Récits d'IRONMAN

Bonne humeur de rigueur, pour les sujets ne concernant pas le monde sportif merci de poster dans "...et plus si affinité".
tikeur
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par tikeur »

voraciousgangrene a écrit :vendredi 15 aout 3h30 le réveil sonne
petit regard par la fenetre,quelques gouttes de pluie frappent aux carreaux,au loin dans la vallée des éclairs signalent un orage,bon pas de panique on va aller manger on verra le temps au moment du départ
le petit déj' englouti,on part sous la pluie pour Embrun situé à 30' de route
arrivé au parc obligé de mettre l'imper pour se préparer,j'ai le dossard 999 mais les pieds dans l'eau,les organisateurs annoncent de la neige au sommet de l'izoard,purée ils mettent la pression,et dire que je me suis entrainé asur Cannes sous un soleil de plomb :?
je ne sais toujours pas ce que je dois mettre comme tenue vestimentaire pour le parcours vélo,mais bon plus trop le temps de cogiter,le départ des nanas est annoncé,nous partons 10' +tard il est temps de mettre la combi
comme d'hab j'arrive dans le dernier quart sur la ligne de départ et je bataille pour me faire une place jusqu'en 3ème ligne,on ne me laissera pas allé +loin,pas grave ce manque d'humilité se règlera dans l'eau ;-)
6h le départ: je suis surpris ca bastonne pas mal meme pour un tri distance ironman,je fais le choix de faire une nat' cool pour sortir frais,j'ai un peu de mal à me diriger sur la 1ère boucle qui se fait de nuit,les sensations ne sont pas terribles,je ziguezague pas mal,j'ai l'impression de me trainer et j'ai du mal a me situer par rapport aux 1ers
l'arrivée se profile je sors de l'eau et entend le speaker annoncer les noms des pros qui sortent avec moi:Zamora,Le Floch...un petit regard au chrono 47'51,en fait à défaut de plaisir le chrono est bon,meme s'il n'y a probablement pas la distance
autant les pros font une transition éclair,autant je prend mon temps et préfere jouer la sécurité
la nat' c'est fait maintenant place à 188kms vélo,pas de compteur pour ma pomme,juste le chrono déclenché sur la montre au cas ou il faille gérer pour ne pas etre hors délais
comme à mon habitude j'ai découpé le parcours en 4parties:
la 1ere nous fait partir sur les hauteurs d'embrun,j'en profite pour trouver mon rythme,m'alimenter,boire et je fais totale abstraction des mobylettes qui me doublent,je sais que nous ne faisons pas la meme course
la 2ème partie nous ermmène sur le col de l'izoard, je m'attend au pire mais ca passe assez facilement grace aux conseils d'un gentil triathlete de nanterre qui se révelera etre orscand,meme si mes 2 derniers pignons sont récaciltrants et m'obligent à + imiter J.Ullrich que la moulinette de L.Amstrong,
par contre les derniers lacets se font sous la grele,au ravito je prend mon temps pour bien me couvrir,j'enfile une paire de gants,prend mon ravito perso et c'est parti pour la suite
3eme partie descente du col sous la pluie/grele,je n' en mene pas large mais préfere assurer plutot que chuter,arrive Pallon,1,5kms a 15% d'apres la légende,pour moi ca va mais le mec devant moi à l'air de vouloir faire durer le plaisir et fait les 4 coins de la route,je l'encourage en le doublant,je suis en 70ème position en haut de la bosse
4ème et derniere partie,c'est le retour sur embrun,celle ci me fait un peu flipper,je n'ai jamais dépasser les 125kms donc forcémént je ne suis pas tres sur de moi,
il recommence a pleuvoir,mais j'en fais abstraction et pense à m'alimenter jusqu'au bout car je crains une fringale,quelques gars me doublent par petits paquets mais je les laissent partir et préfere finir tranquille,je suis sur les bases de 7h15 donc largement dans les clous
arrive enfin le col de chalvet et des les 1eres pentes je regrette mon 34*27 qui ne veut pas passer
purée je suis dans le dur et j'ai l'impression de faire une Indurain aux Arcs en 96,pas d'affolement c'est la fin je gere tant bien que mal,la descente qui suit est pourrie donc prudence
retour au parc vélo,petit coucou à la caméra,transition rapidos et c'est partie pour le marathon,je sais que c'est la ou tout va se jouer,mon mollet va t il tenir?mon manque d'entrainement du a une déchirure au mollet fin juin va t il se payer cash?
1er tour je pars doucement,me freine,et tout va bien jusqu'au 19ème ou je commence a avoir froid des sueurs,M....une hypo,pas de panique,je me force a ne pas marcher,attends le prochain ravito,me gave de coca et c'est reparti en attendant que tout ca soit assimilé,arrive le 32ème, je sais que j'ai fais le +dur,au 37eme je rejoins un gars d'embrun et un de beauvais,nous finirons ensemble en racontant notre course, a partir de 40ème je savoure
12h25 apres le départ je passe la ligne d'arrivée avec une 134 ème anecdoctique place
le double objectif d'etre finisher et de ne pas me refaire mal au mollet est atteint :sm2: donc tres satisfait
Ca c'est fait :-))
merci au public qui a vraiment été top et aux bénévoles qui ont assurés un max :sm6:
merci à tous ceux du forums qui ne sont jamais avare de conseils,bon ou mauvais
merci à nono pour le pret de ses roues
et merci à ma chérie pour sa patience :sm3:
et à charly qui m'a accompagné dans un paquet de séances Cap :wink:

le beauvaisien ne s'appellait pas Fred meunier ? Bronzé comme une gonzesse ? Si c'est lui je le connais bien on est du même club et on s'entraine ensemble...
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aurelie.218
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par aurelie.218 »

Un grand merci pour ton récit, NEIRYNCK Cyril!!! :P Surtout la partie sur le vélo...une belle leçon de courage et de volonté!!!! :sm2: Avec l'hésitation à tout plaquer (bah ouais...avec ce temps de chiotte, ça aurait été assez normal de lâcher)...puis finalement le marathon-apothéose! :sm2: Vraiment, merciiii! :sm3:
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Taborniau
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par Taborniau »

Embrun 2008, premier format iron, à 22 ans, une belle connerie mais : ça, c'est fait.

La course en soit, finalement ça a été le dessert d'une longue prépa. Même si à 10minutes du départ je voulais m'enterrer sous le sable (zut c'étaient des cailloux).

La natation euh boxe aquatique, ça a castagné tout le long (bon signe, càd je suis resté dans le peloton). Le départ de nuit ça a son charme (vite brisé par un triathlète qui te prend pour un matelas pneumatique). :sm11:

Le vélo, ben ça a roulé... :o :shock: :o La réputation du parcours est quand même un poil surfaite, dans le sens où à part l'Izoard et Paillon ce n'est pas si raide (le triple-pimpim aide quand même :oops: ). Il n'y a pas 5000m D+ mais 3800 environ. Par contre l'asphalte est pourri, granuleux à souhaits... Comme d'habitude dans les bosses je me garais et regardais le spectacle des autres me dépassant. Puis sur le plat et en descente les rôles s’inversaient. La météo a été rigolote : 2° au sommet de l'Izoard (descente sans gants... :sm3: ), pluie durant 80km, grêle et orages. J'étais finalement content dans ces conditions car ça m'a permis de récupérer un max de monde dans les descentes. Mais aussi d'oublier un peu de m'alimenter. :mrgreen:

Le marathon, justement dès le départ grosse hypo, tête qui tourne, zigzag sur la route, puls qui giclent haut, etc. Du coup j'ai du marcher pas mal... Au Km 10 un ravito sur lequel je m'arrête (ah la saucisse aux pistaches) et mange comme un fou. Du coup point de côté... :sm6:
Mais après ces quelques déboires, j'ai pu « recourir » et finir le 2e semi en beauté, heureux car mon dos m'a épargné. Même si ça faisait mal partout sur la fin, le style en CàP (le déroulé du pied, etc.) ressemblait plutôt à un marteau piqueur dans du béton armé. Les spectateurs et bénévoles sont vraiment énormes. Par ce temps, rester et encourager de la sorte, incroyable !!!

Même en étant pour le moins mal classé (655e), on se fait encourager comme un fou, ils déchiffrent le nom à cinquante et font un boucan d'enfer, truc de barge. Larmes aux yeux garanties rien que pour ça. En plus, crevé, les émotions sont exacerbées... Peur, souffrance, joie intense, etc. Trop trop énorme ! Envie de remercier tout le monde, le marathon est passé à le faire d'ailleurs.
Final : 1h06 + 6' + 8h05 + 20' (sans bigoudis en plus) + 5h24 (aie) = 15h03

Bilan :
- Gestion d'avant course (nutrition, sommeil, transit, préservation de mon dos) au poil.
- Conditions météo : oh oui encore, j'aime ça ! :oops: Elles m'ont certainement avantagé car le marathon a été parfait à ce niveau. Le vélo ben ça serre...et ça serre. N'ai pas su gérer le changement de conditions en cours de vélo pour l'alimentation.
- Cauchemarchathon : prévu, 90km en tout les deux derniers mois en ayant mal au dos (sauf le jour de la course !), souffru mais non mouru. Mental à travailler quand même car sur la fin c'était un peu... :?

Mais malgré tout très content de voir qu'en prenant du plaisir à l'entrainement, on en prend encore plus sur de belles épreuves. :D
Et le partage avec tous les passionnés et concurrents sur place, qui sont impressionnants ! :shock:
En mesurant pleinement toute la chance que c'est de pouvoir participer (santé, moyens financiers, temps libre, ...) à la réalisation d'un rêve totalement égoïste, mais BOUDIOU QUE C'EST BON ! :sm3:

La suite :
Travailler ma VMA au moins une fois dans l'année ( :oops: ) sur le mini de Lausanne ce dimanche.
Puis rentrée et on verra bien. :P

(Dossard 834)
"Si tu veux gagner, cours le 100 mètres. Si tu veux tenter une autre existence, cours un marathon." E.Zatopek
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levraiBH
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par levraiBH »

NICE 2009
Dimanche 28 juillet. Ma montre indique 1 h 30 du matin. Ma chambre d’hôtel (chez Stephen Roche à Villeneuve-Loubet) est plongée dans le noir. Ma chérie dort profondément à mes cotés. Moi j’ai les yeux grands ouvert. Dans 90 minutes, le réveil va sonner. J’ai encore le temps mais je n’ai plus envie de dormir. En fait j’ai hâte de prendre le départ de mon deuxième Ironman. Pour passer le temps, je révise mentalement les parcours, les gestes à faire aux transitions. Je ne suis pas stressé. Certainement parce que j’ai décidé d’y aller cool ce coup-ci. Sans objectif chrono. Juste finir. De toute façon, je sais que je manque de vélo cette année. 2400 km pour Nice, c’est un peu léger. Pis j’ai été voir une partie du parcours vélo avec ma chérie il y a deux jours (je ne connaissais pas la région) et, bien que prévenu, je dois bien avouer que je ne m’attendais pas à une telle grimpette. Faudra que je fasse attention de ne pas me taper dedans, surtout avec cette douleur aux genoux, apparue il y à quinze jours. Enfin si ça tiens à vélo, je sais que je peux aller au bout. Même si je supporte mal de courir quand il faut chaud. Putain quand est-ce qui sonne le réveil, là ? J’entends le bruit des vagues à travers la porte fenêtre de la chambre. On est au rez-de-chaussée. La mer doit être à moins de sept mètres de mon lit ! Cool cet hôtel. 3 h. Je me lève direction la douche. Je suis un peu naze, quand même. Mon travail m’a légèrement flingué ma phase d’affûtage. Je n’ai pas assez décompressé. Bref, comme beaucoup de ceux qui vont prendre le départ tout à l’heure, je suis assailli par le doute. Je le chasse en m’habillant. Je vérifie que la puce de chrono est toujours à ma cheville. Je referme la ceinture de mon cardio et enfile ma trifonction. Mon amoureuse se lève. Elle aussi a du pain sur la planche. Elle a prévu de me retrouver après la nat, à plusieurs endroits du parcours vélo. Un vrai casse tête routier. Puis je chausse mon mp3. Je file dehors sur la terrasse pour avaler mon gatosport. Il fait nuit et déjà chaud. Ca me change de ma région glacière. De gros porteurs passent lentement devant moi avant de se poser au loin sur l’aéroport de Nice. La mer est calme. L’hôtel est plein de triathlètes mais je suis seul debout pour l’instant. J’aime bien avoir le temps de me mettre en condition. Musique à donf, je me repasse les longs mois d’efforts. Je suis euphorique, ca va être la fête aujourd’hui. 4 h. Ca s’active de partout. Le personnel de l’hôtel a fait péter le réveil pour permettre aux triathlètes de prendre un vrai petit dej’. En plus, on a même le droit de mettre le vélo dans la chambre ! Sympa chez Roche. Je suis prêt, j’ai mon sac avec ma combi et ma pompe à vélo. On y va.

