Hé les copines vous n'êtes pas sur la plage ? Rien a branler de "la SAGA de l'été" avec Schleck et Contador toutes façon on connait le résultat sauf.... dans les contrôles
Vous avez suivi comme moi la 17e étape du Tour de France ? Vous avez vu le beau mano à mano entre le maillot jaune Contador et son dauphin Andy Schleck ? Du beau cyclisme ! En tout cas, Nicolas Sarkozy a apprécié. Le président a suivi la fin de l’étape dans la voiture du directeur de la course. Il a déclaré : « Ça fait plaisir parce que ça montre que tout ce qui été engagé pour le cyclisme par la direction du Tour pour lutter contre le dopage, faire qu'il y n'ait qu'une seule course et pas deux courses, ça porte ses fruits et, vraiment, c'est prometteur pour l'avenir ». Et à l’arrivée, il a accueilli Lance Armstrong, l’homme aux sept victoires, avec un hommage appuyé : « Je trouve que son combat est fantastique. On a besoin de personnages comme Lance Armstrong ».
Monsieur le président, ce n’est pas parce que vous pédalez un peu en vacances que vous devez fermer les yeux sur le dopage au Tour de France. Citer Armstrong en exemple pour la nation relève de l’indécence. Vous ne lisez jamais les journaux ? Vos conseillers ne vous ont jamais parlé des soupçons répétés qui pèsent depuis des années sur le champion américain ? Ils ne vous ont pas dit qu’à la suite des accusations de son ancien coéquipier Landis, la justice américaine a ouvert une enquête ?
Mais, vous avez encore aggravé votre cas, sauf votre respect, en serrant la main d’Alberto Contador, le maillot jaune. Vous ne savez pas que son équipe Astana a été exclue du Tour en 2008 pour dopage répété ? Vous ignorez aussi que Frank Schleck, le frère d’Andy Schleck que vous avez chaleureusement félicité, est soupçonné de dopage en rapport avec l’affaire Puerto, un vaste réseau de dopage sanguin mis à jour en 2006 ? Votre ministre de la Santé et des Sports ne vous a pas prévenu que le coureur italien Petacchi, déjà contrôlé positif en 2007, venait d’être convoqué par la justice italienne pour une affaire de contrôle anti-dopage d’un des ses équipiers en 2008 ? Vous ne saviez pas que l’Italien Ivan Basso, exclu du Tour en 2006 pour dopage, et le Kazakh Alexandre Vinokourov, qui a purgé deux ans de suspension pour transfusion sanguine, ont retrouvé la grande famille du vélo ? Vous ne trouvez pas, Monsieur le Président, que tout cela commence à faire beaucoup ? Un peu de prudence et de modération n’auraient pas fait de mal, vous ne croyez pas ?
Je sais bien que vous avez d’autres soucis que le dopage dans le cyclisme. J’ai bien compris qu’avec Armstrong, Contador et Schleck, flanqués de l’ineffable Gérard Holz, le spécialiste de France 2, vous vous offrez un petit exercice de com sans risque. Pas comme Éric Woerth, qui s’est fait siffler, l’autre jour. Mais quand même ! À quoi vous servent vos conseillers, s’ils ne sont pas capables de vous éviter de mettre vos pieds dans le marécage ?
Tout le monde peut faire des recherches sur Google, comme je le fais. Vous auriez pu lire, sur le dopage au Tour de France, les excellents articles du Monde, le quotidien qui vous donne des boutons avec ses révélations sur l’affaire Bettencourt. Vous auriez aussi découvert un site que je me permets de vous conseiller :
http://www.cyclisme.dopage.com. Selon cette mine d’informations, depuis 1968, 85 % des porteurs du maillot jaune ont été contrôlés, 64 % des dix premiers du Tour, aussi.
Tous les champions qui faisaient briller vos yeux de gosse sont là : Louison Bobet, Jacques Anquetil, Charly Gaul, Raymond Poulidor, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Miguel Indurain, Richard Virenque. C’est comme les Animaux malades de la peste de M. de La Fontaine : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ». Je veux dire : tous n’ont pas avoué, tous n’ont pas été sanctionnés, mais tous ont été contrôlés positifs. La liste des produits avec lesquels les champions se dopent est plus longue que les dons de Mme Bettencourt : EPO, amphétamines, cocaïne, anabolisants, éphédrine, ventoline, DHEA.
Et je vous épargne leurs excuses « stupéfiantes » : « C'est mon soigneur qui m'a injecté ce produit, moi je lui avais juste demandé de la vitamine B-12.» Richard Virenque : « J'ai été dopé à l'insu de mon plein gré. » Floyd Landis : « J’ai passé la soirée avec des amis et des membres de son équipe, à préparer l'étape ardue en montagne en buvant deux bières et au moins quatre verres de whisky. » Eddy Merckx : « Tous les coureurs prennent des fortifiants au cours de leur carrière. J'en ai pris moi-même, mais il ne faut pas confondre fortifiants et produits dopants. » Jacques Anquetil : « Je préfère me faire une piqure de caféine que de boire trois tasses de café qui, elles, me font mal au foie... » Chargés comme des mules et bêtes comme des ânes, Monsieur le Président.
Mais, selon les spécialistes, il est inutile de rechercher les produits dopants. Les champions sont trop habiles, avec leur médecin et leur conseiller. Il y a longtemps qu’ils ont appris à déjouer les contrôles et à masquer les drogues qu’ils emploient. Pour les convaincre de dopage, mieux vaut calculer la puissance qu’ils déploient calculée en watts. Selon Antoine Vayer, l’ancien conseiller de Virenque, dans l’Alpe de huez, en 2008, Andy Schleck a développé 425 watts. Armstrong, en 2004, soupçonné de dopage, 470 watts. Jan Ulrich, le champion allemand licencié par son équipe pour dopage, 465 watts. Ivan Basso, exclu du Tour pour dopage, 427 watts. Des performances stupéfiantes, du « dopage miraculeux ». Quel dommage, Monsieur le Président, que vous n’ayez pas consulté vos dossiers avant de présenter Lance Armstrong, Alberto Contador et Andy Schleck à l’admiration des Français !
Pourvu que ça dure....