, salines de Janubio, magnifique bord de mer où la lave plonge dans l’océan à Los Hervideros, traversée du Parc National des Volcans de Timanfaya, plage de Famara, et cerise sur le gâteau : Mirador de Haria et Mirador del Rio. Un pur bonheur, un condensé de beauté et de dépaysement. Mais attention, ne vous déconcentrez pas : le diable de Timanfaya veille et veut votre perte. Il souffle, souffle et souffle encore. Comme le dénivelé est respectable, les routes en assez mauvais état, le parcours touristique se transforme vite en chemin initiatique avec par moments 7 km/h au compteur et un 39/25 usé en fin de journée. Et le Vent mauvais hurle dans vos oreilles, cherche à vous arrêter ou vous faire tomber quand vous dévalez à 77 km/h, heureux d’avoir basculé au sommet du Mirador del Rio et de mettre la cap vers le Sud. Vous y croyez enfin mais restez concentrés : le diable n’est jamais bien loin sur l’île et souffle des vents de travers afin de vous faire goûter le tranchant de la lave Ah Ah. Alors que les crampes guettent vos avant-bras, les vignobles de la Geria annoncent la délivrance. Puerto del Carmen vous attend !
T2, la tente, les Danoises, le rêve reprend. Votre blonde égérie vous susurre « go for it » tout en vous tartinant généreusement de crème solaire. Extatique, un sourire béat aux lèvres vous vous dirigez vers le dessert : le marathon. Vous savez que plus rien ne peut vous arriver, que la ligne est là qui vous attend. Le vent, quel vent ?
4 aller-retour de bonheur le long de la plage, rythmés par les encouragements des très nombreux spectateurs et bénévoles. Chaque mètre vous rapproche de Kenneth Gasque qui vous attend sur la ligne pour vous féliciter. Et vous explosez de joie ; I did it !!
Le lendemain, allez tôt faire une petite séance de thalasso naturelle à la magnifique Playa de Papagayos avant que des nuées de touristes ne l’envahissent puis le soir Kenneth Gasque (décidément très présent et impliqué) vous accueillera 1 à 1 dans la grotte de lave au Monumento al Campesino lors de la Awards Ceremony où vous attend un somptueux buffet de spécialités locales. Vous le remercierez pour sa somptueuse course puis lui jurerez que l’on ne vous y reprendra plus car vous n’avez pas oublié ce vent qui a failli vous rendre fou. Il vous regardera, un petit sourire entendu au coin des yeux…
"Il n'est de plus grand malheur que de laisser mourir le rire dans ton coeur"
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Roth 2008

ROTH and ROLL.


2008 : une édition très Roth and Roll.

Inscrits 1 an à l’avance, Olivier et moi voulons faire une bonne préparation et « tout casser » à Roth : Sub 10 pour lui et entre 12 et 13 heures pour moi avec comme objectif
1h15’ - 5’ – 6h – 5’ 4h35’. Nous commençons bien l’entraînement et passons allègrement l’hiver 2007 mais tout s’écroule en février 2008 : dépression, arrêt du travail et 2 mois sans sport, sans envie de rien. Le physique lâche à son tour : tendinites, genoux très douloureux … Par-dessus ça se greffe de façon tout à fait inattendue Lanzarote et je me retrouve en juin avec une dépression en progrès mais encore bien présente, une fissure au ménisque, des tendinites aux ischios et au coude droit (traité par ondes de chocs douloureuses mais inefficaces) et surtout plus tellement envie de me traîner à Roth car j’ai été repus par Lanza. De plus je n’ai presque rien fait depuis mon retour des Canaries ; à mon avis c’est encore parti pour une grosse galère et une course Rock and Roll. Le pronostic se confirmera mais pas pour les raisons auxquelles je pensais.