C’est parti pour quinze minutes de voiture jusqu’au centre de Nice. Ca roule bien le long de la côte. Il faut toujours nuit lorsqu’on trouve une place dans une petite rue non loin du site Ironman. Le flot de compétiteurs grossit à mesure que nous nous approchons du parc à vélo. Je rentre seul. Enfin sans ma chérie parce qu’y en a du monde ! Elle me retrouve de l’autre coté du grillage qui ceinture le parc. Je lui fais un bisou et me précipite immédiatement dans les toilettes pour un dernier pipi. J’ai eu raison de commencer par ça. Quelques minutes après, les files d’attentes étaient déjà longues devant les cabines… Je gonfle les pneus de mon BH carbone, j’installe les bidons de boissons énergétiques et d’eau, je place quelques gels sur le vélo. Le jour commence à se lever. Je me dirige vers la tente pour enfiler ma combi. Chacun s’active, concentré. Je sors de là, dépose mon sac de vêtements de ville. Ma chérie me rejoint sur la prom’. Elle se faufile et parvient à entrer dans la zone réservée aux journalistes sur la plage. Je suis assis sur la murette de la rampe qui descend à la plage, elle est en bas. Elle me dit de faire attention, me caresse les pieds. Un photographe nous a repérés. Joli souvenir. Ca y est, on peut enfin accéder aux sas sur la plage. Je fais comme les autres, quelques dizaine de mètres dans l’eau. Tout va bien. C’est ma première fois dans la mer mais je sais déjà que je vais adorer. Je regagne la terre ferme péniblement, à cause de ces maudits galets. J’ajuste mes lunettes et tente de me placer au troisième ou quatrième rang. C’est parti. Une immense machine à laver. Jusqu’à la première bouée, à 1 km, je ne fais que ramasser des coups. J’en donne aussi, bien malgré moi. Les choses s’arrangent un peu ensuite. Je surveille les gars qui m’entourent. L’eau est magnifiquement bleue, transparente. Je trouve enfin mon rythme. Mais la sortie à l’australienne arrive déjà. J’aperçois ma chérie, un bisou, et ça repart. Je jette un œil à mon cardio, mais cet abruti a décidé de ne pas marcher. Alors j’y vais encore un peu plus cool. Une respi tout les quatre. Comme ça je sais que je ne me carbonise pas. Je n’oublie pas que la journée sera longue. Dernier retour vers la plage. Le soleil est levé maintenant. Je sors de l’eau en 1 h 07. Correct.

Je vois ma fan au premier rang dans la foule. Je m’arrête, un bisou, et je file me changer. Casque, lunettes, un gel pour entamer le vélo en courant jusqu’à mon BH. Qu’est-ce qu’il est long ce parc à vélo ! J’entame les premiers kilomètres calmement. Mon genou va bien. Il fait super beau. On quitte les palmiers de Nice pour s’enfoncer dans l’arrière pays. Première difficulté, la cote de la Condamine. C’est pas long, mais ça grimpe fort. Mon 39*27 est juste suffisant. Je ne suis pas le seul à en chier. Tout le monde en danseuse. La pente s’atténue. Ca commence à rouler. On aperçoit au loin la mer toute bleue. Sur le bord de la route, déjà les premières crevaisons. J’ai pris trois chambres, ça devrait aller. Puis ont attaque la vraie difficulté du parcours. La monté vers le col de l’Ecre. Ma chérie est sur le bord de la route, je lui envoie un bisou et me remet à rouler. Je suis dans un petit groupe. Devant moi, j’entends un gros bruit métallique pas normal du tout. Le dérailleur arrière du gars devant moi s’est arraché, il est coincé dans les rayons. Pour lui, la journée est finie. Je suis vert pour lui. Je regarde les mecs à mes cotés, on a tous des têtes catastrophées. On continue la longue grimpette. Je n’ai plus assez de flotte. Le ravito du col se fait attendre. Je chope un bidon d’eau, et un bidon de boisson énergétique. Je tente d’en avaler une gorgée. Je recrache. Le liquide vaisselle citronné, chaud en plus, non merci. Un bien étrange liquide. Mais à quoi peut-il servir ? Mystère. Je me contenterai de boire de l’eau sur tout le parcours vélo. Pas vraiment suffisant. Arrêt pipi en haut du col de l’Ecre. Le parcours redevient plat. Je me suis bien économisé dans la monté. Le genou a tenu. J’appuie un peu. Ca file. Je reprends un peu de monde. Je suis meilleur rouleur que grimpeur manifestement. Au demi-tour du col de Vence, mon amoureuse m’encourage. Ca fait du bien. Je commence à taper dans les réserves.

110 kils. La cote de St Pons. Je suis bien claqué. Ca grimpe de nouveau. Je dépasse, très lentement, un gars casque aéro et vélo de CLM. On discute. Il me dit qu’il n’arrive plus rien à avaler, qu’il a envie de vomir. Il en chie bien. Je l’encourage, à boire surtout. Le soleil cogne bien même si cette partie du parcours est un peu protégée par les arbres. Les panneaux indiquent encore trois kils avant le sommet. J’entends un craquement derrière mois, un bruit de chaîne qui saute de pignon en pignon. Le bruit se rapproche, lentement. Le mec me double. Sa cadence de pédalage doit être de 20 tours par minutes. Il n’a plus de dérailleur arrière. Il est sur le petit plateau et sur un pignon du milieu. Sa chaîne pendouille sous la roue libre. Mais il avance. Des gars devant moi le poussent un peu d’une main au cul. Le type a pété son dérailleur mais a décidé de continuer. Quitte à se détruire les muscles des cuisses. Et il grimpe le gars. Sur son dossard est inscrit le prénom John. Je n’ai pas retenu son numéro. Je ne sais pas s’il a fini l’IM. Mais en tout cas, chapeau. Dernier ravito avant la descente vers Nice. Magnifique, des kilomètres sans presque pédaler, à faire chanter la roue libre aussi fort que les cigales. Un grand moment de plaisir augmenté par la vue des magnifiques paysages, la mer tout au loin. Hélas, les derniers kilomètres jusqu’au parc à vélo sont un peu plus durs. Ras le bol du vélo. Faut dire que j’y ait passé près de sept heures cette fois. C’est long. Mais je voulais absolument éviter de me faire mal au genou et risquer de devoir abandonner au marathon. Je ne profite pas des derniers mètres sur la prom’. Pourtant il y a un public bien dense, et déjà beaucoup de monde en train de courir.

Je laisse mon vélo à un bénévole. Les jambes sont là. Pas de douleur. Cool. Je change de chaussette et met une casquette. C’est parti pour 42 bornes sous un soleil de plomb. Il doit faire 30 degrés à l’ombre. Sauf que sur la prom’, y’a pas d’ombre. L’orga a installé des portiques de douches à le long du parcours. Je passe dessous systématiquement. Je n’aime pas la chaleur. Je ne rate aucun ravito. Gel, flotte et coca. L’étrange " liquide " ne semble pas avoir beaucoup de succès auprès des autres concurrents non plus. Le premier tour passe en un peu plus d’une heure. Ca va être long. Je m’y attendais. Mais je sais que j’irais au bout. L’eau dans mes chaussures commence à entamer mes pieds. Maintenant j’évite les douches. C’est pas le moment de se payer des ampoules. J’ai très envie de pisser. Mais y’a pas vraiment de coin prévu à cet effet. Tous le monde vidange au demi-tour près de l’aéroport. Ca chlingue bien là-bas. Au deuxième tour, je n’en peux plus. Je n’ai qu’une idée en tête : pisser. Au risque de me faire engueuler par un arbitre, je décide de traverser la chaussée pour faire contre un palmier sur le terre plain qui sépare la route en deux le long de la prom’. Aaaaah ! Je repars. Comme les autres, je marche de plus en plus tôt avant les ravitos et me remet à courir de plus en plus tard après. Les tentes de la croix rouge se remplissent à une vitesse incroyable. Un mec qui court dans l’autre sens titube en arrivant à un ravitaillement. Un bénévole lui dit de s’arrêter. Le gars n’a plus aucune lucidité. Il continue un mètre ou deux mais des bénévoles l’encadrent et le soutienne pendant qu’il s’effondre sur le trottoir. Un peu plus loin, un autre est en train de vomir bruyamment, penché en avant. Je serre les dents. Je retrouve ma chérie non loin de l’aire d’arrivée. Encore deux tours. Je marche un peu pour parler avec elle. Puis je me remets en piste. Le troupeau maigrit peu à peu, les meilleurs en ont déjà terminé depuis longtemps. Les touristes commencent à quitter la plage et traversent de façon de plus en plus désordonnée le parcours balisé. Certains concurrents s’énervent. Les bénévoles essaient de contenir les badauds. Par moment, c’est un joyeux bordel. Troisième tour. Je cours en plein soleil depuis plus de trois heures et je commence à avoir froid. Ouhla pas bon. C’est très mauvais signe, ça. Je me précipite sur les gels, les biscuits salés, tout ce que je peu. Pas question de me trouver mal, de tomber dans les pommes. Il m’est de plus en plus difficile de me remettre à courir après les ravitos. Mon corps n’en peut plus. Je fais tout à la gueule, au mental. Dernier tour. Très dur de quitter l’aire d’arrivée, la foule et la musique de la sono, pour s’enfoncer vers l’aéroport, si loin, sans personne pour encourager avec ce demi-tour qui sent si fort l’urine. Mais j’y vais. Tout droit. Les yeux fixés au loin. Je suis séché mais déterminé. Je veux aller au bout. Dernier passage à l’aéroport. Les rangs sont très clairsemés. On n’est plus que quelques centaines encore en course. Devant moi, près de l’aéroport, un mec est allongé en croix sur le dos, à même le trottoir. Y bouge plus. En arrivant à sa hauteur, je m’arrête et lui passe la main sur le ventre pour le secouer un peu. Ca va ? Y me répond que ça va bien, impec. Il se repose un peu. Bon, je continue. Ces cinq derniers kilomètres me paraissent interminables. Et ils le sont. L’arrivée approche.

