15 Août 2004
ATTENTION ! c'est méga long, mais Embrun, ça ne se raconte pas en 3 lignes, en fait ça se vit et c'est tout

EmbrunMan : nom masc.sing. triathlon mythique des Alpes du Sud mondialement connu et reconnu pour être le plus dur au Monde (record de l’épreuve en 9h57 contre 8h à Roth ou Hawaï). Nager 3.800 km dans le plan d’eau d’Embrun, pédaler 188 km en passant par l’Izoard puis courir 42.195 km, tel sera la mission de celui voulant devenir EmbrunMan. nom masc. plur. EmbrunMen (et par extension nom fém. plur. EmbrunWomen) désignant les finishers de l’EmbrunMan.
J-10 : On m’avait prévenu, le plus dur dans la préparation, ce sont les 15 derniers jours. A vrai dire, si il ne fallait s’acclimater à l’altitude, j’aurais tendance à dire qu’il serait bon d’éviter de venir « prendre la température » de l’Embrunnais trop tôt avant la course. Car à voir nager, pédaler et courir tant de monde, triathlètes ou vacanciers, c’est dur de se freiner pour accorder un repos bien mérité à un petit corps sur la brèche depuis 8 mois.
En parlant de préparation, petit retour en arrière : je ne joindrai pas mon carnet d’entraînement oh combien fastidieux mais donnerai simplement quelques chiffres : 3 séances natation, 3 séances course à pied & 1 à 3 séances vélo en fonction de la saison par semaine. En réalisant les entraînement natation au déjeuner, en courrant le soir après le boulot ou en faisant une sortie un peu plus longue le we, en faisant la traditionnelle sortie vélo dominicale accompagnée dés que le temps et la durée des jours le permettent d’un retour ou 2 du travail à vélo, et vous voilà dans la peau d’un potentiel futur IronMan. Bref, depuis le début de cette préparation Embrunnesque, j’ai totalisé grosso merdo 315h de sport, soit 230km de natation, 122h de vélo de route (3800 km environ) et 93h de vtt (soit 1500 km), ainsi que 93h de course à pied pour 1200 km parcourus pédibus. Quelques courses disséminées parcimonieusement ici et là sur le calendrier en tenant compte des désirs de Chouchoutte, des besoins des mômans de revoir leurs petits, des impératifs du boulot. Bref, 3 triathlons MD (2.5 / 80 / 20) ainsi qu’un raid vtt entre Valence et Gap et quelques courses et randos, le marathon de Paris et l’Etape du Tour, me voilà fin prêt, rassuré, serein, confiant, me disant que maintenant c’est « tout dans la tête ! ».
Donc me voici à 10 jours de D-day, tapotant de mes gros doigts sur les petites touches du portable au lieu de m’entraîner

On touche là un point assez particulier de l’entraînement en général et celui du tritapète

Bref, il était temps de débrancher complètement une journée, pour mieux repartir pour les 4 derniers jours avant le repos du guerrier. Encore un conseil d’un finisher d’Embrun : « vaut mieux arriver sous-entraîné que sur-entraîné ! ».
La tension monte petit à petit, va bientôt falloir sortir la boîte de Smecta

Après y’aura plus qu’à…
J-6 : J’en suis à compter les jours voir les heures avant le coup de feu. Vivement vivement…
L’ascension de l’Izoard s’est plutôt bien passé, et en compagnie d’un bon junior parisien qui fit que non seulement le temps passa plus vite mais qu’en plus en s’entraînant l’un l’autre à monter à bonne allure, je mettais 20 minutes de moins que lors de reconnaissances passées. Au passage, mon compagnon de chemin monta plus vite que moi d’environ 3 minutes l’Isoard mais tout en danseuse sur un braquet que je trouvai énorme de 39x23 alors que je moulinais sur mon tout petit 34x27 cul sur la selle

