Embrun : le post du compte à rebours : J-50 !!!

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nico35
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Message non lu par nico35 »

FUSZ a écrit :tiens en parlant de ça, quelqu'un a t il des nouvelles de Tameka??
Elle est toujours à l'hosto?
il y a un post pour elle : viewtopic.php?t=21141&start=45
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TriTeam
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Message non lu par TriTeam »

Je viens de lire le recit de Nico 35, (après l'avoir imprimé) et c'est vraiment super fort. Des non sportifs veulent le lire.
Tu as un réel talent de narateur et c'est poignant.

Alors juste pour le plaisir de te lire en 2008, il faut que tu fonces et que tu t'inscrives ,de plus je suis sur qu'avec l'expérience emmagasiné, il y aura un happy end.

Courage

Thierry
La vie est quand même plus belle sous le Soleil !!!
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vincent05
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Message non lu par vincent05 »

C'est vrai que ton récit est "vivant"... sympa !! :wink:
Vincent...
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nico35
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Message non lu par nico35 »

Merci à tous,

je n'arrête pas de recevoir des mails et de voir des posts pour me féliciter... c'est bien la première que je suis félicité suite à une course, et en plus pour la première fois de ma vie je n'ai pas franchi une ligne d'arrivée...

je suis conscient également que "l'expérience" pourra payer mais il y a du boulot, tout aussi physique que moral...

L'an dernier je me suis inscrit le 24 décembre pour faire embrun la semaine dernière...

la prochaine fois... ce sera surement au dernier moment pour être sûr que mon entrainement soit à la hauteur (s'il existe une "hauteur")

En tout cas mon récit et la perf du copain du club (15 H 30, vu son niveau en Bretagne = 20 ème open Chpt Monde Lorient) en a refroidit plus d'un...

Ils remettent tous çà à 2009 ou 2010... Si cela peut leur éviter une grosse gamelle comme moi...

C'est pourquoi je renouvelle tous mon RESPECT aux finishers, et plus particulièrement aux derniers et aux dames... :wink:
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JYJYJYVES
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Message non lu par JYJYJYVES »

Félicitations Nico pour ton résumé: en ce qui concerne la prochaine Edition, je te souhaite de couper cette fameuse ligne d'arrivée et d'apprècier ta performance....... La perseverance paie toujours.

c'était ma première expérience sur cette distance et depuis le 16 Août je ne cesse de passer à ma course: Je suis sur un nuage.
Indescriptible......

A ORAN il n'y que des gagnants :wink:
L'air de rien , m'étouffe !!!!!!!!!!
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nico35
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Message non lu par nico35 »

JYJYJYVES a écrit :Félicitations Nico pour ton résumé: en ce qui concerne la prochaine Edition, je te souhaite de couper cette fameuse ligne d'arrivée et d'apprècier ta performance....... La perseverance paie toujours.

c'était ma première expérience sur cette distance et depuis le 16 Août je ne cesse de passer à ma course: Je suis sur un nuage.
Indescriptible......

A ORAN il n'y que des gagnants :wink:
Merci à toi et félicitation pour ta finish line. En voyant mon copain de club passer la ligne j'ai compris une grande partie du ressenti d'être finisher à Embrun. J'en éprouve tout autant de Respect. :wink:
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Oxo
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Message non lu par Oxo »

Bravo Nico pour ton CR, un grand moment d'émotions ou on se remémore avec toi les diférents endroits de la course que l'on a vécu.
Ne tarde pas à le refaire, tu as été trop proche. Bon courage :wink:
FUSZ
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Message non lu par FUSZ »

