Solidarité et sobriété.
Voilà résumé ce qui pourrait résoudre durablement une situation tout de même bien mal barrée depuis une bonne trentaine d'années. Le CPE, est à mon sens, un formidable effet miroir d'une société égoïste, qui tend vers entre autres un autoritarisme décomplexée (ex : revenir à des valeurs

, ceux qui tiennent ce genre de slogans néo-réac sont les mêmes qui prônent haut et fort réformes et changements).
Et c'est ce qui fait que le CPE (simplement un contrat de travail

) cristalise autant de craintes et de mobilisation. Tout en engageant le débat, ce qui, d'un point de vue démocratique et sociologique, est très intéressant. Et riche de promesses, j'en suis persuadé.
Le CPE : pour ou contre, peu importe.
Que Villepin ait fait voter cette loi avec le 49-3, c'est son droit, même sans négociation préalable, sans concertation avec les représentants du monde de travail et de l'entreprise, au mépris du dialogue social, ce, contre la loi votée par ce même parlement et par cette même majorité en 2003 qui instaurait l'obligation de concertation avant toute modification du code du travail...
Que les jeunes manifestent pour s'opposer au simple fait de savoir pour quelle raison on les embauche et pour quelle raison on les vire... c'est un droit aussi.
Si certain s'imaginent que le CPE va créer des embauches, pas de souci.
Moi, j'aimerai simplement que chacun fasse preuve d'un peu plus de
solidarité. Pas pour le CPE, pas pour aujourd'hui, pas pour demain, mais pour plus tard, pour nos enfants, nos petits-enfants.
J'aimerai d'une manière qu'on réfléchisse au monde que nous allons laisser aux générations futures.
Alors, chacun peut faire son choix : un monde où le libéralisme et le capitalisme aura la mainmise sur les services publics (AGCS, accord général sur les commerces des services), un monde à plusieurs vitesses où l'égalité des chances sera une farce Carambar, où les précaires et les pauvres (il y en aura forcément bp plus) n'auront plus les moyens de se soigner, de se cultiver, de se loger, de se défendre, de manger, de voyager, de faire du sport, un monde inégalitaire qui n'engendrera que rancoeurs, repli sur soi, convoitise, jalousie, violence, extrêmisme, un monde qui bradera la plus grande partie de ses âmes vives pour le profit de quelques-uns, de quelques puissants qui n'en auront jamais assez.
Je propose un monde réel, non utopiste, un monde où chacun abat ses cartes, ses peurs, ses racismes, un monde où les portes s'ouvrent, un monde simple où la politique de la main tendue et de l'espoir serait le seul partie politique existant. Un monde public, concerné, réellement consulté, un monde qui aura pris conscience de l'autre, de l'individu, pas de l'individualisme.
Vient ensuite la
sobriété. Là encore, ce n'est pas utopiste, je crois à un monde où chacun n'utiliserait uniquement ce dont il a besoin, en eau, en énergie, en aliments. Sans renier sur son confort, mais par des gestes simples, des appareils de gestion de l'énergie par exemple (sondes, ampoules basse consommation), l'emploi d'énergies renouvelables (géothermie, solaire, éolienne, etc.). Un pays sobre qui ne croulerait pas sous l'obésité, les maladies cardio-vasculaires, un monde qui aura rayer de sa liste les produits phyto-sanitaires, de jardinage, de bricolage (tiens, voilà un débat, sur les dangers de éthers de glycole et du benzène, mais que font les politiques face aux multinationales des pesticides

). A un monde qui respecterait l'environnement, son environnement.
En deux générations, l'Homme a croqué ce que la Nature a créé en 3,8 milliards d'années. Depuis 1983 (source OMS), l'irréversibilité a été atteinte en matière de réserves de pétrole, de gaz, d'eau (combien de milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable

), tous les voyants sont dans le rouge. Pire, la qualité de l'air est désastreuse, source d'allergies, de maladies, de cancers...
Pouvons-nous continuer à nous conduire en simple sur-consommateur ?
Selon Hubert Reeves, qui n'est pas la moitié d'un abruti, l'Humanité cessera d'exister d'ici à 100 voire 150 ans si la croissance économique mondiale se maintient à 2 % (en gros la croissance de la France).
Parce qu'à vouloir produire, produire, toujours produire, on demande à la Terre ce qu'elle n'est plus capable de donner ni de digérer.
Le réchauffement de la planète ? On s'en fiche, chacun sa gueule, Dieu pour tous, après moi le déluge ? C'est ça que je peux lire à travers les propos de certains, ici.
Alors, oui, les consommateurs qu'ont été nos grands-parents et nos parents ont été d'un égoïsme effroyable parce que pas une seule seconde, ils ont pensé à leurs enfants. Puis aux nôtres aujourd'hui. Mais regardez donc dans quel état est la planète aujourd'hui...
Cet égoïsme, il est incroyablement omniprésent à travers ce CPE et plus que le contrat de travail en lui-même qui n'est qu'une rampe de lancement, c'est contre cet égoïsme larvé que les jeunes et de plus de plus de Français s'élèvent aujourd'hui, j'en suis convaincu.
Oui, les jeunes existent, ils ne sont pas quantités négligeables, certains ici semblent toujours vouloir l'ignorer, tout comme les politiques, oui, les jeunes ont le droit à une existence sereine, juste, équitable.
Je suis persuadé là-encore que les jeunes d'aujourd'hui qui feront le monde de demain ne veulent plus de cette façon de faire de la politique, d'envisager l'avenir à la petite semaine, sans penser à demain.
Moi, j'ai confiance en ces jeunes, à qui l'on a appris à l'école, la nature, le respect de l'environnement, le tri sélectif, à qui l'on a dit d'aimer son voisin, d'aimer son prochain, à qui l'on a dit, la guerre, c'est moche, c'est nul, la guerre, ce sont toujours les mêmes qui perdent, nous.
Certes, ils ne sont pas tous parfaits, mais en tout cas et pour une grande majorité d'entre-eux, ils ont une intelligence et une conscience bien supérieure à celles de nos parents.
Voilà, solidarité et sobriété.
Parce que sans ça, le CPE, pour le compte, il n'aura plus aucun intérêt.