Le course à pied du lendemain se passa plutôt bien, mais Dimanche jour du seigneur et des patates au beurre, je faisais un peu relâche sur ce que j’avais planifié, gardant bien à l’esprit les 2 préceptes de mes gourous es entraînement, à savoir « écouter son corps » et « mieux vaut être sous entraîner que sur entraîner ». Bon ceci dit je l’avoue je n’était pas une raison pour me jeter sur les cônes Gervais j’en veux encore et à la fraise s’i’ouplaît madame

Ce matin, reconnaissance finale de la montée des Puys (45 permiers km vélo) puis de la montée finale sur Embrun et Chalvet. Puis un petit enchaînement de 30minutes de course à pied, l’occasion de croiser pas mal de triathlètes en vélo comme à pied, sympa, bonne ambiance mais ça n’aide pas à se décontracter…
Repos demain, enfin si l’on excepte quelques mouvements de crawl comme tous les jours depuis mon arrivée à Embrun, mercredi un peu de vtt histoire de manger du bonheur sur mon vélo de Sherrif « Maverick » et jeudi un peu de course vite vite. Vendredi on fera repos en regardant la course des tapettes du courte distance

Et dimanche, taratattttaaaaaaa !
J-2 : Cette fois on y est !
J’ai essayé de décompresser un maximum en variant les plaisirs : un peu de vtt mercredi, un peu de fractionné jeudi puis un tour de plan d’eau en nageant, aujourd’hui repos pour faire le plein d’énergie avant un mini triathlon demain ultra cool avec un quart d’heure de course à pied, une petite heure de route sur du plat en tournant les jambes vite vite vite et un brin de glouglou pour finir.
Mais cette journée était également une excellente occaz’ de se plonger dans l’ambiance de l’EmbrunMan puisqu’avait lieu ce matin le tri courte distance. Départ moins matinal que dimanche, à 9h pétantes. Et du très beau monde sur la plage, avec outre les sélectionnés olympiques Pelletier (Femmes / France) & le tandem de Poissy Blasco-Marceau (Hommes / France-Suisse), on retrouve pas mal de top gun des Grands Prix Nationaux avec Loisel qui revient d’un super IronMan à Kalgenfurt, Berlier ex Champion du Monde Junior, Dénaz Champion du Monde militaire, Bourseaux, Degham, Laurent Dodet, les russes Vassiliev et Chuchko, bref ça va friter.
Comme l’an passé, c’est le franco suisse officiellement helvète Oliv’ Marceau qui pose le vélo avec plus de 3 minutes d’avance après une excellente natation, course gagnée haut la main… devant un autre médaillable athénien potentiel Carl Blasco. C’est bon signe pour les JO, ils sont drôlement affûtés et tant mieux ! Derrière, Yannick Bourseaux suit à une encablure après un super vélo, bravo !
Egalement rencontrés au hasard de mes balades : Hervé de ch’nord qui après avoir fini Gérardmer en 10h30 vient à Embrun pour être sûr d’avoir bouclé « le mythe » avant une improbable disparition. Willy de Onlinetri.com qui a couru le courte distance du vendredi. Un maître nageur de Moret qui m’a reconnu car j’ai été m’entraîné quelques fois avec le maillot de bain EmbrunMan à la piscine. Le monde est vraiment p’tit…
C’est pas tout ça, mon dossard est déjà sur la ceinture, la plaque sur le cadre, le « 218 » est chaud bouillant, vivement dimanche !
J+3 : I’m an IronMan, EmbrunMan en + !
Voilà, tout est dit, je l’ai fait, j’en suis… de la famille des IronMan finishers. A vrai dire, cela peut paraître minimaliste, mais c’est en même temps un peu ce que je ressens : j’avoue de ne pas réaliser que c’est « déjà » fini, que 8 mois de préparation m’ont permis d’arriver au bout dans des conditions correctes.
Retour en arrière : samedi, alors que j’enchaîne mon mini triathlon en verlen, mes parents sont déjà sur place, plus pressés que moi encore d’être à dimanche soir. De la famille, des copains, doivent arriver dans la soirée ou le lendemain tôt. L’après midi, j’opte pour l’option sieste, car si cela peut rendre mon sommeil difficile pour cette dernière nuit, de toute façon j’aurai certainement du mal à gérer ce stress, donc mieux vaut faire des réserves de sommeil maintenant. La soirée passe vite et est détendue, merci à tous ceux qui sont venus manger le samedi soir. On file sous les draps vers 22h45, un peu tard mais tant mieux car du coup je suis un peu fatigué, cela va grandement m’aider à trouver le sommeil.
D-Day : la montre est censée sonner à 4h du mat’, mais je suis réveillé depuis 2 bonnes heures. Heureusement j’ai réussi à me détendre, à sommeiller légèrement. Je suis d’ailleurs étonnamment relax, j’ai simplement hâte d’être dans le parc à vélo pour les derniers préparatifs. Petite douche puis habillage rapide (et chaud, ça caille dans les Hautes Alpes à 4h !) et départ en voiture pour se rendre 500m plus loin à l’entrée de la plage. Je rentre à 4h40 dans le parc, déjà tout éclairé et réveillé. Je retrouve mon vélo déposé la veille, je commence à disposer mes affaires. Petit coucou à mes accompagnatrices qui se les caillent grave Chouchoutte et la cousine Anne Sophie, puis échauffement en petites foulées et passage aux toilettes. Petit bonjour également à Gilles Reboul, ce sympathique triathlète dijonnais part pour la gagne et à l’air affûté comme jamais. Puis lentement je finis d’organiser ma place, discute un peu avec mes voisins. A droite un ancien finisher en 15h55, de l’autre un collègue qui plonge dans l’inconnu comme moi, mais à 50 ans. J’enfile tranquille la combi puis direction la plage, pas question de s’échauffer dans l’eau si tôt. Je préfère trouver une bonne place devant et chauffer tranquille dans le néoprène. La moquette style tapis rouge de sortie de bain est gorgée d’eau et donc gelée. Aglagla les pieds ! A 5h50, on prend place sur la plage, les fifilles on peu devant, elles partent 5 minutes avant nous. Les applaudissements montent soudain, traditionnellement appelant le coup de feu libératoire, on en profite pour se réchauffer

