Embrun 2008
Une édition …mémorable.
Objectif :
Déjà 3 IronMan à mon actif (Nice 2005, Klagenfurt 2006, Nice 2007), mais il est difficile d’établir un objectif de temps tellement le parcours vélo est spécifique.
Bref : natation 1h15 / Vélo : 8h / marathon : 4h / transitions : 15 min : total : 13h30
La veille :
Comparativement à mes précédents IM, je suis plutôt zen lorsque je vais déposé mon vélo dans l’après-midi. J’ai prévu de mettre la housse du vélo (et j’ai bien fait) car j’ai déjà vu le résultat d’un peu de pluie et de vent dans la nuit sur les vélos en 2005…et ben c’est pas terrible.
Le briefing classique ne m’apportera rien de particulier et je rentre tranquillement à l’hôtel. Après une bonne plâtrée de pâtes je prépare tranquillement mes affaires ; le temps ne s’annonce pas radieux et il ne faut pas que j’oublie la moindre chose. Pour mes sacs de ravitaillement, j’ai mis en plus de nombreux gels énergétiques, une gourde d’un litre de boisson énergétique, des Tucs (et oui cette expérience de tuc sur un trail long m’a marqué et cela coupe avec le sucré que l’on se tape tout le reste du temps) et un petit sandwich jambon. Les ravitaillements sur la CAP à Embrun ne me convenant pas j’ai aussi préparé un sac perso avec des gels (et des Tucs !) que je récupèrerai au 20ieme km de la CAP.
Voilà, il est 23h, tout est prêt je peux dormir sur mes 2 oreilles.
Le matin , jour J :
3h50, le réveil sonne, la nuit fut courte car je n’ai pas trouvé le sommeil tout de suite. La encore je suis beaucoup plus zen que les années précédentes. Après une bonne douche, je mange tranquillement mon gâteau sport avec la boisson énergétique (quel régale). Je descends au resto de l’hôtel pour y préparer mon petit sandwich jambon. Il y a 4, 5 triathlètes qui prennent leur petit dèj. Tout le monde semble déjà concentré sur sa course et la journée qui nous attend. Ce la fait 4 fois que je vis cette ambiance et cette atmosphère très particulière d’avant course me plait beaucoup…c’est toute la spécificité du longue distance. L’ambiance est cool quand nous entendons la pluie qui commence à tomber et l’orage gronder. Quelques minutes plus tard c’est une averse et les coups de tonnerre qui nous annonce que la journée risque d’être non seulement très longue, mais aussi très dur !
Vers 4h50 toute la petite famille part avec moi au parc à Vélo. Ouf, il ne pleut plus. Je suis habillé comme en plein hiver, mais il ne fait pas si froid que ça finalement. Je rentre dans l’arène (parc à vélo) vers 5h et commence à équiper mon vélo. Pour les fringues, j’ai pris 2 sacs poubelle (waterproof) 1 vélo, 1 CAP.
Voilà, je suis habillé en homme grenouille…y’ plus qu’à comme on dit…
Natation 3,8 km :
3 IM et 3 fois 1h15 en natation. Cette année je me suis moins entrainé en natation que les IM précédents, mais j’ai pris quelques cours en juillet…on va voir si cela va payer.
Il fait encore nuit quand le départ est donné à 6h et c’est assez grisant comme sensation. Nager dans l’obscurité…ce n’est pas tous les jours. Je ne suis pas trop bousculé malgré plus de 1000 participants et je nage à mon rythme sans soucis. Il fait même plutôt bon dans l’eau. Sur la première boucle je suis obligé de remettre 3 ou 4 fois mes lunettes qui sont un peu trop embuées. Je pense surtout à nager correctement mais sans trop forcer. Le 2ième tour se fera de la même manière très souple mais il sera ponctué par 3 épisodes de crampes dans les pieds qui m’ont gêné quelques minutes et qui m’ont obligé à faire des battements de pieds peu orthodoxes pour m’en débarrasser.
Ca y est dans quelques mètres je sors de l’eau, pas trop entamer par cette première partie et curieux de connaître mon chrono…1h09’53’’ ! Cool, et en plus le ciel s’est un peu dégagé…la journée s’annonce bien. Je suis 602ième.
J’ai décidé de prendre mon temps pour cette première transition, le vélo va être long et il ne s’agit pas d’oublier quoi que ce soit… transition en 7’32
Vélo 188 km (3700m de dénivelé positif)
J’enfourche mon vélo d’emprunt (mon Kuota ayant un problème de cadre a été mis hors jeu il y a 10 jours et j’ai récupéré un Look KG 386 gentillement prêté par Raph ; j’ai uniquement changé le pédalier pour y mettre mon compact et j’ai fait une petite sortie de 60km pour faire quelques réglages et tester l’engin) et me voilà parti en cuissard court, singlet de triathlon, maillot vélo manches courtes, manchettes et coupe vent sans manche dans la poche pour la descente de l’Isoard.
