Voici mon CR de la course, un peu long mais c'est cohérent avec la course
Natation : départ dans l’obscurité et je n’ai aucun repère. Par manque de confiance dans ceux qui sont devant je m’arrête souvent pour tenter de voir les bouées en nombre insuffisant. De la buée se forme rapidement dans mes lunettes ce qui m’oblige à m’arrêter plusieurs fois pour la faire partir avec ma salive mais rien n’y fait. J’ai même tenté sans lunettes mais par réflexe je ferme les yeux. Enfin par chance en remettant mes lunettes de l’eau reste dedans empêchant la buée de se former. Ouf. Mais, malheureusement je n’en n’ai pas fini avec cette maudite natation. Ma combinaison mal fermée par un collègue m’arrache les cheveux à chaque mouvement de bras (la vaseline ayant disparue) et je m’arrête encore plusieurs fois pour tenter de la réajuster mais rien n’y fait et je termine en serrant les dents. Au final j’ai dû dépasser une bonne 10aine de fois les mêmes personnes. Résultat 1h06 mais je ne cède pas à la panique car je sais que la journée va être longue.
T1 : je prends le temps de me sécher et d’enfiler une tenue vélo et veille bien à ne rien oublier. J’ai par contre laissé mes manchettes à raison je crois !!! Résultat 4’51’’
Vélo : ça y est le plus gros du travail reste à faire. Je pars prudemment et suis étonné de dépasser aussi facilement, mais cela me rappelle à la prudence. Dans la descente qui mène au lac j’en profite pour accélérer mais déjà une chute d’un concurrent me fait penser qu’il faudra être très vigilent. Arrivé sur la nationale j’en profite pour manger (2 tranches de pain d’épice + banane) et voir si j’ai fait un trou dans les déjà nombreux paquets qui se sont formés depuis Embrun, mais je m’aperçois que ça revient en peloton et je me fait reprendre par une 30aine de gus et devant c’est encore pire. Arrivée dans la montée de Baratier après avoir pesté plusieurs fois contre les tricheurs je vois ma copine et mon bébé et j’en profite pour m’arrêter pour faire un petit bisou. Je repars sous les nombreux encouragements avec inscrit sur ma figure un sourire gaga ! Jusqu’au pied de l’Izoard rares seront ceux qui rouleront seuls, mais je suis admiratif du paysage, surtout les gorges du Guil. J’ai mangé juste avant Guillestre 2 tranches de pain d’épice + banane
Au pied de l’Izoard et dès les premières rampes je sens que mes coups de sang et mes accélérations réclament l’addition. Je mets tout à gauche (25-34) et alterne entre danseuse et selle. Je m’aperçois que mes cocottes sont de plus en plus basses. En fait ma potence c’est desserrer et heureusement pour moi j’ai mis un bout de chambre à air entre elle et mon cintre et je remets régulièrement mon cintre en croisant les doigts pour que ça tienne jusqu’au sommet. Les nombreux concurrents qui me doublent à mesure de l’approche du sommet me font penser que je suis mal. En fait ça sera pire que ça ! J’arrive à Arvieux péniblement (j’ai les triceps tétanisés) et j’ai déjà depuis longtemps passé le compteur en mode heure. A la sortie de Brunissard on m’annonce 2 virages durs et c’est fini. Du coup je reprends un rythme plus soutenu ce qui aura pour effet de provoquer une hypoglycémie sévère corrigée avec 2 gels. Là un collègue de club présent pour l’occasion m’encourage et me dit de rien lâcher et que je vais me refaire dans la descente. A ce moment il me reste encore 6 km à parcourir avant d’atteindre ce fameux sommet ! Ce sera chose faite après 4h22 de vélo et 5h32 de course. Je pense alors à Michael qui a du abandonner ici à cause de crampes, mais surtout à cause de son diabète. Je profite d’une pause pour faire le plein des bidons, récupérer mon ravito , faire un test (1,28g) et surtout resserrer ma potence après que quelqu’un m’ait prêté une clef. Et dire que j’ai hésité à prendre un toolkit !!! Je demande un journal et c’est parti ! dans la descente je suis bien mais au bout de quelques virages alors que je prends de la vitesse (75km/h) mon vélo se met à trembler à tel point que je crois que je vais perdre ma direction et j’ai même du mal à freiner. Je pense à ce moment que j’ai pris une bourrasque qui m’a déstabilisé et je répare mais disons plus prudent.. A partir de cette descente je ne ferai que reprendre du monde jusqu’à chalvet. A la sortie de Briançon le vent thermique est bien présent comme annoncé. Non seulement il me ralentit mais il m’assèche et à peine ais je bu que ma bouche est déjà sèche et mon sandwich passe mal (je n’ai jamais eu chaud comme ça en vélo). Pourtant j’ai de bonnes jambes et je veille à bien les tourner. Je dépasse de petits paquets, mais sans rien dire pour ne pas me griller. J’arrive dans Pallon et je déraille. Je