5h55 : les filles font le start ainsi qu’Etienne Caprin, seul handisport engagé qui fera le parcours vélo sur sa seule jambe valide pour boucler son deuxième Embrun en 18h04, respect Monsieur Etienne !
6h00 : pan ! c’est parti pour notre longue journée. Ca ne part pas trop vite, j’essaie de ne pas me mettre à bloc d’entrée, de gérer une bonne allure jusqu’à la première bouée où je sais que ça va frotter. Je me retrouve un peu à droite mais pas trop mal, plutôt bien passé dans les 50 je pense, au passage de la digue on entend les encouragements, ou plutôt un brouhaha, mais impossible d’apercevoir un visage connu dans cette foule. Ca tapotte un peu à la première bouée, gauche direction les phares au loin pour aller chercher la deuxième bouée. J’essaie de nager bien relâché, je ne sais pas trop où je suis par rapport au peloton, et je n’arrive pas à lire mon temps à l’amorce du second tour. Le jour se lève, on peut admirer les montagnes entourant notre grande baignoire, splendide et de bonne augure pour notre longue journée, pas un nuage à l’horizon. Au deuxième passage devant le ponton, j’essaie de reconnaître quelqu'un, en vain… A la sortie du bain, je jette un coup d’œil sur le chrono qui affiche 58’ et des cacahuètes, cool j’ai nagé dans les temps prévus (entre 55’ illusoires et 1h passable), Yes ! J’entends mon nom mais ne dicerne que quelques fans, mes parents et Romuald.
Changement tranquille en prenant soin de me sécher un peu pour ne pas avoir froid au début du vélo, chaussures ok, casque ok, maillot ok, c’est parti !
Un gel sur la première ligne droite toute plate pour tout de suite reconstituer les réserves énergétiques déjà bien entamées, certains roulent déjà à bloc, on bifurque à gauche pour 8 bons km d’ascension, faut pas s’emballer ! Je mouline tranquille, maman gesticule et saute partout en m’encourageant, papa est au moins aussi enthousiaste derrière son appareil. Au passage du groupe Chouchoutte and Co (Cricri / Marie Do / Hippolyte (tout bleui par le froid, pôvre petit) / Sophie), ils me hurlent « 60, t’es 60ème ! ». Waou, mais c’est pas mal ça, y’a donc 640 « noyés » derrière moi

