Boulegan a écrit :En faisant ma revue de presse de janvier, j'ai relu dans Le Monde, relativement à l'affaire Contador et l'hypothèse d'une contamination de la viande, qu'en 2010, la Communauté Européenne a fait effectuer quelque chose comme 45 000 tests sanitaires sur la viande bovine vendue dans la CE. Un seul de ces tests était positif à des substances dopantes. Précision, l'échantillon positif ne provenait (même) pas d'Espagne.
En fait il semblerait que ça soit 1 cas sur environ 286 748 tests, et le cas a été découvert en Italie et pas en Espagne effectivement. Mais selon Silver cette statistique :
Silver0l a écrit :(...) est bidon. Ou plus exactement, elle est exacte".
C'est clair : étant donné que l'échantillon de viande était
espagnol selon l'enquête de l'AMA, les chiffres cités par Silver concernant les importations de viande
argentine ou les intoxications alimentaires
en Chine ont bien plus de pertinence que cette statistique "exactement exacte, donc bidon", et ceci même si une centaine des tests ont été effectués au Pays Basque.
Enfin tout cela n'est pas très grave puisque nous arrivons à un consensus au moins sur un point. En effet Silver, ton évaluation des probabilités est passée lors de la présente discussion de 60/40 en faveur de la contamination à 40/60 en faveur de la transfusion. Donc nous sommes tous (partiellement) d'accord finalement, et nous ne nous en étions pas aperçus ! En effet, si l'on applique les règles de droit de l'UCI ou du CIO, ce que devrait faire le TAS (comme l'a remarqué Richie, que peut donc bien faire un Tribunal arbitral du sport sinon appliquer le droit ... du sport ?), et comme (i) la charge de la preuve est du côté de Contador puisqu'il a été testé positif et (ii) que le degré de preuve se fonde sur la prépondérance des probabilités, on arrive à la conclusion (iii) que Contador doit être suspendu deux ans (à moins qu'il soit inexactement exact, ou exactement bidon, que 60 soit supérieur à 40 ?).
Le désaccord porte donc :
1) d'une part sur la nécessité, lorsqu'on a accepté librement un texte de loi régissant une activité professionnelle, comme le code anti-dopage de l'UCI, d'être contraint par ces règles que l'on a librement acceptées. Tu sembles soutenir qu'un adulte qui a lu un texte et qui l'a signé n'est pourtant pas contraint par ce texte et qu'il "n'a pas vraiment librement accepté". C'est très singulier, je ne sais pas trop quoi en penser, cela ouvre des perspectives inédites sur le droit.
2) sur la compatibilité, dans cette situation particulière, entre les règles du droit sportif et le principe de la présomption d'innocence.
Cette dernière question est intéressante, et elle ouvre sur un débat assez vaste et riche. La question de fond est en effet la suivante : quel type de preuve faut-il réclamer dans une affaire de dopage ? Faut-il réclamer, comme dans les cas criminels, que tout doute raisonnable soit écarté quant à la culpabilité d'un sportif, et ce en vertu de preuves de type "smoking gun", ou bien, au moins en cas de test positif, mais même éventuellement dans d'autres situations, s'en tenir à une preuve reposant sur un faisceau de présomptions convergentes et donc sur des estimations de probabilités ? Le cas de Contador, à côté de bien d'autres d'ailleurs, montre qu'un test positif est de plus en plus rarement accepté comme une preuve définitive de culpabilité ; c'est certainement une bonne chose, puisqu'au moins dans certains cas — celui des rugbymen sud-africains par exemples — le test positif peut avoir été causé par une contamination involontaire. Inversement, on sait bien que l'absence de tests positifs n'est pas la preuve qu'un athlète n'est pas dopé. On voit donc mal quelle autre méthodologie on pourrait suivre que de tenter de rassembler des faisceaux d'évidences convergentes, en faveur de telle ou telle hypothèse. J'aime bien la façon dont Dugas et Tucker expriment ce point :
doping control is becoming less and less about the "magical" drugs tests and doping controls after races or matches, and more and more an accumulation of evidence that is presented before a judge or jury, the way any other court proceeding is handled. Right now, for example, many of the biological passport cases are being heard, and both sides are using experts who present why a cyclist should or should not be sanctioned based on their blood profiles. That kind of court case is the future of anti-doping, because as we have seen, a positive test is rarely simply accepted, and a negative test means, well, next to nothing.
This is why when people jump to the defence of an athlete saying "they never tested positive", they are showing deliberate ignorance of the reality of anti-doping, which is that we cannot rely simply on a test and the insistence that we'll find a smoking gun. As mentioned before, doping somehow requires that this smoking gun, a video of the 'crime' and a confession exist in order for people to finally admit, "Yes, that athlete doped". People are sentenced on far less than this outside of doping, and that's the direction anti-doping is going, and must go in order to make inroads against what seems to be a massive, systemic problem (at UCI level, team level, and if history and the SI article are believed, national level.