Z_orglub a écrit : 15 juil. 2020, 14:20
Silver0l a écrit : 15 juil. 2020, 13:35
Bien sûr que le confinement a servi. Il a sauvé des milliers de vies. Même les Suédois le reconnaissent.
On voit très nettement une différence entre les pays qui confinent sérieusement et ceux qui ne le font pas, non pas tant sur le pic de mortalité que sur la décroissance de la courbe, qui est beaucoup plus rapide dans les pays qui ont sérieusement confiné que dans ceux qui ne l'ont pas fait.
Les pays qui n'ont pas (ou mal) confiné restent longtemps avec des taux de décès élevés, ceux qui confinent voient l'épidémie refluer beaucoup plus rapidement.
Oui, il a sans doute "servi", dans le sens ou il a parfois (mais pas toujours) sauvé des vies, je ne le nie pas. Mais ce que j'observe c'est que l'effet n'est pas qualitatif. On est dans les même ordre de grandeurs en terme de mortalité. Sachant que d'autres facteurs influent sur la mortalité (on le voit entre des pays similaires qui ont confiné de la même façon).
En Suède, la courbe de mortalité est aujourd'hui plate (il n'y a plus de morts), et le nombre de morts rapporté à la population est comparable à des pays qui ont pratiqué un confinement. L'ordre de grandeur est le même que chez nous, aucune catastrophe ne s'est produite. Il n'y a pas eu 60% de la population infectée comme on a plus l'entendre.
Les pays qui ont selon toi "mal confinés" (brésil, USA) ont un taux de mortalité plus faible que le notre pour le moment. Ils sont simplement en retard sur nous.
Autre exemple, les endroits qui ont confiné trop tôt, comme beaucoup d'états américains. Ils ont confiné alors qu'il n'y avait quasiment aucun cas. Dans ces cas précis, je pense qu'on peut dire que ça n'a servi à rien. L'épidémie est arrivée chez eux après leur déconfinement, tout simplement parce que les gens ne sont pas immunisé et que le virus est là.
Il me semble que confinement ou pas, l'épidémie s'arrête d'elle même lorsqu'une certaine partie de la population a été contaminée : c'est le cas chez nous, en Suède, à New York. Ce n'est pas encore le cas en Californie, en Floride, ou même au Brésil (la courbe commence à s'infléchir).
Quant aux courbes que tu montres, elles sont en effet différentes, mais il faut calculer l'aire sous la courbe (le nombre de cas totaux). Tu me fais ton coup habituel quand on parle de chiffres, tu regardes un critère qui va dans ton sens (la vitesse de décroissance), et tu ignores le deuxième (la hauteur du pic). Ce sont les deux choses qu'il faut regarder !
Mais bon, encore une fois, il faudra attendre la fin de l'histoire. Les courbes vont continuer à évoluer pendant des mois, peut-être des années...
En passant, je ne veux pas refaire l'histoire (ce qu'il aurait fallu faire), mais je m'interroge plutôt a posteriori sur ce qui explique ce qu'on observe aujourd'hui, et l'effet qu'à pu avoir le confinement.
La hauteur du pic initial est assez aléatoire: il dépend essentiellement de la situation géographique du pays, de l'âge moyen de la population, du fait qu'on ait eu ou pas un méga-événement déclencheur initial (type rassemblement évangélique d'Alsace).
L'efficacité du confinement ne peut donc pas se mesurer à la hauteur du pic initial, qui est d'ailleurs généralement déterminée avant même que le confinement prenne effet, ni même au nombre total de mort (l'aire sous la courbe), mais à la vitesse à laquelle l'épidémie décroît. Ce qui compte pour mesurer l'efficacité de la gestion de l'épidémie, c'est sa dynamique, la tête de la courbe (chute-t-elle rapidement ou reste-t-elle plate?). Et dans ce cadre il est indéniable que le confinement est efficace.
Si tu veux absolument comparer un taux de mortalité totale (l'aire sous la courbe), il faut comparer des pays vraiment similaires en terme de situation géographique / densité de population / infrastructure. Et là le résultat est le même: si tu compares la Suède au Danemark, à la Norvège et à la Finlande, tu t'aperçois que la décision de non-confinement a généré des milliers de morts supplémentaires en Suède par rapport à ce qu'on pouvait attendre d'un pays situé dans une zone nordique relativement épargnée.
Selon
une étude de Berkeley, les efforts de lutte contre l'épidémie ont évité 45 millions de cas en France, le confinement étant la mesure la plus efficace. Selon
une étude de l'Imperial College de Londres publie dans Nature, le confinement est de loin la mesure la plus efficace, et il a permis d'éviter des dizaines de milliers de morts en France.
Il y a encore bien trop peu de gens infectés pour compter sur une immunité collective qui ferait que l'épidémie s'arrête toute seule confinement ou pas. New York a confiné à mort, et c'est pour ça que l'épidémie y est désormais jugulée.
Il est vrai que certains pays qui ont beaucoup confiné ont aussi eu beaucoup de morts, mais ça ne prouve certainement pas que le confinement ne sert à rien: ça prouve juste que quand on est confronté à une situation dramatique (beaucoup de morts), on est près à prendre des mesures beaucoup plus drastiques que quand on est épargné. Toutes les projections montrent que les dégâts auraient été pires encore sans confinement.
Honnêtement, si la France avait agit comme la Suède, je ne sais pas combien de milliers de morts on aurait eu en plus et combien on aurait de procès en cours. Déjà qu'il y en a plein sans rien à reprocher...
Mais bon, tu a raison sur un point: l'histoire n'est pas encore finie. Et puis il y a un autre point: il est certain que le confinement sauve des vies, mais faut-il vraiment faire passer les vies avant l'économie? La plupart des gens disent désormais oui (alors qu'avant c'était non), mais la réponse n'est pas forcément évidente, tant l'économie influe in fine sur nos vies.