J’ai les trois chouchous. Je me place à droite pour entrer sur le couloir de la finish-line. Ma chérie est là, elle m’attend. Je l’embrasse, elle prend ma main. On court ensemble sur le tapis bleu. On file entre les pompom girls. 13 h 10. Une bénévole tend la médaille à ma chérie. C’est elle qui me la passe autour du cou. Je suis ravi. Mes souffrances s’envolent. J’ai fini Nice. Que du bonheur. Un vrai ravito pour les finishers, pas d’attente pour choper son t-shirt, organisation top. Après avoir récupéré mes sacs et mon bike je suis revenu sur la finish line avec ma chérie, pour encourager les derniers finishers. Y’a encore beaucoup de monde dans les gradins. Y’a une grosse ambiance. Les premiers, hommes et femmes sont là eux aussi pour applaudir les derniers. La grande classe. Nice 2009 m’a emballé. Bien plus que mon premier IM à Klag. Plus dur, plus beau, plus fort. Au suivant.
XL 2010, énorme !
Akunamatata
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par Akunamatata »

tres beau recit, on y est pendant la lecture 8)
hugoromy
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par hugoromy »

le gars qui a cassé son dérailleur dans la côte du col, c'est un gars de mon club et il a fini en 10h40. Il s'est battu 15 minutes avec son dérailleur pour le décoincé de sa roue et a du attendre le passage de la moto assistance pour être aidé et ainsi pouvoir repartir. il a fait son vélo en 5h40 et son marathon en 3h40 et fini 8ième M18-24 et loupe la qualif......@+
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chamach
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par chamach »

Akunamatata a écrit :tres beau recit, on y est pendant la lecture 8)
Oui et que de bisous ! :D
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navecap
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par navecap »

levraiBH a écrit :NICE 2009
Dimanche 28 juillet. Ma montre indique 1 h 30 du matin. Ma chambre d’hôtel (chez Stephen Roche à Villeneuve-Loubet) est plongée dans le noir. Ma chérie dort profondément à mes cotés. Moi j’ai les yeux grands ouvert. Dans 90 minutes, le réveil va sonner. J’ai encore le temps mais je n’ai plus envie de dormir. En fait j’ai hâte de prendre le départ de mon deuxième Ironman. Pour passer le temps, je révise mentalement les parcours, les gestes à faire aux transitions. Je ne suis pas stressé. Certainement parce que j’ai décidé d’y aller cool ce coup-ci. Sans objectif chrono. Juste finir. De toute façon, je sais que je manque de vélo cette année. 2400 km pour Nice, c’est un peu léger. Pis j’ai été voir une partie du parcours vélo avec ma chérie il y a deux jours (je ne connaissais pas la région) et, bien que prévenu, je dois bien avouer que je ne m’attendais pas à une telle grimpette. Faudra que je fasse attention de ne pas me taper dedans, surtout avec cette douleur aux genoux, apparue il y à quinze jours. Enfin si ça tiens à vélo, je sais que je peux aller au bout. Même si je supporte mal de courir quand il faut chaud. Putain quand est-ce qui sonne le réveil, là ? J’entends le bruit des vagues à travers la porte fenêtre de la chambre. On est au rez-de-chaussée. La mer doit être à moins de sept mètres de mon lit ! Cool cet hôtel. 3 h. Je me lève direction la douche. Je suis un peu naze, quand même. Mon travail m’a légèrement flingué ma phase d’affûtage. Je n’ai pas assez décompressé. Bref, comme beaucoup de ceux qui vont prendre le départ tout à l’heure, je suis assailli par le doute. Je le chasse en m’habillant. Je vérifie que la puce de chrono est toujours à ma cheville. Je referme la ceinture de mon cardio et enfile ma trifonction. Mon amoureuse se lève. Elle aussi a du pain sur la planche. Elle a prévu de me retrouver après la nat, à plusieurs endroits du parcours vélo. Un vrai casse tête routier. Puis je chausse mon mp3. Je file dehors sur la terrasse pour avaler mon gatosport. Il fait nuit et déjà chaud. Ca me change de ma région glacière. De gros porteurs passent lentement devant moi avant de se poser au loin sur l’aéroport de Nice. La mer est calme. L’hôtel est plein de triathlètes mais je suis seul debout pour l’instant. J’aime bien avoir le temps de me mettre en condition. Musique à donf, je me repasse les longs mois d’efforts. Je suis euphorique, ca va être la fête aujourd’hui. 4 h. Ca s’active de partout. Le personnel de l’hôtel a fait péter le réveil pour permettre aux triathlètes de prendre un vrai petit dej’. En plus, on a même le droit de mettre le vélo dans la chambre ! Sympa chez Roche. Je suis prêt, j’ai mon sac avec ma combi et ma pompe à vélo. On y va.

C’est parti pour quinze minutes de voiture jusqu’au centre de Nice. Ca roule bien le long de la côte. Il faut toujours nuit lorsqu’on trouve une place dans une petite rue non loin du site Ironman. Le flot de compétiteurs grossit à mesure que nous nous approchons du parc à vélo. Je rentre seul. Enfin sans ma chérie parce qu’y en a du monde ! Elle me retrouve de l’autre coté du grillage qui ceinture le parc. Je lui fais un bisou et me précipite immédiatement dans les toilettes pour un dernier pipi. J’ai eu raison de commencer par ça. Quelques minutes après, les files d’attentes étaient déjà longues devant les cabines… Je gonfle les pneus de mon BH carbone, j’installe les bidons de boissons énergétiques et d’eau, je place quelques gels sur le vélo. Le jour commence à se lever. Je me dirige vers la tente pour enfiler ma combi. Chacun s’active, concentré. Je sors de là, dépose mon sac de vêtements de ville. Ma chérie me rejoint sur la prom’. Elle se faufile et parvient à entrer dans la zone réservée aux journalistes sur la plage. Je suis assis sur la murette de la rampe qui descend à la plage, elle est en bas. Elle me dit de faire attention, me caresse les pieds. Un photographe nous a repérés. Joli souvenir. Ca y est, on peut enfin accéder aux sas sur la plage. Je fais comme les autres, quelques dizaine de mètres dans l’eau. Tout va bien. C’est ma première fois dans la mer mais je sais déjà que je vais adorer. Je regagne la terre ferme péniblement, à cause de ces maudits galets. J’ajuste mes lunettes et tente de me placer au troisième ou quatrième rang. C’est parti. Une immense machine à laver. Jusqu’à la première bouée, à 1 km, je ne fais que ramasser des coups. J’en donne aussi, bien malgré moi. Les choses s’arrangent un peu ensuite. Je surveille les gars qui m’entourent. L’eau est magnifiquement bleue, transparente. Je trouve enfin mon rythme. Mais la sortie à l’australienne arrive déjà. J’aperçois ma chérie, un bisou, et ça repart. Je jette un œil à mon cardio, mais cet abruti a décidé de ne pas marcher. Alors j’y vais encore un peu plus cool. Une respi tout les quatre. Comme ça je sais que je ne me carbonise pas. Je n’oublie pas que la journée sera longue. Dernier retour vers la plage. Le soleil est levé maintenant. Je sors de l’eau en 1 h 07. Correct.

Je vois ma fan au premier rang dans la foule. Je m’arrête, un bisou, et je file me changer. Casque, lunettes, un gel pour entamer le vélo en courant jusqu’à mon BH. Qu’est-ce qu’il est long ce parc à vélo ! J’entame les premiers kilomètres calmement. Mon genou va bien. Il fait super beau. On quitte les palmiers de Nice pour s’enfoncer dans l’arrière pays. Première difficulté, la cote de la Condamine. C’est pas long, mais ça grimpe fort. Mon 39*27 est juste suffisant. Je ne suis pas le seul à en chier. Tout le monde en danseuse. La pente s’atténue. Ca commence à rouler. On aperçoit au loin la mer toute bleue. Sur le bord de la route, déjà les premières crevaisons. J’ai pris trois chambres, ça devrait aller. Puis ont attaque la vraie difficulté du parcours. La monté vers le col de l’Ecre. Ma chérie est sur le bord de la route, je lui envoie un bisou et me remet à rouler. Je suis dans un petit groupe. Devant moi, j’entends un gros bruit métallique pas normal du tout. Le dérailleur arrière du gars devant moi s’est arraché, il est coincé dans les rayons. Pour lui, la journée est finie. Je suis vert pour lui. Je regarde les mecs à mes cotés, on a tous des têtes catastrophées. On continue la longue grimpette. Je n’ai plus assez de flotte. Le ravito du col se fait attendre. Je chope un bidon d’eau, et un bidon de boisson énergétique. Je tente d’en avaler une gorgée. Je recrache. Le liquide vaisselle citronné, chaud en plus, non merci. Un bien étrange liquide. Mais à quoi peut-il servir ? Mystère. Je me contenterai de boire de l’eau sur tout le parcours vélo. Pas vraiment suffisant. Arrêt pipi en haut du col de l’Ecre. Le parcours redevient plat. Je me suis bien économisé dans la monté. Le genou a tenu. J’appuie un peu. Ca file. Je reprends un peu de monde. Je suis meilleur rouleur que grimpeur manifestement. Au demi-tour du col de Vence, mon amoureuse m’encourage. Ca fait du bien. Je commence à taper dans les réserves.

110 kils. La cote de St Pons. Je suis bien claqué. Ca grimpe de nouveau. Je dépasse, très lentement, un gars casque aéro et vélo de CLM. On discute. Il me dit qu’il n’arrive plus rien à avaler, qu’il a envie de vomir. Il en chie bien. Je l’encourage, à boire surtout. Le soleil cogne bien même si cette partie du parcours est un peu protégée par les arbres. Les panneaux indiquent encore trois kils avant le sommet. J’entends un craquement derrière mois, un bruit de chaîne qui saute de pignon en pignon. Le bruit se rapproche, lentement. Le mec me double. Sa cadence de pédalage doit être de 20 tours par minutes. Il n’a plus de dérailleur arrière. Il est sur le petit plateau et sur un pignon du milieu. Sa chaîne pendouille sous la roue libre. Mais il avance. Des gars devant moi le poussent un peu d’une main au cul. Le type a pété son dérailleur mais a décidé de continuer. Quitte à se détruire les muscles des cuisses. Et il grimpe le gars. Sur son dossard est inscrit le prénom John. Je n’ai pas retenu son numéro. Je ne sais pas s’il a fini l’IM. Mais en tout cas, chapeau. Dernier ravito avant la descente vers Nice. Magnifique, des kilomètres sans presque pédaler, à faire chanter la roue libre aussi fort que les cigales. Un grand moment de plaisir augmenté par la vue des magnifiques paysages, la mer tout au loin. Hélas, les derniers kilomètres jusqu’au parc à vélo sont un peu plus durs. Ras le bol du vélo. Faut dire que j’y ait passé près de sept heures cette fois. C’est long. Mais je voulais absolument éviter de me faire mal au genou et risquer de devoir abandonner au marathon. Je ne profite pas des derniers mètres sur la prom’. Pourtant il y a un public bien dense, et déjà beaucoup de monde en train de courir.