Tout d’abord, après une journée entière de route nous arrivons à Roth… à 300 kilomètres de Roth !! Plus nous approchions, plus les routes devenaient petites et Anne m’avait même demandé en riant si je ne m’étais pas trompé de ville. Elle ne croyait pas si bien dire ! Au moment où nous entrions dans un minuscule hameau Roth (même pas un abreuvoir dans lequel nager), tuckson, inquiet de ne pas nous voir arriver nous a téléphoné. Le temps de traverser le bourg (dans les 30 secondes) nous apprenions que notre destination était 300km plus au Nord. Je suis confus et dépité et mes femmes mortes de rire. La psychiatre m’avait prévenu que les médicaments ajoutés à la dépression laisseraient des traces mais là j’ai fait fort ! On se pose tout près du mauvais Roth et repartons le lendemain.

Et là je découvre le second aspect Rock and Roll : l’organisation. Je n’ai jamais vu ça sur un IM. Au village marathon, rien n’est indiqué et nous avons un peu de mal à trouver la tente de remise des dossards. Je ne vais pas à la pasta party pour rester en famille mais kent notre voisin de champ - nous nous posons dans un champ à 500 mètres du départ, le long du canal – nous dit que c’était vraiment nul. Rien à dire par contre sur le parc à vélos le samedi, si ce n’est que notre sac de transition en jute est posé à même le sol.
Mais le cirque reprend le dimanche matin. Présence obligatoire pour se faire marquer avant 6h du matin, même pour un départ prévu à 7h. Et aucun endroit ensuite pour attendre à l’abri en cas de mauvaises conditions climatiques, ce qui aurait été judicieux en ce jour de forte pluie. Bien entendu, rien n’est fléché et on tourne un peu avant de trouver la tente où c’est le joyeux foutoir : 4600 triathlètes (ne pas oublier les relayeurs) se bousculent pour se faire marquer dans une tente bien trop exiguë. Rien n’est prévu pour se changer et tout le monde se résigne à mettre sa combi et attendre (pendant plus d’1h30 dans mon cas, vague 10) le départ sous une pluie battante, les pieds dans la boue et l’herbe détrempée, à regarder d’un air triste notre sac de transition qui prend allègrement l’eau. Ces sacs de transition en jute sont une excellente initiative sur le plan de l’écologie mais un désastre par jour de pluie. A T2 j’ai récupéré un sac détrempé avec une tenue bonne à essorer. Un vrai plaisir de se changer !
Par ailleurs, le relais est en théorie une idée sympathique mais en pratique cela rend la course plus dangereuse et moins lisible pour les spectateurs : pendant la partie vélo, de purs cyclistes tout frais nous dépassent sans ménagement en nous criant dessus quand nous ne nous rangeons pas assez vite à leur goût alors qu’ils draftent comme des malpropres et pendant le marathon, cela rajoute 1800 fringants coureurs sur des chemins de halage fort étroits.
Et que dire de l’après course ? Une fois de plus, aucune indication, des bénévoles qui ne savent pas. Commence un parcours du combattant pour trouver ses sacs (trempés bien sûr), les douches où tout le monde, hommes et femmes, se change en plein air dans la boue et le froid et réussir à rejoindre son vélo à 800 mètres de là. Personne ne sait m’indiquer où est la navette qui doit nous ramener à T1 à 10 km de l’arrivée et là encore c’est la foire à l’empoigne pour rentrer avec son vélo dans le bus, limite hard rock ! Certains préfèrent faire les 10km à vélo sans aucun éclairage alors qu’il est 23 heures.