On entame l’ascension de la première côte, j’essaie de faire progressivement retomber les puls un peu hautes (170 à la montée sur le vélo), en moins d’une minute je suis passé sous les 165 ce qui me semble correct pour aborder correctement la première difficulté. D’autres ont visiblement beaucoup plus de mal à trouver leur rythme, je passe à côté d’un lillois qui ventile comme un phoque, va pas aller loin à ce rythme

Un peu avant le premier ravito de Saint Appolinaire, catastrophe sur le bord de la route ! Mon copain Gilles a cassé sont dérailleur arrière, fait rarissime et est au 36ème sous sol, complètement bouleversé. Un petit mot, je pense un instant m’arrêter pour lui filer mon dérailleur mais le règlement l’interdit, je continue donc assez bouleversé en essayant de ma reconcentrer.
Le paquet est déjà un peu plus étiré, je roule à mon rythme, rattrape un ou deux gusses qui m’ont doublé auparavant, visiblement pas à l’aise sur les gravillons de la bande de bitume tout neuve posée par la DDE quelques jours auparavant. Un p’tit coucou à un copain d’Horizon vtt, tout surpris de me voir déjà là… On passe sur un flanc ensoleillé, ça fait du bien, du coup on fait péter les Ouaokley. La descente qui suit est sympa, rapide et pas piégeuse comme dirait un marseillais

On file tranquillement vers Saint Clément, j’essaie de gérer ce passage que je n’aime pas trop car assez casse pattes et tout en faux plats, il faut s’alimenter avant d’attaquer la montée de Guillestre puis de l’Izoard. Mes p’tits motards sont encore là quand je redescends sur la nationale, je les verrai bien 6 ou 7 fois jusqu’à l’Izoard. Ca monte tranquille sur Guillestre, certains mettent déjà le turbo, ça m’étonne car ormis un ou deux, ils n’ont pas l’air si à l’aise que ça. Les Gorges du Guil, c’est une des portion piège de cet EmbunMan car fait d’un long faux plat d’une bonne dizaine de kilomètre, il est facile de tomber dans un faux rythme et de perdre beaucoup de temps en « gérant » trop. Du coup, j’ai devant moi un groupe de 5 ou 6 unités que j’essaie d’accrocher en jouant l’élastique en fonction de leurs accélérations brusques. Au pied du coup de cul précédent la bifurcation vers Arvieux et l’Izoard, je rejoins mon pote lillois. « Ca va Roger ? » . Je n’entends pas sa réponse, mais ça n’a pas l’air fantastique… sauf qu’il me dépose sur le replat qui suit, je freine ou quoi ?
En fait, je suis un peu limite à cet endroit, on est aux alentours des 3 heures de course, donc il faut trouver son second souffle. Je vais mettre 4km à retrouver de bonnes sensations, après la longue et très dure traversée d'Arvieux. Heureusement, il y a là un monde incroyable qui encourage à gogo et sans retenue, ça fait chaud au cœur et ça redonne un peu d’énergie.
Les 8 lacets me paraissent très très longs à avaler, mais je parviens à la Case Déserte avec un net regain de forme, tant mieux car après une très courte descente, on remonte pour franchir le col de l’Izoard. J’ai rattrapé Roger un peu dans le dur. A 2 lacets du haut, je vois Romuald derrière son caméscope, qui à peine Bibi passé, monte en courrant pour me filmer sur le lacet suivant. Génial, c’est bon de se sentir soutenu ainsi. Mon photographe de père posté tout en haut hurle mon nom, va plus avoir de voix à la fin de la journée lui