Je laisse mon vélo à un bénévole. Les jambes sont là. Pas de douleur. Cool. Je change de chaussette et met une casquette. C’est parti pour 42 bornes sous un soleil de plomb. Il doit faire 30 degrés à l’ombre. Sauf que sur la prom’, y’a pas d’ombre. L’orga a installé des portiques de douches à le long du parcours. Je passe dessous systématiquement. Je n’aime pas la chaleur. Je ne rate aucun ravito. Gel, flotte et coca. L’étrange " liquide " ne semble pas avoir beaucoup de succès auprès des autres concurrents non plus. Le premier tour passe en un peu plus d’une heure. Ca va être long. Je m’y attendais. Mais je sais que j’irais au bout. L’eau dans mes chaussures commence à entamer mes pieds. Maintenant j’évite les douches. C’est pas le moment de se payer des ampoules. J’ai très envie de pisser. Mais y’a pas vraiment de coin prévu à cet effet. Tous le monde vidange au demi-tour près de l’aéroport. Ca chlingue bien là-bas. Au deuxième tour, je n’en peux plus. Je n’ai qu’une idée en tête : pisser. Au risque de me faire engueuler par un arbitre, je décide de traverser la chaussée pour faire contre un palmier sur le terre plain qui sépare la route en deux le long de la prom’. Aaaaah ! Je repars. Comme les autres, je marche de plus en plus tôt avant les ravitos et me remet à courir de plus en plus tard après. Les tentes de la croix rouge se remplissent à une vitesse incroyable. Un mec qui court dans l’autre sens titube en arrivant à un ravitaillement. Un bénévole lui dit de s’arrêter. Le gars n’a plus aucune lucidité. Il continue un mètre ou deux mais des bénévoles l’encadrent et le soutienne pendant qu’il s’effondre sur le trottoir. Un peu plus loin, un autre est en train de vomir bruyamment, penché en avant. Je serre les dents. Je retrouve ma chérie non loin de l’aire d’arrivée. Encore deux tours. Je marche un peu pour parler avec elle. Puis je me remets en piste. Le troupeau maigrit peu à peu, les meilleurs en ont déjà terminé depuis longtemps. Les touristes commencent à quitter la plage et traversent de façon de plus en plus désordonnée le parcours balisé. Certains concurrents s’énervent. Les bénévoles essaient de contenir les badauds. Par moment, c’est un joyeux bordel. Troisième tour. Je cours en plein soleil depuis plus de trois heures et je commence à avoir froid. Ouhla pas bon. C’est très mauvais signe, ça. Je me précipite sur les gels, les biscuits salés, tout ce que je peu. Pas question de me trouver mal, de tomber dans les pommes. Il m’est de plus en plus difficile de me remettre à courir après les ravitos. Mon corps n’en peut plus. Je fais tout à la gueule, au mental. Dernier tour. Très dur de quitter l’aire d’arrivée, la foule et la musique de la sono, pour s’enfoncer vers l’aéroport, si loin, sans personne pour encourager avec ce demi-tour qui sent si fort l’urine. Mais j’y vais. Tout droit. Les yeux fixés au loin. Je suis séché mais déterminé. Je veux aller au bout. Dernier passage à l’aéroport. Les rangs sont très clairsemés. On n’est plus que quelques centaines encore en course. Devant moi, près de l’aéroport, un mec est allongé en croix sur le dos, à même le trottoir. Y bouge plus. En arrivant à sa hauteur, je m’arrête et lui passe la main sur le ventre pour le secouer un peu. Ca va ? Y me répond que ça va bien, impec. Il se repose un peu. Bon, je continue. Ces cinq derniers kilomètres me paraissent interminables. Et ils le sont. L’arrivée approche.

J’ai les trois chouchous. Je me place à droite pour entrer sur le couloir de la finish-line. Ma chérie est là, elle m’attend. Je l’embrasse, elle prend ma main. On court ensemble sur le tapis bleu. On file entre les pompom girls. 13 h 10. Une bénévole tend la médaille à ma chérie. C’est elle qui me la passe autour du cou. Je suis ravi. Mes souffrances s’envolent. J’ai fini Nice. Que du bonheur. Un vrai ravito pour les finishers, pas d’attente pour choper son t-shirt, organisation top. Après avoir récupéré mes sacs et mon bike je suis revenu sur la finish line avec ma chérie, pour encourager les derniers finishers. Y’a encore beaucoup de monde dans les gradins. Y’a une grosse ambiance. Les premiers, hommes et femmes sont là eux aussi pour applaudir les derniers. La grande classe. Nice 2009 m’a emballé. Bien plus que mon premier IM à Klag. Plus dur, plus beau, plus fort. Au suivant.
Beau récit mais ton début commence mal car c'était le 28 JUIN. Alors ne rates pas la date l'an prochain: 27 JUIN !!!!!!!!! :wink: :wink: :wink: :wink: :wink:
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levraiBH
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par levraiBH »

Merci pour l'info hugoromy. Content que ton camarade de club ait pu finir. Pis bien en plus. 10 h 40 dans de telles conditions, même si il loupe la qualif, c'est du beau boulot.
Pour a date de l'IM, effectivement :oops: j'ai intérêt à m'acheter un calandrier...
Bon le XL à Gérardmer c'est bien en octobre ? Enfin l'an dernier y faisait tellement froid qu'on se serait cru en octobre.
Bisous. :D
XL 2010, énorme !
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Bryce
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par Bryce »

Taborniau a écrit :Final : 1h06 + 6' + 8h05 + 20' (sans bigoudis en plus) + 5h24 (aie) = 15h03
C'est la meilleure phrase du CR :lol:

Mais quand-même 20'...déjà 10' en prenant le temps, mais 20 :shock: T'as dormi :?: Envoyé des textos à tous tes amis pour leurs dire que t'allais bientôt partir sur le marathon :?: T'as dragué la bénévole créme solaire :lol: :?:
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asmath
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par asmath »

J'ajoute mon "petit" CR la liste :shock: . Je vous préviens avant qu'il va vous falloir de la patience :oops: , mais j'ai eu du mal à résumer :mrgreen:

Avant.
Faire une distance Ironman.
Avant toute chose, pour espérer finir une distance Ironman, il faut s’inscrire à une épreuve ad-hoc. Avec pour devise, partir vite, accélérer au milieu et finir à fond, et surtout un physique qui tient plus de l’enclume que de l’arbalète, une telle distance me paraissait résolument en total désaccord avec ma manière d’aborder le triathlon. Mais il ne faut jamais dire jamais. Après m’être essayé au long avec Nice 2002, 2003 et 2004, version anté-IM donc, j’ai rangé les chaussures de course à pied suite à la découverte d’une arthrose de la hanche.
Arthrose qui s’est largement aggravée en un an malgré un ralentissement considérable, voire un arrêt de mon activité sportive. Décidant de prendre le taureau par les cornes, et après l’avis d’un chirurgien qui m’a simplement dit de passer le voir le jour où je ne pourrais plus marcher, je me suis remis aux joies de la course à pied le long du canal du midi quand les jours rallongent et les tenus rétrécissent. Mais je m’éloigne du sujet principal. C’est lors de l’été 2008, après une reprise plus assidue du vélo avec une saison de trois (c’est énorme) cyclos, et lors de laquelle, désœuvré et démotivé dans ma mission qui part en vrille chez un client -je suis alors en SSII- j’oublie toute conscience professionnelle pour errer et écumer le forum onlinetri.
Ah, les joies des 950 pages du DM à lire en moins de deux semaines, la re-découverte du triathlon, et surtout l’envie d’y replonger. Et puis surtout la découverte de personnes qui ont eu des vrais problèmes personnels et / ou de santé, autres que mes petits tracas de tiraillement à la hanche me font repartir de l’avant. La lecture des nombreux comptes-rendus d’IM me font regarder cette distance d’une autre manière, et pour tout dire me mettent l’eau à la bouche. Et surtout m’indique qu’il n’est pas nécessaire d’aligner 250 heures d’entrainement pas semaine pour espérer finir un IM, s’il n’y pas d’objectif de qualification pour Hawaï ou de performance. Puis, au détour d’un post, je tombe sur la mise en place d’une première (c’est toujours sympa les premières), pas loin de chez moi : une distance Ironman dans les Pyrénées, avec des plaies et des bosses annoncées. Enfin, surtout des bosses.
Le choix de l’épreuve.
J’ai trouvé mon IM. Entre temps, j’ai changé de boulot et peux m’entrainer à nouveau entre midi et deux. Ma douce à l’air d’accord, sans trop y prêter attention. Ce sera sa première erreur. Je peux commencer à y croire. Reste à se préparer assez sérieusement, surtout dans la tête. J’ai choisis l’Altriman comme premier IM car je savais que c’était le seul où je n’allais pas m’enflammer avant le kilomètre 42 du marathon. De plus j’espérais que la beauté des paysages me permettrait d’oublier plus facilement mon envie d’envoyer du watt sans penser à demain. Lendemain qui souvent se pointe largement en avance pour te rappeler qu’encore une fois, tu vas avoir du mal à finir ton triathlon. Bref, après moult tergiversations avec moi-même, je me renseigne, commence à valider l’emprunt du camping-car familial pour la logistique, planifie les congés, charge la mule à l’entrainement, et surtout commence à en parler autour de moi pour ne plus pouvoir me défiler du genre : « les sangliers avaient mangé des cochonneries, le terrain était trop lourd …. »
S-1.
J-7 : Récupération du camping-car couplée avec celle des mouflets en vacances chez papi/mamie le week-end précédent l’Altriman. J’ai profité de la semaine sans les loustics pour faire réviser le vélo, juste un peu de jeu aux roulements arrières mais « il faudra faire avec, y’en a plus mon bon monsieur ». Après tout, si les roulements ont tenu les 3000 kilomètres qui les séparent du début de leur carrière, ils feront bien un effort pour 200 petits kilomètres supplémentaires. Une demi-traversée de France plus tard, nous sommes sur le site le jeudi soir. La météo annonce de la pluie et du froid pour le vendredi, et juste du froid pour le samedi, jour de la course. Tant mieux, je préfère éviter la canicule pour une petite sortie vélo vallonnée de 188 km.
J-1.
Le lendemain, nous comprenons vite pour quoi le Capcir est appelé la petite Sibérie. Le vent souffle, il y a du brouillard, on ne distingue pas les berges opposées du lac et il caille vraiment fort. De plus, difficile d’expliquer à Elsa, la loustic numéro deux, que non, on ne peut pas faire du pédalo avec le toboggan qui tombe dans l’eau quand le lac est recouvert de 10 centimètres de glace. J’exagère à peine. Sur ce, récupération du dossard, prise de contact avec deux, trois triathlètes sérieux qui ont reconnu le parcours vélo. J’ai préféré m’abstenir, de peur de ne plus avoir du tout envie de monter sur le vélo après le plouf. En gros, c’est du lourd, du très lourd et ça va faire mal. Gloups.
Après-midi passée à préparer les sacs de la course. Brainstroming sur quoi mettre pour quel ravitaillement. C’est décidé, premier sac au kilomètre 76 : chasuble coupe-vent plus manches et mitaines. A l’heure où je passerai, il devrait commencer à faire chaud. Pour le deuxième sac, km 133 : mitaines et coupe-vent au cas où j’aurais décidé de garder la veste d’hiver au premier tour. Plus crème solaire, et deux bidons de 800ml de boissons énergétiques, plus barres, gels et de quoi tenir un siège dans chaque sac.
Le briefing.
Le soir, briefing. Premier point : c’est un triathlon de montagne. Sans rire. Benoit insiste sur la nécessaire prudence pour aborder une petite route ouverte à la circulation, qui tournicote sans visibilité en descendant très fort bordée d’un ravin avec des gravillons et des trous. Le décor est planté. Le point d’orgue est l’annonce, après l’énoncé du col de la Quillane (il est vrai plus proche du gros faux-plat que d’un vrai col), du col de Llose, du col de Creu, du port de Palhière, du col de Pradel, d’un petit taquet pas long mais bien raide, qu’arrivé au kilomètre 140, nous débuterons la partie la plus dure du parcours vélo. A cela s’ajoute une route récemment refaite pleine de gravillons dans la descente du col de Pradel, une tranchée spéciale dédicace DDE dans le village au pied de celui-ci, et cerise sur le gâteau, une rave-party programmée dans le coin, mais on ne sait pas où. Gaffe aux voitures sous ecstasy. Mais quel con, qu’est-ce que je fais là, je vais me réveiller, ce n’est pas possible. M’enfin, c’est trop tard. Et ce n’est pas l’annonce que le marathon est bien raide lui aussi, avec notamment une cote de 1,5km à 10% qui changera grand-chose. J’y suis, j’irai au bout. Enfin, j’essaierai.
Le jour J.
Le parc à vélo.
Samedi matin, 3h00. Après une nuit moins terrible que ce que je pensais, je me lève, avec juste une demi-heure d’avance sur le réveil. Soit. Café, gâteau énergétique, popo de la peur (acte I après le popo de la nuit d’avant course et le popo de la veille du matin, le popo de la veille du midi et le popo de la veille du soir, si cela avait été l’IM du popo, je partais avec cinq longueurs d’avance). Vérification de dernière minute, chargement des sacs et zouuuuuu, gaz vers le parc à vélo. Je ne croyais pas si bien dire. A peine arrivé sur place, dépose des bidons sur le vélo quand, damned, il me restait le retour du popo de la peur. Un petit aller-retour vers le camping-car (je ne me voyais pas déposer les multiples couches de vêtements empilés sur la trifonction en plein vent par un petit 3° pour valider que le popo en pleine nature permet de communier avec les éléments ; j’ai préféré la chaleur douillette d’un lieu bien connu). Bref, il est 5h15. J’arrive pour la deuxième fois au parc à vélos, j’ai juste ma combinaison à mettre, préparer mes transitions, exercices dans lesquels j’ai rarement excellé, et déposer mes sacs de ravitaillement perso pour le vélo). A mon retour, je suis accueilli par le Coach, éminent membre de la communauté onlinetri, qui est à deux places de moi. Il vient de reconnaitre mon vélo Milka. On prend le temps de parler cinq minutes histoire de se réchauffer dans la tête, puis chacun vaque. Tout est bouclé à 5h25 quand je sors du parc vélo avec mes deux sacs à déposer près de la tente des inscriptions qui est fermée et où il n’y pas âme qui vive. Diantre, me serais-je fourvoyé ? Je demande poliment à un bénévole présent où déposer les sacs, et il me montre un endroit éclairé comme en plein jour, avec des néons qui clignotent de partout et des flèches qui indiquent : ravito perso Gesse, Mijanes, c’est ici. Si je vois aussi bien les bouées de la natation que ce truc, ce n’est pas gagné. Bref, 5h29, après m’être niqué 25 fois les pieds sur 250 pommes de pins semées par des sadiques sur le parcours non éclairé qui séparare le dépôt des sacs de la plage de départ (je n’aurais pas dû couper dans le sous bois) j’y suis enfin !
La natation.
Je me retrouve avec 120 pingouins qui semblent tout juste remis de retrouver des morceaux de leur banquise à cette latitude. Une âme charitable déjà prête ferme ma combi. Je rends la pareille à un autre triathlète encore plus à la bourre que moi, mouille les lunettes (ouch, elle est bonne). Il est vrai qu’au coup de fusil (et oui, c’est plus local qu’au coup de pistolet), en passant d’un extérieur à 3° à une eau à 15°, elle parait bonne. C’est parti. Premier moment magique, il y en aura plein d’autres, ce départ aux feux de Bengale. Je distingue mes mains et les traits blancs de ma combi rougis sous l’eau, les étoiles sont au dessus. Pas de bousculade, pas de machine à laver comme c’est l’habitude dans tous les bons comptes-rendus d’Ironmen. Je pose d’entrée ma nage (si tant est que je puisse poser une nage bien perfectible encore), et je me règle sur les phares de la voiture à l’autre bout du lac. Quelques mouvements de crawl de water-polo me permettre de m’orienter facilement.
A part une paire de pieds qui m’est passée sous le nez de droite à gauche puis de gauche à droite, rien à signaler. Je repère un petit groupe de nageurs à ma gauche, et un autre à ma droite, et en 300 mètres je suis seul, peinard. De toute façon, je n’ai jamais suivi de pieds, je n’ai pas confiance. Je continue de jeter un œil de plus en espacé pour me diriger. Fichtre, le vent, ou le clapot, ou le Gulf Stream me déporte sur la gauche. Qu’à cela ne tienne, je mets la barre un poil à droite, et zouh … que du bonheur. Toujours seul. Il fait encore bien nuit, je distingue un canoë devant moi qui occulte les phares (que je soupçonne ne pas être d’Alexandrie à raison) tant désirés. La tête de la course ne doit pas être loin. A part un boulet comme moi qui ne sait jamais nager vraiment souple (j’ai peur d’avoir trop froid), les cadors doivent prendre leur temps et je dois les suivre de « presque » près. De toute façon, je n’ai pas de prétention de chrono, juste celle de ne pas me fatiguer en natation.
Arrivé quasiment dans les phares, il fait toujours nuit. Je tombe sur un canoë qui me crie dessus. Le temps que je comprenne, j’aperçois la bouée à contourner 30 mètres plus à gauche. J’avais raison. Les phares n’était pas d’Alexandrie, et surtout mal positionnés. Je ne leur en veux pas car j’imagine que cela n’a pas dû être simple de se positionner pile-poil. Je fais donc les 30 mètres supplémentaires sur ma gauche pour récupérer la bouée, et hop, gaz sur la deuxième qui me tend les bras à 200 mètres. Je croise au passage des nageurs qui n’ont pas encore vu la première bouée et ont suivi la même trajectoire que moi une minute plus tôt. C’est juste là, les gars. Je passe la deuxième bouée et hop, retour vers le site.
La deuxième traversée se passe sans encombre, sauf que le jour tarde à se lever. A droite, la rampe d’éclairage doit être celle de la plage de départ. A gauche, l’halogène semble être celui placé à l’extrémité du parc à vélos. Je me dirige donc vers celui du milieu, qui doit indiquer la sortie à l’australienne. Au milieu du lac, j’arrive à suivre un canoë qui- j’espère secrètement -se dirige vers la sortie. Je n’ai même plus besoin de relever la tête pour voir sa lumière. Je la distingue sur le dessus de mes lunettes en nageant normalement.
Nickel, je passe à 15 mètres de la bouée intermédiaire qui est quasiment à la fin du premier tour. Le temps de réfléchir (l’eau froide ralentit des neurones déjà fortement occupés à la nage) et super-zut, je suis passé à droite alors que j’aurais dû la laisser à main-droite. Qu’est-ce qu’il fout ce canoë ??? Il partait chercher des clopes ? Le doute s’installe et j’ai la flemme de faire 100 mètres de détour pour reprendre correctement la bouée. Surtout que maintenant je vois le public, la plage de sortie, les arbitres et le canoë qui semble me dire de sortir au droit. Merci mon gars, finalement c’était sympa de faire la trace pour ma pomme. Un vrai traitement de star. Jusqu’à ce que je sorte de l’eau, et que j’entende le speaker crier : « Et voici le premier nageur qui sort de l’eau ».
C’est fou que je ne l’aie pas vu dans la traversée, je respire pourtant des deux côtés. Et il est sorti où de l’eau, je le vois pas. « C’est le numéro 105, Sylvain LORIOT de l’UA Tarbes Triathlon ». Sans déc, y’avait un apéro au milieu du lac que j’ai loupé, et ils y sont tous, ou quoi. Non, non. « Il a une confortable avance sur ses poursuivants …. » les bras m’en tombent, et je vacille un peu d’ailleurs, je dois avoir un peu froid. Bref, je fais mon australienne, qui consiste à courir sur un ponton, lequel, comme tout ponton qui se respecte passe son temps à se balancer et à vouloir me renvoyer dans l’eau avant la plage destinée à cet effet. Je suis sur un nuage. Sans rire, je suis devant !
Je profite du deuxième aller pour réfléchir un peu. Petite frayeur quand je ne distingue plus les phares qui permettent de se repérer mais heureusement ils se rallument 30 secondes plus tard. Le canoë m’explique que la voiture s’est repositionnée, expliquant l’éclipse momentanée. Je souffle. Je finis par me dire qu’en l’absence de prime, les pros n’ont pas fait le déplacement (ce qui n’ôte rien à la perf des premiers de la course) et que les triathlètes présents doivent surtout être des rouleurs-coureurs plutôt que des nageurs). Mais ne boudons pas notre plaisir de sortir premier de l’eau en 59’59 (je voulais faire moins d’une heure, na) non sans avoir attrapé deux splendides crampes au mollet droit, puis au gauche à 300 mètres de la sortie de l’eau. Super zut, j’avais pourtant bien pensé à bouger les jambes plus que régulièrement pour éviter l’engourdissement. Le froid aura eu raison de moi, ou alors, j’ai pris des mollets et ma combi est trop petite.
Le vélo.
Premier entré dans le parc, et chose surprenante, premier sorti, malgré l’oubli de gants d’hiver qui m’a imposé un petit aller retour express pour les récupérer. J’ai la voiture ouvreuse juste devant moi. Je savoure, je profite, c’est à mon avis pas près de se renouveler. Place au vélo maintenant, surtout ne pas s’enflammer. Je me mets en route tout doucement. Si doucement que la voiture ouvreuse passe son temps à me lâcher. J’ai peur qu’il cale tellement je me traîne. Je suis sur la rive opposée du lac, de laquelle je peux voir les derniers concurrents qui finissent leur parcours de natation. Juste au dessus, les Angles se réveillent, encore bien au chaud sous la couette. Et encore au dessus, je n’en reviens pas, les sommets sont recouvert de neige fraîche. Pas de quoi s’éclater en monoski, mais un vrai saupoudrage en règle quand même. Je comprends mieux cette impression de fraîcheur au niveau des cuisses.
Ca y est, les premiers « vrais » triathlètes me passent à l’abord du col de la Quillane, que j’aborde avec circonspection. Rester frais jusqu’au kilomètre 140 impose de se retenir, quoique je sois déjà bien refroidi. Je bois et m’alimente plus que de raison en boisson énergétique et en gels en me disant que cette petite trempette à bien dû taper dans mes réserves, heureusement assez conséquentes chez moi. J’ai bien fait de garder un peu de ma petite laine personnelle et de ne pas trop chercher à m’affuter et à perdre du poids, finalement.