Et enfin, le dernier élément Rock and Roll de la course : la météo. Pluie et froid toute la journée !
Le réveil sonne à 5 heures et il pleut à verses. Tout est détrempé et de façon ironique la natation semblera le moment le plus sec de la course. Anne m’accompagne au parc ; je me fais marquer dans la pagaille générale avec Olivier que je retrouve par le plus grand des hasards. Sous la pluie battante je vois aussi Gilles qui trouve que je suis fou d’être venu après avoir fait Lanza il y a un peu plus d’un mois. Une longue, longue attente sous la pluie, les vagues se succèdent et c’est enfin le départ. Je ne ressens pas l’émotion du départ d’un IM : ces départs successifs ne génèrent pas la tension ressentie quand 2000 pingouins tapent des mains en égrenant le compte à rebours. On ne voit rien dans ce canal, que du vert et je n’ose imaginer dans quoi je nage (pisse de près de 3000 triathlètes partis avant moi et, sans le savoir, vomi d’Olivier). Mauvaises sensations, sentiment de claustrophobie… je ne suis vraiment pas heureux d’être là et me « vois » mal nager même si beaucoup de bonnets bleus sont derrière. A la dernière bouée je fais un coucou à Anne et sors de l’eau en 1h20’20, persuadé qu’il ne pleut plus. Je déchante instantanément : il verse toujours « comme vache qui pisse » ou plutôt comme un troupeau entier et je récupère un sac d’affaires absolument trempées. A ma grande surprise et sûrement à celle de mon vélo, je suis le premier de ma dizaine à être sorti de l’eau. Heureusement qu’au dernier moment, juste avant de quitter Barentin, j’avais rajouté 2 manchettes et un léger coupe-vent dans mon sac ! 8’01 à T1 et c’est parti pour un vélo entièrement accompli dans le froid et la pluie. Je suis très malheureux dès le 10ème kilomètre et pense faire demi-tour pendant les 20 km suivants puis me reprends et décide de monter au moins 1 fois le fameux Solarberg afin de ne pas mourir idiot .Je me fais passer par les élites qui respectent les distances et des relayeurs qui draftent comme des malpropres et s’annoncent dans un swoosh swoosh de lenticulaires. Je trouve le parcours plutôt usant, pour gros rouleurs, et ne prends aucun plaisir d’autant plus que je ne vois aucun paysage. Seule la montée du Solarberg est rigolote mais très surfaite (mais il paraît qu’il y avait 2 fois moins de monde que d’habitude). 1er tour accompli à un peu plus de 30 de moyenne et bien sûr je n’abandonne pas mais remets ça : j’ai promis une dédicace à woody ! Je le regrette au 120ème km : scotché sur la route avec un muscle qui veut à tout prix me faire le coup de la crampe (le même qu’à Klagenfurt, vicieux et têtu ce petit salopiot !), froid, trempé jusqu’aux os. Je traîne ma misère pendant 30 km et me promets de ne pas prendre le départ du marathon, il y a des limites à la connerie humaine ! De plus, le vélo souffre : la chaîne grince horriblement sur la cassette et la roue arrière s’est voilée. Heureusement que je passe 3 fois devant le camping-car et mon fan-club qui brave la pluie pour 10 secondes d’encouragement ! La seconde montée du Solarberg se fait à pied à cause des crampes et dans l’indifférence : les spectateurs sont partis et ce n’est que quelques kilomètres plus loin en demandant à un autre cycliste que j’ai réalisé que je l’avais passé pour la seconde fois. 6h46’’2 plus tard (loin de mes 6h espérées) je suis heureux de me débarrasse du vélo et des idées d’abandon plein la tête je me lance (lentement) sur le marathon. Vers le 2ème km, je trouve Gilles qui était parti en vague 8 assis au bord de la route, la tête entre les mains ; je m’arrête, lui parle et nous repartons ensemble. Nous ferons le yoyo pendant 32 bornes, nous soutenant mutuellement puis je pars au 32ème kilomètre juste avant de voir avec surprise Anne et les filles au 34ème km. Je tiens la forme, limite « singing in the rain », et termine en negative split en 5h10’47 dans une quasi-indifférence. Petite dans sur la ligne et dédicace à woody et voilà, c’est fini. Meilleur temps global pulvérisé : 13h33’03 mais le plaisir a été NUL !! J’ai 1000 fois préféré Lanza. Heureusement resteront les rencontres humaines : tuckson, kent… et le voyage en Bavière après.
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scapper
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par scapper »

ironturtle a écrit : A T2 j’ai récupéré un sac détrempé avec une tenue bonne à essorer
Il suffisait de doubler les sacs en jute par des sacs en plastique et c'était nickel :idea: :wink:
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Récits d'IRONMAN

Message non lu par poussman »

Dimanche 22 juin, il est 4 heures, la nuit fut courte mais j’ai pu trouver le sommeil. Je me prépare sans bruit dans la salle de bain pour ne pas réveiller ma petite famille qui dort dans la pièce à coté. Je suis à Nice depuis vendredi et la pression est montée peu à peu. Récupération des dossards et pose d’un bracelet « athlètes » sésame pour tous les accès pendant les 3 prochains jours ( le même que celui des bébés dans les maternités ), puis samedi dépose du vélo et des sacs pour la transition Vélos et Cap (Sacs que j’ai bien dû vérifier une bonne dizaine de fois !)

