Richie a écrit :Pat76 a écrit :Michel Audran: «Aucune étude n'a encore montré un lien entre dopage et cancer»
SANTE - Selon ce spécialiste du dopage rien n'indique une corrélation entre le cancer dont souffre Laurent Fignon et l'utilisation de produits interdits...
Professeur de biophysique à la faculté de pharmacie de Montpellier et spécialiste du dopage sanguin, Michel Audran se veut très réservé sur les liens entre cancer et dopage…
Faut-il voir un lien entre le cancer de Laurent Fignon et les produits qu’il a avoué consommer durant sa carrière (à savoir amphétamine et cortisone)?
Actuellement aucune étude épidémiologique ne démontre un lien entre usage de produits dopants et cancer. Selon moi les produits utilisés par Laurent Fignon ont peu de chances d’amener à un cancer, surtout un cancer du pancréas. La seule étude pertinente chez un groupe de sportifs date d’il y a deux ans en Finlande. Elle compare une population de culturistes sous anabolisants à une population générale. Cette étude montre que le taux de mortalité est trois fois élevé chez les culturistes.
Ces produits peuvent-ils aggraver un cancer alors?Le petit bémol que je peux ajouter dans le cas de Fignon, c’est que les personnes qui prennent de la cortisone utilisent aussi des anabolisants. Mais là encore, les anabolisants n’ont jamais été la cause d’un cancer, ils peuvent peut-être l’accélérer mais pas le déclencher.
Les produits dopant apparus après la retraite de Fignon comme l’EPO au milieu des années 90, présentent-ils un risque supérieur?
Je serais plus inquiet pour les coureurs des années 90 qui utilisaient de l’EPO à dosse massive. L’EPO peut être un facteur de croissance du cancer. Il peut aider à mieux irriguer une tumeur cancéreuse, de même pour l’hormone de croissance. Mais là encore, aucune étude ne le prouve pour l’instant.
Je ne suis pas convaincu que si la question est posée à Mondenard ou Escande, ils aient la même réponse
Ce qui est incroyable, c'est le manque d'étude justement. Les raisons multiples : pas de motivation des pouvoirs sportifs (on se demande pourquoi

) et surtout et sûrement, cela serait montrer que les médicaments qui ont pour but de soigner ont des répercussions à rebourg potentiel négatives (d'où l'existence de médecins CQFD). Si de telles études faisaient un lien entre médicaments et maladies, des sectes ou des gars comme Marc MENANT (
"les médicaments, c'est dangereux" 
) sauteraient à pied joint dedans.
La seule vérité sort des statistiques de la mortalité des anciens champions et qui malgré les progrès de la médecine (donc hausse de l'espérance de vie potentielle) sont sans appel :
http://www.darmian.over-blog.com/article-32583002.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Pour le triathlon, en fonction de la longévité des anciens champions, on saura ce qu'il est en est dans 20 à 30 ans

En complément et pour BRAZIOU, une enquête italienne sur le foot Italien dans les années 60 à une période où les enjeux financiers étaient sans commune mesure
http://www.cyclisme-dopage.com/dossierd ... age-be.htm" onclick="window.open(this.href);return false;
Mort précoce d'anciens sportifs
2004 - dopage.be - Gilles Goetghebuer
Extraits
Le 27 juillet dernier, le médecin légiste Giuseppe Fortuni rendait son rapport sur les causes du décès du coureur italien Marco Pantani : overdose de cocaïne (6 fois la dose mortelle dans le sang). Du même coup, l'autopsie excluait la possibilité d'un empoisonnement par l'EPO (...). L'EPO reste pourtant un acteur majeur de ce drame. De l'avis de tous ceux qui le connaissaient bien, la mort de Pantani est venue comme un aboutissement malheureusement prévisible d'une longue descente aux enfers qui avait commencé au Tour d'Italie en 1999. Cette année-là, le champion transalpin allait remporter la course lorsqu'il fut exclu pour un hématocrite supérieur à 50%. (...) Pantani a mal vécu ce passage du statut d'idole à celui de simple citoyen auditionné par la police. Selon ses proches, voilà qui explique son refuge dans la drogue jusqu'aux circonstances tragiques de sa disparition.
