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NEW YORK, 14 déc 2007 (AFP) - Exigé par les politiciens, le rapport sur le dopage dans le base-ball aux Etats-Unis, dévoilé jeudi, a enfin mis des faits et surtout des noms sur un fléau ignoré par les acteurs de ce sport depuis des années.
La véritable information de ces 300 pages du rapport de l'ancien sénateur George Mitchell n'est pas le solide ancrage du dopage dans le "loisir N.1" des Américains, puisque tous les observateurs suspectaient, voire connaissaient, l'usage de produits interdits par ces gros bras, toujours plus musclés et plus efficaces.
La "bombe", qui fait grand bruit aux Etats-Unis, vient surtout du nombre de joueurs mis en cause, près de 80 dont certains parmi les plus connus, et des preuves collectées depuis le début de l'enquête en mars 2006.
Et encore ! L'ancien sénateur, qui met également en cause les dirigeants de ce sport pour leur timidité dans leur lutte contre le dopage, a exprimé sa crainte de ne pas avoir pu tout mettre à jour.
Barry Bonds, déjà mis en cause dans l'affaire Balco, Roger Clemens, 7 fois nommé meilleur lanceur, et le Québécois Eric Gagné se retrouvent dorénavant soupçonnés officiellement d'avoir acheté, notamment via internet, et pris des stéroïdes et des hormones de croissance au cours de la dernière décennie.
Tous se retrouvent liés à cette enquête de 20 mois réalisée à partir de témoignages de repentis, d'enregistrements téléphoniques, de traces de chèques et de preuves d'achats et de livraisons de produits dopants.
En pièces jointes, le rapporteur a ajouté les photocopies de nombreux accusés de réception faisant état de l'achat par des joueurs de produits auprès de Kirk Radomski, condamné pour distribution de produits dopants, et qui a collaboré à l'enquête à partir d'avril 2007.
Il va, par exemple, être difficile à Eric Gagné, le lanceur québécois, d'expliquer la réception d'un paquet envoyé par Radomski, en août 2004, alors qu'il jouait aux Los Angeles Dodgers.
Clemens, considéré comme l'un des plus grands lanceurs de l'histoire, a son nom sali à jamais, alors qu'il était prêt à quitter la scène, dénoncé par son ancien entraîneur personnel, qui l'accuse d'avoir pris des produits dès 1998.
Sans jouer les juges, le rapporteur, qui prétend que les 30 clubs ont tous employé "un ou plusieurs joueurs utilisant ces produits illégaux", tape sur les doigts de la Ligue américaine de base-ball (MLB) et ajoute à son exposé des recommandations pour qu'elle lutte plus efficacement contre le dopage.
Avant d'approfondir les conclusions de ce rapport et de prendre des mesures nécessaires pour éradiquer le dopage, la MLB, souvent raillée pour sa timidité face aux tricheurs, fait le dos rond, malgré une politique antidopage renforcée en 2005.
Bud Selig, le patron de la MLB, a promis d'étudier tous les dossiers au cas par cas avant d'envisager la moindre sanction.
La réaction de
la MLB, qui n'a interdit les hormones de croissance qu'en 2005, sera certainement scrutée: par les joueurs, curieux de voir s'ils vont vraiment être testés, par les fans, qui ne veulent surtout pas voir leur sport disparaître, et par les politiciens qui ont initié cette prise de conscience après des accidents impliquant des jeunes ayant pris des produits pour devenir comme leurs héros.
En attendant, il y en a un qui doit se sentir moins seul au pays des "tricheurs": Barry Bonds, qui a récemment plaidé non coupable aux accusations de parjure pour avoir nié s'être dopé, était jusque-là le seul "paria".
Une controverse a même éclaté cette saison pour savoir s'il fallait apposer un astérisque à côté de son record absolu des "home-runs", pour préciser que le record avait été réussi grâce au dopage.
Faudra-t-il maintenant ajouter un astérisque à tous les joueurs ?
La situation du base-ball aux Etats-Unis rappelle celle du cyclisme en Europe, confronté à un dopage global et longtemps tu.
ep/mch
AFP 141002 DEC 07