Bravo Nico 35, j'ai vu ton film sur le site d'embrun..... j'en vibre encore. Après avoir lu ton récit, Tu nous a fait vivre une vraie émotion avec ton pote Yves, voilà l'esprit du triathlon qui a tendance à disparaitre au profit de l'argent et de la culture du résultat au préjudice du plaisir.
QUE DU BONHEUR. Je suis sous les cocotiers à l'autre bout du monde, et pourtant, j'ai senti avec ton film l'odeur du parc à vélo au petit matin, et le vent au sommet de l'izoard..... ENcore merci et courage, l'année prochaine sera la bonne!!!!
PS: Quand on regarde ton film, on a vraiment envie de monter sur le vélo et de s'attaquer à ce mythe. Tu vas faire naitre de nouvelles vocations, c'est sur!
le tri, le tri, mais surtout embrun.......
ocethan
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Message non lu par ocethan »

de retour des vacs d' embrun bon finisher :sm16: pas dans les temps voulu "16h" mais une jolie hypo thermie au premier tour a pied(je commatais au rond point de baratier) heureusement les docs on bien voulu que je continue en marchand le premier tour et du coup le 2éme vu qu'il faisait moin chaud est super bien passé couru comme un fou . merci au benevole qui ont été super et qui on fait avec les moyen du bord leur gentillesse et dispo et particuliérement à celui sous le pont en cap le long de la digue qui nous on filé leur casse dale et leur biére :lol: :lol: et sa fait du bien quand c'est frais
Filou
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Message non lu par Filou »

= La route de l'Izoard est fermée aux voitures une -si ce n'est plus- matinée dans l'été ... est-ce que ça ne pourrait pas coller avec le triathlon ? :roll: ça permettrait en plus de griller les voitures suiveuses :wink: . Pour ne parler que de l'Izoard ...

= Sur le parcours il y a suffisamment de fontaines pour installer les ravitos à proximité et remplir complètement les bidons ...

= Indiquer les ravitos ça me semble intelligent d'un point de vue de la sécurité qu'on ne déboule pas taquet dans les bénévoles.

Pour le reste je découvre concrètement par vos témoignages la GI touch et je suis atterré. Merci à ceux qui entreprennent des démarches pour changer ça et donner à l'Embrunman l'organisation qu'elle mérite.
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felipe
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Message non lu par felipe »

Filou a écrit := La route de l'Izoard est fermée aux voitures une -si ce n'est plus- matinée dans l'été ... est-ce que ça ne pourrait pas coller avec le triathlon ? .
Précisons quand même que la route n'est fermée qu'après brunissard ! Lorsque le CG 05 fait cela, il ya même un buffet gratos (à ma grande surprise l'an passé :shock:
Filou a écrit :=
= Sur le parcours il y a suffisamment de fontaines pour installer les ravitos à proximité et remplir complètement les bidons ...
.
Sans vouloir prendre la défense de GI ou autre, mais la plupart des fontaines sont des sources non surveillées (par la DDASS pour ceux qui auraient du mal à suivre). Je ne suis donc pas certain que l'organisateur puisse prendre de l'eau dans ses fontaines sans se faire taper dessus ensuite...
Par contre les concurrents (comme les cyclotouristes) peuvent s'y arrêter et prendre leur responsabilité. De la bonne eau fraîche sans chlore, c'est quand même dommage de se priver...
Objectifs : plaisir, santé et pas trop de bide
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Irontryph
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Message non lu par Irontryph »

15 août 2007. 13 heures 46 minutes et 29 secondes après le départ du triathlon d’Embrun, j’arrête mon chronomètre. Je ne franchirai pas la ligne d’arrivée cette année, mais je ne le regrette pas.

Dans la camionnette qui me ramène vers le plan d’eau, je plaisante avec les trois secouristes qui m’ont trouvé adossé contre un mur, au 25ème kilomètre du parcours de course à pied, sans plus de forces dans les jambes et avec un début de déshydratation. Je plaisante avec Marc, qui m’a accompagné toute la journée, de la sortie de l’eau jusqu’aux bords de la Durance en passant par le col de l’Izoard, et dont la présence m’a beaucoup aidé et touché. Je ne suis pas déçu, je suis même heureux de ma journée.