(...)
La mort précoce de Pantani (34 ans) ne constitue pas un fait isolé dans l'histoire du cyclisme. En décembre 2003, on apprenait également la disparition du champion espagnol José-Maria Jimenez (32 ans), terrassé par un infarctus alors qu'il se trouvait hospitalisé (...) pour soigner une profonde dépression. Un mois plus tard, c'était au tour du coureur hollandais Michael Zanoli. Atteint de troubles du comportement, il succombait à une défaillance cardiaque à l'âge de 35 ans. D'autres cyclistes de renom disparurent encore dans la fleur de l'âge: Thierry Claveyrolat (40 ans), Paul Haghedooren (38 ans), Bert Oosterbosch (32 ans), etc. A chaque fois, on s'étonne de la fragilité de ceux que l'on croyait dépositaires (...) d'une très robuste constitution.
(...)
Des statistiques précises sur la longévité des coureurs cyclistes font malheureusement défaut au sein des fédérations. On trouve néanmoins des chiffres qui résultent d'initiatives privées comme celle du médecin français Jean-Pierre de
Mondenard (...). A l'issue d'une recherche minutieuse, il a pu démontrer, par exemple, que jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les anciens vainqueurs du Tour de France vivaient plutôt plus longtemps que la moyenne de la population.
A présent, la tendance s'est nettement inversée sous le coup notamment des disparitions précoces de coureurs comme Gastone Nencini (49 ans), Fausto Coppi (41 ans), Hugo Koblet (39 ans), Jacques Anquetil (53 ans), Louison Bobet (58 ans), Luis Ocana (50 ans) et bien sûr Marco Pantani (34 ans).
De manière générale, la population des coureurs cyclistes semble évoluer à rebours du reste de la population dont l'espérance de survie continue d'augmenter dans toutes les tranches d'âge.
(...)
Ce phénomène n'est pas spécifique au vélo. L'athlétisme aussi paie un lourd tribut au destin. A l'été 2001, l'ancien recordman du 10.000 mètres, le Kenyan Richard Chelimo, décédait d'un cancer du cerveau à 29 ans. On se souvient aussi de (...) la mort de la sprinteuse américaine Florence Griffith-Joyner, victime à l'âge de 38 ans, d'une attaque cérébrale durant son sommeil. Cela se passait en 1998 et beaucoup d'observateurs posèrent alors ouvertement la question du dopage. (...) La sprinteuse américaine avait toujours été soupçonnée d'être le produit d'une préparation à base de stéroïdes anabolisants et autres substances interdites (...). Or, on sait que la prise d'androgènes augmente le taux de mauvais cholestérol et de sucre dans le sang, favorisant ainsi la formation de plaques d'athérome, ce qui augmente nettement le risque d'attaque cardiaque ou cérébrale. D'un autre côté, Florence Griffith-Joyner n'a jamais été contrôlée positive et rien dans son autopsie ne permet de faire le lien entre sa mort et d'éventuels traitements aux stéroïdes subis des années auparavant. Au contraire! Le rapport attribue le décès à une malformation congénitale d'un vaisseau sanguin cérébral susceptible de toucher n'importe qui. A travers cette histoire, on perçoit mieux la difficulté de faire la lumière sur la mortalité précoce qui frappe des sportifs de haut niveau. D'un côté, rien ne permet d'accuser ouvertement le dopage. De l'autre, on est en droit de s'étonner de la prévalence étonnament élevée d'une série de pathologies graves -cancers, ACV, infarctus- par rapport au reste de la population.
(...)