Le descente est géniale, super bitume, route large, de quoi bien arrondir les trajectoires, récupérer, manger, s’hydrater et s’étirer un peu. La route devient moins pentue, le revêtement moins bon, on approche de Briançon où je préfère passer devant pour une meilleure visibilité. En fait, le les lâche sans rien faire, peut être un peu victimes d’une prudence excessive. A la sortie de Briançon, j’aperçois Fred sur le côté droit « coucou ! » et je file porté par ses encouragements. Quelques longs faux plats à avaler, puis on bifurque sur une petite route qui monte, avant une descente vers l’Argentière. Je laisse mes motards se restaurer pour retrouver la XM de Fred et Hervé un peu plus loin, on sourit pour la photo et on continue. Ca roule mais c’est dur car le vent dans la tronche devient usant. J’en rattrape un certains nombre qui commence à faiblir et roulent bizarrement, tantôt à l’agonie, tantôt à bloc…
La côté de Champcella sera le couperet pour une partie de ceux là. Quelle ambiance dans ce passage ! Heureusement car 1500 mètres à 15% en plein soleil, ça calme n’importe quel lézard en panne de Monoï. On redescend tranquillement dans la vallée pour reprendre un peu de vent in ze chetron, puis ça remonte « tranquillement » vers Réotier. Là, je rattrape la première féminine Estelle Patou, qui roule fort sur le plat mais envoie beaucoup moins dans les bosses. En haut, on est presque à la maison, on redescend vers Saint Clément. Je retrouve la XM présidentielle escortée de mes motards, tout va bien, fècoucoualacaméra !
Je réalise alors que je n’ai pas du tout mal aux jambes et que ce serait drôlement bien d’arriver dans cet état à Embrun

J’arrive tranquillement au parc à vélo autour de la 80ème place, détendu, serein, très frais après ces 185km de vélo couverts en 5 minutes de moins que le temps minimum que j’avais planifié, toujours bon pour le moral ! Transition cool, on va pas non plus se speeder pour courir ces 42,195km

