Salut à tous,
Tout d'abord félicitations à tous les participants.
Pour moi c'était le premier, comme la majorité des gens sur la ligne de départ.
Je vous fais un petit CR vite fait:
Nice 3h57. je me réveille dans mon hotel Ibis budget. Je descends dans le hall retrouver mes deux potes pour manger notre déj ensemble. Un gatosport, un café noir, et c'est parti. On rassemble nos affaires, tatouage, et on descend pour aller au parc à vélo. Je vous passe les pires difficultés qu'on a eu pour atteindre le parc en voiture (un pote est passé nous prendre, 30' plus tard que prévu). Prochaine fois, même si y a 3 km, ce sera à pied.
Entrée dans le parc à vélo à 5h50: "je veux pas te foutre la pression mais t'as 10 minutes pour être sorti d'ici" => ça y est, j'ai la pression. Je fais la pression, je me change, et direction la plage. Vu ma récente blessure à l'épaule et mon gros manque de fond dans la discipline, je me mets dans le sas "- de 1h18".
Natation: Dès je que rentre dans l'eau, c'est le bonheur. La température est bonne, on voit bien les bouées, pas de baston,... Parfait! Je remarque rapidement que les bouées ne sont pas du tout alignée et j'ai l'impression d'être le seul à l'avoir remarqué tant les autres nageurs longent les bouées intermédiaires. Je vois le soleil se lever sur le côté, des poissons passent en dessous de moi... J'ai jamais autant apprécié une natation, moi qui déteste ça à l'accoutumée. La suite se passera sans heurt, et avec la sensation de faire une super nage. Je dépasse sans cesse des gens sur la seconde boucle. Confirmation à la sortie: 1h10' (et 3919m à la montre).
Vélo: je monte sur le vélo et je donne deux trois coups de pédales. Directement je sens que j'ai les bonnes jambes. Par contre un petit coup d'oeil à la montre m'indique que je suis à 170bpm... je prends le temps de me calmer et laisse filer quelques mecs. les blocs de bétons au bout de la promenade provoquent un petit ralentissement quand j'y passe, et comme on arrive à 38kmh et que c'est pas super bien signalé, j'ai trouvé ça vraiment dangereux. Place ensuite à la vallée jusqu'à la condamine. 32-33kmh sans forcer en restant à moins de 150bpm. ça va être une bonne journée! La condamine était bien casse patte comme j'avais pu la repérer il y a 3 semaines, mais c'est tellement court qu'on est au dessus avant d'avoir pu en souffrir. C'est à partir de ce moment que je commence à dépasser gentiment du monde. (Et que je me fais dépasser par un manchot qui roulait à une de ces vitesses... très impressionant) A l'entrée des gorges, je calme un peu pour me maintenir à <155bpm pendant la montée. Status quo au niveau du classement. Arrivé en haut du col de l'ècre, je décide de ne pas m'arrêter au ravito perso (de toute façon je n'ai qu'un vieux pneu et une cartouche de gaz là haut). Sur le plateau, je recommence à dépasser les vélos (et les voitures

) en quantité. Je me sens bien. Idem dans le long plat/faux plat qui suit. Juste avant d'entamer la côte de Pons, un vélo assez amoché et l'ambulance sur les lieux me rappelle de bien faire attention. Dans cette côte, je discute avec un Croate qui se demande s'il aura un jour des enfants. Il m'explique qu'il ne sent plus sont pénis depuis le km50

. Demi-tour, je pousse, dernière côte, et je bascule, toujours avec de bonnes sensations. Juste avant la condamine, je prends un trou à pleine vitesse et sans l'avoir vu. Mon bidon de matos (deux chambres à air, 3 bonbonnes de gaz) saute et en me retournant je ne le vois même plus sur la route. Je pense qu'il a du passer par dessus le muret et finir dans la verdure

. Pas le temps de partir à l'exploration, il fera plaisir à quelqu'un si il le retrouve. Je pense bien que je ne l'aurais jamais retrouvé. J'arrive dans la vallée et je vois que malgré le vent, les 35-37kmh se tiennent encore facilement. Je deviens hyper parano en scrutant la route à la recherche du moindre gravillon ou éclat de verre à éviter, n'ayant plus rien pour réparer. Ce fut le moment stressant de ma journée... Je rentre sur la Prom', j'enlève les pieds des chaussures... et hop je suis sur mes pieds. un regard à la montre, 5:44'. Exactement dans l'objectif de 5:45"!
Run: je démarre avec une idée en tête: molo molo molo. premier km en 4'50... merde alors j'avais dit molo, j'essaye de me caller à 5'30"/km. je tiendrai ce rythme 2 tours. j'avais embarqué 3 gels avec moi. le premier au km5, le second au km10, et le dernier, je le consomme au km15. et puis je commence à en chercher à chaque ravito... il y a des tucs, des barres, des bananes, et des pâtes de fruit (dont je sais qu'elle me file le brûlant)... Je décide de basculer en mode survie (à savoir banane coca), faute de mieux. Un gros gros carton rouge à l'orga sur ce coup là!

(tout le reste était top, si ce n'est, comme cité plus haut, le niveau de remplissage des bidons aux ravitos vélo). Ce qui devait arriver arriva (et pas forcément à cause des gels), je ralentis. Je perds qq secondes à chaque km, pour plafonner en 6'45/km aux alentours du km 35... Mais partout autour, il y a un nombre incroyable de cadavres, tantôt un concurrent qui dort sous un palmier, tantôt un qui gémit au ravito, ou allongé sur un lit au poste de secours. Donc au fond je me satisfais d'être encore sur mes deux pieds. Le dernier retour se passe en un instant, sans que j'ai vraiment l'occasion de réaliser que c'est déjà fini. Voilà 3km que je n'arrive pas à enlever le sourire qui me colle au visage. J'ai une banane d'enfer. J'ai l'impression que tous les gens qui m'encouragent me renvoient mon sourire. Je vois la vie en rose!
Je prends l'embranchement vers la droite, je suis sur le tapis rouge! I'm an Ironman. Quelle émotion, quelle joie!
Ce marathon a néanmoins été en deça de mes espérances, je le boucle en 4:13' pour finir mon premier Ironman en 11:17.
Tellement de satisfaction, et la sensation que les entrainements ont payé. Il faudra que j'essaie de comprendre avec mon entraineur si j'ai craqué naturellement à cause de la durée de l'effort, à cause de l'alimentation, à cause de la chaleur,... Bref pouvoir rectifier le tir pour l'an prochain, parce que j'ai déjà envie de repartir à l'abordage