Jusqu'à présent,
l'Italie est la seule nation à avoir enquêté rigoureusement sur cette épineuse question. Tout est parti d'une déclaration de Zdenek Zeman, l'entraîneur tchèque de L'AS Roma. En 1998, ce technicien s'était mis à dos l'ensemble des acteurs du Calcio en souhaitant publiquement que le football "sorte des pharmacies". (...) Dans la foulée, on s'aperçut que le laboratoire Acqua Acetosa chargé des tests antidopage faisait montre à l'égard des footballeurs d'un coupable laxisme. Le juge Raffaele Guariniello se saisit du dossier et entreprit de remonter l'histoire du dopage dans le Calcio. Sur base d'anciens catalogues de figurines Panini, le juge italien et ses collaborateurs retrouvèrent la trace de 24.000 joueurs qui avaient évolué en
divisions 1, 2 et 3 nationales entre 1960 et 1996. Et là, surprise! Les enquêteurs s'aperçurent que 4
00 d'entre eux étaient déjà morts, dont 70 de manière suspecte. Cette étude révéla notamment des fréquences anormalement élevées
de cancers du foie, du pancréas et du colon.
Par divers témoignages, on sait aujourd'hui que des produits dopants circulaient dans les vestiaires pendant toutes ces années. Et même ceux qui ne se dopaient pas consommaient une quantité affolante de médicaments et autres compléments alimentaires. Faut-il y voir une relation de cause à effet? L'enquête permit également d'attirer l'attention sur le nombre anormalement élevé de Scléroses Latérales Amyotrophiques (SLA), une maladie rare qui détruit progressivement et de manière inexpliquée des motoneurones de la corne antérieure de la moelle épinière, c'est-à-dire des cellules nerveuses qui transmettent directement l'influx aux muscles. (...) Une quarantaine de ces footballeurs dont certains sont déjà morts sont atteints par cette dégénérescence mieux connue (...) sous le nom de maladie de Charcot.
Cette fréquence est dix à vingt fois supérieure à la moyenne nationale. (...) Pour l'heure, il est impossible de déterminer avec certitude les causes de cette maladie. Peut-être les sportifs de haut niveau sont-ils tout simplement fragilisés en raison d'une sollicitation accrue de leur musculature. La consommation outrancière de médicaments est une autre piste. Des enquêtes épidémiologiques réalisées dans l'île de Guam dans le Pacifique et la presqu'île de Kii au Japon ont montré que la maladie était clairement liée à la concentration importante d'aluminium et de plomb dans l'alimentation. Or, il arrive que ces mêmes substances pénètrent dans l'organisme par voie médicamenteuse. On trouve notamment de l'aluminium dans les pansements gastriques que prennent de nombreux sportifs pour atténuer les douleurs à l'estomac liées à une consommation excessive d'anti-inflammatoires. Ces anti-inflammatoires pourraient d'ailleurs être une des causes de ce déséquilibre. En gommant systématiquement les signes d'un malaise, on pousserait l'organisme au-delà de ses capacités naturelles de régénération. Reste que le dopage est une piste que les enquêteurs s'en voudraient d'écarter. On sait que la SLA est classiquement liée au dysfonctionnement de la thyroïde.
Or, des médicaments qui copient les hormones thyroïdiennes circulent dans les milieux sportifs dans le but d'accroître la consommation d'oxygène ou de brûler des graisses.
(...)
Beaucoup d'indices laissent à penser que le taux de mortalité et de morbidité est plus élevé parmi les sportifs de haut niveau que dans l'ensemble de la population. (...) Est-ce le dopage? Une surconsommation de médicaments? Une pratique trop assidue? Dans l'état actuel des connaissances, il paraît difficile de répondre. Mais la question mérite sûrement de faire l'objet de nouveaux travaux épidémiologiques (...). Sur le plan clinique aussi, il nous semble essentiel de mener des recherches en fouillant systématiquement le passé sportif des patients et leurs éventuelles pratiques de dopage. On sait par exemple qu'un apport d'hormones perturbe gravement la fonction "homéostasique" de l'organisme, c'est-à-dire le maintien des fonctions physiologiques à un niveau d'équilibre. Cela se répercute sur le bon fonctionnement de l'appareil immunitaire, ce qui pourrait expliquer une vulnérabilité plus grande face à toutes sortes de maladies (...). On redoute aussi un épuisement des glandes endocrines trop longtemps suppléées par des apports exogènes. Enfin, des troubles mentaux peuvent naître d'une sursollicitation prolongée du système nerveux. (...) Seule une analyse rigoureuse fera apparaître le problème dans toute son implacabilité. La lutte contre le dopage implique aussi des efforts de dissuasion.