Arrivé dans la tente médicale pour des vérifications de précaution, je vois un grand nombre de concurrents, dont Jim, dans des états franchement inquiétants. Je ne regrette pas de ne pas être allé jusque-là et de m’être arrêté, prudemment, au 25ème kilomètre. J’ai le sentiment d’avoir fait le maximum dans la limite de ce que j’estime acceptable pour un loisir, c’est-à-dire sans me mettre en danger.

En quittant le parc à vélos, j’ai un dernier regard vers cette ligne d’arrivée que je ne franchirai pas aujourd’hui, mais je n’éprouve vraiment aucun regret. Je suis seulement impatient de retrouver Anne et Hugues. Sur la saharienne de ma casquette, j’avais écrit : « Merci Anne et Hugues, mes deux amours ». J’avais aussi écrit : « Pour Arnaud ». Cette course, je l’ai faite pour Arnaud, mais j’ai aussi, finalement, réussi à la faire pour moi, et c’est parce que j’ai réussi à la courir pour moi, pour mon plaisir, que j’ai su l’arrêter à temps.

Le 14 juillet dernier, au cours d’une sortie d’entraînement en Chevreuse en vue de préparer Embrun, je perdais un ami. Sans doute est-ce dû à la paternité, pour la première fois je mesure combien la vie est fragile. Je rencontre les parents, la famille d’Arnaud, je mesure combien leur douleur doit être insupportable. La fin du mois de juillet est très dure, je suis choqué par l’accident, triste d’avoir perdu un ami, triste de voir la douleur des proches d’Arnaud, de Marc, de Karine, et j’ai peur. J’ai peur de perdre ce bonheur que j’ai aujourd’hui, j’ai peur que ma famille endure ce que celle d’Arnaud endure.

Et pourtant il faut vivre, vivre notre vie, il faut repartir, et la meilleure façon de repartir, c’est de faire ce que l’on avait prévu de faire avec celui qui nous a quittés. Avec Arnaud et Marc, ce que nous avions prévu de faire, c’est Embrun. Assez vite, malgré l’abattement qui est le mien en cette fin de mois de juillet, je décide de faire mon possible pour participer à Embrun. Pour Arnaud. Pour que celui qui est parti puisse voir que la vie continue, parce que lorsqu’on part, j’imagine que c’est la seule consolation que l’on peut avoir. C’est ce que je pense lors des obsèques d’Arnaud. Ces obsèques me font du bien. Elles me permettent de lui dire au revoir, et de lui promettre de profiter de la vie, qui est si belle…

Le 21 juillet, en rentrant de Saint-Affrique, je décide de remonter sur le vélo le lendemain. Je suis terrorisé, je dors mal. Je sais qu’il faut que je remonte sur le vélo au plus vite, non seulement pour reprendre la dernière ligne droite de l’entraînement vers Embrun, mais aussi pour ne pas laisser la peur s’installer. J’ai peur de la chute. Je revois cette chute presque sans arrêt, je sais que c’est normal, je sais que ça devrait s’estomper avec le temps, mais pour l’instant la peur est là. J’hésite à appeler quelqu’un pour m’accompagner, mais j’ai peur d’être dangereux, moi qui sais d’ordinaire si mal rouler en groupe, j’ai peur de devoir parler de l’accident et de ne pas réussir à ne plus y penser. Ce dimanche matin, je réussis toutefois à partir, après avoir promis à Anne d’être plus prudent que jamais. Je suis crispé, mais je réussis tout de même à faire un peu plus de 100 kilomètres. J’espère que le plus dur est fait, sur le plan psychologique en tout cas.

Le week-end suivant, je sors m’entraîner sur les routes pentues du Morvan, comme prévu. Je reste très tendu, mais en étant très prudent, au moins, je roule. Physiquement mes sorties sont plutôt rassurantes, je grimpe assez bien, je cours assez bien après le vélo.