En petite foulée, je sors du parc. La foule est géniale, que des encouragements, des mains qui se tendent, on peut bien leur rendre par un sourire ; Au passage, je suis assez surpris par la gueule que tirent bon nombre (l’immense majorité ?) de triathlètes. Rendre leurs encouragements aux spectateurs par un sourire ou un merci, ça me paraît le minimum syndical. Et puis ça laisse transparaître le bonheur éprouvé par tous je l’espère d’être présent sur cette course. Enfin bref, chacun son truc…
La montée du plan d’eau est vraiment horrible, ça casse les pattes d’entrée, mais je me mets en petites foulées, et ça passe nickel sous les 165 pulsations, c’est bon signe ! Au passage devant le CNA, évidemment c’est la fête du slip, tous mes supporters sont là, ça hurle, ça braille, ça gueule à qui mieux mieux, su-per-mé-ga-gé-nial ! Cricri et Fred se calent en vélo dans ma foulée, premier ravito, les choses sérieuses commencent vraiment.
La digue est longue, notamment la première partie en pierre qui fait mal aux chevilles, puis passage sous le pont et début de la remontée sur Embrun. J’ai comme un point dans la poitrine, impossible à faire passer, du coup je profite du coup de cul sous Embrun pour marcher et m’hydrater. J’ai du mal à me rendre compte de la chaleur, mais le goudron fond sous nos pieds, c’est pas bon signe. Ca repart au trot au boulodrome, montée de la rue piétonne d’Embrun sous les encouragements enthousiastes des commerçants et des très nombreux touristes. Un sourire pour la photo officiel, et on prend le troisième ravito avant de basculer dans la descente d’Embrun où l’on croise ceux qui monte vers Chalvet. Ca leur fait bien 1h30 de plus que moi, et certains n’ont pas l’air bien, ça promet pour la suite… Au bout de la descente, aller-retour sur la digue interdite au vélo, et là je me fais piéger par un ravito situé en tout début de digue puis plus rien avant notre retour et passage au même point. Bonjour la soif sur les 5km à parcourir sous un soleil de plomb avec un vent sec qui assèche encore un peu plus les organismes… Certains boitillent, d’autres marchent déjà. Demi tour, je cours à 11km/h ce qui me paraît très très lent mais en même temps mes puls ne m‘autorisent pas plus de fantaisie. Fin de la digue très dure mentalement, passage sur le pont de fer et on remonte vers Baratier par un long faux plat qui tue les jambes. Heureusement, les nombreux campings fournissent une belle quantité de supporters qui offrent eau et éponges. Après 4km, voilà Baratier, ça monte un poil avant de redescendre vers le plan d’eau. Passage au bout de la digue et premier passage sur la ligne après 20km. Il me reste alors 2h30 pour boucler mon marathon si je veux exploser mon objectif des 13 heures. Mieux, si je tiens mon rythme de sénateur, je peux boucler mon premier EmbrunMan en 12h30.
Passage au semi en 2h pile poil avant d’être porté par les encouragements du CNA. Un bisous du courage à Chouchoutte, un petit mot pour rassurer tout le monde sur mon état et ça repart… pas super bien. Je commence à sentir la souffrance sur la digue, puis la montée sur Embrun me paraît avoir été rallongée de 2km. Hervé rencontré quelques jours auparavant et qui a bouclé en 10h30 Gérardmer quelques semaines avant me double à cet endroit. Je ne réalise pas qu’il est dans son premier tour à pied. Je recours dans la rue piétonne mais ma foulée est drôlement raccourcie, autour de 8 ou 9km/h je pense. Passage au ravito devant la Gendarmerie, puis resdescente vers le digue tant redoutée. Je suis sec, gros coup de chaud, j’arrête de courir car ça ne veut plus, donc pas la peine de risquer l’asphyxie totale. Il me reste alors 16km, une éternité si je dois marcher… Premier coup au moral.
J’attaque la digue en marchant, mais j’arrive à me convaincre qu’il faut repartir en courrant. Ou en marchant vite plutôt tant ma foulée est pitoyable. Demi tour, c’est reparti dans l’autre sens. Un peu avant le ravito, je remarche un peu mais je me console quand je vois certains concurrents dans leur premier tour dans un pire état que moi quand ils ne sont pas arrêtés à l’ombre pour refroidir ! Le coca ne passe plus trop, j’essaie l’eau + tomates salées. Au pont, je repars en courrant, au passage un gendarme me dit « Allez, c’est moins de 13h là, il te reste 10 bornes ». Sauf qu’à l’allure où j’avance, je sais d’ores et déjà que je n’attendrai pas cet objectif que je m’étais fixé. Re-coup au moral

Je monte lentement vers Baratier, certains me doublent avec une superbe foulée, d’autres sont à l’agonie. Arrivé à Baratier, il me reste 7km, et je me dis qu’il n’est plus question de marcher, il faut tenir, courir coûte que coûte, c’est un mal pour un bien, écourter la souffrance. Je prends un petit rythme de croisière, 9km/h tout au plus, et les mètres défilent doucement sous ma foulée chaotique. Cricri part devant prévenir les fans que finalement « non le Matiou n’est pas mort ! ». J’arrive sous le rond point des Orres, dernier petit raidillon, je longe la nationale puis demi tour direction la digue. Restent alors 3km, mais bon diou que le CNA me paraît loin ! La 5ème féminine me passe en m’encourageant, je lui réponds « courage » sauf qu’elle galope pendant que je rampe la gazelle

