FAYARD a écrit : 19 nov. 2021, 17:18
Personne ne s’amuse à frôler un Poids Lourd ou un Tracteur, mais ces mêmes personnes n’auraient pas conscience d’être passé trop près d’un cycliste, nan, mais à qui tu veux faire avaler ça ?
Les gens derrière leur volant ne veulent pas partager la route, c’est aussi simple que cela.
C'est un peu plus compliqué que cela.
Dans de nombreux domaines de risques, on analyse les F.O.H. (Facteurs Organisationnels et Humains).
Il est très intéressant de comprendre, en matière de risques accidentels, ce qui conduit un opérateur (ou un conducteur dans notre cas précis) à violer une règle de sécurité.
Sans être exhaustif, on peut facilement citer :
1 : la méconnaissance de la règle (les gens ne savent pas qu'il faut s'écarter de 1,50m) ;
2 : l'absence de repère/indicateur sur le respect de la règle (les gens ne visualisent pas ce que cela représente 1,5m et ne comprennent pas que pour respecter le 1,5m, il faut déporter 2/3 du véhicule sur la voie de gauche et que donc il ne faut pas qu'il y ait de véhicules en face pour doubler un cycliste).
3 : la pression (je veux aller vite pour différentes raisons et j'enfreins donc la règle pour gagner du temps)
4 : la fatigue, l'erreur visuel (je n'ai pas vu le cycliste)
5 : l'excès de confiance en soi (je ne respecte pas la distance de 1,5m car j'estime que je maîtrise suffisamment mon véhicule pour raser le cycliste)
6 : la méconnaissance des conséquences du non respect de la règle (je rase le cycliste mais je ne me rends pas compte qu'en faisant cela, je cache le cycliste et le véhicule derrière ne le verra pas et va le percuter) ;
7 : la norme qui diffère de la règle (tu rases le cycliste car tu fais comme tous les autres conducteurs qui rasent le cycliste. Et comme tu fais tout le monde, tu n'as plus vraiment conscience d'enfreindre la règle)
8 : l'absence de sanction (aucune autorité ne vient te rappeler que tu as enfreint la règle)
9 : l'absence de dômmage personnel sur le non respect de la règle (c'est le cycliste qui est mis en danger, pas le conducteur)
10 : l'agression du cycliste (tu rases le cycliste car tu es anti-cycliste).
1x : j'en oublie certainement d'autres
Le gros soucis, c'est que la prévention routière ne tient pas vraiment compte des FOH pour assurer la cohabitation entre automobilistes et cyclistes.
Plusieurs pistes de progrès pourraient être envisagées :
A : avoir une règle plus claire. Au lieu de dire qu'il faut laisser 1,5m, il faudrait changer la règle et interdire de dépasser un deux roues dans la même voie (si tu veux doubler, tu vas complètement sur la voie de gauche) ;
B : rappeler la règle (qui est méconnue) ;
C : faire de la pédagogie sur le respect de la règle (expliciter les conséquences du non respect de la règle -> ce point est largement sous utilisé alors qu'il y a moyen de faire de la pédagogie sur des accidents réels avec toutes les vidéos dashcams qui existent)
D : contrôler et sanctionner le non respect de la règle
Le problème, c'est que ces pistes d'amélioration relève de l'ETAT.
Or, l'Etat se désengage totalement et laisse les collectivités locales se démerder. Mais les collectivités locales ne peuvent agir que sur l'infrastructure (les bandes cyclables, les pistes cyclables, les chaussidoux et les limitations de vitesse).
Il reste du boulot.
Pour ma part, les deux choses que je peux faire, c'est :
- montrer le bon exemple. Lorsque je conduis une voiture et que je dois doubler un cycliste, j'attends sagemment qu'il n'y ait rien en face et je double large.
- sermonner l'automobiliste qui m'a rasé. Çà rappelle surtout à l’automobiliste qu'il a enfreint une règle et qu'il s'expose au courroux du cycliste.