geraud a écrit :Boulegan a écrit :Franchement, je ne crois pas que l'Equipe n'a d'autre motivation que de vendre du papier, non ?
Si, de vendre de la pub sur leur site internet
Boulegan a écrit :Ragots, commérages, on-dit, emploi du conditionnel, supputation, délation, c'est dans l'air du temps, une mode, presque un acte charitable de nos jours, et l'Equipe n'est même pas leader dans le domaine de la presse trash.
C'est bien ca qui me gene. Quand tu achetes Closer, tu te doutes (enfin j'espere....) que ce sera des ragots, du trash, des histoires montees de toute piece,... Quand tu achetes Le Figaro ou Le Monde, normalement tu t'attends a un peu plus de travail d'information, avec du fond, des enquetes un peu plus poussees... du journalisme quoi.
L'Equipe pour moi, c'etait a la base un journal d'information. D'information sportive, certes, mais d'information quand meme. La je trouve que ca tourne de plus en plus au journal a scandales. Sur un championnat d'Europe, il doit quand meme y avoir des infos un peu plus interessantes que le fait que Nasri et Ben Arfa se SERAIENT engueules.
Et au pire, s'il n'y a rien d'autre a dire sur le championnat d'Europe, ca pourrait etre l'occasion de ne pas remplir 12 pages sur 20 sur du foot et de parler d'autres sports
Mais je sais bien que tu as raison. C'etait juste un regret; je trouve que la qualite de l'info sportive dans l'equipe baisse au detriment des infos a scandale. Mais je suis d'accord que si c'est ce qui fait vendre, ca ne risque malheureusement pas de s'inverser...
Ai commis 17 ans dans la presse écrite pour un quotidien que même la Corée du Nord nous envie pour sa servilité au pouvoir politique local. Début des années 90, ça tournait encore correctement, 400 000 lecteurs/jour, c'était une entreprise familiale dirigée par un vrai patron de presse qui connaissait le journalisme et ses employés. Fin des années 90, le journal a été vendu à ses fumiers de Lagardère, objectif, non plus vendre de l'information mais des espaces de pub. On a vu débarquer des logiciels tout beaux tout neufs avec des cases prévus à l'avance le matin par le chef, ton titre, ton papier, ta photo, tout devait rentrer dans le bloc, pas de place pour un signe de plus, un pixel de plus. Des petits cons sortis d'école de commerce sont venus nous apprendre notre métier, qu'il fallait écrire court, parler au lecteur, les faire rêver, mieux vendre les faits divers avec titre d'accroche en Une et jacquettes chez les marchands de journaux.
Bilan, on en a été réduit à recopier des dossiers de presse, à reprendre in extenso les communiqués des politiques, à faire du chiffre, à vendre des faits divers odieux et surtout. Mais surtout, surtout, fallait "faire court", 'tain, qu'est-ce que j'ai pu l'entendre ça !! La samedi, dans certaines pages, il y avait un article pour 3 pubs.
La boucle était bouclée : les grands groupes de presse et leurs actionnaires empochaient la tune de la pub de leurs grands copains de l'agroalimentaire, de l'industrie automobile, des cosmétiques, etc, tout le monde se tenait par la main, tout le monde était heureux. La lobotomisation des masses était en marche. Ces connards... ils n'ont même pas vu venir la presse gratuite et la presse internet, des nases...

Du coup, ils ont commencé à pleurer, à réclamer et, pire, obtenir des subventions et des dégrèvements d'impôts pour embaucher des journalistes. Il n'y a eu aucune embauche. Mon triste journal a ainsi empoché 40 millions d'euros de l'Etat sans titulariser le moindre reporter. Mieux, ils prenaient en stage de jeunes journalistes ambitieux, 3 mois, 6 mois, non rémunérés. Cynisme absolu.
Nous n'étions plus des journalistes, juste des robots à remplir des cases et à former des stagiaires dans la précarité.
Pour réduire encore les charges et gaver davantage les actionnaires, la direction a proposé des départs à la retraite anticipée, des clauses de cession et autres artifices du code du travail. Suis parti...