Je n’ai pas de bonnes sensations dans les jambes sur les 20 premiers km. Certes, ce n’est quasi que de la montée et je décide de monter très souple, mais je me dis que si les jambes ne sont pas au RDV maintenant, les 168 km restant vont être très durs !
C’est dans la descente vers Savigne que je me sens bien et me voilà enfin dans la course. C’est assez roulant et je ne fais que doubler sans vraiment forcer…bref tout va bien. Le public sur Embrun est extra et c’est serein que j’aborde la partie Embrun-Guillestre en doublant pas mal de monde mais sans me mettre dans le rouge. Idem, après Guillestre (67ième km), je sais que cela monte tranquille et je m’économise car après Arvieux les choses se compliquent les 16km restant jusqu’au col ne sont pas les plus simples.
Je suis bien quand je passe Arvieux (1544m) mais une bonne hypoglycémie des familles me scotch et je ne suis vraiment pas bien au moment où j’attaque Brunissard(1771m) et ses 10%. Je me ressucre de manière assez conséquente (2 gels , 1 pate de fruit + boisson énergétique) car si ca ne va pas mieux je doute arriver en haut du col car il reste encore 7km avec une pente à 8-9 %. Finalement tout rentre dans l’ordre et je termine l’ascension correctement. Je suis au col de l’Izoard (2361m) (97ieme km) vers 11h45 et globalement en bonne forme.
Je récupère mon sac de ravitaillement. Il commence à faire froid mais je prends quelques minutes pour installer du journal pour la descente ainsi que mon coupe vent. J’en profite pour manger mon mini sandwich jambon et mes 3 Tucs (vive le salé !) et c’est parti pour la grande descente vers Briançon.
Le ciel est pas mal couvert et il ne fait pas très chaud dans la descente…mais bon, la tenue est suffisante et j’avais testé tout ça en juillet dans les cols suisses. Mais c’est dans le dernier tiers que cela se gâte. Il commence à pleuvoir tranquillement puis en averse et comme ce n’était pas suffisant, la grêle est venue mettre son grain de sel ! La, c’est vraiment pas drôle. Je suis congelé et je dépense une énergie folle à tenir mon guidon tout en tremblant de froid. Après une dizaine de min de grêle, la pluie froide reprend sa place et me lâchera pas jusqu’au bout. Une pluie continue avec quelques épisodes d’averse bien sympa.
C’est frigorifié que je passe Briançon. L’allure a bien baissé et je me contente de rouler en suivant les flèches. Aucun plaisir, aucune envie. Je commence à me poser la question d’abandonner : pourquoi continuer une course sur laquelle je n’ai aucun plaisir et où je suis gelé. Je fais du triathlon LD par plaisir, pas par masochisme. Souffrir OUI, mais pour l’effort proprement dit. Si j’avais voulu braver les éléments je me serais mis à l’alpinisme …(j’apprendrai par la suite que l’organisation a envoyé un bus pour rapatrier un petit groupe frigorifié en haut du col de l’Izoard).
J’ai du mal à tenir mon guidon à force de trembler. Vers le 120je m’arrête à un ravito alors que la pluie redouble. Un gars qui roulait avec moi s’est arrêté en même temps que moi décide de stopper là. Il laisse son vélo sur le bord de la route et rentre dans une camionnette des bénévoles. Je suis à 2 doigts de faire comme lui. Mais si c’est pour rester dans cette camionnette plusieurs heures en attendant la voiture balai…
Bref je reste planté là grelotant à hésiter et en regardant tout le monde passer, transi de froid. Les bénévoles ont déjà donné tous leurs sacs poubelles pour permettre aux concurrents de se protéger et certains prennent même des sacs usagés.
Après 10 à 15 minutes je décide de repartir. Le but : me rapprocher d’Embrun un maximum, m’arrêter dans un troquet au chaud et appeler ma femme pour qu’elle vienne me chercher…je rêve d’un bain chaud dans ma chambre d’hôtel !
Je roule donc comme un Zombi, gelé, sans envie, plus dans la course. Je ne sais même plus où j’en suis du parcours. Je ne me suis même pas aperçu que j’avais passé la côte de Pallon ! Quand je monte Champcella et ses 4km avec % costaud, je suis même content car cela me réchauffe. Je suis aussi bluffé de voir ce public encore aussi nombreux dans les passages difficiles malgré les conditions météo. Je remarque aussi que beaucoup de voitures (amis et familles de triathlètes) suivant les concurrents chargent les vélos de concurrents ayant abandonné. Je vais même croiser une voiture italienne à plusieurs reprises qui aura d’abord 1 puis 2 et enfin 3 vélos chargés. (Ah ces italiens…toujours chargés

)
Je me rapproche donc doucement mais surement d’Embrun sans grande motivation et avec dans l’idée de ne pas partir sur le marathon. C’est d ‘ailleurs une drôle de sensation de rouler juste pour finir le parcours vélo sans motivation car frigorifié mais avec des jambes plutôt correctes.