Mercredi 8 août, Marc m’amène son vélo pour le descendre à Embrun et dîne à la maison. Ce dîner me fait beaucoup de bien. Nous parlons d’Arnaud, mais nous parlons aussi de l’avenir, d’Embrun, de Millau, nous rions, bref nous vivons. Marc n’est pas sûr d’être partant pour Embrun ; je lui dis, évidemment, de faire ce qu’il sent devoir faire. Moi non plus d’ailleurs je ne suis pas très sûr de ce que je vais faire, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est de vivre, de profiter de la vie, de faire les choses parce qu’on a envie de les faire et pas parce qu’on doit les faire.

Arrivée à Embrun le samedi 11 août. Je suis de plus en plus tendu. Avant le départ des trois ironman auxquels j’ai participé jusqu’ici, je ressentais de la tension, mais elle était compensée par l’envie d’arriver enfin au moment tant attendu et préparé de longue date, l’envie de passer une belle journée en pratiquant ma passion. Cette fois-ci, cet équilibre entre tension et envie, entre stress et impatience, est rompu par la peur. J’essaie de me persuader que l’on peut faire du vélo sans chuter, et que l’on peut chuter sans gravité, mais ce n’est pas facile.

Le dimanche 12 août, j’assiste au Grand Prix des garçons avec Marc, Laurent et Jim, puis je pars à vélo pour repérer la côte de Chalvet, qui m’avait fait si mal aux jambes et à la tête il y a deux ans, et la montée vers Puy-Sanières. A Puy-Sanières, je laisse passer les filles du Grand Prix qui redescendent vers Embrun, puis j’entame moi aussi la descente. Une concurrente, Tameka Day, chute lourdement. J’arrive sur le lieu de la chute alors que les premiers secours lui sont donnés. Inutile de dire à quel point cette scène me secoue. Après avoir échangé quelques mots avec un bénévole qui a assisté à l’accident et qui me dit que l’état de la jeune fille est sans doute assez grave, je repars, me forçant à ne pas regarder lorsque je dépasse le lieu où elle est étendue. A l’heure qu’il est, il semble qu’elle soit hors de danger, mais elle aura tout de même passé plusieurs jours dans le coma, j’espère qu’elle se remettra du mieux possible ( http://tocc.blogg.org/themes-108576.html ). Je croise la voiture des gendarmes et une ambulance, leurs sirènes sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je fonds en larmes, mais je ne veux pas m’arrêter car j’ai peur de ne plus pouvoir repartir, je finis la descente crispé sur mes freins pour ne pas prendre de vitesse et les yeux embués. Arrivé à Baratier où nous logeons, je ne sais plus ce que je veux faire. Anne me réconforte et m’encourage à faire ce que j’ai envie de faire. Je ne la remercierai jamais assez pour sa présence et ses mots.

Mardi 14 août. Déjeuner avec l’équipe du PSC et quelques autres. Très tendu. Petit moment de détente en écoutant un musicien jouer à ma demande une chanson de Neil Young ; il joue, plutôt bien, une de mes préférées, Heart of Gold : http://youtube.com/watch?v=c7M1Se-p7uk& ... ed&search= . Diner en famille : toujours très tendu. Coucher : très tendu… mais le sommeil vient heureusement assez vite.

Mercredi 15 août. Petit-déjeuner, préparatifs, descente au plan d’eau… inutile d’essayer de décrire comment je me sens. Anne me rejoint pour le départ, je la vois au moment du départ des filles à 5h50. Mon inquiétude est forte, la sienne aussi sans doute mais elle me dit qu’elle n’a pas peur, pour ne pas m’angoisser davantage. Je lui promets d’être aussi prudent que possible, et même plus…

6 heures. Pan. Nous y sommes. Je marche vers l’eau tranquillement, je me mets à l’eau tout aussi tranquillement, et je commence à nager en souplesse. L’eau est bonne, il fait chaud dehors, et il fait plus clair que dans mon souvenir de 2005. Je pense ne pas trop zigzaguer, et j’ai l’impression de ne pas trop mal nager. Je ne suis pas trop inquiet sur mon temps natation, je suis à peu près sûr de faire mieux que mon temps de 2005 à Embrun (1h17), voire que mon temps de Roth (1h11) au vu du temps que j’avais fait sur 3000 mètres à Troyes en juin de cette année. J’essaie de me concentrer sur ma nage, mais beaucoup de choses liées à Arnaud me trottent dans la tête. Je sors de l’eau en 1h10, c’est un bon temps, mais je reste tendu à l’approche de la partie cycliste. Je vois Marc, super photographe et supporter, je lui serre la main, très heureux de le voir et d’entendre ses encouragements.

