Voeckler - Chavanel : « On est outsiders et sans pression ! »
Dimanche, c’est le grand rendez-vous de cette fin de saison où, tout au long de l’année, on ne peut que s’en féliciter, les Français ont été présents et même brillés. Ce rendez-vous, c’est, bien sûr, celui de la course en ligne des Mondiaux de Copenhague avec neuf français en lice, choisis par le sélectionneur de l’équipe de France, Laurent Jalabert. Et parmi eux, il y a les deux « fameux » fers de lance : Sylvain Chavanel, champion de France en titre, et Thomas Voeckler qui a marqué, cet été, le Tour de France avec sa quatrième place au général et ses dix jours en jaune.
Vous êtes à Copenhague, on a juste une question à vous poser, comment allez-vous ?
TV : « Tout va bien, le moral est bon et les jambes sont en forme. Pour être honnête, j’ai quand même moins de fraîcheur qu’en début de saison mais ces dernières semaines, je me suis rassuré sur le Tour Poitou-Charentes et le Grand Prix de Plouay. Je peux dire que je suis serein et cela fait plaisir de retrouver l’équipe de France à l’occasion de ces Championnats du Monde.
SC : « Je suis vraiment heureux d’être aux Mondiaux. C’est important et un honneur d’être là pour représenter mon pays. Tout le monde n’a pas cette chance là et il faut en avoir conscience. Quant à ma forme, elle ne peut pas être mieux. Je sors de trois semaines de course sur la Vuelta qui ne m’a pas trop mal réussi. Donc, oui j’ai la forme, j’ai les jambes. Je me sens fort physiquement et mentalement après on va voir ce que nous réserve cette fameuse course des Championnats du Monde promise à un sprinteur, c’est cela ? »
Sagan pour Voeckler, Cancellara pour Chavanel
Comment trouvez-vous la sélection de l’équipe de France de Laurent Jalabert ?
T.V : « C’est lui le patron. C’est lui qui décide et on ne peut que constater qu’il a composé une sélection logique sur le papier. Laurent a pris des gars qui ont, peut-être, la meilleure chance de briller et la meilleure pointe de vitesse possible sur ces Mondiaux avec Ravard, Feillu. Il ne faut pas oublier Dumoulin et Gallopin. Moi, je suis là pour aider au mieux car, franchement, si un Français pouvait être champion du monde, ce serait bien pour le cyclisme français. Donc, oui je n’ai aucune pression. Ce n’est pas parce que j’ai fini quatrième du Tour et j’ai porté 10 jours le maillot jaune que je dois me prendre la tête. »
S.C : « Je n’ai pas pour habitude de faire de grand discours et vous le savez. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’on a une équipe homogène qui peut prétendre à être dans tous les coups sur cette course imprévisible et très particulière. Vous pouvez prévoir n’importe quel scénario, en général, cela ne se passe jamais comme vous l’avez prévu. Alors, ça ne sert à rien de faire des plans sur la comète. Par contre, si ça arrive au sprint, Feillu et Ravard peuvent jouer leur carte. S’il y a des coups qui partent, Kadri et Offredo peuvent prétendre être dedans. Quant à moi, je suis lucide, il ya de fortes chances que cette course arrive au sprint. Donc, je suis là au service de notre équipe sans réelle velléité personnelle et surtout sans pression. »
Quel est l’homme à suivre sur ces Championnats du Monde ?
T.V : « J’ai ma petite idée. Si cela arrive au sprint, il y a fort à parier qu’on retrouve Cavendish sur la première marche du podium. Mais celui sur lequel je miserai plus et qu’il faut absolument sauter dans sa roue s’il part, c’est Peter Sagan. Sur la Vuelta, il m’a impressionné. Il sait tout faire, baroudeur et sprinteur. Après si la France, la Belgique, les Pays-Bas, nous arrivons à dynamiter la course, la donne peut changer mais j’ai bien peur que la course ne soit pas très intéressante avant le final. »
S.C : « Je me trompe peut-être, je crois qu’il y en a un qui sait bien cacher son jeu, c’est Fabian Cancellara. Je l’ai vu sur la Vuelta et il n'a jamais été aussi affûté. Lors du chrono sur ces Mondiaux, je suis sûr qu’il s’est réservé pour cette course en ligne qu’il a en tête. C’est un malin. Sur le contre-la-montre, il savait que Tony Martin était difficile à battre. La preuve. Donc je suis sûr qu’il en a gardé sous la pédale pour marquer un gros coup et être champion du monde sur route. Donc, oui, l’homme qu’il faut marquer, c’est Cancellara.