4h45 je quitte l’hôtel direction Promenade des Anglais à 1 km de là. Les rues de Nice sont pleines de triathlètes tous plus affutés les uns que les autres et de fêtards qui rentrent chez eux après une nuit de la musique plutôt bien arrosée au vu de leurs démarches hésitantes…Il fait déjà chaud cela promet .

Alors que je chemine lentement vers cette journée que j’attends depuis des années je repense à toutes ces heures d’entrainement et je me dis que je n’ai pas le droit d’échouer.

Depuis l’âge de 18 ans je rêve de participer à un IRONMAN après un reportage vu sur une télévision nationale, cette fois le rêve va devenir réalité.

5h30 Parc à Vélos. J’ai vérifié mon fidèle destrier, puis après m’être enduit de vaseline, j’enfile ma combinaison de natation. J’ai un gros poids sur le ventre…je crois que j’ai peur !

Je retrouve GéGé mon copain le Prof de gym dessinateur, il a l’air aussi tendu que moi.

Il a de grosses ambitions pour cette course et une pression supplémentaire car un copain lui a prêté un vélo sur lequel il est devenu meilleur grimpeur du Tour de France en 2002. Il a peur de le décevoir. Laurent Jalabert puisque c’est de lui dont on parle, est aussi sur cette course ( il finira 12 eme) me serre la main après que Gégé m’ait présenté et surtout il va nous donner un précieux conseil pour la natation : « Yves Cordier ( l’organisateur de l’épreuve) m’a dit de partir tout au bout à gauche , les courants me ramèneront vers la première bouée 1 km après le départ » On se tape dans les mains on se souhaite bonne chance, maintenant c’est chacun pour soi.

Je suis concentré tout à gauche donc sur l’immense ligne de départ. J’ai connu une répétition générale super dure sur le Triathlon courte distance de Toulon où j’avais passé beaucoup plus de temps sous l’eau que sur l’eau et j’angoisse à l’idée que cela recommence…

C’est parti !

Je rentre tranquillement dans l’eau, je pense que de la plage cela doit être impressionnant. Je suis super concentré : « Bien souffler dans l’eau, bien respirer, nager calmement, je suis prêt à recevoir des coups pour ne pas être surpris ». Incroyable cela se passe parfaitement, le conseil de Jalabert m’a positionné loin de la première bouée et la majorité des nageurs ont choisi le chemin le plus court. Je suis super content, je nage comme à l’entrainement , je repense aux cours de natation de IAN (ou plutôt de sa vidéo trouvée sur le net « Nager avec IAN THORPE » qui m’ont bien aidé à comprendre un peu les principes de ce sport qui m’était inconnu jusque là. Quand je pense qu’il y a 6 mois je ne pouvais guère dépasser les 50 mètres consécutivement sans manquer d’air.

Je commence à penser que la natation va bien se passer quand tout à coup je trouve que le nombre de nageurs proches de moi augmente de façon exponentielle seconde après seconde, un regard devant je comprends immédiatement la première bouée n’est plus très loin. Imaginez une autoroute a 100 voies qui se réduirait à une voie unique. Tout à coup ce n’est plus de la natation mais un combat à l’intérieur d’une machine à laver. Contrairement à Toulon où je ne m’y attendais pas, là je rentre dans la bataille comme les autres…3/4 minutes difficiles mais je m’en suis sorti, je me force à reprendre une respiration normale et à recommencer à nager calmement. Après 2400 mètres, sortie à l’Australienne sur la Plage et donc nouvelle baston. Je survis encore et je me lance dans l’eau pour les derniers 1400 mètres. Au passage j’ai pu apercevoir mon temps et je sais que c’est bien parti. Cela me booste pour la dernière boucle qui se passera sans incident majeur. Mon moral est au beau fixe je sais que ma principale inquiétude de la journée est derrière moi. Je sors de l’eau en 1h19’ à la 1700eme position sur les 2500 partants, beaucoup mieux que prévu !

