Raymond Poulidor : « Contador va tout faire exploser »
C'est l'étape tant attendue de ce Tour et craint par tous les coureurs, surtout ceux qui ne sont pas grimpeurs. Tout simplement parce que, pour cette 18ème étape entre Pinerolo et Galibier-Serre-Chevalier, le peloton va se confronter sur les 200,5 km aux Cols d'Agnel, d''Izoard et la montée vers l'arrivée finale en haut du Galibier. Pour cette étape mythique, nous avons demandé à notre « mythique » Raymond Poulidor. Toujours sur le Tour « Poupou », ambassadeur du partenaire du maillot jaune, l'idole du cyclisme français revient pour Cyclism'Actu sur les difficultés de ce jeudi. Sans langue de bois, Raymond Poulidor nous livre son petit pronostic pour dimanche à Paris. Ainsi que les chances de Thomas Voeckler de garder son maillot jaune.
Raymond Poulidor, votre popularité est toujours intacte, cela doit faire chaud au coeur ?
Oui c'est vrai mais j'avoue que le jour où on ne me reconnaitra plus, ce sera vraiment pénible pour moi. Le Tour de France, c'est mes vacances, c'est un plaisir. C'est le 14 juillet tous les jours ! Je suis actuellement dans mon 47ème Tour de France. Depuis 1969, j'en ai raté qu'un seul, en 1987, où je devais le faire avec la radio « Nostalgie » et pour la petite histoire, celui qui devait gérer le budget est parti avec la caisse et on ne l'a plus retrouvé. A trois ou quatre jours du départ, tout à été annulé. C'était vraiment très pénible pour moi. J'ai dû le suivre à la radio et à la télé finalement. Mais bon, l'année suivante, je suis quand même revenu, le temps passe vite jusqu'au tour; D'ailleurs quand on fini le Tour on dit « l'été est fini ».
L'ère Poulidor, c'est « les années 70 », quelle est l'évolution du vélo ?
Depuis mon époque la course a énormément évolué. Maintenant, il y a beaucoup plus de concurrents et d'opposition étrangère. A mon époque, on démarrait le Tour avec 140-150 coureurs dont plus de 80 français c'était beaucoup plus facile. Maintenant il y a 200 coureurs au départ et beaucoup de pays étrangers, notamment de l'Est. Avant, ils dominaient les courses amateurs, maintenant, ils sont de plus en plus présent sur les courses professionnelles. Par exemple, si on revenait aux équipes nationales, bon nombre d'équipes phare de l'époque seraient beaucoup moins présentes. On verrait, par exemple, beaucoup plus les équipes comme celle de l'Australie ou de la Russie qui seraient dur à battre. On l'a encore bien vu ce mardi, avec le doublé norvégien à Gap. A mon époque, il n'y avait aucun coureur norvégien.
Andy Schleck est-il le Poulidor des temps modernes?
Peut-être, mais attention, cette année, cela lui sera très difficile de finir à la seconde place. Mon tiercé au départ, c'était Alberto Contador - Andy Schleck – Cadel Evans. Mais, maintenant, je dois avouer que j'ai changé d'avis. Je laisserai Contador vainqueur mais devant Cadel Evans et sur la troisième marche un autre espagnol, Samuel Sanchez.
Toute la France vibre pour Thomas Voeckler et son maillot jaune, et vous ?
Ce que Thomas fait est extraordinaire. On ne sait pas où sont ses limites même si c'est dur pour lui en ce moment. Il essaye de suivre et de se battre. On a même pensé à un moment qu'il allait contrer Contador, mardi. Il est quand même assez fatigué et quand on voit les étapes qui se profilent, il va souffrir. Au dessus de 2000 mètres, c'est beaucoup plus dur et les vrais grimpeurs feront sûrement la différence. On ne sait pas où il peut aller tellement il a montré de très belles choses depuis le départ. Mais lorsqu'on sera à 2500 ou 2600 mètres, son organismes ne supportera peut être plus tous ses efforts. Tandis que Contador, le pur grimpeur, sera très très fort. Pour moi, Contador va tout faire exploser et remporter le Tour de France.

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