Bon voilà, c'est fait...
Merci à ceux qui m'ont conforté dans l'idée de me lancer et à ceux qui m'ont donné les quelques bons conseils pour aborder les dernières semaines avant l'évènement.
Ca c'est bien passé et voilà mon compte rendu de ma course, en espérant que ça ne soit pas trop long.
Mercredi:
OK, les sacs sont prêts, la stratégie bouffe / boissons est en place, le vélo est prêt, la bagnole est chargée.
On va donc partir à vélo sur base de boire toutes les 5 min en alternance eau / Iso et manger du solide à raison d'une barre énergétique à l'heure à raison d'1/2 barre toute les ½ heure, puis sur le marathon, boire à tous les ravitos et prendre un gel tous les deux ravitos.
Pour le vélo, hésitation avec les roues 50mm/ 90mm ou 50mm/lenticulaire...on verra sur place en fonction de la météo et du vent.
Jeudi:
Start de Belgique à 8h. Pour ne pas arriver cassé à Calella à la nuit tombée et devoir prendre ses marques dans le noir, parti est pris de faire une nuit d'hotel F1 à Perpignan à 20h et de se faire une bonne nuit de repos.
Vendredi:
Re-départ de Perpignan pour les 140 derniers km vers Calella à 8h. Arrivée sur place à 10h30 et dès l'entrée dans la ville.....Nous y sommes: quantité de triathlètes à vélo sur des machines de rêve, drapeaux ironman aux fenêtres/balcons/vitrines, affiches à tous les coins de rues...
Pas encore midi, donc avant d'aller à l'hotel, on se gare et on se dirige directement aux inscriptions, ce sera déjà une chose de faite. Récupération du sac à dos Ironman et de son contenu: Sacs de transition, Racebook, planche autocollante avec son numéro à disposer sur casque, vélo, sacs transition...
Passage dans le village expo bien achalandé en matos en tout genre et me voilà comme une gonzesse dans une galerie marchande de luxe un jour de soldes....En gros, faut se réfréner et raison garder sinon je liquiderais l'équivalent de 2 mois de salaire...
En fait sur Ironman....On peut arriver tout nu apparamment, on peut tout trouver sur place: bouffe, vélo, roues, combarde, trifonction, lunettes, casque, chaussures vélo/running, etc....
Bon allez, on va quand même aller se poser à l'hotel...avant d'aller manger un morceau le long de la plage...petite pizza, les pieds dans le sable, 27°, ciel bleu...On pourrait être plus mal.
Allez, fin d'après midi, on convient d'aller nageotter un peu. Angoissé et dans l'inconnue totale quant à cette fameuse natation en mer, J'enfile ma combarde et je me lance....Catastrophe, ça ne va jamais aller !!! la mer bouge, je nage tant bien que mal une cinquantaine de mètres, c'est salé à crever, j'ai la tête qui tourne et j'attraperais vite la nausée avec ces mouvements de roulis.... bref, c'est mal barré et je décide de sortir... je m'échoue comme un cachalot, jeté sur le rivage, j'ai peine à tenir droit sur mes jambes.... J'enlève ma combarde et me dit « advienne que pourra pour dimanche ».
Mon pote arrive, je lui explique mes mésaventures, il m'invite/m'oblige/me force (au choix) à réenfiler la combarde et à y retourner avec lui....Bon ok, je suis le mouvement. On y retourne et finalement on se tape quasi 1000 mètres.... Et ça va plutôt bien.... Je suis vaguement rassuré, sans son insistence et ses conseils... J'aurais été très mal le jour de la course.
Samedi: Jour J -1:
Réveil assez tôt et vite aller voir la mer aux heures du départ.... Complètement rassuré maintenant car effectivement à 8h30 du mat' ....pas de houle. Tout bon.
A 10h30, petit déblocage vélo et CAP... On se fait donc une petite heure de vélo sur le parcours avec une chouette petite rencontre avec Camilla Pedersen. Je pousse un peu à plat pour voir les sensations et faire mon choix de roues....Me voilà donc à 50 à l'heure...mais Camilla a dû juger que pour un déblocage de veille de course c'était pas assez rapide car elle m'a passé à 54km/h....Arf, dégoûté, comment peut on être aussi frêle et jolie et envoyer des watts comme ça, avec le petit sourire en coin en plus...