Les kilomètres défilent, le jour finit de se lever et je n’ai qu’un mot à dire, c’est beau. J’arrive sur le début du col de la Llose. De premier, je suis maintenant 10ème au 10ème kilomètre. Super zut, à ce rythme là, je n’arriverai jamais au 188ème kilomètre, il n’y a que 120 participants. M’enfin, je prends l’ascension tout à gauche. Rester frais qu’ils disaient. Je bascule au sommet après avoir vu passer encore deux ou trois autres concurrents. Et je n’ai pas fini. J’attaque la descente, petite route mais vallée magnifique. Le paysage est à couper le souffle. Enfin, c’est surtout un rayon de ma roue avant qui se coupe. M…. Ce n’est pas vrai, un rayon tout neuf qui a à peine servi !
Même pas paniqué, avec juste l’angoisse de devoir m’arrêter à cause d’un bête problème technique, je me gare sur le côté vers un groupe de bénévoles. Merci à la charmante demoiselle qui m’aide à virer le morceau du rayon qui pendouille près du moyeu tandis que j’entortille comme je peux le morceau fixé dans la jante autour d’un autre rayon pour éviter qu’il ne se coince quelque part. C’est bien ce que je craignais, il y a vraiment du voile dans la roue. C’est donc pour ça qu’ils mettent des rayons, pour que la jante passe sans frotter entre les patins de freins. Je décoince la manette gauche afin de relâcher lesdits patins de freins et que cela ne frotte plus qu’un petit peu quand la roue tourne. Une petite pensée émue pour mon vélociste préféré qui m’a montré récemment comment écarter les patins de freins avec des poignées Campagnolo. Cela fait juste 6 mois que je sais comment faire.
Je repars avec un peu d’appréhension en voyant la roue avant qui navigue du patin gauche au patin droit dans une petite route ouverte à la circulation, qui tournicote sans visibilité en descendant très fort bordée d’un ravin avec des gravillons et des trous. Gloups. Ce qui m’inquiète, c’est que je n’ai fichtrement pas la moindre idée du degré de dangerosité de l’affaire. Je serre des freins et des fesses pour descendre et ne compte plus les fusées qui me déposent. Je m’arrête au ravitaillement pour demander s’il est possible de trouver une roue quelque part. Après un appel auprès des organisateurs, c’est négatif.
Juste un grand sentiment de gâchis m’envahit. Je pousse un peu loin et m’arrête. Moi qui ne pars jamais avec un portable à l’entraînement, j’en ai mis un dans ma poche pour pouvoir envoyer des textos à quelques amis qui me savaient sur l’Altriman, afin de faire mon auto-tracker. Peut être que le téléphone va passer, bien que je sois dans une vallée profonde, étroite, magnifique et désertique. Je le savais, il y a un dieu pour les triathlètes !
J’arrive à appeler ma douce, et lui demande si elle ne peut pas trouver une roue sur le village, et me l’envoyer en colis express par satellite. Et dire que j’ai failli venir tout seul parce que j’avais peur que les loustics ne s’ennuient. Ils ont été adorables quand maman leur a dit qu’elle devait les laisser tous seuls pour trouver une roue pour papa. Je ne serai jamais assez reconnaissant envers ma douce qui s’est démenée pour me trouver une roue avant de 700 (c’était pourtant une langue étrangère pour elle). Je n’ai pas fini d’en prendre des tours de vaisselle. Enfin, elle s’est démenée, il ne faudrait pas exagérer. Elle a posé la question à une personne de l’orga qui lui a répondu : « oui, j’en ai une dans ma voiture, je peux te la passer. » Quoi, il l’a tutoyée, mais il ne me connaît pas le bonhomme. Pour un peu je lui fais la bise, cash. Il aura mérité au moins une bière, si jamais j’arrive au bout.
Reste à m’amener la roue, et je ne vois pas ma douce prendre le camping-car pour passer sur des routes où il est déjà difficile de se croiser à vélo. Deuxième question à une deuxième personne : « ben je vous emmène. » Quand je vous dis que l’orga et les bénévoles ont été exceptionnels, des anges, aux petits soins pour nous. Après un rapide briefing avec les petits pour les laisser tous seuls un peu plus longtemps (pour les pompiers, c’est le 17 et le SAMU, c’est le 15), elle s’embarque en dépanneuse-fourrière à l’assaut des petits routes des Pyrénées, avec sa roue dans la main. Et moi, sur mon vélo, j’en suis tout ému comme un couillon que tout soit allé si simplement, juste qu’il me faut finir cette descente dans ce cadre magique en serrant un peu les fesses. D’un autre côté, ça réchauffe.
Pourtant, je suis transi de froid, j’ai le dos qui me fait mal tellement il est contracté dans cette descente qui n’en finit pas, et je ne sais même plus si mes doigts sont encore attachés à ma main. Je vois un concurrent prostré dans un coin, transi de froid. Pas la peine de m’arrêter, je suis déjà à l’arrêt. Je lui demande si ça va, il me répond très lucidement : « Pas de soucis, je me réchauffe les mains. » J’hésite à l’achever pour lui piquer sa roue avant, puis je continue, magnanime. J’arrive en bas du col de la Llose pour un magnifique tout à droite, tout à gauche, qui deviendra vite une habitude sur ce parcours. En fait, deux plateaux et deux pignons auraient suffi : un 53/11 et un 30/29. J’arrive à desserrer les fesses afin de me remettre à pédaler, parce que ça monte.
Juste un peu frustré de savoir que mes patins de freins me ralentissent à chaque tour de roue dans un col. Je suis sûr que j’ai perdu largement deux ou trois heures dans l’histoire. L’ascension du col de Creu, elle aussi magnifique, se poursuit au rythme des coureurs qui me rattrapent. Un « Aller Asmath » me tire de ma contemplation. Le Coach me dépasse tranquillement, on s’encourage mutuellement et l’ascension reprend. Soudain, surgit de nulle part, un cavalier court vers l’aventure au galop. Ma rouuuuuue, ma rouuuuuue arrive dans sa dépanneuse. Un grand ouf de soulagement, le temps de récupérer l’attache rapide, de constater avec soulagement que c’est la bonne taille, qu’elle a gentiment été gonflée tout comme il faut, je repars le cœur léger.
Le col est encore plus magique, et les écarts se stabilisent avec les autres concurrents. Encore une petite angoisse le temps que ma douce me redouble dans sa dépanneuse et m’envoie un texto comme quoi tout baigne au camping-car, même si les petits commençaient de trouver le temps long. Je rejoins le Coach sur le haut du col, et fait la descente dans sa roue, à distance jusqu’à Matemale. J’en suis à je ne sais pas combien de kilomètres, puisque ma roue avant ne porte pas de capteur pour mon compteur. Aucune idée des vitesses atteintes dans les descentes, ni de la vitesse en marche arrière dans les montées. Au passage des 40 km, 3h30 depuis le départ, 2h30 de vélo. Un rapide calcul m’amène à une estimation de mon temps vélo d’environ 12h30. Largement hors délai. Pas glop. Mais où avais-je la tête, n’ai-je point été quelque peu retardé avec cette roue avant ? Une rapide correction à la louche d’une demi-heure m’amère à un temps vélo de 2h pour 40km soit 10h pour 200 km, avec la correction liée à la variation d’amplitude saisonnière du méridien de Greenwich et en incluant l’âge du capitaine, ce devrait passer juste, mais ce devrait passer.
Le long faux-plat pour descendre au pied du port de Palhière se fera en compagnie du Coach. Puis soudain on nous indique de prendre à gauche. Encore un petit coup de tout à droite, tout à gauche, et nous commençons l’ascension du Port. Assez rapidement, nous sommes mis dans le bain. 16 km, 1500m de grimpette, 9% de moyenne avec des passages à 10%, cela va être délicat de monter en souplesse. Le Coach s’éloigne peu à peu. Je profite lâchement d’un arrêt pipi de sa part pour lui repasser devant. Peu avant le premier ravitaillement perso de Mijanes, je suis déposé par Antoine, autre membre éminent d’onlinetri, qui a décidé au dernier moment de faire l’Altriman, sans entraînement et avec un vélo d’emprunt. Respect.
La pause s’impose au ravitaillement, et là, cruel dilemme. Je garde la veste d’hiver ou j’enchaine avec chasuble, manches et mitaines. Un bref regard autour de moi, beaucoup repartent plus court. Je m’allège donc. Un bénévole me précise qu’il fait 0 avec du brouillard et du vent là-haut. J’hésite longuement et prends la décision de rester en court. D’ici que j’arrive au sommet, le soleil aura fait fondre la neige. Le temps d’échanger quelques mots avec le Coach qui m’a rejoint, et nous repartons de concert.
Il part peu à peu devant quant il s’arrête pour régler son dérailleur. Je continue à mon rythme, c’est à dire juste ce qu’il faut pour ne pas verser dans le fossé. Il y a du vent de face glacial, la pente est raide mais qu’est-ce que c’est majestueux. On ne distingue devant que des montagnes raides qui nous surplombent. Pas d’autre échappatoire que de monter encore et toujours. Cela va être long, très long. Il n’y a plus de concurrents qui me doublent, ou alors on joue au chat et à la souris. Je continue à mon train de facteur. Frais au 140. Frais, d’accord, mais pas congelé. Pourtant je ne suis pas loin de l’être, en un ou deux mots selon le point de vue que l’on se adopte. Je commence à angoisser pour la descente.
Et pourtant, je monte. Les kilomètres à 9% succèdent à des kilomètres à 8% qui succèdent à des kilomètres à 10%.Le soleil finit par me réchauffer un peu et je termine l’ascension dans un paysage lunaire avec une vue exceptionnelle, sauf que sur la lune, il n’y a pas de vent. La perspective des lacets qui plongent dans la vallée est superbe. J’ai une petite angoisse quand je n’arrive pas à voir de trace du Coach dans les lacets en dessous. J’espère qu’il a pu continuer.
Juste avant de basculer, je dépasse un espagnol qui n’a pas l’air bien. Je l’encourage comme je peux, et je ne peux m’empêcher de penser qu’il est mal barré s’il commence à coincer maintenant. Je récupère des journaux que je glisse sous la chasuble au ravitaillement du haut du col et me lance dans la descente. Ca va vite, très vite. La route est sèche, et sans prendre de risque inutile je me fais plaisir. J’en oublie la fraîcheur somme toute très supportable.
Le pneu arrière encore fumant des relances monstrueuses en sortie d’épingle, on m’indique le début du col de Pradel, à droite. Et là, je me rappelle que j’ai des mitaines, et j’ai failli ne pas pouvoir faire le traditionnel tout à droite, tout à gauche tellement je ne peux plus appuyer sur les leviers de changement de vitesse à cause des doigts engourdis par le froid. Mais ça passe quand même. Le temps de m’arrêter poser les journaux dans une poubelle et je me relance. Le col du Pradel. 7km, 8% de moyenne, 9% en maximum. Une blague après ce que je viens de faire. En plus, le soleil me réchauffe agréablement, je me félicite rétrospectivement de mon choix de tenue car la veste d’hiver aurait été bien trop chaude. Je continue à voir passer des coureurs mais ils me dépassent moins franchement qu’au début.
Normal, il ne doit plus y avoir grand monde derrière moi. Premier kilomètre à 8,1%. OK, envoie. Du velours. Deuxième kilomètre, 8,1%. Trop fac’, fait péter la roteuse, c’est moi qui régale. Un petit calcul rapide me fait espérer une fin de col très aplati, dans la mesure ou j’ai déjà effectué 160 des 600 mètres de grimpette à faire, et qu’il reste 4 km pour les faire. 3eme kilomètre, 9,1%. Bon, on va prendre le temps de voir venir, et je reprends mon costume d’employé des Postes Télégraphe et Téléphone. 4ème 6,1% Je m’esclaffe, je me gausse, quelle bonne blague. Tu as joué à me faire peur, petit col canaillou. Oui, mais les 500 premiers sont en faux-plat descendant, voir carrément en descente. C’est bien, ça repose, mais il va bien falloir les trouver les 60 mètres de montée du kilomètre. C’est simple, ils arrivent tous ensemble sur les 500 mètres qui restent. Un mur à 10-11% selon l’échelle de référence. Et à la vitesse à laquelle les autres triathlètes qui m’ont dépassé le sourire aux lèvres ont l’air de souffrir, je m’attends à du lourd, du très lourd.
Bingo. Mais bon, étonnamment, le corps répond bien, et ça passe. Le reste du col me réserve encore quelques surprises, mais beaucoup plus courtes que ce coup de cul sorti de nulle part. Par contre, l’odeur entêtante des ceps m’enivre et me ravit. Pour un peu, je faisais comme ce VTTiste perdu dans les bois qui doit se régaler d’une omelette à ma santé. Mais, bon, je n’ai ni mon couteau, ni mon sac plastique, alors je continue. Petite alerte stomacale. L’impression que mon ventre gargouille et m’avertit que ça commence à suffire cette gastronomie chimico-sportive. Une barre de céréale plus tard, tout semble rentrer dans l’ordre. Pfiouuuuu.
D’autant plus que je n’ai toujours pas commencé le vélo. Frais au 140. Cela commence à me paraître plus compliqué maintenant. Enfin je distingue le haut du col et je bascule dans une descente comme je ne les aime pas. Gravillons, ombres, traces d’humidité. Je laisse passer trois concurrents pour ne pas trop les ralentir et reprends la descente. Cela me permet de me réchauffer les fesses qui s’ennuyaient un peu. Arrivé à la tranché de Fageole, je me pose trente secondes pour souffler au ravitaillement et me relance dans la descente sur une route carrément large (on doit pouvoir y passer à deux voitures presque sans mettre une roue dans le fossé) et tout simplement exceptionnelle, avec des passages sous la roche taillée, un défilé, des gorges. Un régal pour les yeux, et pour la joie de prendre des virages sur une route sèche et avec de la visibilité.
Soudain, un homme en orange. Le vieux réflexe du droite/gauche, mais facilité par une inédite sensation de chaleur dans les doigts, et boooooum. Un taquet de plus, un vrai. Long, très raide. Pourtant, j’aurai juré que c’était 120 le kilométrage. Tiens d’ailleurs, et mes calculs de pronostics. 8 heures depuis le départ, soit 7h de vélo. Gloups. 10h30 alors que j’ai mangé mon pain blanc, puisque je suis largement en dénivelé négatif. Cela commence à sentir le roussi pour les délais. Grrrrrr, j’ai encore oublié cette satanée roue avant. M’enfin, pas de quoi se sentir rassuré. Bon, de toute façon. Frais au 140, sinon, cela ne passera jamais. Le temps de voir passer deux ou trois des autres triathlètes que j’avais doublés à la faveur de leur ravitaillement et le haut de la bosse m’apparaît en même temps que je ressens au fond de moi cette douce mélopée lancinante du 180 bpm d’une rave bien lancée. A moins que cela ne soit mon cerveau qui Soubiroute, le fait d’entendre ces coups de basses au milieu d’une grimpette dans une gorge a priori coupée du reste du monde est assez surréaliste.
J’en arrive à oublier de remettre du braquet à la sortie de la bosse, ou, rare moment de répit, nous enquillons un peu de faux-plat avant d’attaquer la descente sur Gesse, deuxième ravitaillement perso du vélo , et le vrai début de la partie vélo. Sans blague, les 7h et des patinettes, c’était pour du beurre ?
Cela devient lassant, mais le paysage est toujours aussi fantastique. En tout cas, mes yeux et ma tête ne sont pas prêts de les oublier. Mes jambes non plus ! Arrivé au deuxième ravitaillement personnel, malgré la fraîcheur de la descente, je passe en mode été à savoir trifonction-mitaines, et je vire le morceau de tissu qui m’a gardé la tête au chaud jusque là. Deux nouveaux bidons remplis à ras bord, et hop, direction le 140. Je suis aussi frais que je pouvais, advienne que pourra. Quelques bribes de conversations échangées par les autres triathlètes me rappellent que pour un passage limite à 14h15, il est juste 14h10. Et le plus dur reste à faire. Encore un peu de calcul mental, et hop je me projette en 12h00 de vélo. Trop , beaucoup trop. Arggggg, cette satanée demi-heure de roue avant. Mouais, bof, cela me juste en 11h15 en approximant à donf. De toute façon, il me faudra aussi courir. La descente dans la vallée de l’Aude est sympa. En tout cas, je suis plus à l’aise avec mon vélo qu’avec le camping-car deux jours plus tôt. Les défilés m’ont de suite paru plus larges.