Transition en prenant mon temps pour ne rien oublier, et j’enfourche ma monture, pour quelques heures. La première montée se passe bien dans les jambes, mais dans la tête mes idées ne sont pas des plus gaies et j’appréhende la première descente. Heureusement la route est large et de bonne qualité, je parviens à me rassurer, à me raisonner et à descendre à peu près correctement.

Après Savines je sais qu’Anne et Hugues doivent m’attendre au niveau de Baratier, je suis très impatient de les voir. Lorsque je les vois, je me sens tout à coup soulagé, et c’est un peu une nouvelle course qui commence. Voir le sourire de Hugues et entendre les mots d’amour et d’encouragement d’Anne me donnent envie de me faire enfin plaisir sur cette course. Je repars, plus léger, pour les 140 (derniers) kilomètres de vélo. Et ces 140 kilomètres se passent plutôt bien : je fais une bonne montée de l’Izoard, et j’ai le bonheur de trouver au sommet deux amis, partenaires et supporters, Marc et Laurent, ce qui me donne le sourire.

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Petit arrêt en leur compagnie, Marc me passe de la crème solaire dans le dos de ses mains expertes. Je déguste mes patates, le scepticisme de certain triathlète autunois ne m’a pas arrêté et je la savoure d’autant plus en pensant malicieusement à l’indignation dudit triathlète.

Image

Je réussis à prendre un peu confiance dans la descente qui est bien goudronnée et assez facile ; le début du retour se passe bien aussi, il y a du vent mais c’était attendu, donc je prends mon mal en patience ; Pallon ne passe pas trop mal, c’est dur mais ça passe. Idem pour la route de Saint Clément à Embrun, le vent est pénible mais les jambes sont encore bonnes. Surtout j’ai recommencé à discuter avec les autres concurrents, ce que je n’avais pas pu faire avant le bas de l’Izoard pour cause de tension, mais qui fait pour moi partie intégrante du plaisir de la course : partager ses impressions, ses sentiments, partager un moment de vie.

Arrive Chalvet. Pas d’appréhension particulière par rapport au fait que cette côte avait définitivement achevé de me décider à abandonner en 2005. Je sens que les jambes sont meilleures, il a fait chaud mais j’ai bien mangé et j’ai bien bu, je suis content de ma partie cycliste sur laquelle j’estime avoir bien roulé, évidemment je suis quand même content d’être presque arrivé et j’entame la côte motivé. Mais peu après le début de la côte, patatras : je déraille. Je ne panique pas, compte tenu du pourcentage je n’essaie pas la solution de repasser sur le grand plateau qui en principe marche sur le plat, et je descends tranquillement du vélo pour remettre ma chaîne. Mais surprise : la chaîne ne s’est pas contentée de quitter le petit plateau sans autorisation, elle a eu le mauvais goût d’aller se coincer entre le cadre et le pédalier :shock: . J’essaie de faire repasser la chaîne en douceur à sa bonne place : c’est niet. Je force un peu plus : essaie encore. Un spectateur vient me prêter main forte (ici encore c’est interdit… et alors ?), nous appuyons chacun sur une pédale : pas assez de force, petit scarabée. Nous essayons différentes choses, monter les vitesses à l’arrière, passer le grand plateau, sortir la roue arrière… cette satanée chaîne est coincée de chez coincée. Je pense que je dois paraître, aux yeux des spectateurs présents, étonnamment calme ; mais je commence à penser que le destin a choisi que ma course s’arrêterait ici. Et si c’est ce que le destin a choisi, je n’ai guère le choix. Dernière tentative, un peu résignée, en force : miracle, la chaîne repasse au-dessus du cadre ! Je peux repartir, ce petit arrêt (d’environ 5 minutes quand même) n’était donc qu’une péripétie. Je redéraille un peu plus loin, le dérailleur avant s’est légèrement décalé vers la gauche, mais en passant un petit cran vers la droite j’arrive à maintenir cette facétieuse chaîne à sa place, avec toutefois un désagréable bruit de frottement. Je finis cette longue côte sans trop de mal, et prêt à courir !

