Laurent Jalabert : « Un seul nom s'impose, Chavanel »
Alors que la Vuelta bat son plein en proposant, chaque jour, un beau spectacle depuis son départ à Benidorm, samedi dernier, le sélectionneur de l’équipe de France, Laurent Jalabert, est, lui, en pleine réflexion. Il planche sur sa liste des 9 coureurs qui participeront, le 25 septembre prochain, aux Championnats du Monde à Copenhague (Danemark). Mais cela ne l’empêche pas, pour autant, de suivre, avec passion, cette Vuelta. Ce Tour d’Espagne qui, souvenez-vous, lui avait souri en 1995. Pour Cyclism’Actu, Laurent Jalabert évoque cette Vuelta qu’il affectionne tant. Sans oublier de nous livrer quelques indications intéressantes sur les coureurs qui seront en lice aux Mondiaux. En fait, il ne manque plus que la liste officielle et ses noms. L’annonce est prévue tout début septembre. Explications de « Jaja ».
Même si vous êtes focalisé sur votre liste des 9 pour les Mondiaux, on suppose que vous devez suivre, attentivement, ce qu’il se passe sur la Vuelta ?
Vous supposez bien. Oui, je suis ce Tour d’Espagne et pas seulement en vue de la sélection de l’équipe de France pour les Mondiaux au Danemark. La Vuelta est une épreuve que j’affectionne. J’aimais bien courir sur ces courses espagnoles et ce Tour, au parcours dynamique, avec des étapes courtes et des difficultés quotidiennes. C’est une course dure même si ce n’est pas le Tour de France ou le Giro. Il faut avoir une grosse motivation pour s’aligner au départ du Tour d’Espagne car on est, quand même, en fin de saison et c’est compliqué à gérer trois semaines de course à cette période de l’année. Beaucoup de coureurs jouent aussi et souvent leur saison sur la Vuelta parce qu’ils sont passés à côté de leur Tour de France et de leur Giro. Du coup, on assiste, bien souvent, à quelques résultats surprenants.
Comme celui de Sylvain Chavanel, porteur du maillot rouge de leader ?
Oui, par exemple. Mais cela ne me surprend pas tant que ça. Sylvain a vécu un Tour de France délicat, handicapé par sa blessure à l’épaule. Là, il semble bien avoir récupéré pour se distinguer de la sorte sur cette Vuelta. Cela fait plaisir de le voir leader du général depuis mardi et l’arrivée à la Sierra Nevada. Surtout que la veille, il a manqué de peu de faire coup double. Je lui souhaite de garder ce maillot rouge le plus longtemps possible même si cela va être difficile car ça bataille ferme depuis le début de ce Tour d’Espagne. En tout cas ce que réalise Chavanel, c’est parfait pour sa confiance, son moral. C’est une préparation idéale pour les Championnats du Monde.
« Le GP de Plouay, parfait pour une revue d’effectif »
Justement, ces Mondiaux, vous avez déjà en tête les noms des 9 coureurs qui auront la chance d’aller à Copenhague ?
Non pas encore. Même si j’ai ma petite idée sur la question. Seuls les coureurs, qui m’auront convaincu, iront aux Mondiaux. Il faut qu’ils me prouvent que je puisse leur faire confiance, non ! Sur la Vuelta, c’est simple, sur les 17 Français engagés, seulement trois ou quatre d’entre eux peuvent prétendre à une place dans l’équipe de France pour ces Championnats du Monde. Pour l’instant, un seul nom s’impose, c’est celui de Chavanel. J’attends donc de voir ce que vont faire les autres coureurs. Mais la Vuelta ne fait que commencer. Je sais aussi que je peux, éventuellement, compter sur Tony Gallopin qui a bien marché au Tour du Limousin, tout comme Blel Kadri, mais aussi Samuel Dumoulin qui a fini troisième de la pré-olympique de Londres. De toute façon, je vais voir tout le monde, ce week-end, au Grand Prix de Plouay. C’est parfait pour faire une revue d’effectif car Plouay est une course qui se rapproche à celle des Mondiaux. Ceux qui ne seront pas à Plouay, c’est dommage pour eux, mais ils auront donc peu de chance d’être dans la liste des 9 pour Copenhague.
Concernant le cas Romain Feillu, vous avez donc tranché ?
Pour Romain Feillu, c’est un cas particulier. On sait qu’il est blessé à la clavicule. Je sais que ce genre de blessure peut se résorber rapidement. Reste à connaître sa condition physique. Car même s’il n’a pas trop coupé l’entraînement, les efforts ne sont pas les mêmes qu’en course. On en saura plus dès qu’il va reprendre la compétition sur Paris-Bruxelles. L’avantage avec Romain, c’est que je connais toute la valeur de ce garçon. Il me l’a déjà prouvé à plusieurs reprises, comme l’an passé lors des Championnats du monde en Australie Donc, oui je laisse une chance à Romain de pouvoir rejoindre le groupe. Mais, franchement, j’ai bien peur, tout de même, que ce soit trop juste pour lui car il a aussi un problème à son genou qui n’est toujours pas guéri et qui l‘a fait abandonné le dernier Tour de France. Dans quelques jours, tout début septembre, je vais annoncer une liste de 10 ou 12 noms que j’affinerai au dernier moment.
« Cela fait plaisir de voir les Français se distinguer »
Toujours est-il qu’en tant que sélectionneur de l’équipe de France, vous devez être satisfait de la saison des coureurs français ?
C’est vrai que nous avons vu nos coureurs tricolores briller sur les trois grands Tours et toute cette saison, d’ailleurs. C’est rassurant et cela fait plaisir de voir les Français se distinguer. Au Giro, on a eu, par exemple, Le Mével mais pas seulement. Sur le Tour, on a vibré avec Voeckler, Rolland et d’autres. Et là, la Vuelta est à peine commencer qu’on voit nos Français à l’avant et Chavanel s’affirmer, chaque jour, avec son maillot rouge de leader. Même si je n’en fais pas un vainqueur à Madrid, je souhaite à Sylvain de le garder le plus longtemps possible. Mais ça va être dur, il va falloir se bagarrer.
Quel est votre pronostic, votre podium final sur cette Vuelta ?
Je vais dire, dans le désordre ou dans l’ordre, à vous de choisir, Nibali, Rodriguez et Scarponi. On voit depuis le début de cette Vuelta que cela bataille ferme. Les Espagnols brillent chez eux comme les Italiens savent le faire sur leur Giro. C’est donc logique de voir l’équipe Katusha en forme même si elle semble bien plus forte qu’on pouvait l’imaginer avec Rodriguez et Moreno. La Liquigas de Nibali n’est pas mal non plus. Pour Rodriguez, s’il veut gagner cette Vuelta, et il a l’expérience pour y parvenir, il va lui falloir prendre du temps sur ses adversaires dès que la route va s’élever. Dans le contre-la-montre de 40 km, lundi, à Salamanque, il devrait théoriquement concéder quelques minutes sur les spécialistes de l’exercice. A moins que Rodriguez soit, finalement, meilleur que prévu, qui sait ! On en saura davantage après ce chrono de Salamanque. En tout cas, cette Vuelta promet une belle bagarre pour la victoire finale.
I don't ride a bike to add days to my life. I ride a bike to add life to my days !!!