Courir en enlevant sa combi, récupérer mon sac, me changer, mettre mon casque, courir jusqu’au vélo….il me faudra 7 minutes pour réaliser l’enchainement sans me presser plus que cela.

Les 180 km de vélo vont pouvoir commencer. 20 km de plat pour se mettre en jambes. Je connais le parcours pour l’avoir reconnu il y a 2 mois cela m’évitera toute mauvaise surprise. La natation ne m’a absolument pas fatigué, je peux donc rouler assez vite. Je double des grappes de concurrents déjà bien scotchés à la route. KM 20 première côte, un casse-pattes de 500 mètres à 12%. Je la passe tranquillement la route est encore longue. J’essaie de rester bien concentré : « Bien tourner les jambes, être attentif au revêtement pour éviter tout risque de crevaison, ne pas me mettre dans le rouge ». Me voila au km 40, je vais attaquer le col de l’ECRE, prés de 20 km de montée à 6%. Il fait de plus en plus chaud, je continue de doubler des dizaines de coureurs en grande difficulté. Cela me donne des ailes. Km 80 le parcours redevient plat, je suis suffisamment frais pour accélérer, les km défilent. Km 110 dernière difficulté du jour un col de 7 km que j’avais trouvé dur lors de ma première visite en Avril. Malgré la chaleur qui continue de grimper je vais le passer à bonne allure. Je me dis que le marathon va être dur.

Un trou sur la route que j’évite de peu, je suis furax de mon inattention, si je ne reste pas concentré la chute peut arriver à tout moment ! Km 160, la dernière descente est derrière moi je l’ai abordée avec grande prudence car la route est sinueuse et en mauvais état. Dans 20 km je serai à Nice. Je vais finir le vélo à 31 km de moyenne sur un parcours avec un dénivelé de 1800 mètres et l’interdiction de rouler en peloton.

Je détache mes pieds, je saute du vélo que je confie à un membre de l’Organisation, je cours vers mon sac pendu au milieu des autres, je suis arrivé en 666eme position après avoir remonté plus de 1000 coureurs en vélo.

4’ pour me changer, m’enduire de crème et me voila parti casquette rivée sur la tête pour les 42km du Marathon. La chaleur est écrasante, je vois des visages marqués autour de moi. Pour ma part je vais bien, très bien même. Pourquoi ? Parce que je sais que désormais je sais que je vais accomplir mon rêve d’ado « Devenir un IRONMAN » Courir un Marathon ne me fait pas peur, mes 15 marathons durant les 5 dernières années et surtout mes 100 km m’ont appris à bien gérer ce genre d’épreuve. De toute façon dans le pire des cas je pourrai toujours marcher…

Les jambes sont bonnes ; je me force à ralentir et à rester à une allure proche de celle que j’utilise sur les 100 km soit 12 km heure car cela me permettrait de finir la course sous les 11 heures.

Autour de moi c’est la retraite de Russie, de nombreux triathlètes marchent le regard hagard. Les cyclistes continuent d’arriver et viennent se greffer petit à petit sur ce serpent sans queue ni tête qui s’est formé entre la Plage du Centenaire où sera jugé l’arrivée et l’Aéroport où s’effectue le demi-tour.

Il faut donc faire 4 tours pour couvrir la distance du Marathon. A chaque passage nous recevons un chouchou, il en faudra 3 pour avoir le droit de passer la ligne d’arrivée, je n’imagine même pas le désarroi de ceux qui en auront perdu un !!