Arrivé au parc, je prends mon temps pour rejoindre ma place, et j’ai la joie d’apercevoir Anne derrière les barrières qui m’encourage. Je me change tranquillement, prends le temps de me passer de la crème anti-frottements sur les pieds et de la crème solaire sur les épaules, me fais masser une ou deux minutes par une charmante et efficace élève kiné, et c’est parti pour la dernière ligne droite du marathon. Les jambes répondent bien présent, et je passe devant Anne heureux de courir et déterminé. Les premiers kilomètres confirment l’impression, je cours prudemment mais je me sens bien.

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Après la montée en ville, nouveaux encouragements de Marc et Laurent, et Marc m’emboîte la foulée.

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Nous trottinons gaiement ensemble un bon moment, je me sens vraiment bien dans la course même s’il fait chaud et que certains passages semblent un peu longs. Je rattrape Phuoc, je crois tenir ma revanche de Roth 2005 où il m’avait coiffé sur le poteau de 11 secondes, mais à mon insu, car comme nous étions partis dans deux vagues à 5 minutes d’écart nous ne nous savions pas aussi proches et n’avions donc pas pu faire un sprint à la régulière. Je le dépasse un peu avant Baratier, toujours confiant. D’autant plus confiant que j’ai le bonheur et le plaisir d’y retrouver Anne et Hugues, mais aussi ma sœur Geneviève et son mari, leurs filles, les parents d’Anne, et la propriétaire du gîte où nous logeons et sa fille, venues m’encourager avec d’autres personnes qu’elles connaissent. Le matin, c’est du soulagement que j’avais ressenti en voyant Anne et Hugues sur le bord de la route, soulagement qui m’avait permis de vraiment commencer à courir. Cette fois-ci, c’est véritablement du bonheur que je ressens, un immense bonheur, surtout en voyant le grand sourire de Hugues, visiblement heureux de me voir lui aussi. Je ne pourrai jamais assez leur dire combien je les aime, et combien je les remercie d’être là avec moi, pour moi, dans les moments heureux comme dans les moments plus durs, comme ce dernier mois.

Je quitte Baratier, ému, heureux, et toujours déterminé à aller au bout. Tout va bien jusqu’au 21ème kilomètre, que je passe en 2h15.

Malheureusement, peu après, je commence à sentir mes jambes faiblir et une grande fatigue me tomber dessus. Arrivé au ravitaillement avant la montée en ville, j’essaie de boire mais j’ai la sensation que le liquide ne me désaltère plus, que mon corps ne l’assimile plus. La montée en ville se fait de plus en plus lentement, la traversée de la ville au pas. Au ravitaillement situé à la sortie d’Embrun, avant la descente vers la Durance, il y a des fraises tagada ; comme plus rien de solide ne me fait envie, je me demande quel genre de type peut avoir envie de s’envoyer des fraises tagada à ce moment de la course :suspect: . J’essaie de boire mais je n’ai même plus soif. Je fais 20 mètres de plus, puis je ressens le besoin de m’asseoir un moment. Un providentiel muret se présente à moi, je m’y adosse. Ma décision n’est pas encore prise, mais je me sens vraiment faible et la nausée commence à monter. J’écoute les bons conseils de Marc qui me dit de prendre mon temps, de me reposer un moment et d’attendre avant de décider de continuer ou d’arrêter. Comme sorti de nulle part, passe devant nous le musicien qui m’avait joué Heart of Gold la veille. Je suis content de le voir car l’écouter m’avait beaucoup plu, je lui souris, il me regarde d’un air attristé ou affligé, je ne saurais dire, mais sans me reconnaître. « Hi, I’m the Neil Young’s fan ». Il réfléchit une seconde, se souvient de moi. « Oh yes, yes… How are you ? » « Hmmm… not so well… a bit tired… » « I see… Well, take care of yourself » « Yes, yes, thank you… Bye, have a nice evening ». Surréaliste, mais simplement drôle.