Enfin ! le CNA, je remonte, profite des encouragements et félicitations des amis et voisins, les remercient au passage. Une bande de gamins m’emboîtent le pas pour les 2 derniers kilomètres, on longe le plan d’eau, puis descente (ouille les doigts de pieds !) avant d’arriver sur la plage. Sourire, taper dans les mains, remercier, profiter au maximum de ces derniers hectomètres de course. Tour du parc à vélo, passage derrière la piscine puis enfin on débouche dans la ligne droite d’arrivée. Les sanglots se mêlent aux rires, put… je l’ai fait, j’y crois pas ! On trotte tranquille, je vais taper dans la main de Cricri sur ma droite, coucou à tous mes supporters d’un jour présent à gauche dans les tribunes, et enfin la ligne, la délivrance, la photo sous le chrono qui affiche 13h15… Trop bon ! Trop fort !
Je retourne embrasser Chouchoutte et les autres, avec ma médaille autour du cou et le tee-shirt finisher sous le bras.
Puis tout d’un coup, le soufflet retombe, je me dirige vers le ravito pour récupérer, finalement ce n’était pas si long 13 heures. C’est « déjà » fini. Je rentre dans le parc, mais je suis pris d’un mal au cœur. Un raoul vomitou à la tomate plus tard, ça va mieux, je récupère mes affaires et sors du parc où mon cher papa ne laisserait à personne sa place pour m’aider et me féliciter. Sauf que je dois à nouveau m’étendre, et que je suis finalement emmener sur brancard (belle image de notre sport « de fous »

Retour au bercail vers 22h, bras dessus bras dessous à mon premier supporter de père bien plus fier que je ne le suis et ma chouchoutte.
Ce récit m’a aidé à réaliser ce que j’ai fait, même si je continue et continuerai à penser que ce n’est ni un exploit ni un truc de dingues, simplement une épreuve sportive qui réclame une préparation longue pour en profiter au maximum et qui le jour J nécessite avant tout une abnégation et un mental de fer pour repousser les limites du corps.
Vivement l’an prochain pour d’autres aventures, en espérant passer la ligne de l’EmbrunMan dans quelques années bébé sous le bras (message subliminal pour Chouchoutte

Merci à tous ceux qui m’ont encouragé et soutenus avant et pendant mon premier EmbrunMan :
A ma Chouchoutte
A mes parents premiers supporters et photographes
A Anne Sophie, Christophe, Marie Do, Hippolyte, Fred, Hervé, Romuald, Sophie mes supporters d’un jour aux encouragements oh combien appréciés
A mon tonton qui regrettera à jamais de ne pas m’avoir vu finir mon premier IronMan, mais c’est pas le dernier alors…
A tous ceux qui, sur le parcours, par téléphone, par mail, m’ont soutenus et encouragés
A Thierry Sourbier, webmaster du fôrmidâble site onlinetri.com, pour le maillot qui vous garde bien au frais
A Rodolphe du magasin Alpes 2 Roues pour son aide technique et ses blagues à 2 euros

A tous ceux qui m’ont aidé techniquement à faire de ce défi une réalité : Hutchinson, Mavic (trop de bonheur les tubeless, et surtout quel confort !), Commençal, FSA, Shimano, PowerBar
& à tous ceux que j’oublie…
Quelques photos et vidéos de mes exploits (merci Fred) en attendant encore plus de portrait de Bibi par Romuald / Sophie / les parents :
Vélo :
Vidéos :
http://marmotte.online.free.fr/mathieu_ ... CT0001.AVI
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Photos :
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Course à pied :
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