Bientôt le semi-marathon, je cours toujours à 12 km heure, j’ai enfin croisé mon pote GéGé qui a bien un demi-tour d’avance sur moi. Je comprends qu’il n’est pas bien ( j’apprendrai plus tard qu’il s’est blessé dès les premiers mètres en vélo). Joël, un copain niçois du boulot, est sur le bord de la route je le vois et l’entends m’encourager cela me donne de l’énergie. Quelques mètres plus loin c’est Olivier un autre copain que j’aperçois, lui va courir prés de 5 km à ma hauteur, je discute un peu mais j’essaie de ne pas trop gaspiller d’énergie. Je m’imagine lui donner mon dossard pour qu’il finisse à ma place, cela irait plus vite, lui qui peut courir un 10 km en 33’ !

Me voila de nouveau seul, je suis sur le retour de mon 3eme tour, je me force à boire plus que nécessaire à chaque ravitaillement, surtout éviter toute déshydratation. Dernier tour, bientôt je vois enfin ma petite femme qui doit galérer avec les enfants, elle me donne envie de finir plus vite pour la rejoindre.

Un IRONMAN c’est beaucoup d’investissement pour celui qui court mais aussi pour toute sa famille. Si je suis à 10 km d’accomplir mon rêve c’est en grande partie grâce à elle

La remontée vers l’Aéroport est dure. Il doit être 16 heures, autour de moi les défaillances sont nombreuses mais le service médical est présent à chaque mètre du parcours et intervient dés que nécessaire.

Demi-tour, à 5 km du bonheur, je suis suffisamment frais pour accélérer un peu mais je décide de rentrer à la même allure et surtout d’ouvrir grand mes yeux et d’emmagasiner un maximum de souvenirs pour plus tard, je grave dans mon esprit chaque pas que je fais vers la délivrance.

Dernier Km….au loin je vois l’arche d’arrivée mythique des courses IRONMAN, celle que je vois depuis tant d’année sur Internet ou à la télévision

200 mètres, voila le tapis bleu, plus beau que le rouge de Cannes, je cherche ma femme je veux passer la ligne avec elle, je ne la vois pas (cela sera mon seul regret de la journée).

50 mètres le speaker bondissant qui anime la course hurle « MICHEL YOU ARE A IRONMAN !!!! » Je lève les bras je serre les poings je l’ai fait !! 10h48 au total avec un marathon couru en 3h32 et une 254eme place au final.

Je reçois ma précieuse médaille de Finisher, je suis un peu perdu, je cherche ma petite famille, ils doivent être bloqués dans la foule..

En face de moi des visages familiers Nathalie et Christophe sont venus de Marseille pour me voir terminer je suis super touché de les voir là. Je suis sûr que Christophe était avec moi il ya 26 ans quand j’ai décidé qu’un jour je finirai cette épreuve, c’est vraiment génial qu’il soit là aujourd’hui !

J’aimerais rester avec eux mais je dois retrouver Marie et ce n’est pas facile avec tout ce monde. Enfin la voilà…10’ plus tard toute la famille me quitte, il faut qu’elle rentre sur Marseille les enfants ont école demain.

Moi je vais rester une nuit de plus sur Nice pour récupérer tranquillement et cela me permettra également d’assister de 21h30 à 22h30 à la dernière heure de course et à l’arrivée des derniers concurrents accueillis, comme le veut la tradition, par les premiers de la course comme de véritables héros. A 22h30 précise, après 16h de course le rideau de cette incroyable épreuve se refermera sur un joli feu d’artifice.

Une journée que je n’oublierai jamais…une fois de plus je me rends compte que vouloir c’est bien pouvoir !
LANZAROTE 2010 : HAWAI 1'50" TROP LOIN !
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ironturtle
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par ironturtle »

scapper a écrit :
ironturtle a écrit : A T2 j’ai récupéré un sac détrempé avec une tenue bonne à essorer
Il suffisait de doubler les sacs en jute par des sacs en plastique et c'était nickel :idea: :wink:
Ben oui c'est ce qu'on s'est tous dit APRES. :D Au moins les gens sauront pour l'an prochain. :wink:
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