Z_orglub a écrit : 09 sept. 2020, 12:42
Je peux le faire aussi : parce que tu crois vraiment que c'est en baissant des impôts que des "initiatives privées" vont sortir de France pour concurrencer Amazon
Bien sûr que oui. Toute la puissance d'Amazon s'appuie sur le fait que le coût du travail est élevé. En assurant une connexion rapide et fiable entre n'importe quel producteur et n'importe quel consommateur dans le monde, Amazon permet aux consommateurs des pays les plus riches de bénéficier des produits des pays les plus compétitifs.
De façon générale, les statistiques montrent que la robotisation n'est pas mauvaise pour l'emploi: au contraire, ce sont les pays où la robotisation est la plus élevée (Corée du Sud, Allemagne, Japon...) que le chômage est le plus bas, et que les emplois sont de meilleure qualité. De façon générale ce n'est pas étonnant: les robots remplacent les emplois les plus pénibles, et la robotisation est le signe d'une industrie puissante et compétitive, qui in fine crée de l'emploi (il y a plus d'emplois dans une robotisée que dans pas d'usine du tout).
Là ou le coût du travail intervient dans la destruction de l'emploi en France, c'est dans nos micro-décisions quotidiennes de consommateur.
Une anecdote dans laquelle beaucoup se retrouveront.
L'autre jour, mon four est tombé en panne, la porte se refermait mal. J'ai téléphoné au SAV, qui après que j'ai expliqué la panne a fini par lâcher: "vous savez, entre le déplacement la main d'oeuvre et les pièces, il y en a pour à peu près 200 euros, si j'étais vous j'achèterais un four neuf, il y en a des biens pour 250, ça vaut pas la peine de réparer".
Qu'est ce qui se passe en fait ici si je suis ce conseil de bon sens entendu si souvent: je détruis un emploi en France (celui du réparateur) et j'en crée 1/2 en Corée (Samsung...) ou en Allemagne (Bosch), 1/2 en Chine, et 0,001 chez Amazon.
Pourquoi:
- parce que sur les 200 euros que j'aurais dû verser à mon réparateur, il n'y a quasiment que du travail (la valeur des ressorts à changer doit être de 0,5 euros), et à peu près la moitié des 200 euros va entrer dans la poche de l'état (TVA, charges sociales du réparateur, taxes sur l'essence de la camionnette, CFE etc etc), la France étant la championne du monde des prélèvements obligatoires (46% du PIB: à chaque fois que je produis 1, l'état prélève 0,46)
- du coup, faire du travail en local va me revenir plus cher que de faire travailler des pays moins chargés en prélèvement et plus compétitifs
- je vais donc créer 1/2 emploi en Corée ou en Allemagne (ceux qui conçoivent, designent, marketent les fours, ceux qui conçoivent, designent, maintiennent et opèrent les robots qui construisent les fours...), 1/2 emploi en Chine (ceux qui sur la chaîne assemblent les fours), et je vais enrichir Amazon qui va être capable de livrer en 3 jours chez moi à des conditions imbattables un four fabriqué à l'autre bout du monde
Si j'avais eu un taux de prélèvement plus proche de ce qui se pratique en moyenne dans l'OCDE, le devis de réparation aurait été plus dans les 150 que dans les 200. Réparer localement devient beaucoup plus intéressant, ce qui créé de l'emploi local, n'enrichit pas Amazon, et est certainement le mieux pour la planète.
Au final: des charges sociales et des prélèvements excessifs tuent le travail local et détruisent la planète!