Retour vélo, petite transition et hop nous voilà reparti pour un petit footing de 4-5 km.
Les jambes répondent bien, il fait beau, la forme est là...Ca devrait le faire demain.
Après midi en mode « glandage », village expo, plage, repos et dépose du vélo et des sacs en zone de transition.
Soirée relaxe et dodo à 22h30.....Demain, c'est la guerre !
DIMANCHE:
5h40, je suis debout, derniers petits préparatifs, un petit café, je déjeune au Sportdéj Overstimm (vanille/ noix de pécan), je m'habille tranquille et en route vers le parc transition pour mettre les bidons sur le vélo et regonfler . Je sors de l'hotel.... Il pleut comme vache qui pisse, il fait encore nuit mais le ciel est blanc d'éclairs, le tonnerre gronde et les rigoles et avaloirs de trottoirs n'arrivent pas à évacuer le torrent de flotte qui tombe.... Super ça commence bien ! Un temps de vikings....Je fais abstraction, j'enfile mon MP3 sur les oreilles, je suis dans ma bulle, même pas stressé.... Rien ne peut m'atteindre aujourd'hui. Ce sera mode survie s'il le faut mais je finirai !!!
Dans la tente (chapiteau) de transition, 2500 mecs, percés mouillés en train de se préparer, d'enfiler les néoprènes. J....des rumeurs d'annulation courent, tout le monde y va de son hypothèse: transformation en duathlon / annulation pure et simple / raccourcissement de la partie natation, etc... Au final, annonce de la direction de course: départ retardé d'1/2 heure et full distance.... OK, on est pas venu pour rien.
9h00...la plage, il pleuvine encore, il fait pas très chaud et onse dirige dans les sas de préstart.
9h17, on se dirige face à la mer, je me met un peu à l'arrière du paquet, histoire de pas mourir noyé après 30 mètres en me faisant monter dessus par une bande de furieux.... Musique.... »One minute left »....Musique...... »Ten seconds ».....silence absolu....battements de décompte.... un petit signe de croix avant de partir (on ne sait jamais qu'il y aurait quand même quelqu'un là haut qui se soucie de ma misérable petite personne)

.... BOUM c'est parti !
LA COURSE:
Je m'élance dans une mer laiteuse tellement le sable est remué par les concurrents... Je fais ma place, ça ne bagarre pas de trop et je me dis qu'on a quand même de l'espace pour nager...tant mieux.
200m et première bouée, tournant à droite, Washmachine, ligne droite de 850 m, ça s'éclaircit, je chope un mec à ma droite, je vérifie qu'il garde le cap, Ok c'est bon, il va droit. Je ne me tracasse plus de me diriger et je me calque sur lui....deuxième bouée, Washmachine épisode 2, 100 mètres... troisième bouée....washmachine épisode 3....et là on est parti pour la ligne droite de 2350 mètres...un peu de vagues mais ça va...rapide coup d'oeil à gauche, j'aperçois au loin les chapiteaux blancs de la transition et elles sont aussi grandes qu'une tente deux personnes de chez decathlon... purée je suis pas rentré....Allez pas de découragement, j'ai mal nulle part et je n'ai pas encore bu une seule gorgée d'eau de mer... Tout va bien.
Le temps passe, je m'applique, je suis les recommandations de mon pote pour négocier les vagues et je les épouse donc à la manière VTT plutôt que de les affronter de face. Dernière bouée, tournant à gauche...Allez plus que 300m...génial. Mes pieds touchent le sable, je me redresse, coup d'oeil à la garmin: 1h20 à la sortie de l'eau. Je ne m'excite pas, je marche je me dépiaute le torse et je me douche bien pour éliminer le max de sel de ma peau. Pendant la natation, le ciel s'est éclairic et le soleil a fait son apparition...de bon augure pour le vélo.
T1 à mon aise, rien oublier et c'est parti pour une petite balade vélocypédique de 180 bornes.
Je pars tranquille car la sortie de la ville est assez cahotique, terrain glissant, détrempé, voire inondé à certains endroits et certains terminent déjà leur course avec le cul à terre.