Sauf que, n’ayant plus aucune notion de la distance, je passe le kilométrage 140 très vite à après le ravitaillement, et n’aperçoit plus de signes de course pendant un moment que je trouve trop long. J’ai loupé une marche, une route cachée derrière un rocher, sous la centrale EDF. J’angoisse à l’idée d’être perdu et de devoir remonter ne serait-ce que ce faux plat. Non. Un homme en orange me rassure, tout en me rappelant l’impérieuse nécessité de remettre tout à gauche. Ainsi commence le col de Garavel, surtout difficile sur le départ, dixit le briefing.
Ben non, même pas. Il passe tout seul, je rattrape même un concurrent. Je vole sur la route, je suis super bien. Je me méfie, c’est louche. Ne pas s’enflammer. Je me remets en dedans, m’alimente, m’hydrate. Un petit coup de moins bien au niveau du ventre qui se traduit par la barre de céréale miracle. Cela remarche. Un petit village arrive (Colombe), et là, je devine de suite que je m’étais juste trompé de quelques kilomètres. Je n’ai pas encore tout bien suivi au briefing. Il me faudra prendre des notes la prochaine fois.
La route, magique elle aussi, dans une petite gorge sans vent, en plein soleil, monte, monte, monte… je double un autre concurrent qui à l’air d’être à la peine. Je prends mon rythme et m’attends à souffrir. C’est long, magnifique, mais long. Je ne sais pas combien de temps, mais cela monte sans jamais relâcher, sous un soleil de plomb. J’arrive enfin à Roquefort après avoir rattrapé un autre concurrent qui me précise que cela va bientôt se relâcher. Oui, mais c’est encore long je trouve. Et au moment ou le terrain s’adoucit, le vent se lève. Et toujours ce délai qui me tiraille. Je préfère quand même continuer à passer souple. Je rattrape Léo, clermontois croisé la veille à la sortie de l’inscription. Il a reconnu le parcours, mais pas ma pomme. Il m’a aussi fallu un certain temps avant de le reconnaître, en tenu de triathlète.
L’effort nous rapproche. La fin du col permet de faire plus ample connaissance. Il me prévient de me méfier du petit taquet qui est en plein milieu de la descente suivante car il est surprenant et désagréable à passer sur le gros plateau. Je prends acte, et le laisse satisfaire une envie naturelle en profitant d’un paysage toujours superbe, pendant que je plonge dans la dernière descente du parcours.
Je peste juste un peu contre un vieux con qui manque de me balancer dans le vide car la route est étroite et qu’il veut absolument me dépasser, pour m’obliger à prendre les freins dans les virages parce qu’il roule comme un boulet. J’arrive encore à avoir assez d’énergie pour m’énerver, c’est bon signe. Je le suis jusqu’au croisement où, paniqué par les bénévoles qui m’ouvrent la voie, et donc la sienne aussi, il me force à piler car il s’arrête en plein milieu avant de comprendre qu’il lui faut passer. Ce qu’il fait prestement car il a sans doute deviné mes intentions retroviseuricides une fois que mes doigts se sont désincrustés de mes poignés de freins.
Les encouragements du Coach que je découvre assis à l’ombre de la voiture balai m’ôtent toute velléité revancharde. Je lâche un gros merde de dépit de le voir ici, vite rassuré lorsqu’il me répond que tout va bien pour lui. Il ne s’est pas fait mal, mais j’apprendrai par la suite qu’il a secouru un autre membre d’OT, poindemie qui s’est bien amoché dans la descente sur Gesse, le deuxième ravitaillement. Pour l’instant, je m’approche du grand faux-plat du kilomètre 163 et de sa petite séance de 3km à 12%.
La vue de l’orange me fait mécaniquement passer le tout à gauche. Petite satisfaction personnelle puérile, la Porsche aperçue juste derrière moi quand je prenais la route descendant sur Escouloubre ne m’a pas rattrapé. Ce n’est pas tout le monde qui pourrit une Porsche à vélo. Même Arnaud Tournant ne doit pas le faire tous les jours. Ceci étant, je me pose au pied du mur, souffle un coup et m’inquiète auprès de l’arbitre du timing pour les délais. Il me dit qu’à priori on aura droit à une rallonge, mais bon, ce n’est pas le tout, j’ai une petite bosse à monter. Léo me rejoint et prend un peu d’avance. Un concurrent passe sans s’arrêter et sans écouter l’arbitre qui lui conseille de tout passer à gauche. L’arbitre ayant déjà fait Embrun, je l’aurais écouté, personnellement. Bien vu, au premier virage, je le découvre en train de relever son vélo. Pas eu le temps de déclencher quand il s’est retrouvé à l’arrêt. Il maugrée mais m’indique que tout va bien.
Je poursuis mon chemin, sur une route ombragée mais pentue. Je suis surpris, cela passe plutôt bien. Je rattrape Léo et le double doucement, quand une fusée rouge et noir, des Aquacylopédus de Provins me dépose littéralement. C’est Christophe, dont la vitesse en côte n’a d’égale que sa gentillesse comme j’aurai l’occasion de le découvrir plus tard. Je poursuis mon ascension sous le soleil, les infos de Leo s’avérant exactes. L’ombre n’aura eu qu’un temps. Je profite du replat pour traverser un village, trop court à mon goût, pour me régaler de groseilles, fraîchement cueillies et gentiment tendues par une autochtone, avant de me dépêcher de reprendre les cocottes et la danseuse car la grimpette recommence de plus belle. Alors que je pense en avoir fini en basculant au-delà d’un BRAVO tracé à la peinture sur la route, je reprends un mur 200 mètres plus loin, puis encore un autre … L’absence de compteur me permet d’éviter la déprime. De toute façon, les compteurs à vitesse négative, cela n’existe pas.
J’atteins enfin le ravitaillement de Querigut signalant la fin des hostilités, et le début de partie plate du col, enfin, du faux-plat à 6%. Partie que je fais de concert avec Léo qui m’a rejoint au ravitaillement. Nous finissons ce col des Hares à nouveau ensemble et au ralenti, il a même la gentillesse de m’attendre après que j’aie laissé échappé un gel par terre. Nous basculons enfin sur le dernier faux-plat ou heureusement le vent n’a pas molli, et surtout, est resté de dos. Le délai semble réalisable, sauf que Léo prend un coup de mou. Je me retourne pour voir s’il suit, à distance no-drafting réglementaire, et il me crie de prendre mon rythme. Je l’écoute. Le bonhomme ayant lui déjà fait Embrun, je lui fais confiance pour finir. Il arrivera peu de temps après moi au parc à vélo, dans les délais initiaux. Ceux-ci ont été prolongés d’une heure à la vue de l’arrivée tardive des premiers, qui joie, n’ont pas fini leur course à pied alors que je pose le vélo. Finalement, je ne me suis pas tant trainé que ça, Hormis le fait que j’ai dû faire le plus mauvais temps vélo. Parti premier et rentré quasiment hors délais, ce n’est pas mal, non ? Il nous avait été dit de profiter des paysages, j’en ai vraiment profité.
Le marathon.
La natation, c’est fait. Le vélo, c’est dans la poche. C’est quoi, après déjà ??? En effet, cela fait juste 12h00 que je m’agite, et je suis encore étonnamment lucide. J’arrive au parc, me faisant chambrer par le commentateur qui remarque avec pertinence que je suis plus à l’aise dans l’eau que sur le vélo. Et encore, il ne m’a pas vu courir. Les petits sont là pour m’accueillir et je les entends m’encourager. Paul court avec moi jusqu’au parc à vélo. Je me change, décharge mes poches des gels et barres énergétiques, prends ma casquette et mes jambes à mon cou ; non, finalement, je manque de souplesse. Je partirai donc d’un pas de sénateur accéléré. J’aperçois Léo qui est rentré dans le parc. On se donne rendez-vous sur le long parcours fait d’allers-retours. Je tape dans les mains de mes plus fervents et objectifs supporters. Les petits ont l’air d’avoir apprécié la journée frites / glaces / trampolines …
Le premier passage de la digue me permet d’apprécier le paysage du lac de Matemale. De profiter de la gentillesse des bénévoles au ravitaillement. Le premier passage au lotissement du lac, une extrémité du circuit, se déroule sans encombre. Petit plaisir au ravitaillement : ils ont du saucisson qui a l’air fichtrement bon. J’en profite et repars vers le haut du lotissement. J’arrive à absorber un gel que je sens passer sans plus de conviction. Je prends mon (petit) rythme. Entre 8,5 et 9 km/h. Ne pas s’enflammer, un marathon, c’est long. Les jambes ne sont pas plus lourdes que ça. J’en suis étonné. Je repasse près du parc à vélo. Et hop : 9km de faits en 1h00. Ouch, cela risque d’être long, car je viens de passer la partie la plus facile du parcours. Nouveau shake-hand avec la petite famille, qui a toujours le sourire au beau fixe. Moi de même. Il fait bon, pas trop chaud. Nouveau passage au parc à vélo, je sors et je commence à attaquer la route qui monte aux Angles quand une fusée rouge et noire des Aquacylopédus de Provins me dépose littéralement. Cela devient une habitude. C’est le retour de Christophe, retardé au parc par un souci gastrique. Il va aussi vite à pied qu’à vélo. Mais l’écart se stabilise dans la montée et je me rapproche de lui. Je zappe le ravitaillement, première erreur, et repars donc avec lui. On discute, il m’explique le reste du parcours qu’il a repéré à la veille en VTT. Décidément, je suis un rigolo de m’être contenté des infos glanées sur le net. Il me lâche dans un petit taquet où je marche pour m’économiser, mais il s’arrête peu de temps après. Je le rejoins et nous repartons ensemble. Petit arrêt ravitaillement, où je sens qu’il ne faut pas trop en demander à l’estomac. Je me contente donc de coca afin de parer à tout désagrément.
Nous abordons la bosse de 1km à 10%. Je marche d’entrée, en préférant garder de l’énergie pour plus tard. Excellent calcul, sauf que la nuit approche et le froid qui va avec. Mais pour l’instant, à la sortie du 16ème kilomètre, petit arrêt au ravitaillement et je repars avec Christophe. Mais je rame. J’ai cassé la machine. Je me suis refroidi et les jambes sont lourdes et commencent à tirer sérieusement. Je signale à Christophe de partir devant et je me laisse retrouver mon rythme Heureusement, cela descend doucettement jusqu’au lac de Balcère. Le coin est magnifique, paradisiaque et très calme. Le soleil couchant apporte une lumière tamisée apaisante. Je croise Christophe, ce qui me fait espérer un demi-tour pas trop loin. Je me permets un tour supplémentaire autour de la borne matérialisant l’extrémité du parcours. J’ai mal aux jambes, mais la tête va bien.
Sur le retour, je souffle. Petit point avec moi-même qui va devenir mon leitmotiv jusqu’à la fin : « T’as mal aux jambes, bof, pas plus que ça, t’es fatigué, bof, pas plus que ça, bon, tu n’as donc aucune excuse pour marcher. » Je passe au semi en 2h45. Je suis au sommet du parcours, je vois le parc à vélo en contrebas, l’autre extrémité du parcours en face. Petit coup de mou, cela me paraît loin. C’est à ce moment que le soleil se cache derrière la montagne. Je me renseigne sur la tombée de la nuit. Il va me falloir passer récupérer ma frontale au parc. J’en profiterai pour prendre mon sweat de ville, car je suis d’un seul coup glacé par l’humidité et l’ombre qui tombent. Je doute sérieusement et j’angoisse de devoir arrêter maintenant pour une hypothermie. Heureusement, le parcours descend jusqu’au parc à vélo. Je prends la résolution de ne plus sauter de ravitaillement, j’ai besoin d’énergie. Je tourne au coca pour limiter les risques de courante, car je ne pourrai pas accélérer pour trouver un coin tranquille pour communier avec les éléments.
Je croise le camping-car familial rempli d’une foule en délire sur la route du parc. Au ravitaillement précédent le parc à vélo, je suis rattrapé par Benoit, le responsable de cette grande folie. Je le félicite pour la superbe épreuve qu’il nous a concocté. Je ferai d’ailleurs de même pour tous mes derniers passages au ravitaillement où je remercie chaleureusement les bénévoles qui sont resté à nous chouchouter de 14h00 à 24h00. Benoit m’encourage en me doublant en voiture. Je suis toujours super lucide, mais la nuit tombe, et j’ai hâte de me couvrir. Je m’arrête donc prendre mon sweat et ma frontale. Le parcours en sous-bois se fait dans la pénombre. Surtout, ne pas se tordre une cheville ou marcher sur le pied d’un ours maintenant. Dernier passage aller sur la digue. Comme à chaque fois, les bénévoles nous encouragent. Le balai des frontales est féérique le long de la digue, mais il n’en reste pas beaucoup. J’arrive au ravitaillement au pied de la dernière boucle. Grosse frayeur au redémarrage. Malgré le sweat, je suis parcouru de frissons très désagréables. Je suis limite de m’arrêter, mais cela passe. J’angoisse encore plus d’arrêter maintenant. Je me console en me disant que je peux finir en marchant, puisqu’a priori je n’ai pas froid quand je marche. Mais cela me ferait râler. Je monte une deuxième et dernière fois au lotissement du lac. Je m’arrête en haut de la boucle pour voir les Angles s’illuminer dans la nuit. Je sais que je vais finir. Je le sens. L’émotion commence à me prendre à la gorge. Je me force à ne pas trop y penser et je redescends vers la digue. Petit arrêt au ravitaillement, nouveaux gros frissons au démarrage. Je remercie les bénévoles qui me donnent rendez-vous au podium d’arrivée. C’est surtout face au vent que je frissonne. Heureusement pour moi, c’est le dernier ravitaillement où le redémarrage se fait face au vent. La digue me semble longue, longue, seulement éclairé de ma frontale et de celle des autres concurrents, certains accompagnés de VTT ou de coureurs.
Je sais que je passe les 36km sur la digue, j’ai eu le temps de le lire en passant lorsqu’il faisait presque jour tout à l’heure. Je réalise qu’il ne me reste plus que trois ravitaillements. C’est l’électrochoc. Nouveau petit point avec moi-même, je décide de partir comme si c’était le dernier kilomètre. Dernière pause au ravitaillement de la digue. Je passe prudemment le passage en sous-bois. Je dépasse quelques concurrents qui sont à l’arrêt. Je suis attristé de voir un concurrent s’arrêter au parc emmitouflé dans des couvertures de survie. Je le comprends car cet aller retour m’est à moi aussi apparu interminable en arrivant tout à l’heure. Mais pour moi, c’est le moment de mettre tout ce qui reste. Je viens de passer le 39ème km sur le ponton. Plus qu’un ravitaillement après celui-ci. Je repars comme un fou (à 9km/h, faut pas rêver, mais j’ai l’impression de voler.) Je ne sens plus la lourdeur des jambes, les genoux qui me tirent. Je réalise seulement après un ultime redémarrage que ma hanche ne m’a pas titillé de la journée. Je passe un dernier concurrent que j’aide à enfiler un gilet réfléchissant. Il m’en reste un juste devant moi. Je m’accroche pour ne pas ralentir. Il me largue dans la dernière petite bosse pour arriver à l’ultime ravitaillement, 200 mètres avant la ligne. Il a eu la sagesse de considérer que le dernier kilomètre commence à 41km et non à 36km. Ce n’est pas grave, je suis content pour lui car l’on s’est souvent croisé et encouragé sur le parcours. Toute la famille est là. Choupinette s’est endormie sur un banc, stage SDF. Paul sautille sur place. Dernière coquetterie, je pose mon sweat et mon gilet fluo, aimablement prêté par l’orga pour la partie sur la route. Je repars avec Paul, Laurence porte Elsa. Je n’arrive pas à suivre Paul, je récupère Elsa à l’entrée de la salle. Elle se réveille définitivement, vitesse grand V. Paul ne montera pas avec moi sur le podium, trop de bruit, trop de monde. C’est magique. Les arbitres me tapent dans les mains. Tout le monde applaudit, j’ai envie de prendre Benoit dans mes bras quand il m’accueille sur le podium. Clic-clac, la photo souvenir offerte par l’orga, Elsa dans mes bras. Le commentateur me félicite pour ma natation, et pour avoir fini. Je descends péniblement du podium. Je suis obligé de laisser Elsa par terre. Je tremble comme une feuille. Je l’ai fait. I’m an Altriman.