Les portes drapeaux du cyclisme français
A l’approche de cette fin de saison, quel bilan tirez-vous de votre année sur le vélo ?
T.V : « Il faut être honnête, pour moi, c’est ma meilleure saison. Cela risque d’être difficile de faire mieux en 2012. Si on m’avait dit que je finirais 4ème du Tour et que je jouerais dans la cour des grands, je ne l’aurais jamais cru. Mais bon, ma saison n’est pas encore terminée car, après les Mondiaux, j’ai encore à disputer le Tour de Vendée, Paris-Bourges, Paris-Tours, le Tour du Piémont et le Tour de Lombardie. Donc, j’ai encore quelques petites choses à faire et à prétendre. Par contre, je sais que sur ces Mondiaux, la meilleure préparation, c’était le Tour d’Espagne mais bon, ce n’est pas donné à tout le monde pouvoir faire trois semaines de course sur une Vuelta au dénivelé impressionnant. »
S.C : « Je ne suis pas quelqu’un qui regarde derrière moi. J’ai fait une saison régulière comme les années précédentes. Etant dans une équipe étrangère, je n’ai plus le loisir d’être engagé sur les courses de Coupe de France mais plutôt sur les Classiques. Forcément, c’est plus difficile de s’imposer. J’ai loupé le Tour des Flandres et c’est mon grand regret cette saison car c’est une occasion qui n’est pas sûre de se représenter de si tôt. C’est comme ça. Mais je me dis que j’ai encore de belles choses à faire. Et je l’ai prouvé lors des Championnats de France à Boulogne où j’arrive à gagner devant mes enfants et ma femme et relever ainsi le pari que j’avais fait avec mes proches et amis. Sur la Vuelta, j’ai porté le maillot rouge de leader mais je ne réalise pas trop et encore. Qu’importe. Je suis quelqu’un qui va de l’avant et qui aime me lancer des défis. Et là, quand je vois l’équipe que l’on va avoir l’année prochaine chez Quick Step-Omega Pharma, je me dis que c’est un rêve que je réalise car il y a du lourd. Me dire qu’il m’est possible de péter dans un chrono par équipes car je serai entouré de Martin, Velits, Leipheimer et consort, cela promet. Là, il va falloir que je sois à la hauteur. »
Vous avez conscience tout de même que vous représentez à vous deux le cyclisme tricolore ?
T.V : Oui, il parait. Mais je me prends la tête là-dessus. Oui, j’ai fait un coup sur le Tour de France mais je ne suis pas forcément un exemple et je ne veux pas me présenter de la sorte. Quant à Sylvain, oui, tous les deux, on fait une belle carrière. On n’est pas des grands amis mais je le respecte. On se parle souvent. Et tout ça, on le sait tous les deux ! »
S.C : « On fait ce qu’on peut. Si avec Thomas, on crée une émulation, tant mieux. Moi, j’essaye de mener à bien ma carrière comme je le peux et sans me comparer à quiconque. Thomas a super bien marché sur le Tour et j’en suis heureux pour lui car il a mis haut les couleurs de la France. Mais surtout, il faut avouer que le cyclisme français dans l’ensemble se porte bien et on ne peut que s’en féliciter. Ce qui me plait, c’est de pouvoir retrouver les copains français pour essayer de faire des performances ensemble. Car, je ne les vois pas beaucoup dans la saison étant dans une équipe étrangère. Porter le maillot de sa nation, c’est important et je suis bien placé pour en parler puisque j’ai la chance et l’honneur de pouvoir porter encore les couleurs bleu-blanc-rouge toute la saison qui arrive. Et Thomas sait ce que ça représente pour l’avoir déjà eu ce maillot sur les épaules. Non, c’est bien ce qui nous arrive ? Mais il ne faut pas oublier les autres car ce sont eux l’avenir ! »