tseusitchu a écrit :Pour élargir le propos , et sans j'espère être suspect d'une nostalgie quelconque pour les temps obscurs du dirigisme économique qui a si profondément meurtri tout l'Est de notre vieux continent , je n'arrive même plus à me convaincre que le gouvernement actuel , comme d'ailleurs certains autres gouvernements précédents qui se revendiquaient plus à gauche , défend le principe d'une
libéralisation dans le domaine de la santé , du transport , de l'énergie pour notre bien commun , pour réveiller les initiatives et les créations d'emplois . Si cette libéralisation se voulait féconde sur le plan économique , elle s'accompagnerait immanquablement d'un vrai effort dans le domaine dela recherche et de l'innovation . Ce qui n'est , manifestement , pas le cas

!!! On est donc obligé de réduire cette aspiration libérale à quelquechose de très ringard , de très couillon , ce que n'aurait sûrement pas renié ce bon vieux Guizot

: une sorte de clientélisme de bon aloi en somme . C'est que les campagnes présidentielles coûtent de plus en plus cher et que les groupes qui les financent attendent autre chose que des légions d'honneur en guise de remerciement ... la majorité des conseillers du gouvernement actuel sont d'ailleurs issus ou étroitement liés , dans des proportiosn jamais observées jusqu'ici , à de gros groupes industriels dont certains s'occupent , mais c'est sans doute un hasard , de santé , de transport , ou d'énergie .
Aucune théorie du complot derrière tout ça , juste une bonne vieille tambouille bien fumeuse où le principe est que l'on est jamais mieux servi que par soi-même . A 140 % s'il le faut

...
Très juste.
J'ai déjà évoqué ici deux-trois fois l'AGCS qui signifie Accord Général sur le Commerce des Services, signé il y a une dizaine d'années en catimini à l'OMC. L'AGCS est pour le moment en
stand-by puisqu'une fronde - la aussi globale - s'élève contre cette libéralisation des services, à l'échelle planétaire. Tomberaient sous l'escarcelle des grandes multinationales, la santé, l'énergie, l'eau, l'éducation et environ 140 autres services publics.
Certains me diront que dans certains pays, y compris dans le nôtre, l'eau et l'énergie (deux des services qui rapportent le plus me semble-t-il) sont déjà entre les mains des multinationales, à quelques exceptions, où des communes maintiennent le service de l'eau potable en régie municipale.
Que dit l'AGCS, autrement dit l'OMC ?
Pêle-mêle que
"la sécurité sociale est un obstacle technique au commerce", ou bien qu'il faut
"encourager le recours à une main d'oeuvre étrangère à faible coût, personnel embauché avec des CDD sur la base légale et salariale du pays d'origine ". Et pour être certain de faire des affaires sans qu'aucun salaud de pauvres ne viennent enquiquiner les multinationales, un article précise que
"n'importe quelle loi ou mesure d'un pays peut être contestée voire sa suppression demandée si elle compromet les avantages que des entreprises étrangères pouvaient raisonnablement s'attendre à tirer de l'accord."
J'aime beaucoup le « raisonnablement »...
L'AGCS s'appliquerait à tous les niveaux de délégations, qu'ils soient gouvernementales, régionales ou locales. Le "pouvoir" des maires serait donc réduit à sa plus simple expression décisionnelle. Quant à l'expression démocratique exprimée à travers notre bulletin de vote, elle virerait une fois pour toute à la farce, sinon à l'inutilité.
(Cela dit, depuis la loi de décentralisation de 1986, l'Etat n'a eu de cesse de donner un peu d'une main et de reprendre beaucoup de l'autre. La création des conseils régionaux et généraux n'ont en rien améliorer la qualité des services publics, si ce n'est de disperser et de diluer les fonds et alimenter clientélismes et carrières politiques de tout bord. Le très Mitterandien Jacques Attali prône même depuis peu – rentabilité, rationalisation, pragmatisme et économies d'échelle obligent - la suppression des communes (36 000 en France) au profit de grandes communautés de communes, environ 3000. J'avoue que cette idée, qui m'a fait hérisser les poils de prime abord, m'interpelle de plus en plus, sans jamais avoir été un orléaniste forcené...)
L'AGCS n'est mue que par et pour le profit, au détriment des plus démunis, de plus en plus nombreux, que les services publics arrivent à perfuser. Mais pour combien de temps.
Je n'ai pas souvenir durant la campagne électorale des présidentielles, avoir entendu un seul candidat parler de cet AGCS, et pour cause. Comme tu le précises justement, on ne touche pas à ses futurs et probables bailleurs de fonds – ce sont eux, les multinationales, banques, assureurs et fonds de pensions qui font et défont la politique dans le monde, pas ceux que nous avons élus – sous peine de voir sa carrière « politicienne » ne guère dépasser le taux du Livret A.
Pour le coup, la théorie du complot (en pâte d'amande, comme pour Roswel) serait à creuser...

"Etre beau et bien habillé est indispensable. Avoir un but dans la vie ne l'est pas." Oscar Wilde