remets puis repars mais beaucoup trop vite (le public aidant) et en haut de Pallon je me souviens des conseils de Guy Hemmerlin « La montée de Pallon ne doit surtout pas se faire trop rapidement. Une mauvaise gestion de ce passage peut avoir de grosses conséquences par la suite» ! trop tard ! Du coup j’essaie de tourner au maximum les jambes jusqu’à Chalvet tout en conservant une bonne vitesse. Ca y est j’entre dans Embrun, mais dès le début de la montée je sens que ça va être très difficile. J’ouvre mon maillot vélo et au début de Chalvet il y a ma copine et mon bébé ainsi que tout un staff de supporters beaunois (c’est fou le succès de ce maillot). Ca me donne du baume au cœur mais j’ai vraiment du mal. Je me dis que c’est vraiment une vacherie cette bosse, mais pour moi la descente est pire. C’est carrément la honte de nous faire passer ici à ce stade de la course (fatigue, manque de lucidité). Aucune lecture de la route n’est possible et je saute littéralement avec le vélo. Ca claque de tous les bouts et j’ai peur de casser mon cadre. C’est ici que j’ai pris ma plus grosse décharge d’acide lactique. Résultat : 7h42 soit 22’ de trop
T2 : ça y est je pose le vélo, au début je courre puis rapidement je me mets à marcher car j’ai le temps je suis encore dans la course pour les 12h30. je me change complètement, fais un test (1,10g) et pars tranquille
Càp : il fait chaud, très chaud, je trempe ma visière à chaque ravito mais elle sèche en 2mn. J’opte donc pour la bouteille à la main pour m’asperger la tête. Dès le début j’éprouve des difficultés à m’alimenter et les boissons Inko ne passent pas. Je prends donc quelques gorgées de coca suivies d’eau. Je vois ma copine mon bébé ce qui va me retaper juste avant la montée dans Embrun. A la sortie du centre ville, je dépasse Sébastien Stalder, dans son 2ème tour, qui est au plus mal et je le relance. Puis on dépasse Arnaud François qui est à l’arrêt et je m’arrête pour le faire boire (il est pétri de crampes). Vient ensuite la montée interminable de Baratier. J’arrive au dessus complètement exténué et m’assoie pour faire un test (0,93g), puis je repars avec ¼ de banane. La fin du premier tour sera très pénible avec plus de bas que de hauts. Verdict 2h08 et envolée les 12h30 ! J’ai fait une erreur a posteriori fatale, à savoir manger de la tomate cru avec du sel. J’ai l’estomac plombé. Sur la fin même l’eau ne passait plus.
Le 2ème tour est une lente agonie où je dois m’asseoir à plusieurs reprises. A un moment je vois des étoiles et m’assieds pour faire un test (1,18g). Rapidement les gens s’agglutinent pour me demander si ça va et des bénévoles secouristes veulent que j’arrête la course sachant que je suis diabétique. Je leur explique que je ne peut plus ni m’alimenter ni boire depuis un moment. Une bénévole me demande si j’ai manger des tomates. C’est le cas et elle me dit de ne pas chercher plus loin. Bref elle me donne une banane et me laisse repartir tout en me disant qu’elle me surveille. A ce stade il reste 15km. Je dois encore m’arrêter dans la montée de Baratier pour manger ma banane. Au ravito suivant je prends 2 cuillères de gâteaux de riz au caramel ce qui me booste jusqu’à l’arrivée soit environ 6 ou 7km plus loin . Je dépasse environ 30 à 40 concurrents et courre enfin vraiment. La ligne d’arrivée est dès plus savoureuse sous un public exalté. Résultat 4h42 soit 1h de trop
Evidemment mon sprint de 7 bornes m’a achevé et en voyant un brancard je demande si je peux m’allonger .On me dit que oui et une fois installé on me dit « bah on vous emmène maintenant ». Je leur dit que je suis diabétique et j’ai le droit à un test (0,68g), tension (10) et perf . Après 1/2 heure je peux enfin rejoindre ma copine avec mon bébé qui dort
Meilleurs moments : sortie d’embrun en vélo avec le public en liesse, montée de Baratier avec ma copine, mon bébé et toujours un public digne du tour de France, l’arrivée au sommet de l’Izoard, les 2 douches improvisées à pied, ma famille à pied et les nombreux encouragements, mon sprint de 7 bornes pour rallier l’arrivée, l’arrivée.
Les pires moments : le drafting, la fin de l’Izoard, Chalvet (montée et descente), mon mal de ventre quasi permanent à pied
Merci à ma copine, mes enfants pour leur soutient inconditionnel, mes amis du club de Beaune Monnot Triathlon, les bénévoles , le public, les habitants d’embrun pour leur gentillesse et surtout les nombreux enfants sur le parcours qui vous regarde avec un regard admiratif et vous rappellent l’exploit que vous êtes en train de réaliser
Encore bravo aux finishers
Voilà, 257ème en 13h42, pas si mal tout compte fait pour un diabétique qui habite en plaine !!!!!!!