Publié : 13 nov. 2006, 23:37
Cela fait maintenant deux/trois ans que le Tokay Alsacien ne doit plus être appellé que "Pinot Gris". Et c'est normal, puisque "Tokay" fait référence à une zone géographique précise, située autours du Mont du même nom (Nord-Est de la Hongrie). Liquoreux de grande renommée, à l'époque impériale, le nom de ce vin a été galvaudé et utilisé à des fins purement commerciales par des vignobles qui voulaient juste profiter de sa réputation (en première ligne les alsaciens, mais pas seulement).Bilbon-sacquet a écrit : mais l'appellation Tokay n'est elle pas revenue finalement en Hongrie, pays de son origine, si je ne m'abuse ?
Le vin a connu un déclin terrible à l'époque de la planification soviétique. Il renait de ses cendres depuis une quinzaine d'année. Les meilleures parcelles, à moitié abandonnées sur les coteaux car plus diffiles à travailler, on été remises en état. Les vinifications très oxydatives ont été revues. Les chais ont été modernisés. Les meilleurs vignerons s'organisent (d'où les interdictions récentes d'utiliser le nom de Tokay à tord et à travers). Etc ...
Notés 2 à 6, 1 puttonyos correspondant à un seau d'une vingtaine de litres. Ces seaux servent à collecter les grains nobles (grains affectés par la forme "noble" de B. cinerea). Ces grains nobles sont ensuite ajoutés au vin sec de l'année ayant à peine (ou pas...) fini sa fermentation alcoolique. Selon qu'on rajoute 2, 3, 4, 5 ou 6 seaux par barrique de 200L de vin/mout "sec", le vin portera la mention 1, 2, 3, 4, 5 ou 6 puttonyos.Boulegan a écrit : Cela étant, les tokay (on peut également l'écrire tokaji) les plus réputés sont bien hongrois, "notés" de 3 à 7 puttonyos, voire 8 pour l'Eszencia,
L'Eszencia est quant à elle issue des seuls grains nobles (et est d'ailleurs tellement chargée en sucres que les levures ne fermentent pas au delà de 8-9° alcooliques...). C'est du 100% puttonyos en quelque sorte.
Le vin doit rester en barrique un nombre d'années égal au nombre de puttonyos qu'il a reçu + 1 an. Certes cette fermentation et cet élevage très longs jouent un rôle important, mais pour avoir gouté aussi des vins ayant seulement 2-3 ans (des "Late Harvest" ie vendanges tardives et des 2 puttonyos), je pense que les arômes du Tokay sont dus avant tout au furmint, au terroir de Tokay et bien sûr à la botrytisation, et pas tant que ça à la méthode de production. Tokay est un grand terroir... et tout s'efface toujours devant un grand terroir (enfin c'est ce qu'on dit en France !)Boulegan a écrit : Sa pureté, sa rareté et ses arômes sont dus à la fermentation, qui peut prendre parfois des années, en raison d'un taux de sucre très élevé.
Pour moi les vins de glace sont des vins issus de raisins ayant séché et flétri jusqu'aux premiers gros frimas de l'hiver (fin novembre/début décembre en général). Ensuite on presse tout ça et on laisse fermenter. Comme un vin de paille pour lequel on aurait pas rentré les raisins. Je me trompe ou pas ? S'il y a des spécialistes dans la salle...Boulegan a écrit : En Alsace, il existe bien le Ice Wine, dont le principe de vinification paraît similaire au tokay (que les spécialistes me le confirme).
Parce que le tokay c'est différent de ça (Botrytis + mélange vin sec/grains nobles + fermentation ultra-longue, etc....)
Globalement, les Tokays sont encore de qualités très inégales. Mais les meilleurs font indiscutablement parti des plus grands liquoreux qu'il m'ait été donné de gouter... Il faut vraiment taper dans le grand Montbaz' ou les plus fameux Sauternes pour arriver au niveau des meilleurs Tokaji. Avec des écarts de prix, oulala !
À noter à 150/200 km de Tokay une autre zone de production en plein renouveau : Eger. Il s'y produit un petit vin rouge, dit "Egri Bikaver" (littéralement le sang de taureau d'Eger) qui si vous frappez à la bonne porte vaut son pesant de kopec !