Juste après passe un véhicule de secouristes. Le conducteur me demande comment je me sens, je fais signe que je me sens… comme ci comme ça. L’équipe de 3 secouristes descend de la camionnette, me pose des questions, et la jeune femme de l’équipe commence à prendre ma tension. Un autre secouriste informe par radio le PC sécurité que « la victime semble faible et se plaint de nausées, nous faisons un bilan de l’état de la victime et vous donnons plus d’infos tout à l’heure, stop ». Je proteste vigoureusement contre le sobriquet de victime dont je viens d’être affublé, ce qui me donne l’occasion de constater que les secouristes sont non seulement extrêmement efficaces mais aussi pleins d’humour. C’est malheureusement à ce moment que mes nausées dégénèrent en vomissements. Une fois passés ces vomissements, je regarde ma montre, je regarde Marc, et je lui annonce que j’arrête ; je ne veux pas prendre de risque, je considère cet épisode comme une alerte donnée par mon corps ; aller plus loin pourrait être dangereux pour ma santé, et en aucun cas je ne veux me mettre en danger.

Marc comprend parfaitement mon choix d’arrêter, et c’est ainsi que nous montons tous les deux dans la camionnette des secouristes pour retourner au plan d’eau. Je voulais courir pour Arnaud, et je l’ai fait ; ce que je voulais faire, c’était courir, pas finir à tout prix ; ce que je devais faire, c’était vivre, pas me mettre en danger. Arnaud ne m’en voudra pas de ne pas avoir fini, de même qu’il n’en voudra pas à Marc de ne pas avoir couru. Je le dis à Marc, et nous ressentons exactement la même chose.

J’ai couru pour Arnaud, avec Arnaud dans mes pensées la plupart du temps, mais j’ai aussi réussi à courir pour moi et à avoir du plaisir sur cette belle mais dure course. Je vis, je suis heureux. Je crois que c’est ce que je peux faire de mieux pour Arnaud.

Merci à Anne et à Hugues, merci à Marc, merci à Anne ma chère grande sœur, merci à mes parents et à mes autres frère et sœurs pour leur amitié ou leur amour et leur soutien ; merci à Cathy, Laurent, Isa, Naïma, David, Laurence, Marc et tous les autres membres du PSC qui font vivre le PSCTRI spirit ; merci à Daniel et Laure, Sophie, Maud et Mathieu pour leur soutien. J’adresse à nouveau toute mon amitié et tout mon soutien aux parents et aux frère et sœur d’Arnaud, en attendant de les revoir à la fin du mois de septembre.

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koukoukouk
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Message non lu par koukoukouk »

:roll: tout ça.............pour ça :!: :lol:
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vincent05
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Message non lu par vincent05 »

:sm6: beau récit... et émouvant à la vue de ce que tu as vécu 1 mois avant la course !!
Bravo !! :wink:
Vincent...
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koukoukouk
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Message non lu par koukoukouk »

koukoukouk a écrit ::roll: tout ça.............pour ça :!: :lol:
désolé j'avais mal lu, c'est vraiment nul et j'ai honte,tu as bien fait d'abandonner tu allais pas te tuer quand mème ce n'est que du sport !

Et je vais te dire un truc tu as tellement laissé de force dans cette épreuve tu peux meme pas imaginer :? pas étonnat que tu ais craqué physiquement ,on se voile la face en faisant style on craque pas mais l'amour de nos proches est si important que leur perte est une partie de nous qui s'arrache et laisse des traces................
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