Je me lance et prends mon rythme de croisière. Pour donner mon point de vue au sujet du drafting à outrance, le fait que je soit piètre nageur et que je sois parti dans l'avant dernière vague, à mon niveau je n'ai pas eu le loisir de m'abriter car je me suis fait très peu dépasser et tout les gars sur qui je revenais étaient plus faibles, donc, perso, je peux me regarder dans une glace et j'ai la conscience en paix....Je n'en dirai pas autant de la quinzaine de rats qui m'ont accroché et qui ont fumé la pipe dans ma roue pendant 150 bornes en attendant que ça se passe ....Bref, passons.
Premier tour à 35 de moyenne aux pulses, deuxième tour, toujours OK à 36 de moyenne, je suis toujours à l'aise mais comme je me l'étais promis avant, je ne cède pas à l'euphorie et je temporise pour le dernier « petit » tour que je boucle à 33 de moyenne en prévision du marathon.
Retour à T2 en 5h08... Cool, tout va bien et je termine donc NAT+ T1+ vélo en 6h35.
T2 à l'image de T1 en +/- 6 min et c'est parti pour un dernier petit footing pour bien terminer la journée. Je prends le marathon km par km et ça va bien... je prends mon petit tempo et je m'étonne à ne pas craquer et à être régulier...25 minutes aux aller et 30 minutes aux retours, sachant que les retours comportaient deux passages sous le chemin de fer qui impliquaient deux descentes et deux montées que j'abordais super à l'aise.... et les kilomètres défilent....me voilà au semi en 1h56.....woaw, je suis bien, je n'ai pas de crampes et je dois me freiner car avec la multitude de spectateurs enthousiastes, les ensembles de percussions et les sonos improvisées tout au long du parcours, on aurait vite tendance à s'emballer...Et je continue......le soir commence à tomber, les kilomètres défilent et j'attends le fameux « mur » des 30.... km , 31, 32, 33, 34.....Rien !!!
A part le mur du cimetière de Calella qu'on longeait un moment je n'ai donc pas vu celui du marathon

.... Je suis au km 37 et les crampes commencent à poindre, je relâche un peu et je m'autorise à marcher pour les deux remontées du chemin de fer....km 40, 41, 42.....Tout repasse dans ma tête....ma prépa, ma famille, mes amis, je suis au turning point et je m'engage à droite dans l'allée finale, pour ma chance, je m'y engage avec personne devant moi...150 mètres magiques: Tapis bleu, nuit tombée, lumières de discothèque, musique à fond, tribunes pleines à gauche et à droite....l'arche est là, le speaker scande mon nom....That's it: I'm an IRONMAN. Ca fait un peu cliché mais pour une première expérience....ça m'a bien fait plaisir quand même cette petite arrivée théatrale....Pas à dire la machinerie "ironman" est bien rôdée.
Il est 20h et j'ai démarré il y a 10h41. Je suis aux anges, plus rien ne peut m'atteindre, même cette foutue crampe qui me démarre dans la cuisse ne viendra me gâcher mon plaisir. Allez hop, médaille, t shirt finisher, petite couverture de survie pour éviter d'avoir froid, un petit tour au buffet et je vais rejoindre le parc de transition pour récupérer mes sacs et mon vélo. Petit coup de fil à mon épouse et ma fille... qui m'ont vu en live à l'arrivée...GENIAL. Je suis super heureux.
Retour hotel, je me mets au lit mais n'arrive pas à trouver le sommeil...trop d'adrénaline, trop d'émotion, trop d'images dans la tête, je prends l'ordi portable et je vais sur mon facebook où tous mes potes m'ont suivi également et je me rends compte que j'ai fait cet Ironman avec une centaine de personnes avec moi. Pfhoouuu ENORME !!!!
Bilan chiffré de la chose sur ma montre, qui reflète mieux la réalité que la découpe officielle avec une T2 stratosphérique et les 2 premiers km du marathon en mode escargot rhumatisant... (les tapis de chrono n'étaient pas mis aux bons endroits)
NAT: 1h21
T1: +/- 6 min
Vélo: 5h08
T2: +/- 7 min
Marathon: 3h59 (arrêt pipi inclus)
Total: 10h41
Voilà pour mon CR....Un peu long mais (presque) complet....je vous ai épargné le retour à la maison avec les potes du team qui étaient tous présents, etc....