Epilogue.
A peine descendu du podium, je reçois le gilet sans manche en polaire de finisher. Il ne pouvait pas mieux tomber. Je suis gelé. Je retourne voir la petite famille. Les petits vont se coucher et je recherche l’arbitre principal. Je lui explique avoir loupé une bouée sur le premier tour et avoir bénéficié d’une assistance extérieure suite à la casse de mon rayon de roue avant. Il me répond posément que le premier tour natation a été rock’n roll pour tout le monde, et que la bouée que j’ai coupée n’étais pas de nature à altérer la superbe natation que j’ai faite (merci monsieur). Quant à l’assistance dont j’ai bénéficié, il est évident qu’il ne me disqualifiera pas pour ça dans la mesure où c’était une évidence d’un point de vue sécurité. Il me félicite pour ma course et je me dirige vers la salle de massage. Peut être pourrai-je marcher demain…
Je félicite au passage les autres concurrents que j’ai croisés sur le parcours et avec lesquels nous nous sommes encouragés mutuellement. Je suis obligé de remettre la polaire sur la table de massage malgré l’ambiance surchauffée de la salle. J’y retrouve Christophe qui est arrivé peu de temps avant moi. Il me félicite. Lors de la sortie de la salle, je vois Léo assis avec une couverture de survie. Il y est arrivé lui aussi. Nous nous congratulons. Nous partons tous les trois à la recherche de la douche que l’on découvre sans éclairage, et surtout non chauffée. Christophe et Léo me félicite pour ma première distance Ironman et je file vers le chaud du camping-car pour récupérer mon vélo et mes affaires au parc. Je suis sur mon nuage, étonné d’avoir profité pleinement de cette journée. Je suis content d’être allé au bout, conscient de n’avoir pas fait une performance exceptionnelle, mais d’avoir correctement géré ma course. Mon corps a parfaitement répondu, mais je pense qu’il me faut encore travailler la tête. Je garderai des images inoubliables des paysages, des visages des bénévoles qui nous ont soutenus et portés de ravitaillement en ravitaillement, et l’émotion d’avoir franchi cette ligne, après 17h44min44s d’effort. L’accomplissement d’un rêve inaccessible.
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chamach
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par chamach »

Très beau CR ! Bravo à toi pour ton comportement exemplaire tout au long de ta belle journée !
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NICO69007
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par NICO69007 »

Ouahhhh :shock: , magnifique CR.

Je suis devant mon PC au bureau et grâce à toi j'ai passé presque une heure à rêver :sm11:

Chapeau!
C'est dans l'effort que l'on se retouve, c'est le meilleur moyen d'apprendre à se connaitre.
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par asmath »

Merci :oops:
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Re: Récits d'IRONMAN

Message non lu par nico35 »

EMBRUNMAN 2009...

>>> direction mon site pour le télécharger et lire les 42 pages...

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