En arrivant sur Embrun, le ciel s’est découvert, il ne pleut plus et la température a monté de quelques degrés. Il me reste Chalvet dont j’ai tant entendu parler et surtout je me souviens du commentaire de Guy Hemmerlin sur le site triathlon-live.info : « Chalvet…il sera un très bon indicateur. Vous saurez comment votre organisme se positionne avant le marathon et ce passage difficile vous permettra de savoir dans quel état vous vous trouvez à l’amorce du marathon. »
Or Chalvet et ses 4km de montée ne sont pas du tout 1 calvaire et je le passe sans trop de soucis (il faut dire que je me suis arrêté 15min vers le 120 et que depuis 60 km je ne roule plus vraiment). Chalvet m’ayant bien réchauffé, je regarde ma montre que j’avais complètement délaissée. Le temps n’est bien sûr pas celui prévu mais je m’attendais à pire. J’entame donc les derniers km de descente avec une certaine confusion dans ma tête : marathon ou pas marathon. Pour maintenant on verra dans le parc à vélo.
Voilà je pose pied à terre à l’entrée du parc : temps 8h28’50’’ (623ième temps vélo et surtout je perds 17 places par rapport à la natation : c’est la première fois que cela m’arrive depuis que je fait du tri !)
Je décide de prendre mon temps pour la transition ce qui me laisse le temps de réfléchir si je cours le marathon ou pas …mais je me sens plutôt bien et après la galère du vélo sans plaisir, j’ai envi de me faire plaisir sur ma partie préférée et en plus avec un temps idéal (pas de pluie et pas trop chaud) ; transition : 10’12 (bon d’accord, j’ai beaucoup réfléchi☺) ;
Le marathon et ses 42km 195 (415 m de dénivelle positif)
Je pars prudemment car le parcours est exigent et je ne sais pas comment vont réagir mes jambes après 8h30 sur le vélo et toute l’énergie dépensée à luter contre le froid. Les ravitos de l’organisation ne me plaisant pas (je ne prend que des gels en CAP) j’ai pas mal de gels dans les poches et 1 sac plein de gels (+ 3 Tuc (vive le salé bis)) m’attend à mi parcours.
Je me sens bien au niveau des jambes et les premiers km qui sont la montée vers la ville se font très bien je passe pas mal de monde dans la montée (car beaucoup marchent) et me voilà parti avec une foulée correcte dès que le plat revient. Faut qu’ça dure ! J’arrive au 15ième nickel et j’entame le retour vers le lac sans souffrir. Le public est extra et je suis très content de ne pas avoir bâché après le vélo. Je prends un réel plaisir à courir ce marathon qui n’est pourtant pas facile avec toutes ces côtes. Je passe au 20ième km et récupère le collier (synonyme du premier tour accompli) je fais 1 stop 20 mètres plus loin pour prendre mon ravito perso et savourer mes 3 tucs salés. C’est parti pour la 2ième boucle ; Je suis en forme mais j’ai un peu peur de cette deuxième grande montée vers la ville…enfin, on verra bien. En faite elle passe très bien et je la monte une deuxième fois en courant. Je doublerais 8 personnes rien que dans cette montée…le moral est au beau fixe (il aura été comme le temps, très changeant). Je reprends une bonne foulée et passe tranquillement le 25 le 30, le 35 ième ; Aucun coup de moins bien, que du bonheur et une allure très constante tout le long. Je regarde ma montre ; En continuant de la même manière, je bouclerais le marathon sous les 4h et l’épreuve en moins de 14h.
Je parcours les 7 derniers km confiant ; Christian puis Brice et Vincent du Club sont là pour m’encourager dans les derniers km ; cela fait plaisir et donne un coup de boost pour encore mieux finir.
Je termine les 2 derniers km en accélérant et surtout les derniers 500m où je doublerais encore 4 personnes.
Je franchi la ligne d’arrivée après un marathon en 3h55’44’’ en ayant doublé 183 personnes. J’ai vraiment pris plaisir sur cette CAP. Je n’ai jamais eu de coup de moins bien sur tout le marathon …que du plaisir.
La joie aussi d’avoir bouclé cette épreuve en 13h52’09’’ (436ième / 1027 au départ 852 à l’arrivée).
Bilan :
D’abord une organisation nickel sur le plan parc à vélo et ravito (bien mieux que les échos que j’avais eu).
Un grand bravo aux bénévoles qui en ont bavé sous cette pluie et cette grêle.
Un public top qui donne envi de refaire cette course.
Concernant ma course, je suis content de ma natation car descendre sous les 1h15 pour moi c’est un exploit.
Un regret avoir lâché le morceau à vélo dès le 120ième avec dans l’idée d’abandonner (il me manque certainement un peu de mental).
Il faut que je prenne plus de risque sur marathon en prenant une allure un peu plus rapide…c’est la partie où je suis le plus à l’aise, il faut que je me fasse un peu mal…quitte à exploser ?
Conclusion :
Je reviendrais à Embrun pour passer sous les 13h…ça devrait passer.
En attendant pour 2009 ça sera Frankfurt …quel contraste
